Lunettes de soleil sur le visage pour dissimuler mes yeux, cheveux rassemblés en un chignon qui dégage ma nuque, c’est assis sur un banc de la gare que j’attends la venue d’une dame en détresse. Cette dernière a besoin d’une baby sitter pour son petit garçon et je me suis donc proposée pour l’aider. Après tout ça me fera un peu de répit, surtout après cette agression de bandits dont je me suis occupé dans la forêt de LanthaKô. Mâchant mon chewing-gum en attendant de percevoir ladite dame, mon regard est attiré par un magazine, le Weekly Sorcerer.

« Scandale dans tout Fiore, des mages portés disparus depuis six ans ont été retrouvés le même jour à divers endroits du pays »

J’arque un sourcil et saisis alors le bouquin et l’ouvre à la page concernée pour découvrir ce qu’ils peuvent raconter sur notre enlèvement. Dans tout Fiore ? Il me semble que tous les portés disparus ont été retrouvés au Palais Royal d’Ajatar Virke, ce serait donc de l’intox de la part du Weekly. Il y a des photos de mages et parmi elles, je reconnais quelques visages dont je n’ai pas retenu les noms puis je souris en me voyant parmi ces têtes. Plaisir narcissique de se contempler dans une revue publique je pose alors le magazine à côté de moi, satisfaite de ma découverte. Puis je soupire en regardant le clocher qui annonce le quart d’heure passé, j’ai rendez-vous à quatorze heures et pourtant cela fait quinze minutes que j’attends pour visiblement rien. Je croise alors les jambes et croise les bras pour exprimer mon ennui. Je leur en toucherai deux mots s’ils n’osent pas pointer leur nez.

« S’il vous plait, vous êtes mademoiselle Felicis ? »

Mes yeux se lèvent sans que mon visage ne bouge et je vois alors cette femme aux yeux perturbés par la précipitation qui me fixe. Je m’arrête alors de mâcher et lève mes lunettes de soleil pour les faire reposer sur ma tête puis je lui souris hypocritement avant de me présenter.

« Oui c’est bien moi ! Je suis Olivia et je serai donc la baby-sitter de Tony. »

Mon regard se tourne vers le petit garçon qui tient bien sagement la main de sa mère et mon sourire ne s’efface pas pour autant. Instinct maternel qui me pousse à me rapprocher de lui, je décroise les bras et les jambes puis me courbe en avant pour lui dire bonjour.

« Et toi tu es donc Tony ? »
« Nan ! »
« Tony, voyons, cesse de faire l’effronté ! Excusez-le il est un peu turbulent mais c’est habituel avec les étrangers. Dis bonjour à Olivia. »
« Bonjour… Olivia »

Son regard fuit le mien et il semble intéressé par le magazine où figure sur la première page des héros de bande dessinée dans le coin inférieur. Il faut croire que nous n’avons pas tous les mêmes attraits dans ce même magazine. La femme lâche alors la main de son enfant et dit d’un ton précipité.

« Bon je file, j’ai un rendez-vous et je suis déjà en retard ! Bonne journée ! »

Conséquences suivies ou bien simple manie, cette femme semble souvent arriver en retard et il faut croire que ça m’a exaspéré un peu mais bon ça m’a épargné un peu de temps à ne rien faire. Je tourne alors la tête pour demander à Tony ce qu’il veut faire mais apparemment il n’a pas attendu mon avis pour faire ce dont il a envie. Me voilà seule au milieu de la gare et ce petit garçon a déjà disparu avec le magazine. Quelle plaie ! Je me lève du banc et me précipite vers la sortie de la gare pour le retrouver et là je me cogne à un homme que j’arrive à peine à apercevoir pour ne pas le bousculer trop brutalement. Comme affolée, dans un élan de détresse, je lui demande alors avec un dernier espoir.

