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l'enfer règne autant que le ciel – Kôta |
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| Sujet: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Ven 4 Oct - 13:39 | |
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Abigail Phoibos
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Le ciel, cette vaste étendue cotonneuse craquelait sous des fissures noires, comme un plancher de grenier terni de poussière. En levant le menton vers le haut, l'échine se courbait sous la crainte de se faire faucher par les pleurs célestes, puis par l'orage et ses poussières dorées. Abigail, lovée dans l'étoffe de vêtements chauds, arpentait les ruelles encombrées de parapluies, avec l'aisance d'un fauve agile pour gagner hâtivement la guilde par foulées rapide. En arrivant à l'intérieur de Blue Pegasus, elle plaqua son dos humide contre le bois chaud et chaleureux de la porte tandis que d'un revers de main rapide, elle chassait les gouttes qui s'étaient engouffrées sur son visage.
À peine prenait-elle le temps de se relaxer, qu'un pégase l'interpellait près du bar en marbre. La jeune fille lui répondit d'un hochement de tête, saisit le sac avec une parfaite nonchalance avant de s'attabler à côté de lui. Il dégustait une liqueur dont les effluves semblaient fruitées et sucrées. Lorsqu'il l'aperçut, un sourire figé se laboura sur son visage.
_ Tiens, Abigail, une missive pour toi et Kôta. T'es un peu partout à la fois, en ce moment, c'est étonnant. _ Une missive ? _ Ouaip. Apparemment ça a l'air assez urgent, le conseil a trop d'effectifs déployés un peu partout dans les quatre coins de Fiore pour s'en occuper. _ Pourquoi Pegasus ? _ Parce que j'imagine...
Il avorta sa phrase dans un silence aguicheur tandis qu'Abigail éventrait l'enveloppe de ses ongles mouillés, une lettre maculée d'encre obscure. Une missive du conseil. Elle haussa un sourcil, tandis qu'elle leva ses yeux bleus vers le mage.
_ Parce que tu imagines...?
Il ne répondit pas. Abigail ne s'en importuna pas et son attention se capta sur la mission : un avis de recherche éminent pour une criminelle et on l'envoyait elle et... Hirata Kôta. En lisant le portrait de la personne recherchée, elle lui faisait penser étrangement à quelqu'un, en se mordillant légèrement la lèvre, ses yeux se plongèrent dans ceux de son interlocuteur qui la dévisageait avec malice.
_ Est-ce que tu sais où se trouve Kôta ?
Il désigna l'étage de guilde d'un mouvement évasif du bras.
_ Là-haut.
La lettre embrassée entre les doigts fins d'Abigail, elle quitta le bar pour escalader les escaliers rapidement. D'un mouvement de tête vif, elle tenta de capter la présence de Kôta parmi les quelques membres. Il était sûrement en train de feuilleter un livre avec son air absent, les iris subjuguées de rêveries, ou le nez plongé dans de la paperasse. Après l'avoir repéré dans la maigre foule, Abigail s'avança vers lui - lorsqu'elle fut à sa portée, elle racla légèrement sa gorge puis afficha un léger sourire.
_ Kôta ? Comment tu vas ?
Elle se gratta légèrement l'arrière de la nuque de sa main valide, puis lui tendit la missive du conseil.
_ On a quelqu'un qui s'est enfuit de la haute prison du conseil, elle a été repérée comme étant réfugiée dans la forêt de Kunugi. On nous a dit d'y aller toi et moi.
Ses yeux se firent un peu plus fuyant quand elle se remémora le portrait physique de la criminelle. Une cascade pourpre, des iris félines - et un détail à ne pas omettre - Très dangereuse.
_ Elle me fait penser à quelqu'un.
Elle se tût, le temps que Kôta lise tranquillement et que les informations s’inhibent dans son esprit organisé. Elle fixait le regard qu'il pouvait avoir, s'il muait à travers les lignes manuscrites – est-ce que toi, tu avais aussi cette impression désagréable qui dégringole contre ton échine ? Est-ce que toi aussi, tu te sentais bizarrement concerné par cet avis de recherche, au point à ce que ça en devienne obsessionnel ? Il y a comme des électrons libres qui s'écorchent contre son ventre. Pourquoi elle se sentait possédé par un tel malaise acerbe? Ce n'était pas la présence de Kôta, c'était autre chose.
_ Tu es prêt ?
Ses pas la firent reculer de quelques pas, enfin elle se détourna de lui. D'un signe de la main, elle lui annonça qu'elle l'attendait en pas, s'il avait des choses à ébaucher avant de partir. Elle en profita pour saisir un parapluie, des serpents lumineux enlaçaient le ciel. Un temps peu propice au balade, donc.
Kôta arriva, Abigail sentait une malaise croître en elle. Elle s'était renseignée sur lui par les paroles, il avait souffert de l'offensive massive sur Légion, et les séquelles s'étaient apaisées avec le temps. Mais n'avait-il pas un décompte qui menacer de retentir à chaque secondes ? Ils étaient deux êtres fissurés, et ils en étaient conscience tous les deux. Peut-être était-ce ça qui faisait peur à Abigail.
Le fait qu'on puisse deviner ce qui a pu la faire souffrir.
Elle sourit, détruisant ses songes néfastes et son malaise naissant.
