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There is no end
 MessageSujet: There is no end   There is no end EmptyMer 23 Oct - 20:57

Misto
Misto

Eagle's Claw

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There is no end

PV La guilde




« Comment ça disparue ? »

Jhaad soutint le regard de son Chambellan en secouant la tête. Il ne savait visiblement rien de plus sur la situation, laissant Misto dans un désarroi encore bien plus grand. La brune se mit à arpenter la chambre qu’elle partageait avec Nywell. Sa sœur, sa si tendre sœur dont elle n’avait plus de nouvelle. Dont personne n’avait plus de nouvelle. Son poing heurta le mur, faisant un joli impact de jointure sanglante sur la peinture sobre. La jeune femme avait le plus grand mal à garder son calme et son aura s’étendait de plus en plus. Sa fureur et son dégout pour elle-même était si grand qu’ils auraient pu remplir la pièce à eux seuls si elle avait eu le pouvoir de les rendre tangible. Le fauconnier restait parfaitement immobile dans son dos, conscient que le moindre mouvement pourrait aussi bien être mal interprété. Il sursauta à peine quand elle réitéra son coup sur le plâtre. La nouvelle était dure à digérer, d’autant plus que, de par son absence, le poids de la guilde reposait sur les épaules de la cadette. Nadhij, alerté par le bruit régulier sur le mur séparant la salle de tatouage et le bureau du Maitre des Aigles, apparut dans l’entrebâillement de la porte. La jeune fille leur tournait toujours le dos, perdue dans la contemplation du ciel qu’on voyait dans la fenêtre du cabinet.

« Sortez. »

Les deux aigles frémirent du ton que l’adolescente avait employé. Elle avait entièrement perdu son calme et ne se retenait que difficilement encore. Le couple la regarda changer de magie avec stupeur tandis que l’air chutait drastiquement. Niflheim enveloppa la pièce comme une mauvaise brise, accompagnée par la fureur pure de son invocatrice. Elle allait craquer d’une minute à l’autre et ne se retenait que grâce à ses deux camarades. A moins que ce ne soit à cause d’eux ? Nadhij tenta pourtant de se rapprocher, posant la main sur l’épaule de l’adolescente.

« Sortez. Maintenant. »

L’ordre claqua, équivoque. Le tatoueur abandonna tout espoir de l’apaiser et recula, confus. Ce fut la main de Jhaad qui le tira du bureau devenu salle de congélation. Ils fermèrent la porte en sortant, la laissant enfin seule. La brune tomba à genoux, la tête dans ses mains, son corps secoué par les sanglots. Le froid ne s’apaisa pas. Au contraire. Se nourrissant de la peine de la jeune femme, il se renforça. Les livres, les caisses et les rapports se couvrirent de givre alors que la carafe d’eau sagement posée sur une table implosa sous la différence de température. Les larmes de la jeune femme se figèrent sur ses joues avant d’être retirée par le passage prudent de sa main. La clochette teinta. Une fois. La température s’immobilisa, laissant la musicienne immobile au milieu d’un bureau figé dans la glace. A un détail près. Elle n’était plus tout à fait seule. Les huit paires d’yeux rouge sang la dévisageait, agrémenté par un sourire carnassier. Misto les regarda sans ciller, comprenant presque à regret ce qu’ils avaient en tête. Elle n’avait pas d’issue et ses armes se trouvaient dans sa chambre. Elle était coincée et sans défense. A leur merci. La brune se surprit à envisager sa mort avec une certaine ironie. Les huit âmes damnées fondirent sur elles dans un ensemble parfait. Quasi-diabolique.

La température baissa encore. Inconsciemment, la magicienne déclencha la tempête de neige du Fimbulvetr. La fenêtre, malmenée par les écarts brusques de température, vola en éclat. Son cœur, qui s’était suspendu, se remit à battre sous le rythme effréné de l’adrénaline. Misto laissa sa voix se briser sur l’invocation.

« Ansuzgardaraiwo, Brynjolf ! »

L’un des huit attaquants perdit son pelage sombre et roula jusqu’à la jeune mage. Le bouclier plat stoppa la meute dans son attaque frontale, laissant à la jeune femme le temps de se relever. Brynjolf frémit en voyant les loups tout droit sorti de l’enfer face à lui et regarda la jeune maitresse avec un regard aussi inquiet qu’affolé par sa tenue.

Bon sang mais qu’est ce qui se passe ici ?

Misto n’eut pas le temps de répondre. Le bouclier se brisa sous l’assaut d’un des loups. L’une des âmes bondit par-dessus l’esprit assommé et le défenseur, fusant droit vers l’adolescente, gueule ouverte et déjà prête à se refermer. L’aigle tenta d’esquiver mais dû à un coup de chance de glisser sur le sol geler et tomba lourdement sur le sol. Brynjolf se rua vers elle, patinant comme il pouvait, alors que l’assaillant traversait la fenêtre et passait par-dessus le balcon du bureau de Nywell. La demoiselle et son loup n’eurent pas besoin de se regarder pour comprendre l’idée de l’autre. Ils se relevèrent comme un seul homme et enjambèrent la rambarde pour sauter dans le vide. Leurs regards se croisèrent et Misto articula la raison du chao ambiant. Les yeux du cuirassier s’assombrirent brusquement. Une grosse larme perla sur sa joue canine alors qu’il atterrissait souplement sur le sol dur de l’esplanade proche des dortoirs. Encore une qu’il n’avait pas pu sauver.

Les membres de la guilde les plus attentifs, ou les moins prudents suivant le point de vue, se trouvaient déjà dehors, alertés par le bruit du verre brisé et les aboiements furieux de la meute infernale qui se ruaient à la poursuite de son invocatrice. L’aigle jeta un regard furtif à tous les occupants des lieux. La mine défaite et crispée, elle devait donner une bien étrange image de qui elle était. Elle se surprit à guetter la réaction de certains d’entre eux mais aussi à en chercher du regard. Elle mourrait d’envie de leur hurler que c’était son véritable elle-même qu’ils voyaient sous ce soleil ombrageux de fin d’été. Elle mourrait d’envie de savoir tous autant qu’ils étaient ce qu’ils pensaient de cette triste et cynique vérité qui voulait la happer. Wilfried désapprouverait. Arkhana serrait sans doute déçue de sa faiblesse. Lund rirait de ce revirement de situation plus qu’alléchant. Asuna la regarderait avec autant de dégout que de fascination. Amy prendrait peut être ses jambes à son cou. Apocalius ou plutôt Siofra se moquerait d’elle et encouragerait les âmes à la dévorer. Jiro … ne saurait sans doute pas quoi faire. Il la regarderait sans bouger. Crysis n’oserait même pas lever le petit doigt parce qu’à son sens, si elle échouait c’est qu’elle était faible. Et les faible n’ont rien à faire chez les aigles.

« Naudhiz Isa Elhaz »

Le bouclier en cloche protégea l’adolescente déboussolée de l’assaut de ses six loups complètement irraisonnés qui s’en prenait à leur alpha. Brynjolf semblait lui-même lutter pour garder le contrôle de ses actes. Il jeta un regard désespéré à la brune médusée alors qu’une volute noir comme la nuit reprenait la place de sa couleur de pelage fauve. Misto ne cilla pas quand il aboya une dernière fois pour la prévenir. Elle ne bougea enfin qu’en sentant les crocs s’enfoncer profondément dans sa main. L’adolescente frappa l’âme damnée du cuirassé qui l’avait croquée sur le sommet du crâne pour le faire lâcher prise. Elle observa autour d’elle, consciente qu’elle n’avait que peu de temps avant la prochaine attaque de la meute. Elle renvoya le loup borgne à ses semblables et appela tout son courage à elle. L’image de Nywell passa dans son esprit, nimbée de lumière.

