Le sommeil qui te happe en un assaut d'une douceur létale, plus fort que tout ce que tu as toujours connu, il t'emporte, te transporte dans les profondeurs oubliées d'une psyché tétanisée, d'âmes chantantes comme les échos honnies d'une ancienne mélopée. Le royaume des songes alors que ton corps s'affale sous la chaleur, qu'il glisse contre le mur chaud d'une ruelle sans que tu ne le sentes venir, fatigue harassante te happant après l'horreur sans nom que tu as commis récemment... Le baisé donné dans ta séduction létale, le sommeil te happe comme commandé par une volonté transcendant ton être, comme une chose en dehors du pouvoir humain alors que ton corps s'effondre sur les pavés sous la lueur d'un soleil couchant. Le néant qui te saisie dans une douce mélodie saignant ton être, tu es là, reconnait l'endroit d'où partent les chemins sinueux, neuf chemins vers l'inconnu, sauf un. Ton esprit repart dans le trouble de ta dernière visite ici, tu revois la silhouette féline, le souvenir de sa voix envoutante dans ton esprit. Tu sais qu'il s'agit de cette route s'enfonçant dans les bois sombres, tu hésites, y retourner ? Y retourner... Ou changer ? Ton regard céruléen né après ta dernière visite vient scruter le chemin s'enfonçant dans le désert de rock, chaleur t’appelant, tu ne te souviens pas l'avoir déjà croisé alors que s'élève ici et là quelques arbres d'ombres et de lumière. Tu ne réfléchis plus, ton instinct l'appel au rythme d'une âme pulsant en toi, pulsant à t'en imploser le coeur. Tes pieds se mettent en mouvement, empruntent le chemin à peine dessiné, étendue sauvage comme oubliée des hommes, ancienne et millénaire dans cet endroit que ton esprit est devenue capable de visiter. Visiter lorsque l'appel sonnait pour toi sans que tu ne puisse lutter, inconscient que bientôt, toi même pourrait t'y rendre comme bon te semble... Pour le moment tu marches sous la chaleur d'un soleil langoureux. Marches longtemps entre arbres et roches brûlantes, entre ombre et lumière éblouissantes. Tes pas te guident, ton instinct t'emmène avec une excitation grandissante aux tréfonds d'une caverne reculée. Tu pénètres les lieux dans un souffle suspendue, coeur figé dans l'instant par la puissance sacrée que ce lieu impose à ton coeur, à ton âme, à ton esprit dans un silence angoissant et reposant. Tu continues, ne recules pas, tu veux savoir, tu veux pouvoir. Puis la faible lumière droit devant, faible lumière grandissante alors que tu avances, sans peur, sans coeur. Puis la chaleur alors qu'apparait le paysage montagneux, versant rocheux et falaises où le vent vient frapper ta peau de son écho strident.Tu continues, t'émerveilles devant ce territoire de rêve, avance sur les sentiers naturels pour te retrouver encercler dans une clairière de roches. Présence que tu ressens sans la distinguer, sens et sais, une profonde inspiration alors que ton coeur ralentit son rythme dans une impulsion gelée. Tu sens, tu sais, alors que tes pupilles s'ouvrent pour te retrouver face à la mort incarnée, pourtant nul danger alors que tes yeux s'émerveillent devant les écailles enchantées d'une silhouette serpentine dressée, te fixant de ses pupilles fendues. Immense de ses trois mètres t'enlaçant alors qu'autour de toi la queue dessine le périmètre. Écailles aux multiples couleurs de l'arc-en-ciel dansantes, l'avatar du serpent, des serpents, symbolique sacrée, animal au mythique transcendé depuis la nuit des temps. Reine de tout les serpents. Puis la voix dans ton esprit, elle s’immisce, glaciale et sifflante pour te figer, effrayante et séduisante dans sa sonorité. Tes yeux la fixent sans pouvoir décrocher ton regard de cette divinité te faisant face." Il est temps que nous ayons une petite conversation. "Tu déglutis devant l’intonation, sens des mots résonnant dans ton esprit alors qu'elle commence à se mouver dans un frottement silencieux autour de ton corps. " Vie et mort sont un cycle sans fin."Un silence avant qu'elle ne reprenne. " Force n'est rien sans sagesse. Guérison n'a de sens sans poison. Ni bien, ni mal, cycle sans fin d'une nature millénaire. Le respect de la vie, respect de la mort. Dis-moi, sais-tu apaiser au même titre que tu sais tuer ? Est-tu digne de recevoir cette enseignement que je m'apprête à te donner ? Vie et mort complémentaires à jamais, transmutation et mutation. Es-tu assez sage pour aider autant que tu peux tuer sans sourciller ? "Le silence t’obsède suite à ces paroles te frappant dans la vision de tes crocs s'enfonçant dans la chaire pour la priver de cette vie sans sourciller. Le souvenir, le souvenir de la mort que tu as donné, le souvenir de celles que tu n'as pu empêcher, vouloir aider sans être incapable de changer le cours du passé. Cette détermination qui t'enlace comme électrochoc des mots sifflés. Tes paupières se closent comme signe d'acceptation, d'une vie que tu lui remets, d'une volonté de pouvoir, de savoir. Sagesse que tu cherches à travers cette entité sacré, mystique incarné. " Bien. Penses à ta vie, visualises cette vie en toi, l'énergie qui supporte ton corps et tes pas. La sens-tu battre ? Se canaliser en toi comme une force égoïste et impérieuse ? Visualise-là, contrôle là, assoies ton contrôle sur ta propre vie. ... Visualise son souffle, ton souffle s'en imprégner, visualise toute cette énergie, énergie tienne et souveraine. Dis-mois... Est-tu prêt à la donner ? "Un silence. Un silence alors que tu le