_ Allons-y.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Ven 4 Oct - 18:27 | |
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Hirata Kôta
| l'enfer règne autant que le ciel abi, es-tu toi aussi ...? « Kôta ? Comment tu vas ? » Le garçon releva la tête mais son coeur cognait déjà plus vite dans sa poitrine. Il avait reconnu le timbre si particulier d'Abigail. Il avait reconnu ce mouvement fréquent de son bras qui se cachait derrière sa tête, cachant sa gêne. Il la connaissait beaucoup à force de l'avoir cherchée, de l'avoir observée, de près ou de loin, mais surtout de loin. C'était tellement dérangeant de se retrouver face à elle, il en perdait presque ses moyens. Il referma son livre, un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu, et le rangea dans son sac. Il n'aurait pas pu se concentrer à nouveau dessus, même si Abigail voulait juste simplement prendre de ses nouvelles. C'était une sorte de tornade, de tempête qui amenait des choses venues de trop loin et qui te les envoyait en pleine face. Ce n'était pas sa faute, à elle. Mais elle chamboulait Kôta, comme ça, si simplement, trop simplement. Lui aussi, il se racla la gorge, se donnant une légère contenance. Comment adopter un ton serein, comment être naturel face à elle après ce qu'ils avaient vécus ? Il se contenta d'un sourire. Un sourire fait tout, normalement. « Salut Abigail. Je... je vais très bien.» Ses yeux se voilèrent malgré lui. Sa phrase était tellement fausse qu'elle avait du le sentir elle-même, et il s'en excusait intérieurement. Il n'avait même pas pu continuer, même pas pu lui demander si elle aussi se portait bien. Elle avait l'air de bien aller. Lui aussi semblait au top de sa forme. Et si on écorchait un peu l'épiderme de leur peau ? Et si on souillait le maquillage qui cachait si bien les choses ? « On a quelqu'un qui s'est enfuit de la haute prison du conseil, elle a été repérée comme étant réfugiée dans la forêt de Kunugi. On nous a dit d'y aller toi et moi. Elle me fait penser à quelqu'un. » Elle lui tendit une affiche banale, et il la lut sagement. Son expression ne changea pas durant la lecture et il lui rendit la feuille. Il n'osa pas croiser le regard de la fille. Il y eu un léger flottement, et elle s'en alla, le laissant se préparer. Kôta se leva à son tour, prit la direction de sa chambre, mais passa sans s'arrêter devant la porte pour aller aux toilettes plus loin. Il n'y avait personne, et il s'avança au dessus d'un lavabo. Son reflet dans le miroir n'était pas glorieux, jamais il n'avait été aussi livide. Il fit couler l'eau, sans savoir pourquoi. Le son du jet puissant, des gouttes qui jaillissent et éclatent contre la porcelaine, peut-être qu'il pensait que ça le calmerait. Son regard se perdit dans son reflet, repensant à la description de l'affiche. Il avait directement compris de qui il était question, même s'il ne l'avait jamais vue réellement, il l'avait reconnue. Et on les envoyait, Abigail et lui, faire ce travail ? Il eu un haut-le-cœur, se retourna à la va-vite et alla vomir dans les toilettes. [...] « Allons-y. » Il l'avait retrouvée dans le hall quelques minutes plus tard, tout sourire. Le malaise était passé et il n'en parlerait pas. Elle lui sourit aussi. « Je suis prêt ! » Il lui ouvrit la porte et la suivit en sortant, elle ouvrit un parapluie et ils marchèrent tous les deux protégés d'une pluie battante. Le ciel était si noir qu'on aurait dit la nuit, mais des éclairs illuminaient leur chemin. Ils traversèrent le parc dans cette ambiance morose. Il n'osait pas parler quand la nature criait, il avait peur de la déranger, de la contredire. Ils marchèrent en silence jusqu'au quai de la gare où ils trouvèrent enfin un abri sous un préau en attendant le prochain train. Ils étaient seuls. Il la remercia pour le parapluie - lui si méthodique n'y avait pas pensé - et continua. « C'est la première mission qu'on règle tous les deux, hé ! Dommage que le temps ne soit pas si enthousiaste. » Erreur, vous êtes déjà partis ensemble il y a un an déjà, mais ce n'est pas le train que vous avez prit, mais le bateau.Un nouvel éclair trancha les nuages et il leva la tête. Il se dit qu'avec un tel temps, ça allait être difficile de voler si jamais il devait se transformer. Il regardait le vide, l'air ailleurs. Il évitait Abigail. D'habitude tout était si tranquille entre eux, mais d'habitude il y avait toujours du monde pour les entourer. Il n'était pas gêné à cause d'une mauvaise alchimie entre eux, mais à cause d'un trop-plein d'alchimie, justement. Il s'était passé trop de choses qu'ils avaient tous les deux encaissés ensembles. Elle avait quatorze ans, ils en avaient seize, dix-sept ? Si ça n'avait pas été elle, ça aurait été eux, c'était sûr. Il y a des choses qu'on ne dit pas, qu'on n'ose pas dire. Cette fois, c'était beaucoup plus puissant, beaucoup plus fort, beaucoup plus dévastateur. Ils n'avaient même pas évoqués l'objet de leur mission, ils s'étaient contentés d'avancer, la tête baissée, sans ouvrir la bouche. Car ce qui germait en eux depuis une année déjà était trop gros, trop tranchant pour sortir de leur gorge sans les blesser. Ils en étaient conscients, ils en avaient peur. Kôta se tourna vers Abigail. Elle avait disparu pendant quelques temps, après ça, et il l'avait cherchée directement mais elle s'était évanouie dans l'ailleurs. Pouvait-il lui en vouloir pour ça ? Non, car lui aussi n'était pas revenu directement à la guilde, il avait sommeillé, des mois durant, dans un lit d’hôpital, comme mort, n'osant pas se réveiller. Si elle était restée, il n'aurait pas été là. Dans tous les cas, ils en seraient au même point aujourd'hui, dans leur déni mutique. Trop puissant. Trop fort. Trop dévastateur. T'es obligé de rire, de faire genre que tu vas bien, de te dire enthousiaste comme ça ? Tu fais pitié Kôta, sincèrement.Avec la présence des autres, à la guilde, quand ils étaient proches tous les deux, que la mémoire refaisait son affreux travail de ramener les souvenirs tristes, tout était atténué par la chaleur qui les entourait, pas le bruit avoisinant, par leurs propres rires qui tentaient d'étouffer cette souvenance acerbe. Mais là, ils étaient seuls, et même la pluie n'était pas assez forte pour calmer les ardeurs du passé qui revenait au quart de tour les assaillir. Faux enthousiasme, oui. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre...?© Lutèce Factory & Arranged by Kôta |
| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Sam 5 Oct - 23:07 | |
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Abigail Phoibos
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Silence fluets et sourires falsifiés.
C'était à peu près sur quoi gravitait la relation de Kôta et Abigail. Parce qu'il était toujours perplexe d'ouvrir les lèvres lorsqu'elles étaient écorchées par des phrases étouffées. Légion n'avait été que trop dure à vivre, elle était un poison qui avait dévorait à vif leurs entrailles. Leurs émotions s'étaient entrechoquées sans se toucher, leurs sourires vaporeux s'étaient distillés dans leurs êtres écornés par la souffrance. Il ne fallait pas déterrer tout ça, ils le savaient. Quand ils étaient à Pegasus, leur malaise suffoquait contre la bienveillance lumineuse des membres. Mais là, dès qu'ils étaient tout les deux, toute ce déni brûlant leur claquait inconsciemment dessus, réveillant des douleurs profondes qui feraient mieux d'êtres oubliés dans une mémoire fracturée.
Mais moi ça, Kôta, je ne peux pas.
Il y avait de la douleur lorsque Kôta lui souriait, il y avait de la souffrance dévorée lorsqu'il lui parlait. Le voyage dans le train bercée les idées démembrées d'Abigail. Pourquoi tant de silence amer alors que le solidarité devraient les unir au lieu de les éloigner ? Ils s'attiraient et se répulsaient comme un aimant paradoxale. S'attiraient parce que Abigail voulait exorciser ce souvenir répugnant, qui s'était ancrée en elle comme les mœurs d'une société. Assis face à l'autre, le malaise germait à une allure fulgurante impossible à apaiser plus elle se sentait éloignée de Pegasus. Plus elle se sentait faible à côté de lui.
Une foudre vive mourrut enveloppée par l'averse froide et ses idées explosèrent.
Je ne tiens plus Kôta.
Lorsque le train arriva en gare, le convoi s'ébranla doucement à l'extérieur. Des mères couvaient leurs enfants pour ne pas qu'ils attrapent froids. Ils retrouvaient à nouveau seul. Abigail laissa Kôta prendre de l'avance, jusqu'à ce que sa main saisissent fermement le poignet de Kôta pour le stopper dans son élan.
_ Kôta, je...
Elle l'attira contre elle pour lui offrir une étreinte qui transpirait sa détresse. Elle planta son menton dans le creux dans son épaule et nia la chamade désordonnée de son cœur.
_ Je me suis battue contre son frère. Avec Cesus Nero.
Ses larmes muettes se confondaient avec la pluie.