« N’abandonne pas petite sœur. Fais le pour eux, pour nous… Pour moi… »

Le flux magique de la jeune fille augmenta et se concentra dans ses mains. Elle serra les dents, se retenant de hurler alors que certains des aigles tentaient de l’aider. Elle les découragea du regard et s’époumona.

« Ragnarök Soul ! »

La lueur bleutée et l’ombre rassurante de l’étrange nuage givré l’envahirent comme le faisait le feu de la cheminée lorsqu’elle se pressait devant pour discuter avec les autres. La chaleur d’une énergie mais aussi, bien plus efficace encore, de la présence d’une guilde qui même avec ses différents restaient amicale et unie, d’une famille. La magie se déversa, traversant le nuage difforme qui se solidifia. Si l’un des loups l’avait traversé dans cet instant, il aurait été purement et simplement arrêté par le poids du bloc de glace aussi grand qu’une demie porte. La meute s’écrasa dessus dans un ensemble parfait, grognant et hurlant après cet obstacle inconnu qui venait de se matérialiser sous leurs yeux fous. Une âme, sonnée, se volatilisa. Le décompte s’enclencha dans l’esprit de Misto.

Plus que six.

L’inconvénient, c’est qu’elle n’avait pas la moindre idée de l’identité de ceux qui s’était évaporé. Elle serra les poings et s’élança vers eux, le nuage de brume revenant à son état initial. La sueur perlait sur son front. Elle n’allait pas tenir longtemps à ce rythme. Ses spectateurs impuissants, ses créatures et elle-même en étaient parfaitement conscients. Un sourire triste se dessina sur le visage de la jeune fille.

Si je dois mourir, ce ne sera pas comme ça.

Une larme perla sur sa joue quand elle repensa à sa sœur. Elle pivota sur ses appuis pour esquiver le premier esprit et posa sa main halée de bleu sur lui. La gangue de glace lui emprisonna le flanc, le faisant chuter lourdement alors que la brune enchainait avec le suivant. Elle sut en croisant le regard du loup qu’elle ne serait pas assez rapide. Elle déploya alors son second atout et pria sa chance.

« Ansuzgardaraiwo, Asulf. »

Son adversaire ne fut pas libéré de son voile de ténèbres. Se mordant la lèvre, l’adolescente se vit mourir, gorge ouverte par la bête quand un éclair roux entra dans son champ de vision et heurta l’esprit, le repoussant en plein saut. Le père de l’adolescente se plaça devant elle, oreilles plaquées sur le crâne et crocs rutilants à l’air libre. Misto aurait voulu pleurer de joie mais le regard de l’esprit l’en empêcha.

Ressaisis-toi, on n’a pas le temps pour ça.

L’adolescente hoqueta et hocha la tête. Il avait raison. Les quatre âmes restantes avaient pris tout le temps qui leur était nécessaire pour les encercler. La partie se corsait à vue d’œil et elle n’avait pas de plan. Le loup roux non plus. Il tenta de se métamorphoser puis abandonna. Le sort ne le lui permettait pas plus de liberté de mouvement.

A mon signal, tu utilises ton bouclier comme plateforme.
Mais …
Tais-toi et agis. Tu fais honte à ta guilde, à toi-même et pis encore, à ta sœur.


La remontrance la frappa de plein fouet. Il avait raison. Presque aussi raison que tous les regards inquisiteurs ou non qui la faisait rougir de gêne malgré le côté désastreux de la scène. Misto inspira un grand coup et se concentra. Elle devait le faire. Pour Eagle’s Claw. Pour Nywell. Parce qu’aucun d’entre eux ne méritait la mort que lui rappelaient sans cesse les âmes qui l’encerclait. Asulf se ramassa sur lui-même, un vague sourire aux lèvres.

L’aiglon a grandi.
L’aiglon s’envolera.
Prépare-toi.
Je suis déjà prête depuis le début.
Oh ? Vraiment ? Bien. Alors il est temps.


Les quatre loups des enfers s’élancèrent tous ensemble, laissant derrière eux une trainée sombre comme un sillage maudit. Le père de l’adolescente croisa brièvement le regard de celle-ci. Les larmes de désespoir devinrent la naissance d’un sourire aussi fou qu’il était chaleureux. L’espoir naissait dans le creux de leurs yeux alors qu’une clameur s’élevait dans leur cœur. Le loup roux hurla, galvanisé par la confiance qu’il sentait et l’attente des autres.

« POUR EAGLE’S CLAW ! »

La jeune femme solidifia la brume et posa le pied sur le carré épais de quelques centimètres. Elle s’envola, écrasant l’un des esprits belliqueux avec le bloc de glace qui retombait sur le sol, emporté par l’élan. Les trois autres fondirent sur le loup traître qui les attendait avec un calme olympien. Il n’avait jamais été aussi apaisé à l’idée d’être blessé pour la défendre. Cette nécessité paternelle c’était mué en ferveur. Une ferveur destinée à l’aiglon qu’il était persuadé d’avoir vu s’ouvrir les ailes. Ses crocs trouvèrent l’artère dans le cou de l’un de ses semblables et il se dissipa, le laissant seul et sans défense face aux deux derniers représentants du cauchemar. Il se volatilisa, le sourire n’ayant jamais quitté ses babines alors que sa petite fille foulait le sol. Leur yeux se croisèrent une dernière fois et le halo bleu électrique sur les mains de la demoiselle remonta jusqu’à pouvoir lui lécher les coudes. Les yeux mi-clos, elle regarda les derniers instants de la présence éthérée de son paternel disparaitre dans les airs. Il avait rejoint le repos rassurant qui l’abritait d’une nouvelle invocation.

La brune ne put pas posa sa paume contre son cœur mais remarqua le geste de Nadhij, perché sur le balcon d’où elle était sortie comme une furie. Un sourire reconnaissant naquit sur son visage avant de voir avec incrédulité d’autre l’imiter. Tous ne le feraient sans doute pas mais elle s’en moquait. Ils méritaient déjà toute sa reconnaissance pour ne pas s’être immiscé dans son combat. Son cœur se réchauffa quand elle scruta les têtes de certains d’entre eux. Ils étaient tous si brillant à leur manière. Des diamants bruts à parfaire. Des aiglons encore hésitant mais si proche d’un envol qu’elle ne savait que plus grand. Son poing se leva alors que les deux derniers esprits se ruaient sur elle. Son sourire s’élargit. Elle devait faire ce qu’elle aurait toujours dû faire. Se battre pour eux tous comme elle l’avait toujours pensé. Qu’importe que le Conseil ne les traite pas comme ils le méritaient. Qu’importe qu’on les sous-estime à travers tout le continent d’Earthland. Elle savait ce qu’elle avait vu au sein de chacun d’entre eux.

Alors que la mort écumait les vents vers elle, la jeune femme irradiait de bonheur. Peut-être que certains tenteront d’agir. Peut-être qu’ils l’encourageront. Peut-être qu’ils la désapprouveront. Peut-être qu’ils la chasseront. Peut-être qu’ils se contenteront de la regarder jusqu’à la fin ou jusqu’à sa future naissance. La voix de Misto troubla le silence, éclairant les nuages d’un rire au son de clochette joyeuse et éphémère qu’elle avait joint à des larmes pour manifester ce poids sur le cœur, toujours présent.

Quand les deux loups se trouvèrent un peu plus près, elle était déjà prête. Une main se posa sur le poil revêche et fumeux de l’animal le plus proche alors qu’elle se servait de lui comme point d’appuis. La tête du cabot se glaça et l’adolescente poussa sur son bras bleuté. Elle s’envola de nouveau et roula au sol, rendant de nouveau à son bouclier sa nature de particule en suspension. Quand le dernier loup de la meute s’approcha, elle ne bougea pas. Elle resta assise, face à lui. Son poing se leva avec une lenteur irréelle et son timbre suave perça par-dessus le hurlement de rage de l’esprit qui chargeait.