« Oups… Désolée. Hmmm… Vous n’auriez pas vu un petit garçon de sept ans, blond, les cheveux mi longs et un tee shirt bleu ciel ? Je m’appelle Olivia et je suis sa babysitter depuis… deux minutes en fait. »

Je baisse les yeux et rougis car je n’arrive même pas à assumer la situation qui semble assez ridicule. Mais bon avec un peu de chance il aurait pu le voir passer, ça ne fait que quelques secondes que je l’ai perdu de vue.

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Les yeux baissés vers le sol alors que la honte s’empare de moi, je sursaute alors que sa main se pose sur mon épaule. Contact empressé et direct qui me fait revenir sur terre et lever les yeux vers mon interlocuteur. C’est là que je prends vraiment conscience de sa présence, cet homme musclé dont le physique n’a rien à reproché, il s’agit surement d’un mage et c’est tant mieux pour moi. Il m’annonce donc qu’il ne l’a pas vu mais me propose tout de même son aide. Un sourire orne alors mon visage malgré la situation, une rencontre comme celle-ci s’annonce prometteuse et ne me fait pas regretter cette mission. Un clin d’œil de sa part pour pactiser notre affaire, il m’aidera donc à le retrouver malgré la complexité de la tâche. Je le remercie alors pour démontrer ma gratitude.

Vous comptez alors… m’aider ? C’est gentil ! Merci et… enchantée Hyun.

Soudain il me demande si je possède un objet qu’il a touché. J’arque alors un sourcil face à l’étrange demande en pensant à ces sortes de mage qui peuvent retrouver l’âme des gens en touchant un objet qui leur a appartenu mais il s’avère que pire encore, ce mage est doté d’un odorat de chien. Etrange et à la fois utile, je ne peux satisfaire sa demande puisque le seul objet que Tony a touché est le magazine qui a disparu en même temps que lui. Dubitative d’abord je tente une esquisse de réponse en réflechissant.

Hmm… Je ne crois pas non, je n’ai pas eu de contact avec lui à vrai dire. Mais il est parti avec mon magazine du Weekly Sorcerer et euh…

Illumination ou bien trop plein d’espoir, je repense au moment où il regardait la première page du magazine où figuraient les héros de bande dessinée et je me dis qu’il doit forcément, comme tout enfant, se diriger vers un magasin de jeux.

J’ai une idée ! Et si nous partions vers un magasin de jeux ? Il est surement parti là-bas et s’il est déjà parti on demandera au vendeur quel objet il aura touché puis tu pourras le suivre. Maintenant il faut espérer qu’il soit bien parti là-bas parce que les probabilités risquent tout de même d’être faible…

Je baisse les yeux à nouveau puis dis avec entrain.

Mais bon, qui ne tente rien n’a rien !

Un sourire s’empare de mon visage puis je me précipite vers la sortie de la gare en prenant la main de Hyun pour l’emmener avec moi. Courant au travers du hall de la gare pour en sortir, nous arrivons alors dans la place centrale où une centaine de gens défile devant nous. Ambiance citadine, chaos visuel où toute une masse perturbée virevolte en tous sens et que parmi tous ces gens un petit garçon se dissimule. Cela risque d’être long et j’espère pouvoir le retrouver avant le retour de sa mère… Je tente alors de me remémorer l’endroit où j’allais acheter mes figurines avec mes parents puis je me dirige vers l’ouest. D’après mes souvenirs c’est une boutique qui vend un peu de tout et j’y allais très rarement puisqu’après tout je n’avais pas réellement besoin de jouets pour m’occuper étant donné que j’avais ma harpe. Et alors je le vois, ce magasin qui durant toutes ces années s’est transformé en un immense bâtiment presque aussi grand qu’un centre commercial. Un homme déguisé en soldat du futur nous accueille en s’inclinant poliment puis nous entrons dans le bâtiment aux allures extravagantes.

D’un côté les poupées de princesses et princes pour les jeunes filles, de l’autre les superhéros qui font fureur chez les petits garçons, et au fond le bureau du vendeur dont l’aspect excentrique me fait arquer un sourcil.

