Kôta ouvrit les yeux.
Il était seul dans sa chambre et venait de se réveiller après une nuit agitée. Il se redressa sur son lit, soucieux. Il avait beaucoup à faire ces derniers temps, depuis qu’on avait érigé la Triade de Leaders à Blue Pegasus dont il faisait partie. Tout ça était nouveau pour lui autant que pour les autres, et chacun était en pleine période d’adaptation et se démenait pour ne pas que la guilde s’enfonce encore plus profondément dans l’obscurité qui la menaçait. Il s’habilla rapidement et descendit dans la salle principale. Les journaux étaient déjà arrivés, et en parcourant brièvement les titres, on faisait état dans quelques articles de l’état indécis dans lequel se trouvaient les pégases. Quelques plumes plus acerbes n’hésitaient pas à remettre en cause la triade de leader et écrivait un flot d’injures habilement masquées à leurs propos. Ce n’était que coutume pour une autorité dans le monde des guildes, Makarov, Bob ou Obaba étaient passés par là pendant de longues années avant de se fonder leur propre réputation, et encore aujourd’hui certains les critiquaient sans relâche. Mais pour le jeune garçon, tout ça était nouveau. Il savait que tout le monde était à fond, et donc qu’on ne pouvait pas leur reprocher quoi que ce soit, mais il craignait qu’à terme les critiques qu’on retrouvait fréquemment à leur égard ne change le comportement des quelques membres fidèles à la guilde et qu’ils se retourneraient contre la Triade. C’était une crainte frivole, car ce sont ces membres-là qui avaient nommés la dite Triade. Mais s’ils n’arrivaient pas à améliorer considérablement la situation, rien n’empêcherait les membres de les démettre. C’est pourquoi, autant pour s’affirmer aux yeux du monde que de ses propres camarades de guilde, qu’Hirata Kôta s’avança seul (le fait était tellement rare qu’il mérite d’être souligné) vers le panneau de mission, en choisit une qui lui semblait coriace (et qu’il n’aurait certainement pas abordé seul s’il n’avait pas sa condition de Leader avec lui) et s’en alla en promettant qu’il reviendrait le plus vite possible.
Il était question d’une urgence : une prise d’otage avait eu lieu à Hosenka. Kôta essaya de ne pas y réfléchir parce qu’il avait peur de ne pas réussir, alors il se transforma intégralement et s’envola pour, à la vitesse maximale, rejoindre la ville où le drame avait lieu. Il arriva sur place en se posant prestement et en reprenant forme humaine. Directement on le dévisagea avec une sérieuse appréhension. Il se présenta par courtoisie, car il savait qu’on l’avait plus ou moins déjà reconnu. «
Je suis Hirata Kôta, Leader de la Triade de Blue Pegasus, et je suis venu vous aider ». Un homme de la garde s’approcha alors et lui expliqua qu’il avait contrôlé la situation jusqu’à présent mais que le contact avec le preneur d’otage était impossible : il était sombré dans une folie meurtrière et il ne fallait pas qu’il succombe à ses pulsions en assassinant un des trente otages qu’il gardait. D’après leurs informations, une quinzaine de bandits sont sous ses ordres, et ils réclament une somme d’argent considérable contre la vie de toutes ces personnes. Ils se trouvaient tous dans une piscine couverte, avaient surpris les usagers dans leurs bains. Quelques personnes ayant réussi à s’enfuir indiquèrent que le preneur d’otage était un mage mais qu’il y en avait également deux autres parmi les bandits. Ils voulaient impérativement l’argent dans l’heure sinon ils feraient exploser des bombes dans divers endroits de la ville, en plus de tuer les otages. La situation était critique, et en entendant toutes ces précisions, Kôta faillit perde contenance, mais il se reprit fort heureusement devant le garde qui doutait qu’il pouvait faire quelque chose.