« Ansuzgardaraiwo, Runolf. »

Le loup s’immobilisa, perdant son ombre. Il jeta un regard stupéfait aux alentours alors que la jeune femme se relevait pour tenir tête à chacun des aigles qui lui avait fait l’honneur de rester. Entière à nue devant la foule, elle tendit vers eux ses deux poignets.

« Votre décision prendra lieu et forme ici même et dans les plus bref délais. Que quiconque s’oppose à ce que je remplace ma sœur jusqu’à ce qu’on est retrouvé le fumier qui la retient se présente ici même devant moi. Que quiconque pense que je suis un danger pour la guilde aussi bien dans le présent ou l’avenir me fasse l’honneur de me le dire droit dans les yeux et, s’il le juge opportun, de frapper. J’ajouterais enfin, en tout et pour tout, que vous êtes tous libre de parler ou bien de vous taire. Seule l’assemblée majoritaire l’emportera. Runolf comptera les avis d’abstentions et moi-même les négatifs. Mais j’en ai assez fait. » L’aura de la jeune femme s’étendit avant de finalement se résorber en même temps que la magie qu’elle venait de presque épuiser. Il lui restait juste assez d’énergie pour rester fière face à ses frères et demander l’aide de son confident. Elle reprit, calmement. « Assez de spectacle. L’heure est venue mes frères, mes sœurs. Il est temps pour vous de faire un choix. Et vous êtes tous conscients, anciens et nouveaux membres, que de ce choix décidera le futur de cette guilde. Votre futur et peut-être éventuellement le mien qui sait. »

© Lutèce Factory @ Misto



 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyJeu 24 Oct - 18:35

Jiro Yu
Jiro Yu

Eagle's Claw

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Une sorte de détonation brisa la quiétude parfaite qui régnait à la guilde. Plus qu'une détonation, c'était un éclat. Du verre était brisé et les débris explosaient sur le sol. En soit, l'évènement n'est pas si grave, mais dans le contexte on ne pouvait trouver plus dramatique qu'une fissure venant déranger la tranquillité du jour. La plupart des mages d'Eagle's Claw, même Jiro, qui depuis sa chambre allait se rendre dans le bar, fut alerté par ce bruit. Un attroupement curieux se rassembla dans la salle principale, et, guidé par d'autres bruits beaucoup plus voraces, ils arrivèrent sur le seuil de la guilde. Le ciel état nuageux et Misto se battait contre ses esprits plus loin.

Le murmure se leva dans l'assemblée, mais aucun spectateur n'osa s'avancer plus que ça. L'éclat avait donné le ton : tout était trop grave pour qu'ils ne puisse arranger quelque chose, donc autant ne pas perdre ses forces à ne rien faire. Une nouvelle assez inattendue fut bientôt sur toutes les lèvres : on venait d'officialiser la disparition de Nywell, leur chef à tous, la maitresse de la guilde. Ils se retrouvaient, à nouveau, orphelins. Jiro, soucieux de voir son amie déverser sa hargne seule devant tout ce public de mages atterrés par la nouvelle, fut ému par le geste de Misto. Il ne saisissait pas réellement pourquoi elle combattait, mais elle l'emporta et s'avança, exténuée, vers eux tous. Elle était seule à leur faire face, à la masse d'aiglons qui s'était tut pour écouter la jeune adolescente parler.

Elle invoqua l'état de crise et se proclama reine. Elle défia quelconque opposition pour savoir si quelqu'un s'y opposait. Jiro n'attendit pas que les autres digérèrent l'information pour s'avancer, foulant de son pas léger le no man's land tout formé entre la fille et les autres, et se stoppa juste devant elle. Il la dépassait bien d'une tête, voire plus. Seul son regard s'abaissait sur elle. L'air grave, il la considéra de bas en haut.

Puis il prit la jeune fille dans ses bras.

Il était conscient du mal qui l'habitait, à elle aussi. Il savait qu'elle était sans aucun doute détruite par la nouvelle de la disparition de celle qu'elle considérait, plus que comme une maitresse, comme une sœur. Jiro n'avait pas été très présent pour elle ces derniers temps, elle avait été elle-même occupée de son côté, ils s'étaient perdus de vue, croisés ici et là sans oser s'arrêter davantage. Mais pour lui, rien n'avait changé, rien n'avait pu altérer le lien qui l'unissait à elle, et en la voyant dans une telle détresse, il ne pouvait rien faire d'autre que tendre les bras pour la soutenir. Il lui murmura alors à l'oreille.

« Tu es la plus apte à prendre la gouverne selon moi, je suis de ton côté. Les autres me suivront sans aucun doute, la grande majorité pense comme moi et tu as déjà fait tes preuves. Tu n'as pas à t’inquiéter, Eagle's Claw perdurera... Excuse-moi pour cette étreinte alors que tu voulais peut-être te montrer autoritaire, excuse-moi de te couper dans ton élan, mais il fallait que je le fasse, il fallait que tu saches que je te suivrais toujours. »

Il se dégagea alors et se décala, s'arrêta sur les côtés de Misto, contemplant les autres, à l'affut de leurs réactions.
 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptySam 26 Oct - 15:02

Arkhana Kaimetsu
Arkhana Kaimetsu

Eagle's Claw

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Le hall de guilde était calme, il avait jamais été aussi calme depuis pas mal de temps. A vrai dire, la dernière fois qu'il avait été aussi vide de tout fond sonore, c'était lorsque Tsukiyo avait laissé son rôle a Nywell. Et encore, C'était moins grave. Aujourd'hui, toute la guilde était fixe, comme l'aiguille d'une horloge abimée par le temps, dont les engrenages étaient trop rouillés pour s'entrechoquer convenablement. la cheftaine électrique des aigles avait disparu, la nouvelle était tombée le matin même et a part les membres en mission et Misto, toute la guilde le savait... E, parlant de Misto, la voila rentrée. Personne chez les aigles n'osaient la fixer, elle souriait encore, lança un bonsoir, dénué de réponse... Ce ne sont que quelques minutes plus tard que Jhadd et Nadhij se décidèrent de lui annoncer la nouvelle...

Dans le hall, Arkhana était posée sur un fauteuil, les coudes sur les genoux, les doigts entrelacés, le regard vide. Elle réfléchissait, qui avait bien pu empêcher Nywell de revenir, pourquoi n'était elle pas la, comment réagirait Misto... Les deux aigles revirent, expliquant bien brievement qu'elle avait besoin d'être seule et qu'il ne valait mieux ne pas la déranger. Soudain, fracas d'une vitre, Tout les mages se tournèrent vers le bruit. Jhaad fonça vers la porte de sortie, suivi d'Arkhana et de Jiro et finalement, tout les autres. Dehors, c'était un spectacle unique. Misto se battait contre ses loups, Misto se battait contre elle même, contre sa propre magie, mais qu'est ce qui se passait dans cette guilde? Lorsqu'elle voulait l'aider, elle comprit rapidement que c'était impossible, c'était a elle de s'en sortir, pire encore, l'aider serait l'achever dans cette faiblesse mentale...


*Misto...*

Lorsque le combat fut terminé, Misto se redressa et s'afficha devant les aigles, qui la dévisageaient toujours. Ainsi, elle posa une sorte d'ultimatum. Oui, il fallait se ressaisir maintenant... Jiro avança et consola Misto, lui expliquant ce que tout le monde pensait. Sauf que c'était trop doux, trop mielleux, pas assez Arkhanien. La blonde se mordit la levre, tellement fort qu'elle se l'ouvrit, a sang. Elle leva son bras a mi hauteur et frappa a sa droite, sur un des murs du bâtiment. Le choc fit trembler le sol, une fissure se laissa apparaître autour de l'impact. La tête baissée, elle s'exprima.

