Les jours passaient depuis le retour de Trenzalore. Elsa Scarlet se remettait péniblement de ses blessures, en se reposant paisiblement à la guilde. Elle avait bien une lettre du Conseil lui demandant de venir au siège au plus vite, mais elle n'avait pas envie de s'en occuper. Elle avait vraiment l'impression de manquer quelque chose en ne répondant pas à cette lettre, toujours était-il que quelque chose d'autre l'appelait. Elle ne savait pas juste quoi.

La rousse Fée passait ses journées à errer péniblement dans Magnolia, à rendre service à des gens, à se reposer, à traiter ses blessures, à s'occuper un peu d'elle, de la guilde, à aider Mirajane, etc… Cela ne lui ressemblait pas, si bien que le maître s'en inquiéta un petit peu. Elle les rassurait, lui et tous ceux qui s'inquiétaient de sa passivité. Elle qui ces derniers temps était au front de beaucoup de conflits, elle était maintenant là, à boire son café, comme une vétéran. Le café ne lui procurait plus aucune énergie, le fraisier à peine du plaisir. Les jours se passaient, et se ressemblaient; Enya Taylor a encore fait des siennes, une nouvelle piste pour Orochi, Blue Pegasus connaîtrait des soucis, etc… Mais rien, plus rien ne mordait le cœur de la Reine des Fées. Elle se mordit elle-même le jour où elle commanda un café à Mirajane. Celle-ci obéit, l'air de rien, laissant Elsa se rendre compte elle-même du problème. En effet, elle contesta qu'à côté de la tasse de café chaudement servi, une autre à peine entamée était toujours à côté, encore fumante. Elsa se leva en silence, ne dit rien; peu de personnes remarquèrent son départ. Elle franchit le seuil de la porte, et disparut entre les premiers flocons de neige, de cette fin d'automne.


