Le Grand Méchant Loup
feat. Amaterasu, Hyun et Travis


Le souffle long, un dernier soupir avant d’ouvrir les yeux, impatient. Rien ne s’est passé, aucune douleur, aucun choc, le mage a sans doute  réussi.  Pluie de glace et de perles d’eau, le tout retombant lentement sur l’herbe fraîche de la forêt. Un grésillement se fait encore sentir dans l’air, celui de la foudre rendue captive. Elle est toujours là, sa magie. Je tourne la tête vers la droite et je vois à nouveau cette encre qui s’appareille cette fois à l’électricité. Quelle drôle de magie bien que familière à celle de la peinture. Et c’est là que je sais que j’ai droit à ma dernière sentence, ma dernière excitation de douleur. Je me rappelle alors ce moment passé avec cette jeune fille blonde, cette mage qui m’avait fait connaître ce même plaisir aux couleurs variées. Elle m’avait bien foudroyé sur place et c’était plutôt douloureux car inattendu. Mais cette fois, je te fais face et je saurai où tu me frappes, Amy. Ces éclairs ne sont rien à côté des tiens et je préfèrerai leur faire face que de les fuir, sur mon honneur d’homme sans doute trop téméraire, j’encaisserai les coups, mille fois s’il le faut, pour te prouver que je peux assumer notre amitié, que je peux assumer la douleur de mes alliés.
 
Un regard déterminé remplace la sérénité de mon facies et instantanément mon corps se dématérialise pour laisser place à une silhouette doré aux allures de fantôme, la bouche laisse place à une cavité blanche qui reflète l’intérieur de mon corps, de mon âme, tous deux purs et immaculés. Jamais aucune cicatrice ne s’installera sur ma peau, jamais aucune blessure ne perdurera tant que je serais un mage, non. Et mon apparence telle qu’elle est présentement le prouve bien. Une lueur, une aura, une présence imposante d’énergie, voilà ce que je suis : un mage de Blue Pegasus. Et c’est cette forme qui est ma beauté, mon élégance et ma simplicité, c’est cette forme qui fait ma place au sein de la guilde. On dit que les pégases sont aussi beaux que des éphèbes mais que c’est là leur seule valeur. A moi de prouver le contraire, à ce maigre public qu’on me propose mais qui en vaut pourtant la peine, ils sont intéressants, ils sont humains et dans leur être réside quelque chose de mystérieux, à chacun d’eux. Je veux les éblouir pour qu’ils m’éblouissent en retour. Et la foudre…
 
Explosion d’étincelles s’éparpillant dans l’air, suivant des arabesques que le vent semble diffuser, mon corps laisse échapper des giclées de particules magiques alors qu’il subit l’action de la foudre. Douleur, supplice et pourtant la contenance est grande. Seule la bouche est ouverte et ne laisse échapper aucun son, aucun mouvement, tout comme le reste du corps. Des gerbes de foudre semblent naître encore autour de mes bras et mes pieds, comme si la lumière qui me compose conduisant l’électricité puis tout se terre dans le sol, isolant la magie pour de bon. Ma respiration se fait silencieuse, mes orbites apparaissent comme deux astres qui s’éteignent pour laisser place au vert de mes yeux et lentement je reprends mon apparence originelle. Homme de chair et de sang, haletant face à la fatigue créée par la douleur retransmise dans tout mon corps. Je joins les mains pour finalement faire apparaître un halo verdâtre autour de moi. Bénédiction de Séléné.  
 
La douleur semble s’effacer, comme si l’on appliquait un baume sur tout mon corps, puis je constate que le combat semble arrêté. Je tourne alors la tête vers la louve qui a déjà changé d’objectif. Le souci est qu’elle en a peut-être fini mais nous, nous avons une mission à mener à bien. Ce n’est pas parce que la créature est lassée que nous allons arrêter. Je vois alors le mage de Take Over arriver et la lumière du soleil s’amplifier, non, doubler en raison de la présence d’un deuxième soleil. Je plisse les yeux pour mieux assister à la scène. Hyun tente une dernière fois de la retenir maintenant que nous avons tous prouvé nos valeurs. Mais cela marchera-t-il ? Je n’en sais rien, mais je ne peux rien faire d’autre qu’attendre là, les bras croisés en m’assurant qu’aucune gourde n’arrive. Je fais alors disparaître mon arc de mon dos puis je pose un bras sur un tronc d’arbre pour prendre appui et patienter.

(c) Never-Utopia

Disparu. C'est ainsi que s'est retrouvé le corps du malheureux protégé de ces mages.
Disparu, comme la combativité de la louve à l'instant présent.
Disparu, comme la déesse qui venait de recevoir un dernier signe de courage chez l'humanité, acceptant l'affection offert par le polymorphe.