"Ne t'avise plus de douter de toi alors qu'on croit tous en toi... ON EST UNE GUILDE! MISTO SHIDA!"

Relevant les yeux, pleine de frustration, fixant l'aigle avec la rage qu'elle avait en elle. C'était la goutte d'eau, Nywell qui disparaissait, Misto qui doutait, la plupart des membres désemparé. Elle lâcha la pression faite sur le mur et se retourna, cette situation la stressait et elle détestait ça.

"Tu est la plus proche de Nywell, elle t'a donné sa confiance, nous aussi. C'est a toi que revient ce rôle. Si tu hésite, si tu n'est pas sure, si tu te laisse dévorée par tes émotions, ce ne sont pas tes loups que tu devras affronter. Et n'espère pas chercher la chef toute seule. C'est mort."

Elle s'avança, s’éloignant du triste spectacle qui venait de s'offrir devant la guilde, c'était une bien mauvaise journée...
 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyDim 27 Oct - 14:22

Anonymous
Invité


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Le Léviathan bloqua Tomaru. Ce ne fut pas bien dur, il lui suffit de tendre le bras et le mioche se prit un poing aussi gros que sa tête en pleine poire en ayant tout bêtement oublié de freiner. Jeune et fulminant, il voulait aider son amie, il était évident qu’il ne cherchait qu’à bien faire, pourtant Wilfried l’en avait empêché. Ce gamin l’avait plutôt marqué ces derniers temps, et inversement puisque le mariole était, pour une raison inconnue et quelconque, incapable d’utiliser sa magie sur le colosse. Il allait sans dire que le démon des mers se considérait toujours sans attache avec ces êtres différents, mais Tomaru n’était qu’un enfant, il avait donc une sorte de passe-droit là où d’autres pouvaient toujours toquer, encore et encore, inlassablement, jamais le Neptus ne leur ouvrirait la porte. Il ne pipa mot, admirant avec un calme surhumain la scène qui se déroulait devant lui. Ces jeunes gens manquaient certes d’expérience, mais pas de courage. Misto se dressa au milieu, victorieuse et impérative, mais visiblement trop frêle et fragile pour les aigles autour d’elle.

Tout le monde l’avait vue, l’ensemble de cette guilde venait d’assister au spectacle. La demoiselle était effondrée, détruite de l’intérieur, et devant eux, elle venait de vaincre ses démons, de surmonter sa faiblesse pour en ressortir plus forte. C’était, en tout cas, ainsi qu’on semblait interpréter la chose. L’amiral voyait en la disparition de Nywell un fâcheux contretemps qui retardait ses plans. Il avait en quelque sorte besoin de cette chevelure d’argent à l’odeur fleurie, il avait vu en elle une alliée de taille. Il revit l’image qu’il avait d’elle lors de rencontre, comment elle avait su lire en lui comme dans un livre ouvert. Il revit cette cérémonie ridicule et pompeuse qui l’avait fort amusé. Il en était intimement convaincu, cette femme n’était pas morte. Elle était disparue, mais elle reviendrait, elle faisait partie de ces personnes à qui la destinée réservait de devenir une légende. Elle ne pouvait juste « disparaitre ».

Plus important encore, lui qui jamais n’avait terminé son deuil ne pouvait rester insensible devant une telle scène. Il ne pouvait pour autant pas s’autoriser le sentiment de la pitié ou quelconque instrument du genre avec des mages. Quelle était la bonne décision à prendre? Toto vint se coller à lui, peu rassuré par les évènements, ce qui lui valut un regard parfaitement neutre. Implacable, voilà ce que le Léviathan était à cette guilde, le cristal qui refusait de se dissoudre dans le flot d’un groupe, dans le liquide d’une équipe soudée, et pourtant, il était bel et bien immergé dedans. Il ne prononça pas un mot et fut le troisième à s’avancer, accompagné du petit père. Il s’arrêta à mi-chemin, à la grande surprise de Tomaru qui, incompréhensif, lui donna un coup de pied. Wilfried ne le sentit même pas, et le gosse courut jusqu’à Misto, tirant la langue à ceux qui étaient encore à la traine. Il semblait évident pour lui que personne ne s’opposerait à la chef par crise de régie.

Il y avait dans l’air une certaine tension, le géant de deux mètres fixait celle qu’il jugeait trop jeune pour une telle fonction dans un silence froid. Derrière son œil neutre se cachait une imperceptible tristesse. Il baissa la paupière et pris une profonde inspiration avant de reprendre sa marche vers elle. La réaction ne se fit pas attendre, la stupéfaction traversa moult visages lorsque le moins intégré des membres se plaça derrière elle, marquant ainsi son choix d’être derrière elle. Il fit plus encore et brandit son ancre qu’il planta dans le sol avec force et fermeté, à la jubilation excessive de Tomaru. Wilfried serait l’ancre de ce navire, la puissante montagne de deux mètres sur laquelle on pourrait se reposer en période de turbulence, les fondations solides d’un sang-froid exceptionnel. Celui à qui l’on devait le moins de confiance, car il ne vous en accorderait jamais une once, venait de faire preuve d’un acte emplie par cette dernière. Si certaines décidait de se laisser aller à la rage, de partir avec fougue et sans réflexion droit dans un poteau, qui avec une lâcheté sans nom abandonnerait leurs compagnons sous prétexte d’une soi-disant bonne raison, alors le Léviathan leur cracherait au visage. Il n’existait en ce bas monde aucune bonne raison, aucun Bien à défendre, il n’y avait que des intérêts personnels. Personne ici ne connaissait son nom, et pourtant, tout le monde ici pouvait s’accrocher à lui pour ne pas être emporté par un flot d’émotions qui brouillerait la raison. Si cela n’avait jamais été le message de l’albinos géant, aujourd’hui, il était nécessaire de ne pas jouer à l’éducation dure de roc. La guilde traversait un moment de faiblesse, il fallait savoir revoir ses méthodes le temps d’une crise. L’avenir serait plus trouble, mais en attendant, le choix était fait.

Il était interdit de plaisanter avec la mort, aussi incertaine fut-elle.
 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyDim 27 Oct - 18:27

Anonymous
Invité


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Elle faisait peur et Elle n'avait plus d'âme ♪
The blackwater is coming ♪ [...]



“The undertaker raises no hand, but I’ll fear him all the same. His presence for tells both blood and death yet he shoulders not the blame. Like the shadow of the vultures circling blackly overhead. The Undertaker is drawn to death like the knife is drawn to red ♪”

L’homme paraissait ivre, et fredonnait une chanson, chanson qui s’évaporait dans la nuit, et qui le couvrait comme une cape. Il fuyait. Il fuyait la vérité, tentait de rattraper le mensonge, et s’égarait dans la peur. Il n’était pas bête ; il savait qui était le croque-mitaine qui le suivait. Encore cette maudite bête. Elle semblait ne jamais vouloir le lâcher. En haut, en ombre chinoise, se découpait l’oiseau : son œil suivait la silhouette, et le reste de son corps aussi. Il guettait la fatigue, et sa patience n’avait pas de limite.

Lund Saleight n’était pas à la guilde : cela faisait un moment qu’il l’avait quitté. « Fuir » serait peut-être plus juste, toujours était-il que cela faisait quelques temps déjà qu’il allait de routes en routes, rendait de modestes services par ci par là, suffisamment pour survivre. Il évitait malgré tout au maximum le contact avec ses congénères, car il sentait que la colère ne l’avait pas quitté. La Folie était toujours là. Curieusement, ce soir-là, ses pas l’avaient conduits dans les montagnes de Jura, dans les hauteurs, non pas à la guilde. A la vérité, il ne souhaitait pas y retourner pour le moment. Là était donc le pourquoi qui expliquait ça marche nocturne, éclairé qu’il était par sa vieille amie lunaire ; le comment arrivait ensuite : ce fichu oiseau.