«
Je pourrais tenter d’infiltrer le bâtiment en me transformant en aigle, mais seul contre une vingtaine de voyous, dont trois mages, c’est du suicide. Vous avez des gardes à votre disposition ? » Demanda-t-il après une courte réflexion. «
J’ai quatre experts en prise d’otage avec moi, ils sont armés et sont prêts à intervenir. Je peux vous les confier si vous avez un plan correct pour sortir de cette situation de folie. » Kôta acquiesça en silence, réfléchissant toujours. Il demanda alors à ce qu’on évacue la zone tout autour de la piscine, de sorte qu’il ne soit pas perturbé par les passants intrigués par le déploiement de forces autour du bâtiment municipal. On prit d’abord ça pour un caprice, mais on se rendit compte que c’était pour mieux permettre au mage de se concentrer sur un sort : Kôta ferma les yeux et se concentra intensivement pour percevoir les émanations de magie dans la zone autour de lui. Il sonda ainsi toute la zone de la piscine et compta bien trois mages, qui concentraient beaucoup de particules magiques autour d’eux, puis d’autres personnes disséminées en petits groupes dans des coins du bâtiment. D’autres faisaient des rondes ici et là. Au total se trouvaient 46 personnes à l’intérieur du bâtiment.
Le garçon demanda les plans du lieu et les étudia intensément. Il indiqua par des flèches les divers groupes où les personnes étaient concentrées (il supposa que c’étaient les groupes d’otages) et traça les itinéraires des rondes qu’il avait perçu. «
Vous voyez, il y a 5 personnes qui font le tour du bâtiment simultanément pour faire en sorte qu’il y ait à chaque fois l’un d’eux dans les diverses zones du bâtiment –piscine principale, accueil, vestiaires, bassins privés et locaux des employés. Ils mettent trois minutes chacun pour faire le tour complet. Mais à un moment donné, l’un d’eux quitte les vestiaires tandis que l’autre qui le suit est toujours dans la zone des bassins privés, et il ne rejoint les vestiaires qu’au bout de 7 secondes environ. Pendant 7 secondes, il n’y a personne dans cette zone de la piscine. Je vais en profiter pour m’y infiltrer avec vos hommes. » Le garçon semblait plein d’assurance, ce qui déconcerta un peu le garde, soucieux de la réussite de ce plan : «
En sept secondes vous vous infiltrerez vous et mes quatre experts dans les vestiaires ? » Kôta hocha de la tête, souriant. «
Oui, j’irais d’abord en premier et je tendrais un piège au prochain patrouilleur. Nous aurons environ une demi-minute alors pour que le premier de vos experts arrive à son tour dans les vestiaires, prennent les habits du patrouilleur et continue la ronde comme si de rien n’était, pour ne pas alerter les autres bandits. Il y a quatre experts et cinq patrouilleurs. Pendant que vos experts s’infiltreront dans les vestiaires, tendront un piège aux patrouilleurs et prendront leur place, avant qu’on ne se rende compte qu’il y aura un patrouilleur en moins, trois minutes auront passées. Après que les experts auront fait leur premier tour de patrouille, ils se rassembleront dans les vestiaires pendant que les bandits se poseront sans doute des questions sur leur comportement. Ils enverront alors sans doute des hommes faire une nouvelle ronde. Ainsi, parmi les 11 bandits restant dans la piscine principale avec les 30 otages, quelques-uns iront dans les vestiaires où ils seront pris au piège discrètement par les experts. Il ne faudra pas faire de bruit pour ne pas alerter les bandits restant avec les otages, même s’ils seront sans doute déjà bien soucieux du retournement de situation. » Le garde comprenait le plan et hochait lui-même la tête, mais se posait toujours quelques questions : «
Et après ? » Kôta souffla un bon coup avant de répondre. Il tremblait presque.