_ Il m'a prit pour le chaperon rouge, l'ennemi et lui pour le grand méchant loup. Un prodige de la magie, j'ai réussi à le battre une première fois... Je – Je pensais y arriver. Puis tout a basculé et il a reprit une contenance, c'était l'un de mes combats les plus sérieux parce que je ne me battais plus pour des principes mais pour ma propre survie. Pourtant ce n'était pas mon objectif car...j'ai rencontré le maître de Légion en personne, je venais pour lui montrer qu'il n'était pas tout seul.
Ses bras serraient encore plus Kôta contre elle, ses souvenirs lui martellaient le crâne avec des bruits sourds.
_ Il a prit le dessus sur moi. Je suppose qu'il allait me tuer, je ne sais pas. Puis tout s'est passé très vite, il allait m'envoyer sa dernière attaque et je savais que le fait de me voir me débattre pour rien le faisait jubiler. Un mage s'est interposé, puis l'a défait. Mais j'allais mourir, Kôta.
Elle se tût un instant, pour imprégner la réalité de ses souvenirs douloureux.
_ J'allais mourir. Et je sais que tu es le seul à me comprendre.
Elle se décolla de lui, elle ignorait si Kôta avait écouté ses faits, ou même s'il avait daigné répondre à cette étreinte de faible. Elle sourit, les iris séchées de sanglots.
_ Alors, s'il te plaît, soyons solidaires au lieu de nous fuir pour ne pas nous rappeler ça.
Elle murmura, plus fermement.
_ De tout ça.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Dim 6 Oct - 14:50 | |
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Hirata Kôta
| l'enfer règne autant que le ciel abi, es-tu toi aussi ...? Une craquelure sur ton visage. Elle gratte trop, elle tombe sur ton corps décharné. Est-ce que tu peux la supporter ? Est-ce que tu peux rester debout quand elle vomit le passé, la vérité sur toi ? Tu as combattu longtemps pour tout réprimer, comme si de rien n’était, tu as fait en sorte d’oublier les souvenirs, de les chasser d’un geste furtif quand ils se pointaient dans ton champ de vision. Quand tu te levais la nuit et que Liah Nicar était là, dans un coin de ta chambre, à épier ton sommeil, une arme pointée sous ta gorge, tu refermais les yeux jusqu’au matin, sanglotant sans un bruit, pour ne pas qu’on te remarque. Les yeux clos, c’est comme ça que tu as avancé pendant une année durant. Un funambule, sa perche balancée par les trop grosses bourrasques, mais un pas devant l’autre, tu te frayes un chemin, ballotté dans tous les sens, mais tu restes debout sur ta corde raide. Tu avançais comme ça, à l’aveuglette, toujours tout droit, oubliant délibérément ce qui t’entourait pour te concentrer sur l’avenir, ce qui t’attend devant. Partir le plus loin possible de ce qui tentait de te rattraper dans ton dos. Et pourtant, là, Abigail te tombe dessus. Elle te prend la main et t’attire hors de la corde. Elle veut que tu reviennes. Elle veut, qu’ensemble, vous combattiez
« Tout ça », tout ce qui hante, ce qui vous malmène. Le lien qui vous raccroche au passé. Il faut qu’une personne vienne vous l’arracher, pour que vous puissiez avancer librement, sans être constamment ramené en arrière. Elle veut être ta personne, celle qui te libèrera, et toi, tu seras la sienne. Tu dois la soutenir, la pousser vers l’avant, qu’elle s’envole, loin de ce « tout ça ».[…] Kôta regarda Abigail, le regard interdit. Une fine pluie frappait son visage. Il se sentait dédoublé, véritablement dédoublé. Son corps et son âme ne correspondaient plus, il y avait une trop forte dissonance, ils n’étaient pas sur les mêmes rails. Rien ne pouvait fonctionner convenablement comme ça. Son âme hurlait à Abigail qu’il voulait la suivre. Mais son corps ouvrit la bouche pour répondre tout autrement. « Abigail… Ne perdons pas notre temps, il faut attraper la fugitive. » Le garçon lâcha la main de la fille et se retourna docilement, l’air plus taciturne que jamais. Ailleurs. Il avança sur le sentier qui menait à la grande forêt de Kunugi. C’était là qu’ils devaient se rendre pour leur mission. Tais-toi s’il te plait Abigail, je ne peux pas le faire, je ne peux pas, tu vas trop vite, attend-moi encore un peu.« La forêt... encore. » Il se baissa pour relever son jean. Il avait bien deux poignards, un à chaque jambe, caché sous le tissu. Il se redressa et regarda Abigail, mais une flèche passa sous son nez pour se planter dans un tronc d’arbre plus loin. Il se mit en garde instinctivement, même s’il comprit que c’était inutile s’ils avaient à faire à un ennemi à distance. Il y eu un mouvement dans un buisson non-loin et deux personnes s’avancèrent vers eux. Des chasseurs. Le plus robuste donna un coup dans le crane du gringalet, et celui-ci, tout penaud, s’excusa en s’inclinant devant les deux mages. « Dé-désolé. C’est ma première chasse, j’ai tiré sans faire exprès, je ne maitrise pas encore l’arbalète… Désolé. _ Vous vous aventurez dans la forêt ? Désolé d’interrompre votre petite balade amourette, mais il vaudrait mieux rentrer chez vous. On est une vingtaine de chasseurs à faire la levée de tout Kunugi. On chasse un spécimen un peu particulier. _ S’agirait-il de ceci ? » Kôta avança la feuille de mission qui décrivait leur propre cible sous les yeux du chasseur. Etonné, l’homme recula sa tête puis regarda, éberlué, les deux mages. « Dites-moi pas qu’c’est vous qu’ils envoient pour capturer la sanguinaire ? Si ? Après tout c’est que vous devez être qualifié pour ça, enfin je l’espère. Bref, on nous a demandé de faire le tour de la forêt pour ne pas qu’elle s’échappe. Elle est cernée, normalement, c’te femme. On nous a demandé de ne pas intervenir, que des mages allaient s’occuper de l’attraper. Si c’est vous, et bien… Je ne vous retiens pas. La forêt est grande, vaut mieux ne pas s’y perdre… Ça serait dommage que pour vous aussi on envoi du monde à votre recherche, m’voyez. _ Merci pour votre aide, nous ferons attention. _ Bonne chance. Vous allez en avoir grandement besoin. » Le chasseur se décala, comme pour leur laisser l’entrée libre jusqu’à la forêt. Ils seraient protégés du mauvais temps avec les épaisses feuilles qu’il y aura au-dessus d’eux, mais l’obscurité sera encore plus forte, encore plus pénétrante à l’intérieur. Ils devaient vraiment s’y aventurer comme ça ? Comment est-ce qu’ils pourraient retrouver leur cible dans de pareilles situations ? Au moins, les chasseurs empêcheront qu’elle ne s’en échappe. Mais était-ce suffisant ? Une simple arbalète pourrait-elle stopper celle qu’ils recherchaient ? Et eux deux, d’ailleurs ? En seraient-ils vraiment capables ? © Lutèce Factory & Arranged by Kôta |
| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Mer 16 Oct - 14:59 | |
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Abigail Phoibos
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Il devient poussière, l'ondulation de ses lèvres apathique se figent dans une réponse anéanti. Comme s'il avait envie de vomir sa détresse, mais elle s'ancre fermement à lui, lovée contre son membre cardiaque. Les yeux d'Abigail ricochent contre ceux de Kôta...et rien. Il ne se passe rien. Un empire de rien. Elle se contenta d'un sourire maladroit en guise de vague excuse, puis ils poursuivirent leur route. Il n'y a pas de soucis tu sais, je t'attendrais.