« Laisse moi je te dis ! Qu’est-ce que ça peut me faire qu’elle soit disparue ? »

Il s’arrêta, et tapa du pied. L’aigle se posa près de lui, et se contenta de le dévisager.

« ELLE N’EST PAS IMPORTANTE ! JE NE L’AIME PAS TU M’ENTENDS ? QU’ILS SE DEBROUILLENT SEULS, DE TOUTE FACON, L’AUTRE HYDRE AVEC SES LOUPS VA S’EN OCCUPER ! »

L’oiseau de bougea pas. Lund se laissa tomber par terre : il devait reprendre son souffle, il avait trop crié.

« Nywell… Tu as donc fui, finalement. »

Le regard du mage se porta sur les étoiles, il leur fit un sourire, elles lui retournèrent son sourire. Il souffla doucement dans le froid encreur de la nuit, et du bout de ses lèvres naquit un papillon, qui étendit ses ailes, et disparut dans l’encresanspapier-nuit.

« T’es content j’espère ? Tu diras aux deux alter-malignes que j’ai réagi, et tu me laisses tranquille ! »

L’aigle sembla « rire » ? Et disparut à la suite du papillon

C’est comme ça qu’un papillon en papier, installé dans un coin sur un toit, assista au spectacle myrtille-cerise d’une Misto Mistorysienne, d’un marin ancré et d’une marionnette mélancolique. Le tout sauce tropsérieusemodeOn. C’était désolant, néanmoins, le papillon était sceptique. Elle l’effrayait tout bonnement. Il pouvait voir, ou du moins deviner, son âme, et ce qu’il voyait était surprenant. Le bout de papier hésita à se manifester, après tout personne ne l’avait vu donc… Un regard dans les aigles le fit changer d’avis. La bibliothécaire et son elle-même le regardaient. Pfff. Etre là ne suffisait pas, il fallait en plus qu’il parle ? Le Saleight la maudit une nouvelle fois, et laissa la magie faire grandir ses ailes. Quelques secondes plus tard, se figurait dans le dehors, une silhouette en papier, grossière parodie d’un homme, avec une écharpe. Ses yeux étaient comme autant de petits papillons dans un requiem. Il ne parla pas, se contenta d’avancer en dévisageant lourdement la demoiselle corbeau aux âmes multiples et sombres. Il s’approcha jusqu’à être en face d’elle, et lâcha quelques mots.

« Quand on coupe la tête d’une hydre, il y en a deux qui repousse.»

Il haussa les épaules et le papier se disloqua dans la nuit. Ne demeurait qu’au pied de la demoiselle qu’un origami, une fleur : un chrysanthème. Une voix cependant chuchota à l’oreille de Misto. Une voix, triste, et étrangement calme.

« Je vais rester, et tu fais peur. »

That's all ♫

 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyDim 17 Nov - 19:33

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Misto regarda ses camarades, encaissant chacune des frappes et des mouvements de soutiens. Les larmes aux yeux, elle leur sourit à tous. Jhaad qui, même après un magnifique coup de boule, s’était placé dans son dos, fier comme un paon avec son époux. Lund qui, malgré qu’il n’ose plus être parmi eux, avait accepté. La chaleur de Jiro qui croyait en elle, la colère d’Arkhana qui était aussi efficace qu’un seau d’eau froide ou la paix tranquille de Toto, suivit par le Léviathan.

Si seulement tu les voyais Nywell. Plus unis que tout ce dont on aurait pu rêver.

Runolf annonça bientôt les résultats, achevant la jeune fille qui venait de finir Impératrice malgré les avis opposés. L’adolescente nota soigneusement leur nom, comprenant les raisons et les motivations. Elle fut tout de même surprise du nombre de personne étant restée immobile pour simplement regarder mais bien plus encore par les gens qui la soutenait. Elle aurait cru que l’amiral la sanctionnerait sans pitié mais son regard l’avait troublée. Fermant les yeux et levant la tête vers le ciel, elle chassa les perles salées sur ses joues. Arkhana avait raison, ce n’était pas le moment de flancher. Pas avec ces aigles qui lui offrait non plus seulement leur confiance mais leur compassion. Quand la jeune fille se retourna, ses yeux tombèrent dans ceux de Sylië alors que sa main se posait sur la tête de Toto pour lui ébouriffer les cheveux. Elle aurait voulu dire beaucoup, à tous mais elle ne réussit qu’à glisser un mot.

« Merci. »

Le Chrysanthème serré dans sa main, elle le posa contre son cœur et se tue, incapable de faire quoi que ce soit avant de croiser le regard d’un autre aigle dont elle ne connaissait pas le nom. Celui-ci bougea silencieusement les lèvres, lui indiquant qu’elle avait oublié quelque chose de très important. Le second. Prenant une forte inspiration, elle reprit la parole.

« Je dois dire que je suis assez stupéfaite. Je pensais que vous seriez plus partagés, que d’autre serait plus belliqueux. Que certain réclameraient autre chose. Que j’aurais eu plus de coup à encaisser mais vous êtes tous là. Confiants. Mon seul regret c’est de ne pas pouvoir montrer ça. De ne pas pouvoir montrer que les aigles sont bien plus qu’une guilde. Vous êtes une famille. Une famille que je chéri… » Elle reprit son souffle et chercha son courage pour la suite. Elle avait déjà choisi depuis longtemps la personne qui pourrait un jour la remplacer auprès de Nywell. La seule qui, au lieu d’acquiescer, oserait lui tenir en face la vérité pour la faire changer. Misto s’avança parmi les aigles, le cœur battant la chamade. « Cependant, je ne saurais être seule. Et c’est parce que je suis bien trop jeune et trop apte à me tromper que je demanderais à tous de m’aider. D’être capable de m’arrêter si je devais fauter. »

Misto s’arrêta face au Léviathan. Runolf, un peu plus loin, souriait de toutes ses dents en sentant le mélange d’hésitation et de résolution de la jeune femme. La nouvelle Impératrice savait que la personne la plus apte à lui en retourner une c’était lui. Parce qu’il ne craignait pas et qu’il n’épargnait pas. Les yeux sombres de la mage se posèrent dans ceux de celui qui s’affirmait comme un solitaire parmi eux.

« Je dois t’avouer que je pensais que tu frapperais. Tu es vraiment aussi imprévisible que la mer. Mais... » Sa voix se suspendit alors que la jeune femme croyait à peine à ce qu'elle allait faire.« Je n’en attendais pas moins de mon Second. »

Et si la stupeur se peignit sur tous les visages, elle n’en demeura que secondaire par rapport au chaos qui n’allait surement pas tarder à suivre.


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 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyLun 18 Nov - 9:38

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Le temps de crise avait su réunir les cœurs les plus obtus, les plus renfermés, ainsi le Léviathan admira Lund lui-même, le chapelier fou, signer de sa plume le délicat papier d’union, d’un mariage inattendu avec la reine des loups. Il ne put que conforter le démon des mers dans son choix difficile car celui-ci portait pour cet homme un sentiment indescriptible qui ne répondait ni de l’admiration, ni du profond respect mais qui pourtant existait bel et bien.

Du haut de son orgueil incommensurable, Wilfried avait royalement ignoré tous les autres membres ainsi que leurs réactions. Certes, il ne fallait pas s’engouffrer trop loin, les deux petits homos, il ne les appréciait pas du tout, pas plus que ce nabot qui tournait autour de Misto avec un air fraternel, comment s’appelait-il déjà… Yuro, ou n’importe quel autre nom à deux syllabes qui sonnerait laidement comme un carillon déglingué aux oreilles du Neptus. Son air froid se réserva cependant aux quelques membres qui se tinrent en retrait de la guilde en invoquant des motifs tous plus mesquins et hypocrites, après tout, si l’albinos était resté, alors n’importe qui devait avoir une bonne raison de ne guère délaisser ses camarades. Il était difficile de démordre de ses mauvaises habitudes et déjà l’antimage reprenait ses sarcasmes méprisants à l’encontre de tout un chacun. Il faut dire que de la même manière qu’il était rapidement redevenu un marginal, Misto avait tout aussi furtivement repris ce petit ton qui l’agaçait tant.