« Après, c’est à moi de jouer. »Kôta se concentrait alors à proximité du bâtiment, sondant les déplacements des patrouilleurs. Quand il sentit un d’eux quitter les vestiaires et l’autre encore loin d’y arriver, il se transforma en aigle pour voler rapidement pendant les 7 secondes qu’il avait jusqu’au mur du bâtiment. Caché sous une fenêtre, il entendit le nouveau patrouilleur arriver dans les vestiaires, juste derrière lui, fouiller la salle, puis partir quand l’autre arrivait. Kôta attendit, le souffle court, pendant trois minutes environ que la ronde complète soit faite, jusqu’à ce qu’à nouveau un des gardes s’en aille des vestiaires sans attendre l’arrivée du prochain. Il avait à nouveau sept secondes pour agir. Il se leva, et avec un de ses pieds transformé en serre d’aigle, il fit un rond avec ses griffes sur la vitre, assez grand pour qu’il puisse passer son bras, mais tout de même petit pour qu’on ne le remarque pas du premier coup. Il se baissa juste avant que le nouveau patrouilleur n’arrive. Il attendit à nouveau le tour complet de la ronde, angoissé comme jamais, et dès que le patrouilleur qui partait sept secondes en avance s’en alla, il donna un coup de poing dans la vitre à l’endroit du rond, qui se détacha, et passa son bras pour déverrouiller la fenêtre. Il l’ouvrit en grand, l’enjamba, et se rua vers l’entrée pire au moment où le patrouilleur pénétrait dans la pièce. Il le plaqua contre le mur, un poignard lové dans la peau de son cou, puis l’assomma. Déjà un expert passait par la fenêtre, le suivant, et se hâtait à prendre les habits du patrouilleur pour repartir directement à la patrouille en se faisant ainsi passer pour un bandit. Kôta attendait l’arrivée du prochain patrouilleur et refit le même manège ; il l’assomma, et un expert récupéra ses affaires. Il regarda sa montre et vit qu’il était 16H38 – il lui restait 22 minutes pour stopper les preneurs d’otage avant qu’ils ne déclenchent les bombes disséminées dans la ville.
Une fois tous les patrouilleurs assommés et les experts en ronde, Kôta se transforma, vola jusqu’au plafond et enleva une bouche d’aération. Avec sa forme minuscule d’aigle, il pouvait avancer dans le conduit pour aller de pièce en pièce. Il arriva alors juste au-dessus de la piscine principale et compta 5 groupes de 6 otages, chacun gardé par un bandit doté d’une arme blanche pour les menacer. Deux autres gardaient l’entrée principale verrouillée, et trois autres discutaient à l’écart. Kôta reconnut alors les trois mages et un frisson d’excitation l’envahit. Il avait sous lui les organisateurs de cette folie, il pouvait sauter et les tuer d’un coup. Mais était-ce son but ? Non. Il était là pour sauver ces gens, mais aussi il devait s’assurer que tout se passe bien pour sa réputation et celle de Blue Pegasus. Il attendit alors, remarqua quelques experts accoutumés comme les patrouilleurs passer de temps en temps, puis il vit les trois mages s’alerter.
«
Qu’est-ce qu’il se passe ? Il n’y a plus de patrouille ? Vous avez entendu quelque chose, vous ?_
Non, je n’ai rien entendu. Mais alors pourquoi ne viennent-ils pas ?_
Envoyons deux hommes. S’ils ne reviennent pas d’ici trois minutes, c’est qu’il y a un problème. Et là, j’interviendrais. »