Le serpent qui se mord la queue
S'équipant de l'armure des Ailes Noires, Elsa fila droit vers le sud, à tout allure et à travers la nuit qui commençait à s'étendre. Le soleil se couchait, et les couleurs sangs qui teintaient l'horizon se reflétaient dans les yeux Elsa. Mais c'était des couleurs pauvres, ternes, plus rien de flamboyant. Plus d'étoiles dans les yeux, plus de sang qui bouillonnait, plus de cœur palpitant, plus de muscles tendus. Voilà l'océan qui s'offrait à Elsa. Elle ne le réalisait pas encore qu'elle arrivait déjà à destination. D'ailleurs, elle ne se rendit même pas compte qu'elle suivait une destination, c'est son esprit qui lui intimait le chemin. Elsa le comprit un peu tard; elle arrêta son vol brusquement, alors qu'elle allait survolait l'eau. Un atterrissage d'urgence comme elle n'en avait plus fait depuis son apprentissage du vol. Elle se crasha dans le sable et roula sur quelques mètres. Ne bougeant plus, elle reprit ses esprits mais fut brusquée par les vagues qui venaient la lécher. La Fée se remit en sûreté sur la plage, récupérant son souffle, avant de s'asseoir face à la mer. Les derniers rayons de soleil, qui perçaient difficilement au travers de nuages lourds annonciateurs d'une tempête, éclairaient quelque chose au large. Quelque chose d'affaissé, de détruit, et la Reine des Fées ne mit pas longtemps à reconnaître: les ruines de la Tour du Paradis. Pourquoi était-elle revenue ici? Pour se souvenir de tout ce qu'elle avait enduré là-bas? De ses premiers pas de liberté? De son chemin vers Fairy Tail? De son parcours depuis la Tour du Paradis? Un peu de tout ça, sûrement. Il faisait froid maintenant le soleil partit, et la lumière ambiante était grise, sombre, inamicale. Pourtant, la petite Scarlet resta là, dans sa plus simple armure. Elle dessina quelques visages dans le sable; Simon, Geard, Milana, Shaw, Wolly et Rob. Elle se surprit à dessiner Cobra aussi. Le vent qui se levait emporta avec lui ces dessins, et Elsa ne put s'empêcher de verser quelques armes. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et se mit à frapper du poing au sol, avant de se recroqueviller sur elle-même pour se protéger du vent.
Après quelques heures ainsi, une présence la tira de sa pénible torpeur. Elle releva la tête aboyant un "qui va là?" dissonant. Elle ne revint pas de qui se présentait à elle. Il ne dit rien, et vint s'asseoir à côté de la Reine des Fées. Le silence n'était pas possible pour Scarlet, qui le rompit:"
-Et cette fois? Vous êtes venu pour finir le travail?
-Non. Je ne pensais pas te voir ici pour tout te dire. Je pensais faire ça seul.
-Quoi donc?
-Tu le verras bien assez tôt. Mais puisque tu es là, j'en profite pour te soulager: Orochi, l'Aube Nouvelle, l'Agent Zero, tout ça, tu n'as plus à nous craindre.
-Vous me pensez bien naïve pour croire que je vais baisser ma garde.
-Oh il ne s'agit plus de ça. Mes… collaborateurs n'ont pas apprécié mon échec à Trenzalore. Je pensais rattraper le coup mais non, ils avortent toute l'opération. Et étant donné que cette opération devait sauver Orochi et bien… Orochi meurt aussi. Dans sa propre crasse et puanteur.
-Et l'agent Zero?
-Tu le connaîtrais jamais je suppose. Un assassin formé par nos soins, censé infiltré la guilde noire Purble Pugloss et étendre notre pouvoir et domination et blablabla… Je suis fatigué Elsa. Moi aussi je marche depuis longtemps Elsa, moi aussi je marche depuis la tour du Paradis.
-Vous y étiez, vous aussi?
-Oui… oui... moi aussi j'ai connu Cobra, Simon, Gerard, Midnight, etc… Ils ne se souviennent sûrement pas de moi.
-Et maintenant? Qu'allez-vous faire?
-Je ne vais pas m'attarder; de sombres individus de bas-étages doivent me rechercher pour me faire la peau. Il faut dire que partir en claquant la porte lors d'une réunion comme je l'ai fais n'est pas très poli, même chez Orochi.
-Qui commande ces assassinats, si Orochi va tomber?
-Un peu tout le monde, un peu personne je suppose. J'ai du moi-même valider le contrat sur ma propre tête. On est pas très illuminés chez Orochi vous savez. En tout cas, ne t'en fais pas; toute les répercussions de l'affaire de Trenzalore vont se taire une à une. Nos derniers agents infiltrés vont calmer puis étouffer l'affaire, avant d'eux-mêmes se faire abattre.
-Vous allez fuir où?
-Je ne fuis pas. Je prends juste de court mon destin. Ou pas d'ailleurs, puisque si je suis ici avec toi ce soir, ce n'est sûrement pas la fruit du hasard. Et bien, je dois y aller.
-Attendez! Puis-je au moins savoir votre vrai nom?
-Je n'en ai plus. J'ai laissé mon nom à la tour du Paradis quand j'ai quitté cet enfer. A la place, je suis devenu une promesse, cette promesse qui est devenu mon nom.
-Et quelle est-elle?
-Je ne peux pas tout te révéler. Tu sais, je ne pensais pas te voir ici mais finalement, je suis heureux de mourir sous tes yeux."

L'homme ne sourit pas et s'avança vers l'eau, tout habillé qu'il était. Elsa ne savait plus quoi dire pour l'accompagner vers sa mort. Il s'immergea pas à pas, avant de complètement disparaître sous la surface de l'eau. De longues minutes s'écoulèrent. De longues minutes pendant le ciel se noircit intensément. Au bout de ces longues minutes, un corps remonta à la surface. Un corps sans vie. Elsa le regarda, horrifiée, ayant peu à peu du remords pour cet homme qu'elle aurait pu sauver, faute de le devoir. Elle se mordit la lèvre, serra les poings, une rage venait peu à peu l'animer. Elle y céda; dans un grand cris trancha le vent lui-même, elle se revêtit de l'armure de l'impératrice de foudre tout en courant vers l'eau. La Reine des Fées lança alors une ligne droite d'éclairs et de foudre à la surface de l'eau. C'était pareil à une tempête, et les éclairs étaient si hauts et les nuages si bas, que les deux entrèrent en résonance, déclencha alors une véritable tempête de tonnerre. L'éclair le plus lointain atteint les ruines de la tour du Paradis, explosant quelques vieux blocs de pierre. Quand ce fut finit, Elsa respirait à grand poumon. Elle transpirait un peu de son corps chaud, alors que la pluie commençait à s'abattre. Debout sous cette tempête naissante, Elsa ne savait plus quoi faire. Alors, comme lorsqu'elle était petite, gamine, elle prit à pieds la direction de Fairy Tail

