Assis au beau milieu de cette plaine sans fin, je sens le vent caresser mes blonds cheveux et les faire frémir devant les paisibles rayons du soleil. Ah la campagne, que j’aime ce paysage calme et tranquille. L’herbe grasse et verdoyante se laisse emporter au même rythme que la brise d’automne dans un paisible mouvement de va et vient, dévoilant les quelques animaux qui se dissimulent dans le drapée de mère nature. Au loin un oiseau au plumage marron s’envole et chante la venue des heures fragiles. Oui, un évènement nous arrivera à tous, à chacun d’entre nous mais nous ne le savons pas. Et pourtant, bien que des surprises apparaissent sur mon chemin, je continue d’avancer vers mon rêve : la puissance. Je veux devenir important dans ce monde, je ne veux plus être le vulgaire brin d’herbe de cette prairie, je veux être l’arbre qui au loin tend ses majestueuses branches pour y dévoiler le monde, protège ses compères de la foudre et des brûlures du soleil, nourrit les animaux et la terre de ses fruits qui lui demandent beaucoup d’énergie. Être altruiste qui souffre pour le bien de ses alliés, je serai cet homme.

Je lève les yeux vers cet arbre et voit un reptile aux formes étranges s’avancer vers lui. Que va-t-il faire ? Un souffle de braise sort de sa bouche et brûle les herbes aux alentours. Vile créature qui s’en prend à la nature, je décide de courir vers lui pour le stopper. Le vilain prend un malin plaisir à faire souffrir ce qui l’entoure. Salamandre aux désirs cruels qui assèche la verdure d’un jet de flammes. Je cours vers elle, pas assez vite pour sauver cet arbre de l’incendiaire. Je me stoppe net, sur place, regardant le désastre avec frayeur. Empathie dirigée vers un arbre, je ressens sa souffrance au plus profond de moi et une larme coule sur ma joue. Le reflet des flammes qui s’en prennent au roi déchu s’empare de mes yeux innocents. Le vert de mes yeux devient rouge et je ressens soudain une chaleur qui s’avance vers moi accompagnée d’un cri effaré. Esprit de la nature qui fuit le désastre pour hurler à mes tympans. Je ne peux sauver cet arbre, je peux seulement assister à sa mort et honorer sa grandeur. La grandeur de son passé, oui, il mourra dignement en ayant protégé durant toute sa vie la prairie qui l’entoure. Reprenant mes esprits, avec un mouvement vif de la main je fais apparaître une chaîne de lumière en direction de l’arbre qui s’enroule autour d’un de ses fruits encore intact et le ramène à moi. Je pose la pomme au sol et marche lentement vers la salamandre qui qui ne m’a toujours pas repéré. Une lueur éclatante s’empare de mes yeux emplis de colère, lueur bleue dont la magie émane tel un fluide volatile. Dans ma main gauche apparaît une arme, un arc doré que je pointe en direction de la bête. Au creux de ma main droite, une tige de lumière se matérialise et je la place de manière à la tirer à l’aide de l’arc. Ramenant progressivement la corde vers mon œil, je la relâche aussitôt qu’elle frôle ma joue. Sifflement dans l’air, lumière parcourant la distance tel un éclair, la flèche transperce l’animal au niveau du cou.

"Meurt, pêcheur."

Je tends ma main droite et cette fois-ci ce n’est pas une, mais trois flèches qui apparaissent. L’animal tente de fuir malgré la douleur qui se loge au-dessous de sa tête. Je couche l’arc horizontalement et place mes trois flèches les unes à côté des autres puis tire la corde vers moi. Je le vois courir, fuir pour tenter d’échapper à son destin.

"Tu rêves. Les criminels payent pour leur crime, tu feras de même au purgatoire."

Je lâche la corde et les trois tiges lumineuses s’envolent comme trois étoiles filantes en direction de la salamandre. Une ira se loger dans sa queue, l’autre à son ventre et la dernière sans sa tête. L’animal meurt sous le coup et reste inerte alors que les flèches consument peu à peu son corps. Mon arc disparaît en une lumière qui s’évapore dans le ciel et je me baisse pour saisir la pomme dans ma main droite tout en regardant les restes de l’arbre brûler au même rythme que le lézard. Je décide de creuser un trou dans lequel j’enterre la pomme.

"Puisses-tu reproduire la bravoure de ton père. "

Je fais apparaître un faisceau lumineux en direction de la pomme pour la faire rayonner quelques secondes. Bénédiction que je lui fais en espérant la voir grandir et former un arbre.