Les deux gardes qui protégeaient l’entrée (ou la sortie, selon le cas) s’en allèrent donc faire à leur tour une patrouille. Kôta devina qu’ils tombèrent dans le piège des quatre experts au niveau des vestiaires. Il regarda sa montre, il ne lui restait plus qu’un quart d’heure environ pour agir quand un des mages entreprit alors seul de faire la ronde. Kôta hésita alors longuement pour savoir s’il était temps d’intervenir, vu qu’il n’y avait plus que 8 bandits sous lui. Si les experts piégeaient le mage, peut-être qu’ils enverraient encore du monde regarder ce qu’il se passait, et là Kôta aura encore plus de chance. Mais si le mage était plus habile que les quatre experts réunis ? Kôta ne pouvait prendre finalement de risque, et après une longue inspiration, il défit la grille d’aération sans un bruit au-dessus d’un bandit et se laissa tomber sur lui, l’assommant pendant qu’il amortissait sa chute. Directement on se tourna vers lui, mais il fut plus rapide le temps qu’ils réagissent à cette surprise : tout en courant, déjà ses deux bras étaient transformés en ailes d’aigles et, chacun visant un autre bandit, ils envoyèrent des lames d’air pour les déstabiliser (tous deux tombèrent dans l’eau de la piscine). Courant toujours, il reprit intégralement forme humaine et dégagea ses deux poignards : il en lança un en direction du bandit le plus proche qui le reçu en pleine jambe, le faisant lui aussi chuter, et il feinta en faisant semblant de vouloir attaquer avec son poignard un autre bandit ayant un sabre, mais au dernier moment glissa au sol pour simplement tacler son adversaire qui fut envoyé lui aussi dans l’eau. Kôta continua sa course en roulant sur le sol jusqu’à ce qu’il soit caché derrière une porte qui menait aux bains privés. Là, il reprit son souffle, tandis que les autres bandits (il restait les deux mages et un autre qui avait un groupe d’otage) prenaient pleinement conscience de la situation. Les groupes d’otages momentanément libres commencèrent à bouger, certains plus intrépides que d’autre se levèrent, profitant de la situation, mais un des mages hurla qu’aucun ne devait bouger sinon il le tuerait sans réfléchir. Le silence revint, puis le bandit non-mage rassembla alors tous les otages dans un unique coin de la salle sous sa surveillance avec un mage. L’autre mage s’approcha de la porte derrière laquelle Kôta était caché.
«
Qui es-tu, petit homme, pour te lancer dans de telles actions ? » demanda-t-il en direction de la porte. Kôta ne répondit pas, le souffle toujours court. Il n’avait plus qu’un poignard et il entendait déjà un garde remonter de la piscine (celui qu’il n’avait seulement taclé). Il avait donc toujours quatre adversaires de l’autre côté de la porte, et cette fois, il n’avait plus de plan. Tout relevait de l’improvisation. Et c’est ce qui l’effrayait. Il n’avait pu prévoir comment les choses iront à partir de ce moment. «
Si tu ne te montres pas, je tue un à un ces otages », le menaça la voix du mage. Kôta souffla encore, les yeux clos. Comment pouvait-il se sortir de cette situation ?
Il se montra finalement quelques secondes plus tard, déterminé. Il se cachait derrière le corps du mage qui était revenu en trainant un des experts, ayant placé son unique poignard sous sa gorge. Ce mage avait vaincu les quatre experts et en ramenait un pour alerter ses alliés, mais Kôta l’avait lui-même surpris. «
Me voilà. J’ai moi-même en otage l’un de vos hommes. Nous sommes donc dans une situation égale ». Le chef des bandits, celui qui faisait face à Kôta, sembla contrarié, puis se perdit dans un fou rire qui perturba le jeune mage. «
Tu crois que nous sommes dans une situation égale ? C’est faux, jamais nous ne serons égaux. Nous sommes quatre et tu es seul. Et tu n’oseras jamais trancher la gorge de mon homme. Tu es venu sauver ces otages, n’est-ce pas ? Tu es un justicier, ahah, n’est-ce pas ? Jamais, tu ne tueras cet homme. Tu n’en as pas les tripes. »
Kôta serra les dents tandis que le chef fit un pas en sa direction, tout sourire. Que pouvait-il faire ? Mener ses menaces à exécution et tuer son propre otage ? Que gagnerait-il en faisant ça ? Et son adversaire qui continuait toujours à avancer. Il prit une grande inspiration, et s’exécuta.