L'averse grandissait la forêt, l'étendue boiseuse se présentait face à eux dans un silence presque mystique. Kôta faisait la conversation avec les chasseurs tandis qu'Abigail se contentait d'examiner les contours des écorces, le mouvement des feuilles, les empreintes fraîches tailladées dans la terre devenue vase. Ils n'étaient pas avantagés, les mouvements seraient restreints par un espace si étroit. La mage recherchée aurait trop d'avantages : la position dans laquelle ils se trouveraient, les angles morts qu'elle détecterait dans l'ombre... Elle frémit légèrement, une buée blanche s'échappa de ses narines dilatées. Abigail hocha courtoisement la tête face aux deux chasseurs, puis emboîta le pas de Kôta, ils s'avançaient vers l'antre de la forêt qui s'ouvrait à eux comme la corolle d'une fleur. Les gouttes d'eau s'écorchaient contre la forêt, ses pieds s'enlisaient dans la terre, comme si la nature même s'opposait à eux, comme si elle leur implorait de faire demi-tour.
Soudain, Abigail sentit une main forte se poser avec brusquerie sur son épaule. Elle s'apprêta à charger, le poing en l'air, quand elle remarqua les traits de la personne, son poing se stoppa brusquement à quelques centimètres du visage de l'homme.
Le chasseur.
Abigail soupira légèrement et désamorça sa méfiance. Le chasseur parût décontenancé par les réflexes avisés de la mage et se contenta d'un raclement de gorge gênée.
_ Qu'est-ce qui se passe ? _ Euh...Je... Non, non rien. Je voulais juste vous filer un truc. _ Hum ? _ Vous avez fait tomber... ça.
Il lui tendit en guise d'offrande une sacoche en cuir qu'Abigail saisit. Ses paupières lui brûlèrent violemment les iris, comme si elles s'enflammaient rien qu'à la vue de l'objet. Abigail releva brièvement les yeux vers le chasseur.
_ Ce n'est pas à moi, c'est à elle...À terre !
Ses deux mains saisirent brusquement l'arrière de la tête du chasseur et celle de Kôta pour les plaquer au sol. Une attaque magique les frôla, prête à les faucher et à les détruire. Abigail se releva légèrement, effectua une myriade de coup, mais à peine allait elle enchaîner un sort, qu'elle sentit une douleur vive au niveau du menton. Un coup de genou qui la fit tomber en arrière, le sol bouseux amortissant sa violente chute. Abigail s'apprêta à se relever, jusqu'à ce quelle sente une nouvelle attaque la faucher et l'éloigner de la position de Kôta et du chasseur. Un cri de détresse de noua dans sa gorge, impossible à exploser tant les coups la harcelait. Elle fut expédiée à nouveau sur plusieurs mètres, déjà chancelante, elle épousa une position de combat pour se défendre. Au loin, une forme sinueuse s'avançait vers elle. Le souffle haletant, court, s'échappait et l'entravait à réfléchir correctement. L'obscurité obstruait sa vision, elle sentait du sang s'écouler de ses plaies fraîchement ouvertes. La silhouette s'avançait, imperturbable. Abigail ne bougeait pas.
_ Candice ?
L'ombre se stoppa dans l'élan pendant quelques secondes à peine, décontenancée à l'appel de son prénom. Abigail eût un sourire abject.
_ C'est toi, n'est-ce pas ?
Aucune réponse de la part de l'interlocutrice qui se contenta de s'avancer à nouveau, Abigail recula de quelques pas. Elle sentait ses membres marbrés de coups s'ankyloser, l'adrénaline battait dans ses tempes et son sang n'était devenu qu'acide prêt à se défendre. La silhouette sembla satisfaite, elle tendit son bras vers la position de Kôta et du chasseur, un peu plus éloignés. Abigail s'apprêta à tendre le bras pour l'arrêter, mais la boule d'énergie fut expédiée avec violence, suivit par une salve de nouvelles sphères pour tenir Kôta éloignait d'elles. Comme si Candice cherchait à régler quelque chose d'important avant de s'attaquer à lui. Ce qui était le plus déstabilisant, c'était l'impassibilité dans laquelle Candice était statufiée : une dame de fer au cœur congelé par les intentions de Black Jack. Abigail se rua sur elle, mais son assaut fut vite étouffé par un nouveau coup dans le visage. Éreintée, elle sentit le sol l'attirait et s'écroula, jusqu'à sentir que Candice lui attraper le cou dans sa poigne forte. Elle la traîna violemment au sol, avant de la bloquer contre le tronc d'un arbre.
_ C'est toi qui t'es battu contre mon frère.
Elle la souleva un peu plus, le visage toujours immaculé d'émotions.
_ Il sourira lorsqu'il saura que ton sang baigne dans cette boue.
Elle lâcha Abigail qui glissa contre l'arbre, la motivation vidée par tout ses coups, le corps liquéfié par rien que l'entendre parler. Légion avait toujours été la peur. Elle la serait toujours.
Elle sentit une arme traverser l'étoffe de ses vêtements, le tissu musculaire céder sous l'impact, et le visage toujours aussi vide de Candice. Abigail se cambra vers l'avant, une vague de sang sortit de ses lèvres ainsi que le cri qui s'annihila contre les arbres humides.
« KOTAAAA ! »
Puis l'arme sortit, laissant les stigmates d'une entaille profonde dans son abdomen. Ses jambes s’enfoncèrent dans la boue tandis qu'elle saignait abondamment au niveau du ventre. On aurait dit des pétales de coquelicots liquides qui s'enfonçait dans la boue. Abigail s'écroula sur le côté, le souffle vide, la motivation annihilée, ses paupières se voilèrent tandis qu'elle tendait une dernière fois la main vers Candice qui lui tourna le dos pour s'occuper de Kôta.
Elle ferma les yeux, les sens démolis. La pluie l'ensevelit. Elle frémit.
_ Je n'peux pas mourir ici.
Sa main se posa sur son ventre pour retenir les pétales liquides qui s'écoulait hors d'elle.
_ Pas maintenant.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Ven 18 Oct - 18:38 | |
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Hirata Kôta
| l'enfer règne autant que le ciel abi, es-tu toi aussi ...?
« KOTAAAA ! »
Un cri glacé et glaçant. Kôta était resté tétanisé devant la scène qui s’était déroulée devant lui. Ils marchaient tranquillement, s’enfonçant progressivement dans la forêt, quand le chasseur les avait rattrapé aussi vite qu’il avait pu. Et heureusement, car on leur avait préparé un piège. Une silhouette affreusement furtive, tellement rapide qu’il était difficile de la discerner, les avait attaqué. Abigail avait réussi à parer ses premières attaques, mais l’autre femme les avait isolés. Le chasseur avait tenté de venir en aide à la blonde, mais sans même les regarder, elle l’en empêcha en envoyant une offensive magique pour le forcer à reculer. Elle voulait Abigail. Elle, Candice, la tortionnaire de Legion, celle qui avait tué Yume no Ai et qui hante les rêves noirs du jeune mage depuis des mois. Tétanisé, Kôta l’était réellement.