Hum… Hyun ? Tu veux bien t’en charger ?

A vrai dire c’est surtout le stéréotype de l’ado boutonneux pervers à lunette qui me repousse et me fait me cacher derrière un tas de poupées, ne laissant pas le temps au mage de répondre pour donner son avis. Le vendeur vient lentement et je dissimule mon visage derrière la peluche d’un rhinocéros rose en écoutant furtivement la conversation.

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Et je l’entends, cette voix qui me fait frissonner, qui m’écœure et m’effraie, cette voix qui sur un ton aussi blasant que blasé invite l’homme à se présenter. Un seul mot résonne dans ma tête, simple pensée qui pourtant obnubile mon conscient, le mot aussi effrayant qu’il soit me fait suer et trembler face à la situation « Per…vers… ». Concentration aussi basse qu’elle semble absente, je ne perçois pas un seul mot de plus de la conversation puisque la rencontre de l’homme à peine venue se transforme en phobie. La peur d’un simple contact, d’un simple regard partagé me menace d’horribles cauchemars dont j’aurai regretté l’origine. « Ne t’approche… p-p-pas… ».

Les paroles se stoppent, il semble s’en aller puis je repose la peluche où elle était premièrement pour enfin avancer de quelques pas et rejoindre Hyun, ce dernier m’annonçant que le périmètre est finalement sécurisé, ça y est, je ne risque plus de me faire contaminer par cette créature presque extra-terrestre. Rassurée par mon prince charmant qui m’emmène devant une étagère où une centaine de figurines est rangée. Personne n’est là, le petit est déjà parti. Il me pose alors une question à laquelle je me permets de réfléchir afin de répondre sans oublier aucun détail.

Hmmm… Je ne sais plus trop il faut que je me souvienne…

Mon regarde se tourne vers les jouets qui m’entourent et je tente de retrouver l’image des héros que j’ai vus sur le magazine mais il y en a tellement que je ne sais où donner de la tête pour tenter de me rappeler.

Il me semble que c’était bleu et rouge, des genres de supers héros qui sont tendances en ce moment. Un possède un bouclier avec une étoile mais je ne me souviens plus trop, je ne suis pas trop du genre à m’intéresser à ce genre de... jouet...

Un sourcil s’arque sur mon visage accompagné d’un léger sourire. Embarras et confusion alors que je n’arrive pas à reconnaître parmi tous ces héros ceux qui auraient pu figurer sur la première page du magazine. Et alors que mon regard se plonge dans celui de Hyun, je pousse un cri d’effroi quand une voix se met à parler derrière mon dos, voix nasillarde et saccadée par les hormones en train d’agir sur l’humain.

Il s’agit du Capitaine Fiore que vous cherchez-là !
Aaaah !
Un garçon aux cheveux blonds a voulu m’en acheter un mais il n’avait pas assez d’argent alors je l’ai rangée dans mon bureau. Vous voulez la voir ?

Pétrifiée, n’osant plus bouger alors que la créature se place devant moi et s’accoude à l’étagère pour me regarder dans les yeux, je fuis son regard en me reculant légèrement. Il a un objet pour Hyun, il a ce qu’il nous faut ! Mais la peur me pousse à me cacher derrière le mage cette fois pour répondre une fois dissimulée.

Oui... je... veux bien.

L’homme ou plutôt l’adolescent s’en va chercher la statuette et pendant ce temps je m’écarte de Hyun et lui dit en chuchotant pour éviter que le vendeur m’entende.

Il est hors de question que je touche cette figurine si le vendeur l’a touchée ! Ah oui et c’est toi qui paie, il va croire que c’est une invitation si c’est moi qui m’en charge et non merci j’ai déjà assez de monde sur ma liste.

Le vendeur revient tout sourire et mes yeux fixent l’objet qu’il tient en ses mains.