Toutefois il lui fallut admettre qu’il était, pour cette fois, le dindon de la farce. Cette fillette aimait décidément se donner des airs en plaçant ses pires erreurs, ses différences d’opinions les plus choquantes sous les feux de la rampe. Qu’elle l’exaspérait, à toujours se croire libre de pouvoir n’en faire qu’à sa tête, à toujours chanter à tue-tête ses utopies sans réaliser l’ampleur des conséquences qui pouvaient se dissimuler au derrière! C’en était d’autant plus outrageant que le poids de ses responsabilités avait fini par augmenter drastiquement sans pour autant la faire mûrir, oh, certes qu’elle avait raison quand elle affirmait être jeune et sotte. Aussi, lorsqu’elle se tourna vers lui pour le décrire tel qu’il était, imprévisible et impassible, il retint un sourire narquois. Si tu savais comme j’ai hésité, pensait-il sans voir venir la suite.

Misto, plus déterminée qu’elle aurait pu le croire : Je n’en attendais pas moins de mon Second.

Ce fut ainsi que la foudre frappa, que le coup de fusil fut donné. Un silence s’installa dans l’assemblée alors que la surprise et l’ébahissement ravageaient les visages. Ces émotions pour ainsi dire ne s’exprimèrent pas sur le facies du principal intéressé ; non pas qu’elles ne l’atteignirent guère, en réalité il dut penser un instant qu’elle plaisantait. Une blague de très mauvais goût, cela dit, tant elle était irréaliste. Néanmoins, il n’eut d’autre choix que de se faire une raison devant cet air déterminé et sombre qu’elle lui accordât : totalement déconnectée de la réalité, elle était parfaitement sérieuse. Cette fois-ci, la stupéfaction frappa si fort qu’une fois encore l’amiral fut pris au dépourvu et demeura parfaitement neutre, à défaut d’être en capacité de quoi que ce soit le temps nécessaire à l’ingestion d’une si grosse bêtise. D’une voix qui voilait méfiance et déception, il se décida à ouvrir la bouche.

Wilfried, hautain : J’espère que c’est une blague, troglodyte dégénérée.

Il compléta enfin le processus de compréhension lorsqu’il la toisa, de même qu’elle le défia du regard. Du murmure de la foule commencèrent à s’élever des oppositions plus bruyantes, l’albinos les entendait et les comprenait, pour une fois dans sa vie il s’accorda avec une horde de mages. Il espéra bien qu’elle n’aurait pas l’insolence de s’en servir comme argument car il le lui ferait payer bien douloureusement, néanmoins là n’était pas la priorité. Comment pouvait-elle oser aller en ce sens, être aussi ignorante?

L’émotion s’empara du bras droit de Wilfried qui lui-même souleva la jeune femme par le col, sous les hurlements de certains. S’il avait été hostile par le passé, jamais il n’avait accordé une figure aussi dure à quelqu’un ici présent, et il s’assurait bien de sa poigne de soldat que l’insolente soit assez proche pour y plonger. Il avait porté sa tête à la hauteur de sa prunelle bleu océan, si bien que la pauvre ne touchait plus le sol, en aurait-il été capable que son regard l’aurait transpercé tel une lance saphir. Il leva son autre main à l’encontre du public, signe qu’il ne fallut pas approcher sous peine d’être décimé sans pitié, il semblerait que sa colère impressionnante eut raison de la majorité, mais pas des plus hardis. Ceux-là se calmèrent un instant devant le message sournoisement véhiculé par cette pose : il ne lui ferait aucun mal. Tout du moins, pas encore.

Wilfried, ferme et menaçant : Tu me veux comme second ? Voici mon premier conseil avisé : c’est la chose la plus stupide que tu pouvais faire. J’ai mes raisons de ne pas t’avoir frappé, mais ne crois pas que parce que, pour une fois, je t’ai épargné, tu serais devenue intouchable. Je n’ai aucune envie de t’aider à mener une troupe de mo… de mages. Tu ferais mieux de le considérer lui, ou elle.

D’un mouvement de tête méprisant, il indiqua Jiro, puis il eut une pensée pour la canon blonde sans pour autant prendre le temps de la pointer du doigt tant il était remonté. Monstre, le mot avait failli échapper à l’antimage qui s’était abstenu en sentant la magie de Tomaru tenter de le faire lâcher leur nouvelle dirigeante. Il n’en revenait toujours pas, comment pouvait-elle se permettre une polémique aussi explosive dans un moment pareil? Le gamin le fit revenir à la réalité, il observa enfin les gens entassés autour d’eux. Surpris, il la laissa tomber avec négligence devant lui sans se soucier de sa capacité ou non à se maintenir sur ses deux pieds, il escomptait même qu’elle se ramassât lamentablement sur le sol dur, ses loups s’étaient interposés entre eux les autres mages, grognant plus ou moins fort selon leur caractère. Le colosse décida d’aller encore plus loin et de prendre à parti tous ces gens qui, il l’espérait, étaient aussi peu convaincu que lui. Ainsi, il canalisa sa colère dans un ton autoritaire et puissant qui commença à réveiller de douloureux souvenirs dans son inconscient.

Wilfried, déterminé : Qui ici, je le demande, connait mon nom? Qui ici, je vous sollicite, oserait affirmer connaitre mes capacités? Qui ici encore, avant aujourd’hui savait que je débarquais fraichement de Bellum? Qui ici, que je l’interpelle, est informé de l’origine de ces cicatrices qui parcourent mon corps?

Il savait que personne, absolument personne, ne pourrait s’avancer, pour la simple et bonne raison qu’il a jusque-là pris soin de se présenter comme le Léviathan, quand, de fait, il prenait la peine de se présenter, qu’il n’a jamais laissé quiconque voir son don et qu’encore moins il s’était dévoilé. Il s’arrêta un instant pour finalement frapper au plus sensible, la voix un ton plus bas.

Wilfried : Qui ici peut croire un seul instant que j’appartiens à sa famille qu’est la guilde?

N’aurait-il pas été si droit et si imposant qu’on aurait presque pu déceler un désespoir dans son laïus. Il était pourtant presque impossible de déterminer ce que cet homme pensait vraiment, en réalité il était lui-même déboussolé mais s’accrochait de son mieux pour ne pas céder. Il venait de se promettre stabilité de ce lieu, ce fut ainsi qu’avec force il refoula tout signe de faiblesse. Il s’accorda quelques derniers mots à l’encontre de la nouvelle Impératrice.

Wilfried, accusateur : Je ne suis même pas mage. Leur as-tu dis? As-tu pensé un seul instant à quel point tu pouvais être blessante envers eux en désignant l’homme qui n’est ici que depuis quelque mois?

Il aurait pu continuer à blâmer encore et encore, à considérer que ses loups, d’une manière ou d’une autre, étaient curieux de voir la tournure des évènements. Cependant un élément vint troubler l’assurance du géant albinos. Anubis, son fennec roux aux cinq queues, se trouvait sur l’épaule de Misto. De là, il l’examinait de ses deux petits yeux de canidés. Le borgne fronça son sourcil, pour la première fois il jugea bon de lutter contre son passé, de lutter contre les affirmations de Calixte qui le déchirait de l’intérieur. Ces gens-là ne pouvaient pas lui faire confiance, ils n’avaient aucune bonne raison à cela, de la même manière qu’il ne pouvait pas leur faire confiance. Il soupira, réalisant comment tout cela allait se finir. Il passa son bras autour du manche de son arme, il était prêt désormais à recevoir les plus hargneux, il intima donc aux loups de se retirer et de laisser ces gens s’exprimer comme ils le préféraient, bien qu’il espérât que ces mêmes gens lui donneraient raison, qu’ils s’attaqueraient à lui pour prouver à Misto qu’elle se trompait, qu’ils lui montreraient que personne ici n’avait confiance en lui. Que les plus hargneux vinssent le défier pour l’outrage qu’il venait de provoquer, il était prêt sans savoir à quoi. Jamais ils ne voudraient de lui, lui-même ne voulait pas. Défendait-il alors ici sa place dans la guilde ou son refus de ce poste, il ne saurait dire, mais il y avait dans l’air comme une odeur de méfaits à laquelle il se prépara.