Ses membres s’étaient tus, ils n’offraient plus aucun geste. Il n’avait même pas levé le pouce, pas même ouvert la bouche. Seuls ses yeux s’étaient écarquillés devant l’horreur de la scène. Candice était trop forte, son passage en prison n’avait pas calmé sa hargne. Elle sauta littéralement sur Abigail, la plaquant contre un tronc d’arbre, et l’embrocha d’un coup sec, furtif, précis. Mortel. Abigail poussa alors ce cri, ce « KOTAAAA ! » qui sortit le garçon de sa torpeur silencieuse. Où avait-il la tête ? Pourquoi ne réagissait-il pas ? Il n’était pas un mage capable de se débrouiller en combat. Abigail était une combattante, elle savait se débrouiller. Mais elle était tombée, et désormais seuls le chasseur et Kôta restaient face à la furie violette qui s’était déjà tournée vers eux.
Leurs regards se croisèrent alors. Kôta plongea ses yeux dans ceux de la fugitive. Il y vit un spectacle désolant. La seule motivation de Candice était la haine, la vengeance. Elle non plus, à sa manière, ne s’était pas remise des évènements sur l’île de Legion. Elle avait perdu, s’était faite arrêter. Kôta ne l’avait jamais vue réellement, il la rencontrait enfin. Quand elle s’était manifestée sur l’île, il était déjà plongé dans son coma artificiel, forcé, surjoué. Il avait pressenti l’horreur qui allait arriver et s’était endormi en espérant se réveiller loin de tout ça. Tout était de sa faute. On ne peut échapper à certaines choses. Candice en était une. Kôta avait cru l’éviter, mais Candice était là, devant elle, avec la ferme intention de le tuer, lui aussi.
Il vit qu’elle semblait le reconnaitre. Elle avait surement vu son visage dans les journaux qui avaient suivis les évènements. Emprisonnée, elle avait dû passer son temps à ressasser sa défaite, à afficher les visages ennemis pour planifier sa vengeance. Elle s’était échappée et avait sagement attendu dans la forêt, comme si elle savait qu’ils allaient venir la chercher. Elle s’était déjà occupée d’Abigail ; comment Kôta allait-il pouvoir s’en sortir ?
Elle sauta en sa direction, et sans pudeur lui administra un coup de boule. Kôta tomba à la renverse, sentant son nez craquer et le goût du sang déjà présent. Elle tomba avec lui, tombant délibérément sur son corps, et lui administra un coup de genou dans le flanc. Le garçon en eut la respiration coupée, perdant tous ses moyens. Tout allait trop vite pour lui. Il allait mourir.
Candice pourtant se dégagea de lui ; le chasseur sur le côté de la scène avait tiré avec son arbalète en direction du visage de la femme, mais sentant la flèche arriver grâce à sa perception accrue, la criminelle sauta en arrière et se décala de plusieurs mètres pour éviter tout attaque du chasseur. Son attention entière se porta sur le pauvre homme, qui venait de tirer maladroitement pour empêcher la situation de dégénérer. Candice, sanguinaire à souhait, s’avança tranquillement vers le chasseur jusqu’à ce que son visage frôle celui de l’homme qui ne bougeait plus à cause de la peur.
« Ne gâche pas ma fête. Cours aussi vite que tu peux avant que je ne te rattrape. »
Le chasseur attendit quelques secondes, comprenant que Candice lui donnait une chance de s’enfuir, et il se retourna, prenant ses jambes à son coup. Kôta souffla, presque content qu’au moins lui puisse s’échapper. Mais la femme leva alors sa main, pointant son doigt en direction de l’homme, et un rayon magique s’en échappa, transperçant le dos du chasseur qui tomba, inerte, dans un bruit sourd. Une plaie béante déversant des gerbes de liquide violacé tâchant son habit.
Kôta s’était déjà relevé malgré la douleur. Il ne pouvait plus laisser passer ça, même s’il était seul. Il ne pouvait se démettre, il fallait qu’il se batte jusqu’au bout. Pour la première fois de sa vie, il ne songeait pas à fuir, mais à combattre. Qu’importe le fait que ses chances de victoire étaient minimes, qu’importe la douleur. Cette fois il ne fuirait pas. Il observa avec fureur la femme assassine et voulu la défier. Lui montrer qu’il était là, debout, prêt à en découdre.
« Candice… Tu sais qui je suis ? »
Elle se retourna vers lui, lentement, interloquée par cette question. Elle profitait de cet instant de domination. Elle était la maitresse du jeu en ce moment et était satisfaite de voir qu’une de ses cibles souhaitait la combattre de face. Elle ouvrit la bouche pour lui répondre.
« Absolument pas. »
Ce fut le déclic. Kôta, malmené par cette réponse, activa sa magie, un sort qu’il n’avait jamais testé dans de telles conditions – Flow. Il concentra sa magie dans ses jambes, agissant sur ses muscles et son système sanguin pour améliorer ses performances physiques. Ses jambes chauffèrent instantanément sous l’action. Candice lui sauta dessus, le poing levé, mais Kôta, porté par ses jambes beaucoup plus vigoureuses, évita l’attaque avec une certaine aisance et balaya l’air de son poignard. Il trancha l’épaule gauche de Candice, qui frappait avec surprise dans le vide. Du sang s’échappa de sa plaie.
Il bondit en arrière tandis qu’elle s’arrêtait pour le contempler de loin. Elle semblait étonnée qu’il soit devenu si rapide, mais son expression changea rapidement pour redevenir froide et troublante.
« Tu étais sur l’île toi aussi. »
Elle ouvrit sa main en direction de Kôta et envoya une sorte d’onde de choc magique qui propulsa Kôta en arrière, trébuchant contre une racine et tombant à nouveau à terre. Candice se jetait déjà sur lui, mais Kôta, toujours boosté par sa magie, bondit sur ses jambes et sauta par-dessus Candice et se laissa tomber dans le dos de la femme, ses pieds déjà transformés en serres d’aigles. Toutes ses griffes se plantèrent dans l’échine de la femme qui poussa un cri rauque sous la douleur. Kôta, tombant sur la femme, planta son poignard dans le dos de la femme qui sembla perdre connaissance.
Kôta se déplaça sur le côté, n’osant contempler le corps de Candice, et annula sa magie qu’il avait déjà trop utilisée. Tout son corps était ankylosé, il dû se soutenir sur un tronc d’arbre pour se redresser et avancer vers Abigail. Elle était toujours allongée. Mon dieu, faites qu’elle ne soit pas… Il tomba presque sur elle et vit directement qu’elle respirait encore, malgré l’affreuse blessure qui lui déchirait le ventre.
