Un souffle, la nuit engloutit tout de sa gueule immonde, les bruits étouffés de pas martelant la terre meule, il court. Et dans sa course il fuit le présent, fuit la vie, fuit la honte tel une libération salvatrice.Il fuit. Et dans l'air fouettant son visage entre les arbres, dans l'air faisant frissonner sa peau entière sous l'adrénaline de la vitesse, dans le contact de ses pieds s'enfonçant dans la terre pour les couvrir à chaque foulée plus rien n'existe, plus rien n'a d'importance, tel un fou sous la lueur de la lune, tel une nymphe bafouée, une nymphe la vie aurait ravagé.Ses pupilles luisent dans l'obscurité, l’émeraude transperce les ombres, une série de craquements dans la course et c'est comme une libération, oubliant jusqu'à sa trahison. Et sous le couvert d'un arbre derrière lequel l'humain trépasse, la panthère continue sa course, ses membres aussi silencieux que la nuit, reine et mère de la nuit.Puis elle se fige soudainement entre les arbres centenaires, se fige alors qu'un craquement survient à son ouïe, le félin se fige pour épier les ombres, à l'affut, prête à bondir tel ce prédateur carnassier qu'elle est, qu'il est. Et des fourrés elles émergent, les silhouette altières et canines pour l'encercler, négligence alors qu'il ne les a pas entendu approcher, qu'il n'a remarqué leur présence que trop prêt.Et se joue la scène irréelle alors que les canidés aux pelages blancs et gris viennent l’entourer, qu'autour de lui la meute se révèle dans une série de grognements stridents. Un souffle, un craquement alors que le pelage noire recule pour la peau couleur de miel, que la silhouette se redresse dans son humanité décharnée, ses yeux d'émeraudes pour trahir sa bestialité alors que son regard se plonge dans celui de l'un des loups, pour se noyer dans les billes jaunes pleins d'incompréhension, d'incompréhension où la chasse devient presque une peur face à l'humain.Il la sent dans l'air, la tension, la surprise ayant envahie les rangs lupins, et pourtant il reste sereins, plus fasciné qu'autre chose par cette scène irréelle, ce spectacle qu'il n'avait encore jamais croisé, celui de la meute au complet, d'une chasse organisée, d'une chasse où originellement il était la proie à happer. Un faible sourire pour s'esquisser sur son visage mutin, un souffle qu'il les envie, envie cette cohésion, cette coordination, envie cette façon d'agir et se mouvoir, admire cette capacité d'un individu à réunir les autres dans les règles les plus élémentaires de survie, admire cet alpha, car il y'a aucun doute, il le sent, il le sait, le lit dans son regard, celui qui lui fait face est l'alpha. Le loup, si différent de l'homme et si proche en même temps, animal sociable comme certains le disent. A travers eux il se voit, voit ses êtres qu'il a trahis par une désertion, il la voit cette famille de substitution, cette cohésion, les images du Battle Royal lui reviennent en tête, ce combat pour la survie, les uns contre les autres sous l'influence de cette sorcière, il la revoit Abigail, il les revoit danser le combat malgré l'identité de l'ennemi, le besoin de protéger sa vie et les siens. La meute...Les poneys étaient une meute.Lui-même, en son être par les animalités dansantes, ces âmes chantantes faisant partie de lui était une meute.Il veut s'approcher, il veut comprendre alors que l'émeraude disparait de son regard pour les pupilles océaniennes. Ce besoin profond et lentement, dans un grognement il approche sereinement, les crocs de l'animal s'ouvre révélant sa gueule et pourtant il est serein, il peut, il veut.Et leurs regards se mêlent dans une lueur de défi, dans une incompréhension devenant communion alors que l'humain tel un fou chasse lentement la distance pour s'approcher du loup, bras tendu en avant, comme pour tenter d'effleurer du bout des doigts la puissance de l'alpha.Puis la fin, le grognement cesse alors qu'il avance à son tour, le loup, de sa silhouette glabre et altière, puissante dans ses muscles et dans sa chaire. Et dans la distance devenue presque inexistante, il comprend.Leurs regards se mêlent dans une étrange communion, son intériorité inonde de sa magie alors qu'un morceau d'âme vient s'y glisser, parcelle sauvage et puissante alors que son corps se trouvent pris de sortes de spasmes alors que retentissent les premiers craquements, que son corps se tord et mute sur les yeux aiguisés des canidés, que la peau devient fourrure de gris et blancs mêlés, que son visage devient gueule s'allongeant ou resplendissent les pupilles d'un jaune bestiale. Il est le loup. Et la meute se disperse alors qu'il se mêle à elle sous le regard de l'alpha. Que le temps d'une chasse, le temps d'une nuit, il est la meute et ce qu'elle représente, il en est membre.***Et le jour se lève pour illuminé de sa douche chaleur la rosée, l'aube pointe tel un arc en ciel doré, dans le ciel plane la silhouette aérienne, tel un messager alors que le corps nu s'effondre sur le sol, que le soleil vient étreindre son être après la nuit, après la chasse d'une vie.Et le rêve s'impose à lui, la clef d'une porte vers un plan que certains ne peuvent qu'imaginer, la clef faire cet endroits où ils règnent incontestés, créations millénaires des croyances les ayants nourris, totems astraux des êtres primordiaux. Les pupilles d'azur s'ouvrent pour découvrir ce lieu qu'il commence à connaître, s'ouvrent pour répondre à l'appel d'un cri strident, ils sont là face à lui, s'ouvrant devant lui : les 14 chemins, 14 depuis quelques heures seulement, 14 âmes devenues la porte vers cette magie oubliée : transcendante Salvaje.L'appel l'enlace et il lui répond alors