La voilà !
C’est celle-là ! Je l’ai vue sur le magazine, enfin je crois. Elle y ressemble en tout cas.

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Et le mage se saisit de la figurine pour enregistrer toutes les odeurs, toutes les pistes plausibles fournies par l’objet en question puis la redonne au vendeur. Il me prend alors la main et m’emmène au loin alors que je tremblote de peur, peur que l’adolescent ne me découvre de ma cachette. Et en courant je le suis, fuis avec l’excitation d’avancer dans la quête et de retrouver Tony. Mes yeux se lèvent vers le mage et soudain mon corps se recule de quelques pas quand je vois son visage transformé, devenu plus poilu et surtout plus effrayant. Qu’est-ce donc cette magie ? Du take over ? Surement, il a dit qu’il avait l’odorat d’un chien. Certes, il a gagné ma confiance en me présentant sa transformation cependant je trouve ça un peu repoussant tout de même, tous ces poils, j’en ferai presque des cauchemars. Là je m’imagine alors les principales sources de mauvais rêve en tête et un frisson parcourt tout mon corps lorsque j’imagine cet adolescent recouvert de poils roux sur tout le corps. Mon dieu, je crois que c’est la pire image de toute ma vie.

Après m’être remis en tête l’objectif de la mission je me décide enfin à le suivre même s’il prend l’initiative de saisir ma main et me tirer avec lui juste au moment où j’avais décidé que j’étais prête. Quelle chance, j’aurai pu râler pour cela. On court alors dans la masse formée par toutes les gens de la ville, se faufilant entre eux pour arriver à destination, devant un quai où des bancs décorent les rues pavées. Et au milieu de tout il y en a un occupé par un petit garçon dont la crinière m’est familière, c’est lui le petit fugueur, je vais lui apprendre les bonnes manières ! Hyun se retransforme en humain et m’annonce qu’il s’absente un instant et que je dois l’attendre. Bon d’accord, mais Tony n’a pas intérêt à fuir sinon j’aurai vraiment l’air d’une gourde. Ma main vient alors chercher les lunettes de soleil logées sur ma tête pour les faire redescendre devant mes yeux.

Toi, petit, je t’ai à l’œil.

Farouche, le regard empli de méfiance malgré qu’il soit caché par un accessoire, je ne quitte pas le petit blond d’un œil, n’osant pas même de cligner des yeux de peur qu’il se volatilise la seconde où mon attention aurait disparu. Cet enfant est un monstre ! Je hais les enfants ! Non en fait je les aime bien mais quand ils écoutent leurs parents au moins. Mais cependant il est triste et je n’aime pas trop ça, j’ai une idée, je vais l’occuper pendant ce temps. Sortant un instrument de musique de mon sac à main, étranger de la plupart du peuple de Fiore la harpe vient se loger dans ma gauche et délicatement les doigts de celle de droite viennent pincer les cordes argentées de l’instrument.

Chant de la Muse : Erato.

Ma musique, ou plutôt ma magie touche tout ce qui l’entoure et je recherche une cible à laquelle je pourrai la délivrer entièrement. Voilà ! Un albatros a perçu la mélodie et vient alors se loger sur mon épaule, délicatement, doucement, docilement.

Oiseau des mers à l’allure fière dans les airs, ici la Muse de l’amour qui vient te charmer. Va donc accompagner ce jeune qui sur ce banc semble égaré.

Et l’oiseau quitte mon épaule pour s’envoler vers le jeune et tournoyer autour, captiver son attention, éveiller sa curiosité pour finalement atterrir devant lui, plaquant ses ailes de géant contre son corps d’albâtre. Le jeune semble intéressé et a presque peur devant une attitude si familière de la part d’un animal sauvage, et innocemment il lui demande.

Quel est ton nom ?