« Abigail, c’est fini, tout est fini, je nous ramène à la maison, chez nous… _ Rien n’est terminé, au contraire, la partie ne fait que commencer. »
Kôta se retourna, Candice était debout, leur faisant face. Ses blessures dans le dos n’étaient que superficielles, elle avait seulement été surprise par les réflexes de Kôta. Mais elle était debout, tandis qu’eux étaient toujours à terre. Elle tendit la main dans leur direction, et leur lança une attaque magique pour les désintégrer. Kôta, cette fois, son corps trop épuisé à cause de l’utilisation de Flow, ne put que fermer les yeux en guise de réflexes.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Lun 21 Oct - 13:56 | |
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Abigail Phoibos
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Étendue au sol, comme une princesse déchue, dont les corolles de roses liquide éclosent sur son ventre fissuré. Ses pupilles vides et ternes suivent les mouvements de combats sans pour autant arriver à les distinguer avec ses réflexes aiguisés, l'averse froide s'abat contre sa peau, lui apportant comme offrande le fait de ne pas s'évanouir. Ses yeux se pli à moitié, tandis qu'elle sent un corps chuter dans la boue, elle sent la panique éclatée hors de son ventre. Hors d'elle, jusqu'à sentir quelque chose de chaud l'entourer comme si on couvait un oisillon les ailes ensevelies dans la boue. Ses iris se levèrent vers la personne. Kôta. Il semblait rassuré de voir qu'elle allait bien, malgré l'étendue écarlate qui s'était transformé en marécage, dans lesquelles ses chevilles baignaient. Ses halos lumineux plongés dedans, si bien que le vert auparavant doux s'était mué en quelque chose de pourpre, de laid.
Sa main, tremblante se posa sur la joue de Kôta.
_ Pardon...
Puis elle la laissa retomber au sol, inerte, comme si ses muscles étaient devenu aussi inertes et visqueux que ceux d'un mollusque. Abigail avait l'impression d'être un ectoplasme, quelque chose d’insaisissable.
Pourtant Kôta la tenait pour ne pas qu'elle perde pieds, jusqu'à entendre la voix lui abrutir les tympans, les exploser avec cette voix métallique qui suinte la haine. Candice est debout, face à eux.
Candice veut se battre et les tuer. Tous les tuer.
Elle murmura une incantation, et dans un cri de fureur, une valve d'énergie puissante se diriger. Abigail poussa Kôta derrière elle, effectua quelques mouvements des mains, avant de murmurer.
_ Guardian... soul...
Une barrière verte s'érigea, Abigail, par manque de force, cogna son front contre la protection et contre lesquelles les attaques répétées et violente de Candice ricochaient. Abigail retira son haut, exhibant alors plusieurs bandelettes autour de sa poitrine pour la maintenir, elle arracha l'étoffe pour en faire une bande assez large, penaude, elle l'enroula autour de son ventre pour presser la blessure et stopper l'hémorragie par la même occasion. Sa main, faible, s'appuya contre la barrière pour l'aider à se relever, laissant une empreinte de ses doigts imbibés de sang contre l'éclat de verre. Candice stoppa directement ses attaques, affichant un rictus de dégoût quand elle vit Abigail se relever. Les jambes d'Abigail faillirent se rompre pour soutenir son poids, mais elle tenu bon.
_ Kôta, je vais utiliser un sortilège puissant. Très puissant. Il durera environ dans les trois, voir cinq minutes si je suis chanceuse.
Elle se pencha vers lui, en souriant et lui tendit sa main qui tremblait.
_ On va affronter ça. Ensembles.
Elle l'aida à se relever, puis plongea ses doigts dans le sang pour l'imprégner sur ses chevilles, comme si elle maquillait un assaut, puis elle se concentra. Son esprit se vida peu à peu pour faire appel à ce qu'elle avait apprit lors de ses entraînements rigoureux et qu'elle avait appliquait avec la discipline d'un soldat.
_ Ground... Dasher. Un cercle vert aux couleurs plus chaudes s'esquissa sous elle, jusqu'à ce qu'une aura verte s'accapare sa silhouette. Elle sentit une espèce de morphine se distiller à l'intérieur de ses veines pour apaiser la douleur de l'hémorragie, ses paupières se scellèrent, jusqu'à voir s'ouvrir sur des pupilles incandescentes. La barrière céda derrière l'énième assaut de Candice, Abigail esquiva la boule d'énergie d'un mouvement ample de l'épaule. Elle souffla une dernière fois, jusqu'à s'accroupir pour prendre la position d'un coureur, puis elle après avoir marqué son départ, elle partit comme un flèche, délaissant sous son passage vif une pluie de boue.
Candice avait eût le temps d'esquisser une garde qu'Abigail parvint à détruire, à l'aide d'un coup au niveau du plexus solaire de la mage de Légion. Candice se courba en avant, crachant du sang sous la violence abrupte du coup, dévoilant sa nuque à Abigail. Cette dernière tendit son coude et l'expédia sur la nuque de Candice. Le choc fut brutal.
Candice tomba au sol, Abigail effectua une nouvelle position imprégné de grâce et d'assurance. Elle fit signe à Candice de se relever.
_ Lève-toi.
Elle s'exécuta et bondit comme un grand fauve en colère sur Abigail qui ne parvint pas à l'esquiver, elles roulèrent sur plusieurs mètres, déracinant les troncs et s'enfonçant encore plus dans la boue. Candice parvint à avoir le dessus sur Abigail, ses mains se réunirent autour de sa nuque pour l'étrangler.
_ Crève, crève, crève !
Abigail se contenta de la contempler, un sourire triste.
_ Tu me fais... tellement de la peine.
Kôta, tu avais l'ouverture parfaite.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Mar 22 Oct - 20:35 | |
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Hirata Kôta
| l'enfer règne autant que le ciel abi, es-tu toi aussi ...?
« Crève, crève, crève ! »
Abigail leur avait sauvé la mise en utilisant sa magie, invoquant une barrière protectrice. L'image floue de Candice, au-delà du dôme magique qui les protégeait de la furieuse criminelle, se mouvait dans des esquisses abruptes, ses cris déformés par la barrière magique leur parvenaient en différé, ils ressentaient la rage qui animaient ses propos, et Kôta, réalisant qu'ils avaient échappés de peu à une attaque venant d'une personne aussi dérangée, aussi dévastatrice, ressentit un frisson d'angoisse lui glisser sous la peau. Son alliée se releva, sa blessure pansée, et elle défia Candice, directement face à elle, mais encore séparée par la barrière de verre. Elle aida Kôta à se relever, et ils se tournèrent vers leur adversaire, main dans la main.
« Kôta, je vais utiliser un sortilège puissant. Très puissant. Il durera environ dans les trois, voir cinq minutes si je suis chanceuse. On va affronter ça. Ensembles. _ On peut le faire, je crois en nous. »
Il n'osait pas la questionner sur sa blessure, elle semblait si déterminée à se battre qu'il ne voulait briser son élan de combativité. Elle utilisa un nouveau sort, imprégnant sa silhouette d'une luisance verte, et se mit en position d'assaut. Sa magie durait environ trois minutes, disait-elle; ils allaient devoir tout donner durant ce laps de temps. Candice, à force de s'acharner, brisa la défense, et une salve d'énergie magique obligea les deux Pégases à se séparer. Abigail passa directement à l'assaut, son coup précis déstabilisa la criminelle et la massa violette tomba à terre. Loyale, elle lui commanda de se relever avant de repartir à l'assaut. Kôta s'approcha, toujours ralenti par le contrecoup qu'il ressentait suite à l'utilisation de Flow, mais il se stoppa en voyant avec effarement Candice reprendre le dessus. Abigail avait vu la main crispée de la criminelle aller jusqu'à sa gorge pour l'étrangler.