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 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyVen 22 Nov - 19:31

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« Tu me veux comme second ? Voici mon premier conseil avisé : c’est la chose la plus stupide que tu pouvais faire. J’ai mes raisons de ne pas t’avoir frappé, mais ne crois pas que parce que, pour une fois, je t’ai épargné, tu serais devenue intouchable. Je n’ai aucune envie de t’aider à mener une troupe de mo… de mages. Tu ferais mieux de le considérer lui, ou elle »

Misto ferma les yeux, sereine face à la violence du Leviathan. Si certains aigles faisaient mine de bouger, le mouvement de Wilfried. Rien ni personne ne devrait faire un pas ou il prendrait la vague traitresse en plein visage. L’adolescente soutint le regard de l’amiral en laissant la rage et la stupeur couler sur elle comme le faisait la pluie. Elle comprenait sa réaction. Elle pouvait même presque affirmer que si elle avait été à sa place … Non. Elle n’était pas lui. Pas plus que la mélodie irritée de son ainé ne sortait de son cœur. Elle savait que la bombe qu’elle avait lâchée provoquerait des dégâts. Se faire remettre en question, insulter, trainer dans la boue sous les hochements de tête positif aux affirmations de l’amiral …

Elle se laissa tomber, les fesses dans la poussière mais ne le lâcha pas un instant du regard. Anubis la troubla bien plus que la colère d’incompréhension de son maitre. C’est en croisant son regard que la jeune fille se demanda si le fennec n’était pas, à sa manière, bien plus qu’un simple compagnon pour le Léviathan. Elle se demanda s’il le savait. Misto cligna des yeux. Pour l’instant personne n’avait osé bouger. Les loups semblaient offrir une dissuasion aussi efficace que l’aura de colère chaude de celui qu’elle avait choisi comme Chambellan. Posant sa main blessée à terre pour se relever, elle grogna avant de se dresser à nouveau face à la mer agitée qu’était devenue l’ancre du navire.

« Tu penses vraiment que je me crois intouchable ? Alors qu'avec rien qu'une main tu es plus dangereux que les trois quart des gens présents ? Tu crois vraiment que je t'ai choisi sur un coup de tête ou pour me divertir ? Réfléchit un peu. Réfléchissez tous. »

Un frémissement parcourut les rangs. La brune ne s’arrêta pas là. Faisant un premier pas vers l’albinos, elle posa sa main sur son trident et serra de toutes ses forces. Sa blessure se rouvrirait sans doute mais elle avait besoin d’une ancre. Et la douleur lui rappellerait que quoi qu’il arrive, elle ne devait pas fléchir.

« Personne ne te connait. Pas un seul d'entre nous ne peut prétendre te connaitre. Tu parles d'affirmer tes capacités ? Tu veux vraiment que je t'expose le fond de ma pensée ? Tu débarques de Bellum et le premier abruti venu peut déjà affirmer que tu as connu la guerre. Mentalement et physiquement. Alors oui, je ne connais pas ton nom. Oui j'ignorais que tu débarquais de Bellum. Non tu n'es pas aussi faible que tu tentes de le faire croire et non je ne suis pas suffisamment stupide pour ne pas remarquer ou même reconnaitre des blessures dû à un combat régulier et acharné. Continu à Réfléchir, Léviathan. Tu trouveras sans mal la raison de mon choix. A moins que tu ne penses ma sottise trop grande ? »

Elle crut le voir hésiter. Elle voyait bien les regards inquisiteurs de certains des aigles mais elle n’en avait que faire. Si elle devait se faire lyncher, elle ne cillerait pas. Elle attendrait simplement le jugement sans pour autant lui offrir une raison. La brune se demanda brièvement si au moins l’un d’entre eux avait essayé de se mettre à sa place. Jiro était fiable, presque autant qu’Arkhana, et ça s’était sans conteste une raison qui aurait pu les faire devenir second. Seulement, rien n’est jamais aussi simple. Surtout quand on s’appelle Misto.

« Ne viens tu pas toi même de faire un pas vers la famille ? »

Un simple coup qui pourrait lui valoir une baffe à décorner un buffle. Sa poigne se resserra encore. Elle était sûre d’être sur le bon chemin. Elle se prit à regretter que Nywell ne soit plus présente pour voir. Encore une fois, les aigles étaient unis. Certes, dans un mauvais contexte mais ils n’en demeuraient pas moins solidaire … Elle chassa ses pensées et reprit posément là où elle en était. Il voulait s’exclure ? Se dévaloriser ? Pauvre fou. Mais c’était bien tenté.

« Tu n'es pas mage. Tu es bien plus que cela. Non je n'ai rien dit et je ne le regrette en aucun cas. Ce n'est pas à moi de le faire mais à toi. Alors oui je peux être blessante pour eux. Je le sais, je le vois, je le sens. Seulement t'es-tu posé la bonne question Léviathan ? Vous êtes-vous tous posé la bonne question ? »

Nouveau murmure. Peut-être que certains comprennent. Que d’autres cherchent. Que tous veulent savoir qu’elle mouche l’a piqué alors qu’au final, une fois qu’on se met à sa place … la réponse est aussi limpide que de l’eau de source.

« Ce que j'estime par-dessus tout ce n'est pas votre temps passé dans la guilde mais votre valeur. Si certains d'entre vous ne semble pas saisir, je vais être d'autant plus claire. Qui parmi vous pense que je fais un choix de tête brulée ? N'ayez pas honte, après tout il faudrait être stupide pour choisir un type individualiste et grande gueule alors qu'on a autant de camarade prêt à accepter ce qu'on pense sans nous contredire. Et bien non. Ce n'est pas ce que je veux. Voilà donc la première raison. »

Un cri de surprise. Elle ne put s’empêcher de se mordre la lèvre. La manœuvre était risquée mais elle en valait la peine. Si la remarque blesserait, elle n’en demeurait pas moins vraie. Elle ne voulait pas d’un chien acquiesçant à sa proposition mais un être humain avec son idée critique aussi tranchante que le verre qui pourrait lui affirmer haut et fort qu’elle est une gamine pourrie gâtée quand elle ferait une connerie. Une forte tête qui ne craindrait pas ce qu’elle pourrait faire. Un individu assez solide pour tenir face à ce qu’elle pouvait presque appeler un enfer. Et qui de mieux qu’un Léviathan pour lutter contre ses terres ? Elle lâcha l’arme, bien consciente que la fin pourrait lui faire obtenir raison ou lui offrir la plus belle correction de sa vie. Les loups ne l’aideraient pas, elle le savait. Pour une fois, ils semblaient unanimes pour dire qu’elle devait se battre. Et seule.