que retentit ce cri familier et strident, il s'avance sur le chemin d'où il provient, chemin de terre battue où naissent les falaises et pics acérés, environnement montagneux où il avance sans chercher à lutter contre cet appel, sans peur et sans regrets, et le corps nu évolue sur le sentier, évolue jusqu'à arriver à la porte, la frontières entre les plans, ce lieu n'étant que la transition pour y accéder, devant lui s'ouvre le grotte sombre où son corps s'enfonce pour disparaitre dans les ombres. Tel ces initiations d'y a des années, ces rites qui ont fait vibrer les peuples et les sociétés, et dans les ombres il avance, avance jusqu'à ce qu'au bout émerge la faible lumière, il continue, s'y engouffre pour que le paysage se révèle à lui, paysage onirique, un plateau et tout autour de lui le vide des cieux, les nuages et le vent soufflant pour caresser sa peau, suspendu dans le vide. La sanctuaire de celui qui avait jugé qu'il était prêt à recevoir sa première leçon, le messager divin au ailes majestueuse : faucon.Un bruissement d'ailes, il apparait du ciel, comme pour le fendre face au soleil alors que son regard de rapace vient vriller jusqu'à sa chaire, que lentement l'animal quasi divin se pose face à lui au moment ou dans son esprit résonné la voix étrange et vibrante, puissante." Je n'étais pas certain que tu sois prêt. Apparemment je me trompé. "Un silence alors que le basané reste de marbre, admirant la figure de plumes lui faisant face, son regard se noyant dans celui profond et vibrant d'intelligence. " A dire vrai je ne penserai pas qu'un jour je rencontrerai à nouveau un humain capable de recevoir mon enseignement, mais il n'y a au final rien d'étonnant, après tout vous êtes du même sang. "Son coeur se fige dans sa poitrine sur ses simples mots, la surprise, l'incompréhension pour venir baiser son être. Du même sang ?Et le rapace semble sourire de tout son bec aquilin." Je vois que tu n'étais pas au courant, pourtant certains de mes semblables l'avaient aussi rencontrée il y'a longtemps...Mais il est vrai que la plus part se moquent des histoires humaines, encore plus des liens les régissant, pour moi c'est un peu différent... Sais-tu ce que j'incarne ? "Il reste bouche-bée, sans voix alors qu'il prend l'ampleur de ce qui vient de lui être révélé, prends l'ampleur alors que la réponse sort d'une voix rauque et enrouée sous le choc de l'émotion." Le messager... "Le rire strident résonné dans sa tête tel, un cri." Es-tu prêt ? "Il acquiesce difficilement, son corps agissant comme de sa propre volonté alors que son esprit ne voudrait qu'une chose, harceler le rapace de questions la concernant. Il continue." Observateur, messager, les humains ont toujours insufflés leurs espoirs, leurs croyances et leurs rêves dans ce qu'il ne pourront jamais effectué. Voler. Voler et pourfendre les cieux est l'une de ses choses, tellement symbolique pour eux, tellement divine, un endroit pour s'élever, l'endroit où résideraient les Dieux de leurs croyances, et les créatures y résidant étant leur messager, parfois même les dieux eux-même transformés pour se mêler aux hommes sans jamais les côtoyer, depuis les cieux. Des cieux on voit ce que nul peut voir, un simple regard, un simple comportement pour distinguer la nature des êtres, ce que dans leur intériorité ils sont, quel essence les habite... Dis-moi, crois-tu en ces Dieux ? "Sa gorge se serre. Croit-il en ces dieux ? Il la revoit, sa mère et ses leçons, ses paroles et ses histoires sur ces êtres divins, il la revoit le préparer à prendre la relève, a devenir après elle le lien et c'est comme si tout s'éclairer, le faucon... Le messager. Il n'a même pas besoin de répondre que l'animal continue, comme si de sa simple expression il avait compris que malgré les doutes la réponse avait toujours était oui, un héritage dont il n'avait jamais put se détacher, un héritage qu'il avait cultivé." Bien, dans ce cas prends conscience que tu es la clef, qu'à travers les cieux, qu'à travers le faucon dansant en toi tu peut devenir leurs messager, sans orgueil et sans peur, sans demande et sans exigence, tu peux les implorer, mais eux seuls décideront toujours de s'ils ont des choses à te dire ou non. Mais pour ça tu dois devenir plus qu'une clef, tu dois devenir la porte qu'elle ouvre. Le sens-tu en toi ? Ce potentiel ? Cette puissance ? "Et sur ses mots les yeux d'azur deviennent aquilin alors que le faucon pénètre son âme et son esprit pour ne faire plus qu'un avec lui. Ses pupilles se closent et il oublie, chasse toutes ses pensées, crée le vide dans son esprit pour sentir ce potentiel enfermé, cette puissance cachée. " Acceptes qu'en cet instant tu n'es plus Damaz, qu'en cet instant tu n'es plus humain, et à ce moment, du deviendra l'Avatar du messager divin. "Un souffle, une inspiration lente et le corps basané commence à briller, ses paupières s'ouvrent révélant des disques dorées, que sa peau devient de la couleur de l'argent alors que cette lumière l'enveloppe, qu'il n'est plus vraiment lui, mais le réceptacle alors que dans son dos jaillissent dans son dos, grandes, majestueux de leurs plumes dorées et argentées, tel un ange déchu que le paradis aurait rejeté. Une expression tel un sourire sur le bec de l'animal, la voix résonne une dernière fois." Bien. Nous nous reverrons très bientôt mon jeune ami."Puis tout se brise alors que son esprit émerge, qu'il se réveille en sursaut entre les plantes et les arbres de la forêt où le soleil brille et inonde de sa chaleur. Souffle court alors que tout se replace dans son esprit, qu'il comprend que sa mère était très loin de lui avoir tout dit.