Mais à la place de trancher la gorge du mage, il se contenta de plante son poignard profondément dans son épaule pour l’handicaper considérablement. Lâchant l’otage qui hurlait de douleur, il bondit en direction de la porte en direction des bains privés tandis qu’il se faisait déjà poursuivre à toute vitesse par le chef des bandits. Il activa sa magie, Flow, pour lui permettre de courir à une vitesse doublée, et sema ainsi son adversaire. Hors de sa vue, il se transforma en aigle et se cacha à l’intérieur d’un casier une fois qu’il fut arrivé dans les vestiaires. Le chef des bandits arriva juste au même moment dans la pièce et constata que l’autre porte était fermée. «
Alors tu te caches ici, sale gamin… » Il dégaina un long sabre et, s’arrêtant devant chaque casier fermé, les transperça tous en divers endroits de sorte qu’il toucha forcément un humain caché à l’intérieur. Mais Kôta n’avait pas forme humaine, il était toujours sous sa forme d’aigle. Une fois tous les casiers saccagés, l’homme se rendit compte que son épée n’était pas tâchée de sang et que le garçon ne se trouvait donc dans aucun casier. Il les ouvrit alors tous à la volée, énervé, ne comprenant pas où Kôta aurait pu se cacher. Puis quand il ouvrit le casier où l’aigle était caché, l’aigle bondit alors sur son visage, plantant ses griffes dans ses yeux et son bec dans son crâne. Pendant que l’homme hurlait par l’attaque surprise, Kôta s’envolait déjà par la bouche d’aération, connaissant bien le chemin pour retourner jusqu’à la salle principale, puis y déboucha, toujours sous sa forme d’aigle, en volant jusqu’au groupe des bandits qui gardaient les otages, virevoltant dans tous les sens pour échapper à leurs attaques, les assaillant de lames d’airs, d’ondes hypersoniques, usant de ses griffes, ses ailes et son bec pour les avoir là où ça faisait mal et les forcer à s’éparpiller dans un énorme chahut. Là, Kôta reprit forme humaine et ordonna aux otages encore présents de se ruer vers la sortie, ils se levèrent tous dans une foule et foncèrent vers la porte libre. Mais leur élan fut stoppé quand la porte de sortie s’enflamma : l’un des mages était revenu à la charge et contrôlait le feu ! L’autre mage, également sur place, tenait ses deux bras transformés à leurs extrémités en armes à feu en direction de la troupe d’otages.
«
Hop hop hop, personne ne bouge où je tire. »
Kôta était immobilisé, ses vêtements en haillons à cause de ses multiples transformations. S’il faisait un geste, il était tué et les otages, aussi dans la ligne de mire, seraient touchés également.
«
Vous préférez mourir tués par balle ou par le feu ? Vous avez le choix. Il est bientôt 17H, toute cette prise d’otage n’était qu’une mise en scène pour mobiliser les forces de l’ordre ici et ainsi permettre à nos alliés de piller les autres parties de la ville. Depuis le début les otages sont destinés à mourir._
Alors vous n’attendez pas d’argent ? Il n’y a pas de bombes ailleurs dans la ville ? Vous voulez seulement mourir pour cette cause indigne ?_
Oh, l’argent, nos autres alliés dans la ville le pilleront ! Non, il n’y a pas de bombes ailleurs, il y en a seulement une, et elle est ici, sous vos pieds ! A 17h, la piscine va exploser, tout le monde va mourir, et l’explosion retentissante sera le signal pour nos alliés d’agir dans la folie et de dévaliser toute la ville !_
Et qu’est-ce que vous y gagnerez, vous, à être morts ? »
Le chef arriva, titubant, aveugle à cause des griffures de l’aigle, mais souriant tout de même.
«
Nous ne mourrons pas. Je suis moi-même mage explosif. Je suis la bombe humaine, je ferais exploser la piscine à 17H pile, soit dans 3 minutes. Mais je suis immunisé contre ma propre magie, et je protégerais mes deux alliés ici présents. Tout sautera, sauf nos corps protégés. Nous nous échapperons dans le chaos et nous retrouverons ce soir nos alliés avec tout le butin volé. C’est un plan parfait. Depuis le début, tout est calculé, et ce n’est pas un piteux mage de Take-Over comme toi qui changera la donne !_
Mais je ne suis pas un piteux mage de Take-Over. Je suis Hirata Kôta ! Leader de la Triade de Blue Pegasus ! Et je vous arrêterais !_
Laisse-moi rire. Dans une autre vie, tu sauras qu’il faut rapidement sortir de l’enfance et être confronté à la réalité si on veut survivre. Aller, encore deux minutes. »
La tension à son comble vint à bout d’une femme otage, qui, dans un élan insensé, se mit à courir dans une direction aléatoire pour s’enfuir, mais le mage aux bras révolvers tira en sa direction. Elle tombât à terre, se répandant dans son propre sang.
