U

ne magnifique journée ensoleillée et chaude se terminait. Le ciel était baigné dans un amas de rouge et de rose. A l’horizon, là où le ciel touchait la terre, le soleil rejoignait lentement les bras de Morphée en disparaissant dans l’océan. Le vent, jusque là, banni, vient montrer le bout de son nez en saluant la nuit qui commençait elle aussi, à prendre possession des lieux. Les personnes, fuyant l’obscurité à venir, laissaient l’étendue de sable quasiment désert.

Seule une personne semblait braver ce que tout le monde voulait fuir. Debout, aussi immobile qu’une statue, elle regardait le spectacle que lui offrait la nature. La légère brise faisait danser sa longue chevelure rosée, ainsi que sa courte jupe virevoltante. La mer venait lécher ses pieds nus ancrés dans le sable, alors qu’un regard tantôt mélancolique, tantôt de peine et de tristesse se jetait dans la vaste étendue d’eau.

Cette solitude, elle l’appréciait, elle la dégustait, elle en profitait. Elle avait si peu de moment ainsi où elle pouvait être seule, penser à tout, à rien. Ecouter seulement le vent qui venait lui murmurer son chant.

Toute fois, dans ce paysage digne des plus belles cartes postales, un nouvel élément apparut : La jeune fille n’était plus seule. Quelqu’un semblait également se perdre dans les méandres du couché de soleil. Seuls, ces deux êtres, pour le moment éloignés, pourraient bien avoir une ligne de leur destin en commun … Mais laquelle ? Seul l’avenir nous le dira.

La jeune fille sentit cette présence peu familière… Du coin de l’œil, elle posait son regard sur cette dernière. Un homme, plutôt bien bâti et plutôt élégant à ce qu’elle pouvait en voir.
Elle ne bougeait pas suite aux récents événements, elle avait appris à se méfier des inconnus et à rester à bonne distance de ceux-ci ou peut-être devenait-elle simplement parano…

Crédit: Neko-chan in Never Utopia

L’

Homme finit par lui adresser la parole, toute fois, Ohatsu fut surpris par ce qu’il venait de dire … Ses parents ? Avait-elle un air aussi enfantin? Elle ne savait pas vraiment quoi répondre, elle n’avait aucune envie d’étaler sa vie à ce parfait inconnu. Elle se contenta d’une seule et unique phrase.

« Personne ne m’attends chez moi. »

Comme il l’avait prédis la marée commençait à montée, l’eau cette fois, arrivait jusqu’aux chevilles de la jeune fille, puis repartait doucement, pour revenir et repartir dans un mouvement perpétuelle. Toute fois, elle ne semblait pas prêter attention à la montée des eaux, l’endroit, l’ambiance, la mélodie des vagues semblaient apaiser ses peines et ses craintes.

Elle jetait un œil à l’homme qui venait de l’interroger, les cheveux en bataille, le corps plutôt bien bâti d’après ce qu’elle pouvait voir, il n’était pas vraiment repoussant, mais bien plus vieux qu’elle. Elle ne s’étonnerait pas qu’il soit père de famille ou quelque chose comme ça.


« Et vous, vous ne devriez pas rentré rejoindre votre famille ? »

Elle l’avait dit de manière sereine, sans agresser son interlocuteur, elle avait même essayé d’avoir une voix chaleureuse. Cet individu ne semblait pas hostile, mais Ohatsu était bien placée pour savoir que l’habit ne fait pas le moine. Très vite, les derniers rayons de soleils furent ensevelis par l’océan. Dans le ciel, une magnifique lune bien ronde et éclairée illuminait encore quelques endroits. Ohatsu ne put s’empêcher de frissonner sous l’air frais qui se déposait sur sa peau et la refroidissait.

L’eau montait cette fois jusqu’à ses genoux, elle ne savait pas jusqu’où elle allait laisser monter la mer, peut-être désirait-elle simplement être comme le soleil, se faire absorbée par les vagues, pour laisser place à la nuit … aux ténèbres.

Crédit: Neko-chan in Never Utopia

U

n veston chaud venait se poser délicatement sur ses épaules suivi par une main rassurante et légère.


«« Allez viens. Mon instinct paternel me dit que tu as besoin d'un bon chocolat chaud... »»

Un chocolat chaud ? Oui, peut-être que ca lui ferait du bien après tout. Elle rebroussait chemin, atteignant le sable sec. Elle suivait l’homme jusqu’à la digue. Ils marchaient dans le sable froid, sans vraiment lancer de discutions. Une fois sur place, il ne leur fallut pas longtemps pour trouver un petit café sympathique. Il était calme, mise a part deux ou trois clients éparpillé aux tables, il n’y avait quasiment personne. Le silence s’était imposé et était brisé par seulement quelques verres qui s’entrechoquaient au bar. Ohatsu s’installait à la terrasse vitrée lui donnait vue sur la mer.

Très vite, une serveuse arrivait et prit la commande des deux nouveaux clients. Elle portait une robe noire et blanche. Ses yeux avaient la couleur des myrtilles, tandis que ses cheveux prenaient les teintes d’une nuit sans lune.

Bonjour, qu’est ce que je vous sers ?


« Un chocolat chaud pour moi s’il vous plait. »

Un chocolat chaud et vous monsieur ?

Elle se tournait et regardait l’homme, attendant patiemment sa commande. Lorsqu’il l’eut donnée, elle griffonnait sur un bout de feuille et s’éclipsait derrière le bar.

« Comment… vous vous appelez ? » Dit-elle afin de rompre le silence qui s’était installé entre eux et par la même occasion, lancer un sujet de discutions.