Silence, incompréhension, le temps d’une réflexion l’animal ne comprend pas la situation. Continuant le morceau qui décrit une histoire, je fais chanter ma harpe pour qu’elle transmette à l’oiseau de se présenter. Ouvrant son bec comme s’il s’apprêtait à parler, comme un bébé ne sachant pas s’exprimer, il hésite et suit son instinct animal en se mettant à hurler de sa voix aigrelette. Et l’enfant toujours amusé de cette découverte se met à rigoler devant l’étrangeté de l’albatros puis tourne la tête tantôt à gauche tantôt à droite comme pour voir s’il est seul à assister au spectacle.

Tu t’appelles donc « Aaaah aaaah » ? Quel drôle de nom !

Et soudain Hyun revient, la figurine en main pour finalement me la tendre avec un sourire assez séduisant, un air de victoire dans les yeux. Je souris alors et saisis l’objet tandis que mon regard ne quitte pas celui du mage.

C’est gentil, merci. Si tu as ton après-midi de libre tu peux rester avec nous tu sais ? Je ne vais pas te manger. Et puis j’ai fini mon babysitting à dix-sept heures, on pourra faire connaissance plus en profondeur après.

Un sourire d’amusement se dessine sur mes lèvres puis je termine ma phrase par un mouvement de la main sur la harpe venant balayer toutes les cordes de l’instrument, après quoi l’oiseau s’envole en ma direction et s’installe à nouveau sur mon épaule.

Je ne t’oblige pas non plus mais ça peut être marrant. Bon je te laisse réfléchir.

Je me tourne alors que l’enfant me regarde avec admiration, se demandant comment ai-je réussi à dompter l’animal puis sourit. Je m’avance alors puis en levant le bras j’ordonne à l’oiseau de s’envoler pour de bon, s’envoler pour qu’au loin il rejoigne sa famille avant le coucher du soleil. Je m’assois alors sur le banc puis pose ma main sur la cuisse de l’enfant puis le gronde sans réelle méchanceté.

Alors, tu croyais que je n’allais pas te retrouver petit coquin ? Mais heureusement que j’ai un super héros qui m’a indiqué où tu étais !

Mon regard se dirige vers Hyun, l’invitant à nous rejoindre puis j’exhibe la figurine à l’enfant.

Dis donc j’en ai de la chance d’avoir un copain comme lui.
Je veux !
Ah ça non ! Si tu te perds je fais comment pour te retrouver moi après ?
Capitaine Fiore me ramènera à la maison, j’ai pas besoin de toi…
Petit veinard ! je veux que tu me fasses une promesse et après je te promets que je te donne le Capitaine, d’accord ?
D’accord.
Promets-moi que tu ne pars plus sans ma permission et que tu obéiras dorénavant toujours à ta maman.
…
Quoi ?
Ça fait deux promesses…
Promets-le moi, il y a tout de même un super héros en jeu…
Promis.
Promis quoi ?
J’obéirai toujours à ma maman et je ne pars plus sans ta permission.
La permission à qui ?
Olivia !

En disant mon nom il tend les bras et prend la figurine puis la fait voler dans tous les sens comme pour la faire vivre. Je me tourne alors de nouveau vers Hyun pour voir s’il a pris sa décision.

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Un train passe, et mon regard plein de curiosité le pousse à prendre la parole pour qu’il m’annonce ce qu’il compte faire. Et c’est avec une sincérité qu’il me répond qu’il restera, qu’il m’accompagnera jusqu’à ce que sa présence me lasse, que son physique bestial qui est le fruit de sa magie me repousse. Mais après tout je n’ai que faire, il est sympathique et à l’air gentil donc il n’y a pas de souci. Et s’il devient lourd au pire ce n’est qu’une après-midi. Je détourne alors le regard en souriant pour dissimuler mes pensées puis je le vois enfin s’asseoir à côté de Tony, se mettant assez facilement à son aise pour finalement se saisir du fameux magazine qui nous a permis de retrouver l’enfant. Je regarde la petite tête blonde s’amuser avec son jouet puis finalement s’intéresser à Hyun lorsque celui-ci secoue la tête sans raison connue pour le moment. Curiosité à travers nos deux esprits, celui de la femme et de l’enfant, nous tournons tous deux la tête vers lui pour en savoir plus sur ce geste. Et rompant le silence, la voix de l’enfant demande avec innocence.