« Tu me fais... tellement de la peine. _ Crève, crève, crève ! _ Lâche-là !»
Kôta, focalisé sur Candice, lui sauta dessus, mais son geste était rendu inutile à cause de la mollesse de son corps. Candice, sans desserrer l'étreinte fatale de ses doigts autour du cou d'Abigail, renvoya Kôta à terre d'un coup souple du pied qui lui érafla le visage. Kôta, sonné, se redressa, tentant de ne pas glisser dans la boue, et vit les deux formes féminines juste à côté de lui. Il fallait qu'il intervienne, il n'allait pas laisser son amie se faire tuer devant ses yeux. En serrant les dents, il se concentra à nouveau sur Flow, cette fois en rassemblant toute son énergie dans son poing. Accumulée à l'envie éreintée d'en découdre, d'en finir avec toute cette peur, cette léthargie corrosive qui l'accablait depuis des semaines, il se releva, son sort en marche. Il s'approcha gravement vers Candice, leva le poing, et la frappa en plein visage d'un coup bien placé.
La criminelle fut projetée avec une intensité inédite dans le paysage, malmenée par le simple coup de poing, tandis que Kôta, lui-même entrainé par son coup, fut repoussé en arrière et il tomba à nouveau dans la boue sale. Sa technique consistait à rassembler toute sa magie dans une partie de son corps, il l'avait utilisée sur son poing, le rendant étonnamment puissant. Mais Kôta, qui utilisait pour la première fois cette habilitée sans réfléchir, hurla de douleur en sentant ses os craquer sous la pression. Il annula directement le sort en se mordant les lèvres pour ne pas songer à la douleur. Peut-être que le combat n'était pas terminé.
Le garçon se redressa, s'approcha d'Abigail qui était restée proche de lui, et passa son bras autour du sien, la soutenant avec son propre corps à lui.
« Abigail... Tu as déjà trop encaissé, repose-toi. »
Instinctivement, le garçon leva la tête après s'être assuré de l'état de son alliée. Au loin, le corps de Candice, propulsé à toute vitesse par l'impact du coup de poing, s'était écrasé contre un arbre qui s'était abattu lamentablement sur le sol. Mais il n'y avait plus trace de la criminelle, déjà. Une tâche de sang s'étalait sur le sol, juste devant la souche du tronc brisé, mais le corps n'était plus là. Faisant le tour de lui-même, Kôta ne la trouva pas non plus ici et là. Il ferma les yeux, se concentrant sur les alentours.
Non, elle avait disparue.
Les oiseaux s'étaient remis à chanter.
Kôta fonça alors directement vers la position où se trouvait le chasseur, abattu par la sadique criminelle. Il vit avec satisfaction que l'homme n'était pas touché à ses points vitaux, il s'était redressé tout seul et s'était endormi, assis contre le tronc d'un arbre. Kôta, heureux de voir qu'aucun mort n'était à compter, ressentit toute la pression s'envoler de son corps.
Il se laissa presque tomber à même le sol, se réceptionnant au dernier moment, et s'allongea de tout son corps dans l'herbe humide. Les yeux clos, il se rendit compte que sa respiration était saccadée, trop rapide, mais il ne réussit pas à se calmer avant quelques longues secondes. Il souffla lentement avant de rouvrir les yeux.
« Excuse-moi Abigail, c'est toi qui devrait te plaindre à ce moment à cause de tes blessures, pas moi, je n'ai presque rien eu. Je suis désolé. »
Penaud, il se redressa et se pencha vers la fille.
« Candice est partie, mais elle va revenir quand elle sera de nouveau sur pieds. Il faut profiter de cet instant de répit pour nous reposer, et pour soigner cette vilaine plaie que tu as à ton ventre. Tu peux marcher ? Nous ne sommes pas loin de l'orée de la forêt, nous pourrons retrouver rapidement des chasseurs pour nous aider, et il y a forcément un médecin à Kunugi. Il faut se reposer, mais... »
Kôta croisa le regard d'Abigail et comprit qu'il n'avait pas besoin de terminer sa phrase pour qu'elle devine ce qu'il allait dire.
...mais il faudra être prêts pour la deuxième manche.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Sam 26 Oct - 14:00 | |
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Abigail Phoibos
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Aussi puissantes que les serres acérées d'un aigle, les mains de Candice s'étaient ancrées dans le cou de Abigail pour étouffer ce venin qu'était le bleu limpide de ses yeux ternis de mépris, pour que ses lèvres vermeils s'éteignent dans un ultime rictus d'amertume et de peur. Mais rien, le pégase la toisait avec cet air de tristesse irrépressible. Alors Candice voulait que ses ongles écorchent sa peau, qu'ils s'enfoncent avec violence dans sa chair pour démembrer cette émotion hautaine de Abigail.
Elle voulait l'anéantir dans un dernier soupir qui la ferait suffoquer. Mais seul le vide daignait lui répondre.
Puis, il y eût la frappe troublante de Kôta qui l'arracha de sa monomanie – vive et puissante – comme ses traînées de poudres que distille les comètes lorsqu'elles éventrent les ténèbres qui règnent sur les cieux. Par autisme précédant le choc, Candice ne put se permettre de gémir et sa voix s'arrêta au bord de ses dents, injectant un poison rouge sur le sol. Abigail, toujours étendue au sol dans son linceul de boue, se releva aussitôt, titubant pour récupérer la maîtrise de ses appuis perdus. Kôta glissa son bras autour du sien pour la soutenir.
Elle toussa, récupérant son souffle par une quinte de toux tandis qu'il s'étendait au sol pour reprendre le contrôle sur son esprit. L'herbe humide se teintait d'un vert éclatant et doux, chassant la boue, les quelques rayons timides de l'astre solaire illuminaient Kunugi, insufflant une atmosphère sereine et détendue.Une sorte d'Eden dont la splendeur éclata aux yeux d'Abigail. Kôta parla, elle l'écouta longuement, expiant ses pensées acérées sur le retour de Candice.
Ce n'était pas normal qu'elle se mette à manœuvrer maintenant, quelque chose s'était passé pour la pousser à agir et à orchestrer des nouveaux desseins, elle ne pouvait être seule.
Abigail hocha la tête, d'un sourire légèrement maladroit, elle chuchota faiblement.
_ J'ai besoin que tu m'aides à marcher, je sens que je vais tomber sinon...
Elle ponctua sa phrase d'un rire légèrement gêné. Alors que Kôta l'aida à regagner ses appuis, ils marchèrent jusqu'à l'entrée de la forêt où un groupe de chasseur s'étaient greffés, l'air affreusement inquiet. Abigail se pressait le ventre pour que ses entrailles cessent de vomir ses soupirs écarlates. À leur vue, l'un d'entre eux quitta le groupe pour s'avancer vers les deux mages.
_ Elle s'est enfuit en hurlant comme une démente qu'il était revenu... On a pas compris et on a pas pu l'arrêter, l'essentiel c'est que vous êtes saufs, les jeunes. Mais... Bordel, vous êtes blessés.