Crédit: Neko-chan in Never Utopia

O

htsu enroulait ses mains autour de la grande tasse, réchauffant ses mains de cette manière. Son regard se perdait sur cette montagne de Chantilly qui avait été déposé sur sa boisson, alors que son interlocuteur venait de répondre à sa question.

« Alek... et toi? »

« Ohatsu. »

Elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire de plus. Ce monsieur avait l'air gentil et Oha était un peu embêtée de lui infliger sa déprime... D'ailleurs, ce dernier lui fit remarquer, il le voyait qu'elle ne semblait pas aller très bien, à vrai dire, même un aveugle aurait pu le voir. La constellationniste se pinçait les lèvres, un peu confuse. Elle ne voulait pas l'embêter avec ses soucis, ses problèmes, il était déjà bien gentil de l'avoir invité... Mais après tout, peut-être que d'en parler cela lui ferait du bien ? Que cela lui enlèverait un fardeau ? Mais comment lui expliquer ? Comment pourrait-il comprendre ? La jeune fille craignait que ce dernier la prenne pour une folle... peut-être qu'elle l'était ? Qui sait...
Elle prit une bouffée d'air pour se donner du courage, puis relevait les yeux vers Alek.

« Je ... J'ai du mal à me faire à ce monde. Je... je suis partie durant plusieurs années et j'ai l'impression de ... de ne plus le reconnaître et j'ai l'impression de m'y perdre un peu »

Elle ne savait pas vraiment comment lui expliquer d'autres. Si elle lui racontait qu'elle a été endormie pendant 6 ans, pour qui elle passerait ? Une cinglée, voilà tout. Bien que ses explications n'étaient pas vraiment claires, pourtant dire ce qu'elle avait sur le coeur, la soulageait un peu, pouvoir partager ses peines avec quelqu'un, bien qu'elle ne le connaisse pas vraiment, lui mettait un peu de baume à son petit coeur meurtri...

Elle apportait l'immense tasse à ses lèvres, elle soufflait sur la boisson chaude, puis but une gorgée. Ses yeux s'illuminaient lorsqu'elle sentit la douceur du chocolat mélangé au goût onctueux du lait et de la chantilly, venir éveiller ses papilles. Là, il y a quelques secondes encore, on ne pouvait qu'apercevoir tristesse et mélancolie, était remplit de joie et de gaieté, comme lorsque l'on donne à un enfant un bout de gâteau.

« C'est ... bon ! » Dit-elle, alors qu'enfin, un sourire vient illuminer son visage.

Sur le bout de son nez, quelques gouttes de crèmes s'étaient déposées, sans qu'Ohatsu ne s'en rende réellement compte. Elle ré attaquait sa boisson, ne prenant pas le temps de souffler cette fois. Elle grimaçait alors qu'elle sentait sa langue brûler.

« Je n'aurais peut-être pas dû boire si vite... »
Elle déposait la tasse délicatement sur la table, attendre quelques instants seraient plus sage et éviterait une nouvelle brûlure.

Crédit: Neko-chan in Never Utopia

O

hatsu buvait à grandes gorgées le verre d’eau qu’on venait de lui offrir, le froid calmant sa gorge en feu. Elle posait délicatement son verre sur la table, en lâchant un soupire de soulagement, alors qu’Alek lui demandait si elle avait faim. Ohatsu rougissait, elle aurait voulu dire non, mais son estomac semblait vouloir la trahir, en laissant entendre à quiconque le voudrait, son mécontentement. Elle fut forcée d’acquiescer et d’attraper la carte que l’homme lui tendait. Elle regardait ce que celle-ci proposait :

Coupe de fruits, dans un apanage de crème fouettée.
Soufflé de truffe sur un lit de Caramel.
Mélange de glaces aux quatre saisons.

…

Elle ne savait pas quoi choisir, tout lui faisait envie. En temps normal, Elle aurait probablement manigancer pour les avoir tous, en même temps ou les uns après les autres.

« Une … coupe de fruits … s’il vous plait. »

Elle détournait son regard, le posant sur un lumignon accroché à un mur, qui attirait son attention. Elle ne voulait pas déranger, elle ne voulait pas abuser de la gentillesse de cet homme au grand cœur … Pourtant, cette petite « sortie » lui faisait du bien, lui changeait les idées et mieux lui apaisait ses doutes, ses peines et souffrances.
La serveuse apportait donc à la jeune fille sa commande, dans un magnifique verre, colorée des divers couleurs variées, magnifique coupelle de fruit, surmontée d’une montagne de chantilly qui donnait à Ohatsu, l’eau à la bouche. La mage s’emparait de la cuillère, mais maladroitement, elle la fit tombée. Dieu soit loué ! Par reflexe, elle arrive à la rattrapée à temps, avant qu’elle ne tombe à terre !

« Itadakimaaaaaaas !!! »

Telle une enfant, elle se jetait sur le dessert, attrapant un kiwi et l’emmenait dans sa bouche. Elle réservait le même sort aux rondelles de bananes, aux quartiers d’oranges et de mandarines, tout comme aux morceaux de pommes, de poires et de fraises, pour finalement laisser seul, tel un apatride, le dernier morceaux de fruits, qui au final subit le même châtiment.
L’estomac plein, elle souriait en regardant Alek, posant la cuillère dans l’immense verre.

« Hum … Je … je vous remercie… »

Elle ne savait pas vraiment comment le remercier pour ces quelques sucreries et douceurs. Elle ne savait même pas comment formuler une phrase plus ou moins correcte, pour le remercier de ce petit moment assez sympa. A nouveau, elle détournait son regard, dehors, elle vit une fille, aux bras d’un homme, excitée comme une pucelle, elle l’embrassait. Cela lui remémorait quelques doux souvenirs d’une nuit passée dans une ruelle. A cette pensée, elle sourit…

Crédit: Neko-chan in Never Utopia