Il n'y a pas de rédemption, ni de pardon. Rien de sincère, juste des paroles jetées en l'air. Rien de bien sérieux, juste ces regards ambitieux, ambitieux d'être pardonné et satisfait. Mais tout est surfait, rien d'intéressant ou qui en valent la peine. Il n'y a plus rien dans mon cœur à part cette haine. Répulsion pour celui qui a été mon seul et unique ami. Car après tout, j'ai beau avoir vu des gens plusieurs fois, il n'y a rien d'uni, juste une redevance. Je n'arrive pas à lier d'autres amitiés. Au final, je ne vis que dans l'errance. Que peux-je leur reprocher ? Ils n'ont été que des gens aimables de m'apporter de l'aide, je suis redevable envers eux, mais sinon ? Ont-ils compris la détresse et le manque que je ressens ? Peut-être que non, mais c'est mieux comme ça. Je ne veux pas qu'on me prenne en pitié pour des actes passés. Et puis quoi, je n'aime pas poser un regard sur ce passé et ces souvenirs. Mais pourtant, cela ne m'a pas empêché d'enquêter sur le lieu où ma sœur a été enterrée. Apparemment, mes parents sur leur lancée ne m'ont pas trouvé assez de respect et d'estime pour m'en faire part.

Bien après une ou deux heures de train, je suis enfin arrivée à destination. Une étrange angoisse enlace mon cœur et mes entrailles. Peur atroce qui me donne mal à la tête. Peut-être que je n'aurai pas dû venir. Je m'en veux pourtant de n'arriver que maintenant. Recherche frénétique de la stèle portant l'inscription que je redoute. Gravée sur la pierre, pour toujours, à jamais. Quelques larmes roulent sur mes joues, elle me manque terriblement. Je n'ai jamais su saisir les chances, très peu, qu'on m'a offert. Revenir sur ses traces fait vraiment du mal. Et pourtant, j'en ai besoin. Elle mérite au moins que je vienne sur sa tombe. C'est ma mémoire et une partie de mon enfance. Désolant. Quelle enfance ? Elle est bafouée. Inutile. La seule chose « positive » c'est qu'elle a forgé mon caractère. J'ai appris à passer outre de mes sentiments. Même si par moment cela m'a apporté des situations délicates avec les gens. Mais que peux-je y faire ? Je n'arriverais pas à changer ma façon d'être. Et puis, parfois, ne pas montrer ce qu'on éprouve évite les questions barbantes, presque impossible à éviter. De toute façon je n'ai pas d'amis, je n'aime pas m'attacher. S'impliquer dans quelque chose totalement inconnu, je n'en suis pas capable.

Combien de temps suis-je restée là, assise face à la pierre de marbre ? Dans cet endroit qui est enlacé par les bras de la grande Dame, immuable. Il faut que je sorte d'ici, je n'aime pas cet endroit. J'entends leur chants, ceux de leur cœurs abandonnés à la terre. C'est assez particulier, étant donné que ma magie n'est pas assez développée. Pourquoi Dia et Miki s'obstinent-elles à dire que c'est magnifique ? « Parce que tu n'entends que des murmures... » qu'elles ont dit. En tout cas, je ne veux pas revenir avant un moment, je n'en aurai sûrement plus le courage.

Le soleil se couche quand je reprends le chemin du retour. Un nouvel œuf est apparu. Et de cinq.

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