La petite enfant terrifiée par un fantôme
Dans le centre des terres de Fiore, Elsa se demanda ce qu'elle était allée faire sur cette plage, devant les vestiges de la tour du Paradis. Voir un homme mourir? Pourquoi le destin lui avait infligé ça? Elle avait beau retourné la question dans tous les sens, aucune réponse ne lui convenait. Bien moins téméraire que dans sa jeunesse, elle fit des haltes à diverses auberges sur la route. Encapuchonnée comme elle était, la Reine des Fées espérait bien ne pas attirer l'attention. Puis, cela faisait deux ou trois jours qu'elle avait quitté mystérieusement la guilde; qui sait ce que le maître avait fait dans le but de la retrouver? Deuxième soir dans une auberge, et le mauvais temps couvrait toujours le pays. L'aubergiste de ce soir-là lui demanda d'ailleurs de ne pas ouvrir les volets; le vent pourrait arracher les volets. Fatiguée, elle s'écroula sur le lit et s'endormit quelques instants plus tard.
Elle rêva, cette nuit-là. Un rêve aux semblants de méditation. Une méditation qui était bien dans la mémoire d'Elsa. Un décor au ciel obscur, au sol brumeux. Elsa Scarlet se tenait près de ruines. Des filets de lumières vertes et jaunes volaient un peu partout. Et finalement, elle apparut:"
-J'attends toujours que tu m'enlaces pour me "tordre délicatement le cou", Scarlet.
-C'est déjà fait.
-Que veux-tu dire?
-Cobra, Katsuro, Henri Nuoco… tous ces gens-là m'ont aidé à comprendre. Je ne serai jamais comme toi. Et tu sais pourquoi?
-Etonne-moi je te prie.
-Parce que je le choisis. Parce que Cobra a choisit de se remettre en question, parce que Katsuro a choisit de combat sa malédiction, parce qu'Henri a choisit de… de…
-De? Je t'écoute, tu étais si bien partie!
-De se suicider! Parce que la voie qu'il voulait ne lui était plus possible!
-Tu prends en peine un homme qui a voulu te tuer?
-Il n'est pas question de "peine". Je sais juste reconnaître la valeur de mes ennemis et anciens camarades.
-Donc juste parce que tu as "choisit", tu penses être à l’abri de moi?
-Tu sais déjà qu'"oui". Regarde-toi… ton corps disparaît, tu disparais, je vois tes lèvres bougeaient mais rien ne sort de ta bouche… Ne te fatigue plus. Tu n'as jamais existé. Ta présence a été toléré par un doute stupide. Tu peux disparaître!"
Le corps de cette étrange Knightwalker disparaissait peu à peu, et quand ses derniers cheveux ont disparu, une nova de feu éclata, irradiant ce lieu étranger, brûlant Elsa Scarlet. La douleur lui semblait si réelle. Elle se débattit dans le feu, voulait échapper à cette douleur mais n'y arrivait pas. Cette torture sembla lui durer une trentaine de secondes et quand celle-ci se stoppa, Elsa ouvrit difficilement les yeux. Elle ne vit d'abord que le ciel légèrement éclairé, puis sentit le froid avant de réaliser qu'elle était recroquevillée en boule à même le sol froid de l'extérieur. En pyjama. Elle se leva, difficilement, engourdie, avant de revêtir son armure basique. Elle ne comprenait pas très bien ce qu'il se passait et tourna vers l'auberge où elle avait voulu passer la nuit. La fenêtre et les volets de sa chambre étaient explosées. Depuis l'intérieur. Il faut croire que son rêve lui avait valu quelques agitations réelles. C'est le jour qui se levait au loin. Elle préféra disparaître dans l'aube, reprenant sa route, ou presque.


