Voilà un mois que j’ai fait mon dernier entrainement. Il s’agit de mon dernier avant ma participation au Battle Royal. Oui, je m’entraîne dans le but de rester en vie lors de ce tournoi pour prouver mon appartenance au monde des mages et de faire partie de la guilde Blue Pegasus. Pour cela, il me faudra être fort et endurant, raison pour laquelle je m’en vais m’isoler au Mont Yakobe. Ma dernière escale sur cette montagne s’est finie par une rencontre mouvementée avec un Balkan que j’ai sauvé de la mort. Sera-t-il de nouveau au rendez-vous ?

Maintenant que je connais ce lieu comme ma poche, je décide d’explorer les zones inconnues où je n’ai jamais posé un seul pied, qui sait ce qui peut m’attendre là-bas. Oui car d’habitude je m’arrête au beau milieu du mont pour m’installer dans une sorte de caverne de glace. Cette fois j’ai décidé que j’irai plus haut. Et en raison de l’altitude, il fait encore plus froid là où je vais, c’est pourquoi j’ai pris une écharpe que j’enroule autour de mon cou dès la première brise ressentie.

Aaaah… j’ai froid.

Je place alors mes mains devant ma bouche pour former une sorte de boîte dans laquelle j’expire l’air chaud sortant de mes poumons dans l’espoir de ne pas perdre le contrôle de mes doigts. Survivre dans cette montagne sans pouvoir bouger un seul doigt, je crois que c’est pas encore de mon niveau. J’avance alors, mes pieds trainant dans la neige pour la soulever brusquement à chaque pas, pour finalement m’arrêter dans une sorte de tunnel creusant la montagne. Bon, y a pas le confort d’un hôtel mais au moins ici je suis à l’abri du vent et du blizzard. Je m’assois sur le sol rocailleux et m’endort contre une des parois. Simple sieste que je fais avant de m’aventurer davantage dans le tunnel. Puis j’entends un bruit, j’ouvre les yeux mais il n’y a plus de lumière. La sortie a été bouchée par la neige. Je sens une odeur bizarre assez désagréable juste sous mon nez alors j’invoque dans ma main une sphère lumineuse pour mieux voir ce qui m’entoure et quand elle apparaît, je vois une gueule de singe me montrer ses dents acérées avec ses yeux globuleux virant au rouge puis je crie, effrayé par l’apparition soudaine de cette image trop proche à mon goût.

Aaaaaah !! Dégage de là sale bête ! Me touche pas sinon je t’explose ! Aaaah il me bave dessus ! Dégueu !!!

Je me lève et court comme un attardé en m’engouffrant dans les profondeurs du tunnel, la bête me suivant en poussant des cris bestiaux. Ma sphère en face de moi pour m’éclairer le chemin, je choisis au hasard mon chemin parmi les différents qui s’offrent à moi. Faire demi-tour sans me perdre sera une dure affaire. Cependant mon plus gros problème est ce Balkan qui me suit comme un idiot. Problème ? Je m’arrête sur le coup et place ma main sur mon menton pendant deux secondes.

Mais non, y a pas de souci en fait.

Je place ma main en arrière pour faire apparaître un cercle magique duquel sort un faisceau lumineux qui repousse à terre le Balkan. Je me frotte ensuite les mains avant de reprendre mon chemin.

Désolé Charlie j’ai pas de temps à perdre pour jouer avec toi. Et la prochaine fois évite de me baver dessus c’est vraiment dégueu !

J’avance, toujours guidé par cette sorte de luciole créée par ma magie, en touchant délicatement du bout de mes doigts les parois murales. Ce tunnel est vraiment long et ennuyeux. A un moment, j’ai le choix entre descendre et monter, je choisis le chemin qui monte, pensant que ce serait le plus court. Au final, au bout d’une heure je suis encore dans ce satané labyrinthe, alternant les montées et les descentes, la droite et la gauche, j’ai l’impression de tourner en rond. Bon en fait c’est surement le cas, par contre je n’ai pas revu l’autre imbécile poilu depuis. Soudain j’entends un bruit derrière moi, comme si on traînait quelque chose sur le sol. Je me retourne alors mais plus rien.

Il se fout de ma gueule…

J’arque un sourcil et me retourne, prêt à reprendre mon chemin, pour revoir ce visage simien toujours trop proche de moi. Je le repousse alors en le frappant en visage pour l’éloigner, ses manies commencent à me gonfler alors que le fait d’être dans ce lieu sans rien trouver m’énerve déjà.

T’approches pas comme ça des gens ça fait flipper, mec !

Sonné à cause d’un coup contre un rocher, il me répond en biglant.
[b]
Je voulais te dire que c’est dangereux de venir par ici donc je te conseille de faire demi-tour.
Demi-tour ? La blague, j’ai pas envie de me retaper une heure voire plus en retournant sur mes pas. Surtout que je peux même pas te dire par où je suis déjà passé ou pas. Bref, je fais mon entraînement là donc si tu pouvais partir ça m’arrangerai.

Au moins je t’aurai prévenu.

Il s’en va alors que je continue d’avancer, quand soudain j’entends de nouveau ce bruit. Je me retourne en disant.

Bon là t’es vraiment lourd là…

Je lève les yeux et je vois une sorte de mille-pattes géant avancer sa bouche et refermer progressivement ses mandibules sur moi. Je ferme les yeux et mon corps s’illumine, devenant immatériel pour laisser passer les sortes de mâchoires à travers mon corps puis je cours pour éviter de finir comme repas. Impossible de faire demi-tour, la créature est aussi grande que le tunnel. Je cours alors mais le mille-pattes est tout aussi rapide que moi étant donné sa taille et le nombre de ses pattes…

Bon… Tu m’énerves là. T’es encore plus dégueu que Gilbert et en plus tu veux me manger…

Je vois alors une lumière au bout du tunnel et court pour finalement sortir de ce dédale rocailleux pour sauter dans… le vide. Dans ma chute, la créature me suit et remue ses pattes dans l’air en vain.

Bébé, t’es dans le même cas que moi. On peut rien faire.

Alors que notre chute libre s’effectue tout le long de la montagne, je cherche un plan pour me rattraper et éviter de faire une chute qui s’avèrera être fatale. Je place mes mains vers la montagne et me concentre pour imaginer une sorte de grappin qui me sauverait de la mort.

Faites que ça marche… Faites que ça marche… Faites que ça marche…

Un cercle magique apparaît et deux chaînes lumineuses en sortent pour venir s’encastrer dans la roche de la montagne. Je les attrape et je sens alors tout mon poids me retenir vers le bas puis je me heurte contre la paroi montagnarde.

Aie…

Une douleur au niveau de la tête, je regarde le vide sous mes pieds ainsi que le mille-pattes toujours en train de tomber, puis je commence à me remonter en escaladant la montagne à l’aide des deux chaînes auxquelles je m’accroche fermement. Bon, je vais essayer quelque chose. Je ferme les yeux et me concentre pour contrôler les deux cordes lumineuses qui s’enroulent alors autour de moi pour me porter vers le sol.

Aaah… C’est plus facile comme ça.

Je m’assis alors sur le sol pour reprendre mon souffle et penser à cette technique qui pourra m’être utile autant en combat qu’en survie. Je suis plutôt fier de moi, mon entraînement de ce mois-ci est plutôt intéressant.