sens, que tes actions ont conduit à cette ultime question... Tu visualises le corps de ta mère baignant dans son sang, souvenir de tristesse et de haine... L'acte sacré, sagesse d'un instant alors que tes lèvres s'ouvrent pour déverser le souffle d'une brume vert pastel. Tu la sens, cette énergie te quitter dans une impulsion, te quitter pour se mêler au corps déserté de vie dans un ultime effort déchirant, le néant alors que tes yeux s'ouvrent pour découvrir le regard du serpent comme seule autre présence en ce lieu sacré. " Tu es prêt. Mais retiens bien une chose, toujours une chose, la sagesse du don n'est pas la stupidité d'une mort prématurée. Démesure est une alliée perfide dictée par des émotions sauvages. N'oublies jamais que sur la mesure, que sur un acte de sagesse une vie peut reposer. ... Bien, je n'ai plus rien à te dire pour le moment, à bientôt, peut-être... "Puis le noir, le néant qui te happe dans cet ultime mot coulant dans ta tête. Le réveil en sursaut avec un coeur battant dans la rue pavés où la nuit est tombée pour te baiser, t'enlacer de sa fraicheur verglacée alors que les écailles ébènes sur ta peau disparaissent dans la reprise de conscience d'une réalité tangible. Le choc et l'euphorie naissante... Rencontre qui te transcende.***
Les yeux couleur de l'océan se plongent dans l'horizon d'un soleil couchant après la nuit et la révélation d'un cœur ardent. La sagesse d'un être d'or et d'argent, de rêve et de néant, tout et rien, néant et infini. Le sable glacé perd de cette froideur venue t'enlacer alors que ton corps brille sous les reflets de l'eau venant te lécher les pieds dans la mort d'une écume envoutante. Le contact humide énergisant ton corps endolori et excité de cette nuit qui venait de tout faire basculer. Sans savoir pourquoi tes pas t'avais guidé sur la plage, nuit passée à marcher, errer dans un but inconnu, juste laisser le vent te porter sous ses accents de liberté. La liberté, la mer que tu étais venue trouver dans une grande étrangeté.L'eau n'avait jamais était un élément te caractérisant, symbole d'une peur et d'une étrangeté que tu ne comprenais pas, tu ne savais d'ailleurs nager que grâce aux facultés de ces âmes qui dansaient en toi. Tu n'aimais dans l'eau que sa fraicheur sur ta peau dans l'espace confiné d'une pièce pour faire disparaître la crasse qui t’enlaçait... Au delà de ces frontières la mer était le mystère intriguant et dérangeant, et pourtant tes yeux se perdent sur l'océan avec un sentiment reposant dans l'aube du soleil naissant, tu revois le passé, loin des basses préoccupations, les images floues d'une graisse virevoltante avant l'évaporation, Bob et sa disparition... Puis le bruit, le choc troublant cette sérénité retrouvée après une nuit que tu n'oublierai jamais, bruit d'eau et de claquement alors que la peau lisse fend les flots devant toi. Aileron grisé s’élevant pour briller sous le soleil tel une lame argentée fendant les flots de sa force douce et déchainée.L'admiration qui te transperce, le besoin impérieux qui se déverse au rythme de la mélodie des flots, ton corps entre en mouvement sans que tu ne le décides vraiment, se lève de sa lente torpeur pour faire face à l'océan. Besoin surnaturelle qui s'empare de toi devant ce spectacle et cette créature pourfendant l'eau devant toi, tes mains viennent trouver le bouton de ton pantalon pour le laisser tomber et l'extirper d'un mouvement du pied, chemise chutant pour flotter sur l'océan alors que tes pieds basanés viennent luire sous la transparence des flots. Tu avances dans le froid saisissant de l'océan alors que ce besoin en toi ne peut s'éteindre devant cette nature transcendée par cet animal à l'allure sacré. Sirène incarnée alors que ta peau brise les vagues, avancée lente vers l'objet du désir alors que tu te retrouves bientôt immergé sous la lueur d'un soleil naissant. Le froid et la libération alors que sous la surface de l'eau salée tes yeux d'azur s'ouvrent pour rencontrer l'intégralité de la beauté grisée, un contact des peaux alors qu'elle t'a frôlé, que ses billes noires viennent se figer dans ton regard céruléen. Respiration retenue et coupée pour contempler le dauphin dont le regard brille d'une intelligence rêvée. Un cri suraiguë lâché alors que tu sais qu'il n'est que l'expression d'une joie non dissimulé. Oui tu sais. Un coup de tête alors qu'il t'emmène vers le firmament, profondeur d'azur, que tu le suis dans une nage non assurée, captivée, happant l'air quand tu le peux pour replonger, pour que tes yeux puissent retrouver cette beauté. Jeu que vous faites dans un naturel qui vous enlace, promesse d'amitié alors que ton corps s’habitue à cet élément que tu craignais, que tu imites à la perfection ce corps ondulant dans le courant de l'eau, tu suis le courant, te laisse porté alors que l'osmose totale se créée dans le sentiment de liberté. Tes âmes implosent en une poussée alors qu'elle vient se figer, que tes jambes s'unissent dans un craquement pour former la queue lisse et grisée, que l'âme du dauphin vient te transporter dans un ballet dansant, rythmant les flots dans un bonheur intense, une osmose d'esprits naissants... Un instant. Un moment... Un moment d'éternité dans une joie que jamais tu n'as ressentie t'enlacer auparavant, hors de tout, hors du monde et des hommes, un instant où tu touches la réelle liberté, le bonheur que l'on ne peut égaler... Un instant gravé à jamais... Éternité.