" Sa chevelure vient caresser ses formes dénudées, ses doigts caressent les cordes comme si une simple pression pouvait les briser, visage fermé et transporté, yeux clos elle se laisse allée dans la suite de sa mélopée, dans cette passion qui l'avait tuée, l'amour des sons, volonté irréelle de pouvoir les copier, poésie déjantée. "
Un mouvement, scintille et vole en éclat de sel et larmes, la queue fouette les flots dans une frénésie démente. L'excitation, l'excitation avant le moment, elle jubile, trépigne dans l'écume venant la lécher. L'heure arrive. Son heure arrive et son âme tremble de miles frissons, chanson.
La foule se masse, intriguée par cette créature à la beauté irréelle, sirène dont les écailles rosées brillent sous la lueur d'un soleil mourant. La mer est à elle, l'instrument dans ses mains et l'océan lui appartient. La plage devient sa scène aux allures irréelles pour tout ces touristes venant s'amasser. Un égo à glorifier, un pacte à honorer selon les termes stipulés.
Et ils continuent d'affluer, se massant comme hypnotisé devant cette créature de rêve et de danger, scène improvisée ou le spectacle va débuter, commencer et continuer. Harpe de coquillages aux formes oubliées apparaissant dans un mouvement de bras légers, instrument irréel entre les mains de la musicienne. Un mouvement, la première note vient vriller l'air de sa douceur enchanteresse, cordes vibrantes sous l'impulsion de la mélodie naissante. Mélopée oubliée d'une âmes damnée. Ses notes subjuguent de leur sororité marine, murmure des récifs dansant viennent caresser le vent, bercer des oreilles tel un murmure d'enfant, apaisant et envoutant. Sublime et hors du temps, sirène qui les transporte aux frontières du réel, irréel. Elle continue de ses mains agiles, continue sous le regard subjugué du brun assis dans le sable pour écouter, tout simplement écouter alors que dans son esprit rien ne vient troubler ce silence enchanté, silence de l'esprit dans l'apaisement de la folie.
Sa chevelure vient caresser ses formes dénudées, ses doigts caressent les cordes comme si une simple pression pouvait les briser, visage fermé et transporté, yeux clos elle se laisse allée dans la suite de sa mélopée, dans cette passion qui l'avait tuée, l'amour des sons, volonté irréelle de pouvoir les copier, poésie déjantée. Puis tout se fige, se brise dans l'outrage d'une immonde cacophonie électrisée, notes d'enfer vrillant l'harmonie créée dans l'arrivée d'une horde dégénérée. Blousons de cuir et synthé. Les mains lâchent les cordes dans un souffle étouffé, regard ouvert pour les vriller, colère pour l'enlacer, yeux violacé aux éclairs dansant de fureur, éclairs pour les foudroyer, un regard pour tuer. Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue... Elle tire la première.
Ego bafoué, outrage en vers la seule chose qui lui restait, une passion transcendé par une âme damnée, la harpe s'évapore en une brise d'écumes au profit de l'étrange flûte de coquillages et perles nacrées. Un pincement des lèvres, une pression des doigts, un souffle alors que retentit l'écho de la marée faisant taire l'assemblée, mélodie inconnu d'un brun tétanisé. Un souffle alors qu'elle entame la mélopée dans une transe déchainée, que l'eau semble s'animer autour d'elle, derrière elle, devant elle au rythme d'une mélodie de furie, échos sordides des récifs, mer déchainée dans ce son de colère s'élevant dans l'air. Sublime et horrifiant, retentissant tel le tonnerre, léger tel l'écho du vent, puissant tel l'océan déchainé alors que se forme la chevauchée sous la transe de la musicienne bafouée, que l'eau s'accumule devant elle pour s'animer, que la vague se forme et grandit sous la force de la mélodie, Aqua symphonia pour les briser, la chevauchée mythique pour la venger. Et elle grossit en une fraction de seconde sous la forme des chevaux de Poséidon, horde d'étalon d'eau et d'écume de plusieurs mètres de hauteur, une note, vibrante provoquant la panique sur la plage où la nuit tombée alors que la vague s'abat tel le raz de marée, vague de chevaux chargeant au galop pour tout pulvériser sous l'impulsion d'une colère démesurée, d'une mélodie oubliée. Une ultime note alors qu'en quelques seconde la plage se trouve noyée et les corps emportés par la furie des flots enchantés. Une ultime note alors que sa silhouette disparait dans l'inconscience venue frapper le brun qui l'avait invoquée.
La mer se recule alors, comme rappelée de sa tourmente démente laissant derrière elle une plage maculée de corps effrayés, trempés, essoufflés, inconscients ou encore choqués. Un choc brutale le faisant réapparaître du néant alors qu'il distingue une silhouette au dessus de lui, le choc, encore, alors qu'une deuxième baffe vient le frapper de pleins fouet. Qu'il se relève sonné et embrumé devant une femme trempée au visage marqué par le soulagement.
" Vous allez bien ?"
Il tousse, légèrement, reprenant ses esprits dans la mémoire des événements, se rappelant et comprenant. Un balbutiement avant la réponse non assurée.
" Je... Crois..."
Elle sourit avant de s'écarter, courant vers un autre corps inanimé sur le sable trempée de la fureur d'un égo bafouée. Beauté.