«
Quelqu’un d’autre veut y passer ? »
Kôta n’avait jamais été aussi énervé. Contre lui-même et son incapacité à faire changer les choses et contre ces hommes et leur stupidité. Il était dans une sorte de transe hypnotique, son corps tremblait de rage et il serait des dents si fortement qu’elles grinçaient comme si elles étaient prêtes à se briser. Voilà qu’il se produisit un phénomène bien particulier. Kôta, dans cet état de fureur extrême, déclencha inconsciemment sa magie. Il se concentra sur toutes les particules de magie qu’il y avait dans la pièce, et il leur transmit ses mauvaises émotions, ses sentiments exacerbés. Toutes les particules portaient ainsi l’empreinte de toute sa hargne. Toutes étaient ainsi chargées négativement. Quand les trois mages aspirèrent ces particules de magies, ils furent alors contaminés par la rage de Kôta. Les deux mages se sentirent nauséeux car l’un maintenait activement son feu, l’autre sa transformation en armes à feu. Ils vomirent tous les deux et glissèrent, groggys, incapables de rester debout dans cet état souffrant. Le chef des bandits, inquiet de ce qui se passait et ne le comprenant pas, décida alors de déclencher son sort en se protégeant lui-même et seulement lui-même. Ses deux mains devenaient rouges comme si elles concentraient de l’énergie prête à exploser, tandis que son corps était revêtu d’une aura bleue protectrice. Il délaissait ses deux compères pour se sauver uniquement lui-même, mais en usant aussi rapidement de sa magie, en consommant les particules magiques contaminées par le garçon, il tomba lui aussi dans cet état nauséeux et stoppa alors toute tentative de faire son sort, posant un genou à terre, haletant comme jamais.
Les otages, comprenant que la situation leur offrait une chance inouïe, s’en allèrent alors tous par une autre sortie, courant tous en maillot de bain au dehors. Les autorités comptèrent 29 personnes, mais ils signalèrent que le mage (Kôta) et une autre blessée (la femme ayant voulu s’enfuir) y étaient encore, de même que les trois mages bandits qui comptaient tous faire exploser. Les autorités envoyèrent alors une énorme patrouille dans le bâtiment : tous les bandits furent immobilisés et maitrisés, on soigna les quatre experts et la femme, toujours en vie malgré la balle qu’elle avait reçue, et on retrouva Kôta allongé au sol, évanoui.
*
Kôta ouvrit les yeux.
Le garde était à son chevet, et dès qu’il vit le garçon reprendre connaissance, il le félicita pour ses actions. Tous les otages étaient en vie et tous les malfrats enfermés. Les otages avaient alertés que des bandits attendaient dans la ville pour la piller et des troupes furent envoyées dans tous les coins d’Hosenka pour prévenir ces délits ; on n’eut aucune trace de bandits.
Kôta, remit rapidement sur pied, fut applaudi par la foule et les autorités. Il resta un peu à expliquer à ceux qui le demandaient, aux journalistes et aux passants, comment la libération s’était entreprise. Le soir, il rentra à la guilde, épuisé, mais content. Il allait sans doute contribuer à remonter l’estime qu’avaient Fiore à Blue Pegasus. Il alla se coucher sans un mot à ses camarades.
Dans son lit, il repensa à ce qui s’était passé à la toute fin. Il ne s’en souvenait plus, mais en se réveillant, il s’était rendu compte qu’il avait dépensé toute sa magie. Il avait ainsi utilisé un sort sans s’en rendre compte, un sort inédit, et se promit d’apprendre à le maitriser très bientôt.