Le maître de son destin
Dans la journée qui suivit, elle se retrouvait face à un panneau, indiquant dans un sens Era, et l'autre Magnolia. Se rappelant de la lettre qu'elle avait reçu, elle se dirigea vers le Conseil, pensant que ça lui servirait d'excuse pour sa disparition. Une fois au Conseil, elle se présenta en piteux état à l'accueil. Un agent du Conseil vient la cueillir et lui fit la moral; la lettre avait été envoyée il y a un mois maintenant. La Reine des Fées reçu les réprimandes, sans rien afficher cependant à part un air de non-chalence; c'était bien le dernier de ses soucis que les histoires du Conseil. Voyant que l'agent perdait son temps à la réprimander, il donna simplement un papier à Elsa; elle était maintenant en charge de toutes les affaires liées à Sadistic Soul. L'Exécutrice Sybilia Philips était à la base chargée de ça mais elle avait d'autres dossiers plus urgents à traiter, et vu qu'Elsa Scarlet semblait bien plus intéressée, le Conseil a décidé de lui déléguer le dossier. La Fée accepta sans plus de cérémonies. Avant de partir:"
-Où en est l'enquête sur Orochi?
-L'affaire Trenzalore? Vous n'êtes pas au courant? On a trouvé leur repaire, tous les papiers et dossiers prouvant leurs inculpations dans diverses affaires illégales. Aucune trace d'Henri Nuoco, Alexandre Florest, Jérémy Blanc, peu importe le nom que vous lui donnez. D'ailleurs, on a retrouvé que très peu de membres d'Orochi.
-Et l'Aube Nouvelle?
-Plus aucun contact. Ils semblent disparus de la surface d'Earthland. On comprend pas. L'enquête est toujours en cours mais de vous à moi, ça va finir en "affaire classée".
-Je vois, merci."

Elsa Scarlet se dirigea vers la gare; sa petite escapade avait assez duré, et elle devait maintenant rentrer. En allant vers la gare, elle aperçut un quartier d'Era en cours de constructions; c'était la faute de la criminelle Enya Taylor qu'on lui disait. La Reine des Fées ne connaissait qu'à peine ce nom et pourtant, elle savait qu'elle allait devoir en savoir plus. Devant la gare, sur la place centrale, elle remarqua que cet endroit ferait une bonne arène de combat. Pour combattre Enya Taylor, peut être. Elle chassa cette pensée futile et monta dans le premier train en direction de Magnolia.

De retour à Magnolia, elle avait l'impression d'être une fugitive qui revenait chez elle. Cela devait faire quelque chose comme trois jours qu'elle avait quitté la guilde. Elle passa d'abord au dortoir pour prendre une douche et se lavait de ces trois étranges derniers jours. Elsa y croisa Lisanna et Cana, qui ne semblaient pas en revenir de voir Elsa ici, l'air de rien. La Reine des Fées montra le papier du Conseil, invoqua de longues procédures administratives. Cela faisait mal au cœur d'Elsa de mentir ainsi, mais il fallait mieux pour tout le monde que personne ne sache tout ce qu'il s'était passé. Remise, propre et bien sa tête, elle retourna à la guilde. Le maître trônait sur le bar. Il observa Elsa revenir, calmement. Elle s'assoit près de lui. Pas un mot, juste un échange de regard qui assura la nécessité de taire cette étrange disparition.

La Reine des Fées appela Katsuro à venir vers elle. Elle lui présenta le papier, expliquant ce qu'il représentait: "Nous sommes maîtres de l'enquête maintenant, et donc de toutes les pistes pour te guérir. Mais Katsuro, je me rends compte que depuis tu as intégré Fairy Tail, tu sembles aller bien mieux, moins impressionnable, moins effrayé. Je ne sais pas quel est ton secret, mais peut être que retirer ta malédiction n'est plus une absolue nécessité. Sois maître de la suite, et je suis là si tu as besoin de moi. ". Katsuro n'avait pas pu en placer une et constatant le regard du maître sur Elsa, il comprit qu'il ne devait rien dire pour l'instant. Il retourna s'asseoir et lut le papier.


Rien ne se perd, tout se transforme
Se remettant les cheveux derrière l'oreille, Elsa demanda un fraisier à Mirajane. La Reine des Fées pensa un instant à tout ce qu'il s'était passé ces derniers temps, depuis le retour d'Edolas. Tout ça avait un goût de fruit trop mûr, une odeur de vieux livre poussiéreux qu'on refermait. Quelque chose avait changé durant ces trois jours. Elsa se sentait plus légère. Elle sourit, radieuse. Mirajane lui servit un fraisier, accompagné d'un café. Elsa le fixa puis l'écarta de la main: "Tu sais, le café ne m'a pas trop réussit ces derniers temps. Je vais arrêter là.".