Black Sheep

mission solo

C’est tranquille, une journée plutôt agréable s’annonce. Le soleil se lève doucement, éclairant discrètement mon visage entre les rideaux. Je m’assieds sur mon lit en faisant glisser mon drap sur le long de mon corps, m’arrivant à la ceinture et je bâille. Je m’étire de tous mon long comme si je voulais pousser le plafond encore plus haut qu’il l’était. Je me gratte en mâchouillant la bave pâteuse qui me sert de liquide buccal et je pousse le drap sur le côté pour me libérer, dévoilant mon corps habillé d’un simple boxer. Mon bassin tourne vers le vide et la pointe de mes pieds touche le sol. Agréable. Le tapis chatouille mes orteils, mais j’aime ça. Les pieds à plat au sol et je me lève pour enfiler un chandail à manches courtes blanc et un jean. Pas besoin de plus et je sors, saluant les gars au passage et je dépeigne ma chevelure digne d’un lionceau pour qu’ils flottent un peu mieux. Je me dirige vers la salle à mangée juste pour me donner l’appétit en regardant les autres manger. Œufs, bacons, rôties et cubes de patates rôties au déjeuner. Pas mal. Je m’en fais et je prends place à côté l’un d’entre eux pour discuter. À leur départ, je fixe le vide à me demander le jour où je la verrai. Quand on est habitué d’avoir la présence d’une amie à ses côtés et que du jour au lendemain, on vous en prive, c’est dur.

Je mange en vitesse avant de m’éclipser à la vitesse de l’éclair vers la salle de bains. Oui, étape important que j’avais oubliée en me levant. Je me brosse les dents, passe un linge humide sur me visage, enfile des chaussettes et me voilà prêt pour bosser pour Quatro. Je quitte les dortoirs et me rends dans le hall où les quelques hommes déjà debout se rassemblent. Je les salue d’un signe de tête et me rends au panneau des quêtes que le Conseil venait fraîchement de nous envoyer. Je soupire en me disant que je devais prendre les moins risquées, mais je me dis que mon temps viendra et que la chance me sourira à ce moment-là. Une attire mon regard et me fait sourire. Je la prends dans ma main en l’arrachant du mur totalement et continue de sourire. Il est question de montrer qui est l’alpha à un prédateur qui se nourrit de moutons. Pauvre berger, mais il ne va plus souffrir bien longtemps de voir son troupeau dévoré parce que je vais intervenir et l’arrêter dans sa gourmandise.

Je sors de la guilde en trottinant et me rends chez mon amie et frappe à sa porte. Pas de réponse. Ést-elle déjà partie en mission? Sans moi? Tant pis, je me ferai plus de jewels… Non, je vais partager mon butin avec elle comme elle le fait toujours. La mission dit que je dois me diriger vers la plaine de Drôma. J’hausse les épaules et ne pose pas de questions. J’emprunte les transports en commun et la boîte d’un bon samaritain qui se dirige vers la même direction que moi. Je lui donne quelques jewels en cadeau et traverse les champs à pieds. Je vois les moutons brouter l’herbe et beugler comme ils savent si bien le faire. Un homme habillé d’une sorte de toge beige marche à l’aide d’un grand bâton recourbé vers le haut. Il me voit approcher et s’éloigne du troupeau pour m’accueillir. Je souris, les mains dans les poches, je le salue brièvement d’un signe de tête.

« Puis-je vous aider jeune homme? »

« Je viens voir le berger qui se plaint qu’un prédateur mange ses moutons. »

« Oh vous êtes mage? Pardonnez-moi, mais avec votre allure plutôt… normale, je ne pensais pas que vous seriez le mage que j’attendais! »

Je souris, oh oui je souris et je ris à la remarque de l’homme. Est-ce qu’il s’attendait à voir arriver un homme en cape? Je lève mon chandail et lui monte mon tatouage qui prouve que je suis bel et bien mage, situé sur mon pectoral droit. Il acquiesce d’un signe de tête et me raconte son histoire. Un prédateur nocturne vient à chaque nuit dévorer un mouton, ne laissant derrière lui que quelques bouts de sa carcasse. Il me dit qu’il avait déjà ramassé le cadavre d’animal pour éviter d’effrayer les bêtes plus qu’elles le sont. Je le remercie de son aide et commence mon enquête. De la boue, de l’herbe haute, impossible qu’il n’ait pas laissé de traces. Je vois ses traces de pas et je fronce les sourcils tout en les suivant instinctivement. Le sang, son odeur forte me bouche le nez, mais pas de crainte, il n’ait pas pu aller ailleurs. Plus j’avance, plus je souris et plus je souris, plus que je me mords les lèvres.

J’aboutis vers une grotte. C’est sombre, mais une trace de patte ensanglantée orne l’entrée en guise d’avertissement. Mes doigts frôlent sa surface et j’hume le sang avant de grimacer et d’essuyer une grande partie contre la pierre. J’avance lentement, tentant de discerner le moindre mouvement, puis j’entends un grognement. Un écho qui m’appelle, qui prolonge ce sourire carnassier. Je vois des iris orange au loin qui se lèvent. Quatre pattes. Furieux. Sanguinaire. Je ne suis pas le bienvenue et pourtant, je souris et je ris à plein poumons. Mes pores de peau picotent, puis chatouillent, laissant le poil pousser à travers. Mon corps se muscle d’avantage, ma mâchoire grossit et je hurle à mon tour vers lui. Je courre à toute vitesse parce que là, je le vois. Crocs. Griffes. Poils hérissés. Il grogne, jape, salive et se délecte pendant que je charge, touchant à peine le sol de ma pointe des pieds. Vitesse maximum et je frappe de mes griffes sa gueule qui tente de mordre. Il rate, je marque et je glisse. Je charge, il fonce, entrechoquement de canines et d’ongles durcis, coup de poing au pelage et bruit aigüe, il recule, je me distance, nous nous épions. Je grogne et bondis pendant qu’il bondit et ses crocs pénètrent mon bras, mais ses tripes se décrochent alors que je retire mes griffes d’un coup sec de son ventre. Il titube, tombe et je gagne. Je m’essuie le bord des lèvres du revers de la main avant de redevenir humain et je sors de la grotte en secouant mon bras d’abord engourdi, puis endolori. Je grimace et je prie de ne pas avoir contracté la rage. Je retire mon chandail et enrubanne mon bras blessé avant de retourner vers le berger. Il m’offre des soins… et une chemise de campagne. Il me donne la récompense après que je lui ai ramené une des dents de la bête et je rebrousse chemin, là où les vrais cerbères se cachent…