« Mais maintenant que je vous vois me regarder avec l'air hautain de nos semblables, j'ai une question pour vous. Une seule. Qui parmi vous, peut affirmer être en mesure de m'arrêter ? Qui parmi vous peut être aussi sûr que si je venais à fondre un plomb il pourrait me stopper avant que je vous fasse du mal ? Non. Ne baissez pas la tête comme ça. Vous n'êtes pas immunisé contre moi, vous le savez tous. Oui, je ne suis pas invincible mais Lund l'a bien dit. Je fais peur. Et si ce n'est pas seulement à lui, ça l'est encore plus à moi. Cependant... »

La seconde raison. La plus importante. Elle ne pouvait pas prétendre se contrôler à merveille. Et même si la guilde toute entière s’y mettait, elle risquait de faire des morts. Des morts qui ne le méritaient pas alors qu’elle aurait pu être arrêtée avant de les supprimer. Si le Second est aussi une figure de correction, il n’en demeure pas moins l’ancre en cas de crise. Et si elle avait des doutes sur la solidité de Jiro et les réactions d’Arkhana, elle pourrait se damner pour dire que le Léviathan ne bougerait pas d’un millimètre en encaissant la tempête. Parce qu’il avait vu pire. Bien pire que ça.

« Je peux mettre ma main au feu que notre ami ici présent peu le faire avec seulement un doigt. Et n'essaie pas de nier. Après tout au royaume des aveugles les borgnes sont rois n'est-ce pas ? »

Elle s’autorisa un sourire en voyant les expressions de tout le monde. Brynjolf jappa, apeuré par Tomaru qui souhaitait l’approcher d’un peu plus prêt, alors qu’Henning éclatait tout simplement de rire devant les têtes déconfites de certains. Misto était aveugle. Le plus à même de lui rendre la vue restait celui qu’elle avait choisi. Pour toute ses raisons. Mais aussi pour une autre, plus silencieuse, qui se terrait dans son cœur. Il serait l'ancre. L'îlot calme parmi les tornades qui se profilent lentement. Et si la mer se déchaînait, il tiendrait. Peu importe les raisons, il la balayerait.

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 MessageSujet: Re: There is no end   There is no end EmptyLun 2 Déc - 18:02

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Le titan demeura ferme jusqu’à cet instant où il comprit que la mer s’était joué de lui. La petite prétentieuse ne l’avait absolument pas quitté des yeux et ce fut bien là que le démon réalisa son erreur, il était entré dans le domaine des aigles, il avait joué au jeu des aigles, et rien qu’en acceptant de se plier aux règles il avait déjà perdu. Il avait pénétré dans leur référentiel et c’était là sa grave faute, il lui était désormais impossible de faire demi-tour, trop impliqué pour n’avoir en ces circonstances une action sans conséquence. Elle se releva et s’approcha de lui comme un fantôme à l’aura déterminée, aussi stricte que la destinée elle-même elle s’accrocha à son arme pour l’empêcher de la dresser entre lui et ses camarades. Elle serrait les dents, la douleur lui donnait envie de se tordre et pourtant son regard sans faille ne lui laissait toujours aucun répit, pour la première fois depuis longtemps le Léviathan avait cette sensation désagréable d’être jugé pour son âme, d’être exploré dans ses intimités les plus confidentielles.

Il grogna à son tour lorsqu’il fut traité de faible, loin de lui l’idée de se prendre pour un macaque inoffensif bien au contraire, les Neptus sont fiers, les Neptus sont forts, les Neptus sont fils de l’Orgueil lui-même. Ce à quoi soupirait le soldat, c’était souligner son inaptitude à la magie, élément d’ordinaire discriminant dans ce que le commun des mortels nomme une guilde. Les rangs, la hiérarchie, les règles elles-mêmes n’étaient basés au sein de ces communautés que sur la puissance et le talent avec lequel tout un chacun excelle dans cet unique domaine qu’ils avaient tous en commun, tous, à l’exception d’un seul. Misto remettait en question tout un modèle de pensée par son choix inapproprié. Il savait sans aucun doute où elle venait en venir, s’il n’était pas particulièrement cultivé, le Léviathan savait se montrer fin stratège.

Elle finit par prononcer haut et fort l’erreur qu’il avait commise, ce pas vers eux qu’il n’aurait jamais dû faire, cette inquiétude qu’il avait pour leur sort et qu’il avait partagé malgré lui en cherchant à les guider dans le droit chemin. Cette peste l’avait mené dans une impasse et comme un clown dénué de matière grise, le colosse s’était engouffré dans ces sables mouvants jusqu’au cou. Elle poussa la chansonnette encore plus loin en prenant à son tour à parti l’audience, tournant la rhétorique à son avantage tant et si bien que l’antimage se tut. Il fit signe à Anubis de rejoindre son épaule, ce que le canidé fit avec une obédience sereine, tous deux savaient bien que leurs avis n’étaient pas pour autant réunis. Il lui gratta le dessous du museau l’air distrait, si les deux amis gardaient un différend notable, leur relation n’en était en rien affectée, une maturité mutuelle couplée à un respect loyal saupoudré de ce brin de complicité qui rendaient leur entente si particulière.

Elle avait raison en affirmant avec tant de sûreté que l’amiral pouvait l’écraser en deux temps trois mouvements, ce n’était point lui, du haut de sa fierté machiste, qui allait nier un tel propos. Le pirate se tint bien droit alors que les murmures étonnés parcouraient la foule, tous le fixaient, partagés entre surprise et effroi. Cet homme dont personne n’entend parler serait-il vraiment capable de vaincre à plate couture cette gamine? Certes, à l’allure on ne pouvait douter de la supériorité physique du soldat sur la gamine, pourtant tous ici savaient qu’il ne fallait guère se fier aux apparences et que Misto, d’aussi loin qu’on pouvait prendre du recul, devait être la plus retord des mages ici présents. Devant tant d’admiration apeurée, le pirate n’eut qu’une seule réponse : il cracha négligemment par terre. Répugnant, mais quelque part un peu fier de son manque de délicatesse, personne ne le croirait suffisamment intelligent pour douter que c’était sciemment qu’il cherchait à se débarrasser de cette image surpuissante, car tout comme cette mioche, il savait que paraître inoffensif et être sous-estimé était un avantage non négligeable.

Wilfried, méprisant : Je te déteste, patronne.

Il toisait de son œil azuré la force qui se dégageait devant lui. Une fois sa courte évaluation terminé, Wilfried fit quelque chose qui ne lui était pas arrivé depuis trop longtemps déjà : il explosa de rire, un rire franc, rauque et grave, un rire qui résonnait dans la cavité qu’était son torse pour se répandre loin autour de lui. Il devait être le seul à voir ici une ironie qui le faisait sourire, pourtant ce devait être vraiment drôle à en juger par la franchise de son fou rire. Il mit un petit temps à s’en remettre puis passa sa main sous son nez en reniflant sans délicatesse.

Wilfried, rieur : Si ce que tu attends de ton second, c’est de te coller une bonne raclée et sans pitié, alors j’accepte le poste. Ah ça oui, tu peux compter sur moi.

Il posa son doigt sur le bout du nez de la gamine et se remit à rire de bon cœur en soulevant son arme du sol. Il lui avait furtivement insufflé de l’antimagie afin qu’entre eux deux seuls soit signé un pacte invisible, elle devait comprendre par là qu’elle pouvait compter sur lui mais qu’il était inutile de le crier sur tous les toits. Il avait du mal à s’arrêter de rire et tourna le dos à sa nouvelle supérieure afin de placer son arme sur son dos et commença à s’éloigner d’elle. La foule s’écarta d’elle-même pour laisser passer ce drôle de personnage qui termina sa sortie par un salut marin, deux doigts sur la tempe droite, et arrivederci.

Wilfried, d’une voix plus forte pour se faire entendre : T’es quand même un sacré numéro matelot. Et hâte-toi de faire une connerie, je meurs d’envie de me battre contre toi pour te faire payer ça.

Quelque part, le tout-puissant avait perdu cette bataille, mais il était heureux d’avoir ainsi vécu ces émotions ne seraient-ce que l’espace d’un instant, un court instant où il s’était cru en compagnie de sa défunte famille. La reine des loups avait gagné avec classe, le roi des océans avait perdu avec panache.
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