« Qui c'est lui, Olivia? »

Je m’apprête à lui répondre alors que Hyun semble embarrassé à se présenter puis j’ouvre ma bouche, j’inspire puis lorsque ma voix semble sortir, je me fis interrompre par Tony, qui apparemment ne voulait rien en savoir, voulait juste rompre le silence, puisque là, il pose une nouvelle question, faisant cette fois-ci l’objet de ses réelles convictions. Une glace, c’est vrai que sur ce paysage, dans cette ambiance, une glace ne ferait de mal à personne. Et alors que je réfléchis où peut-il y avoir un glacier, Hyun se propose de suite pour aller les chercher. Cela me fait sourire mais Tony n’a pas l’air du même avis, il veut que ce soit moi, et moi seule qui aille les chercher. Je n’ai aucune idée du pourquoi, en fait si mais je ne préfère pas avoir de mauvaises pensées au premier abord alors je préfère les réfuter. Je me lève alors, passant ma main sur mon short pour retirer la poussière qui surement s’est attachée à mes habits lorsque je m’étais assise, puis je me tourne vers Tony pour l’avertir que ça ne sera pas aussi facile de filer une seconde fois.

Hé ! N’oublie pas notre promesse ! Et si tu veux savoir qui c’est cet homme, je vais te le dire. C’est mon super héros, il s’appelle Hyun et il a le pouvoir de rattraper les gens où qu’ils aillent donc essaie de filer et il te repèrera même si tu vas à l’autre bout de Fiore. Que dis-je ? Il te repèrera même si tu vas à l’autre bout de l’espace !

Et alors que l’enfant semble passionné, éveillé par une nouvelle curiosité, il s’adosse contre le banc comme si ses plans avaient échouées, croisant les bras avec une mine bien maussade. Je pose alors ma harpe sur le banc puis cherche dans mon sac à main mon portefeuille. Parée pour aller acheter des glaces je lui demande quel goût il veut.

Pistache ! J’adore la pistache.
D’accord, pas de souci !

Personnellement je déteste la pistache mais bon, je demande alors à Hyun le parfum qu’il souhaite puis je m’en vais les chercher même si je ne sais pas vraiment où se situe le glacier le plus proche.

Au bout d’une dizaine de minute je me perds, la chaleur me fait rosir les joues et je n’ai qu’une seule envie : manger une glace. Je décide alors d’en prendre deux pour moi. Non, je ne suis pas du tout une morfale… Et alors je le vois, au loin, derrière son charriot ambulant blanc et rose qui émet une musique aigrelette, semblable à celle d’un carillon pour attirer la candeur des enfants. Et les yeux pétillants, avalant ma salive, je cours vers lui pour acheter mes glaces. Posant mes mains devant moi sur la sorte de comptoir tel un chat mendiant je lui commande quatre glaces, une à la noisette, une à la vanille, une à la pistache et une au nougat. Celle au nougat c’est pour Hyun, à vrai dire je ne suis plus sûre de ce qu’il m’a demandé alors j’ai choisi un peu au hasard. Une fois la glace à la noisette réceptionnée, ma langue vient rencontrer le précieux dessert frénétiquement pour finalement l’amener à ma bouche et savourer le goût de la noisette mêlé à la fraicheur de la glace. L’homme me regarde bizarrement et je lui donne les quelques jewels puis je prends les trois autres dans la main gauche et repars vers l’endroit où sont Hyun et Tony… Enfin, vers l’endroit où ils étaient, puisqu’une fois revenue et les glaces un peu fondues, j’arrive à côté du banc, vide, désert, ma harpe, le magazine, l’enfant, Hyun ayant disparu.

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