Un chasseur massif se distingua du groupe de part sa montagne de muscle, il s'avança vers Abigail qu'il souleva délicatement du sol et la porter. Abigail gênée mais épuisée, se laissa faire, comme un pantin désarticulée qui n'avait été que trop usé. D'autres s’avancèrent vers Kôta, remarquèrent les jointures brisées de ce dernier, puis le soutenir à marcher jusqu'au noyau et repère des mercenaires.
***
Grâce à quelques sortilèges de soins, la plaie béante d'Abigail s'était close sur sa chair, ne daignant même pas laisser le stigmate d'une cicatrice. Ils avaient été choyés, soignés et lavés. Le repère était un amoncellement de maison typiquement japonaise, qui se regroupait autour de jardins somptueusement décorés, d'un terrain d'entraînements qui servaient de pratique pour les coups de feu et les combats aux corps-à-corps. Impressionnant.
Puis la nuit s'était imposée comme impératrice, détrônant le monarque Soleil. Deux chambres leurs avaient été laissés comme offrande de « dédommagement » pour les quelques blessures reçues. Abigail s'était allongée, mais bientôt, elle subit des terreurs nocturnes. Des images floues, des personnes encapuchonnées qui se penchaient au dessus de sa silhouette en la dévisageant, en lui roucoulant qu'ils l'avaient retrouvés et qu'ils allaient lui arranger le portrait. Impossible de dormir, alors elle déserta la chambre pour siéger dans un espèce de coussin face à une table basse, une tasse de thé brûlante qu'elle tenait entre ses mains glacées. Ses iris contemplait le village des mercenaires désormais silencieux qui était agréable. Elle sentit brusquement un bruit rauque derrière elle, comme si quelqu'un venait aussi de quitter la chambre.
Un sourire léger flotta dans l'air.
Abigail ramena la tasse de thé à ses lèvres et but une profonde gorgée, le liquide chaud lui permettait d'être éveillée. D'un mouvement ample et gracieux des épaules, elle fit face à celui qui avait eût la même idée qu'elle, se poser dans une pièce silencieuse pour contempler les abysses de son esprit.
_ Kôta ?
Une série de question lui harcelaient les lèvres, mais elle se tût. Elle se contenta de servir une autre tasse de thé si Kôta désirait en prendre, puis elle fixa à nouveau le village vide. L'air frais lui faisait du bien et apaisait tout son questionnement sur Candice, sa réapparition. Du coin de l'oeil, elle observa ce que faisait Kôta. Elle décida promptement d'entamer la conversation.
_ Comment tu te sens ? Tes jointures vont mieux ?
La question était à double sens ; Comment te sens-tu Kôta, d'avoir fait face à un passé que tu as sans cesse refoulé ? Comment tu te sens, lorsque tu sais que l'ombre d'un passé hanté que tu as voulu oublié a voulut d'étreindre pour t'étouffer ?
_ Je suis désolée de ne pas avoir pu t'aider face à elle.
Puis elle étouffa à nouveau la discussion, elle savait que discuter de Légion avec Kôta était dangereux. Elle craignait qu'il s'enferme dans son silence et recroqueville les épaules, et ce n'était pas son but. Abigail se contenta d'observer à nouveau les étoiles qui scintillaient dans les ténèbres.
_ Ta frappe de toute à l'heure était absolument violente. Je ne t'avais jamais vu ça, le flux de magique que t'as déployé était impressionnant, c'est normal que ton corps n'ait pas supporté autant de quantité. Néanmoins, le coup était trop abrupte, trop puissant, il n'y avait pas assez de fluidité et ça a coupé le flux de magie au niveau de tes jointures, c'est pour ça qu'elles se sont brisées.
Elle sourit légèrement.
_ J'ai une technique qui a les mêmes critères que la tienne, j'ai eu le temps d'en supporter les frais.
Elle rigola légèrement, puis elle se tourna vers lui.
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta Mar 29 Oct - 16:43 | |
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Hirata Kôta
| l'enfer règne autant que le ciel abi, es-tu toi aussi ...? Kôta se massa les phalanges, cachées derrière une bande blanche. Une violente douleur traversait toujours sa main droite, et la tombée de la nuit n’avait pas arrangé les choses. Il ne pouvait s’endormir, pas forcément à cause du mal physique, plutôt à cause des trop longues pensées qui le malmenaient. Les heures passées après la brève entrevue, les coups furtifs et mortels échangés avec Candice, et voilà qu’enfin le garçon réalisait pleinement ce qu’il venait de vivre.
A vrai dire, sa main était partiellement, voire quasi-totalement guérie grâce aux soins prodigués par leurs hôtes de Kunugi, mais le souvenir cuisant de Candice, les échos de peur qui happaient ses brèves réflexions se répercutaient dans sa main. Ce bandage qu’il avait gardé était une preuve qu’ils avaient survécus, mais une preuve qui faisait mal, car Candice était toujours en liberté, plus folle que jamais. Quand cette constatation repassa une énième fois dans son esprit, il rejeta à ses pieds l’épaisse couverture de son lit et se mit debout. En pyjama, il se déplaça jusqu’à la fenêtre, guettant la tranquillité troublante de la nuit, puis enfila un léger gilet sur ses épaules avant d’ouvrir la porte. Il ne pourrait pas dormir, il avait manqué le coche du sommeil. Alors il allait bouger un peu.
Il fut surprit de tomber face à Abigail, qui méditait seule avec une tasse brulante entre ses doigts. Elle l’accueillit avec un sourire, et Kôta, bredouille, un peu gêné de se présenter dans cet accoutrement, se laissa tomber sur un coussin près d’elle. Elle lui versa une tasse de thé, il l’a reçue avec complaisance, puis la remercia d’un hochement de tête. Ses paumes qui épousaient les contours du récipient furent saisies par la chaleur fumante de la porcelaine, et les courants d’airs qui habitaient l’endroit faisaient un doux mélange avec ce surprenant réchauffement. Pendant que le garçon gouta timidement l’eau parfumée, alimentant son frisson issu de cette différence de température, Abigail ouvrit la bouche, tournée en sa direction, pour lui demander s’il allait bien. Sa question était pleine de sens, et il reposa promptement sa tasse devant lui pour contempler la fille dans les yeux, sans timidité.
« Ça va plutôt bien… » répondit-il, préférant s’abstenir de tout développement avant de savoir si Abigail était prête à les entendre. Il avait envie de lui parler, il avait soulevé les mots pendant des heures durant, quand ils avaient été séparés après leur combat, chacun soigné de son côté, puis emmenés dans des chambres différentes pour la nuit déjà tombée. Il avait choisi les mots qu’il n’avait pu faire sortir des heures plutôt. Ou alors, était-ce Candice qui les lui avait implicitement arrachés de la gorge ? En tout cas, après le combat, il était capable de dire ce qu’il n’avait pu exprimer auparavant. « Je suis désolée de ne pas avoir pu t'aider face à elle », continua-t-elle après un silence tranquille. Kôta continuait à l’observer, essayant de transmettre par un regard toute la gratitude qu’il voulait lui offrir. « Ne sois pas modeste, tu nous as tous sauvé la vie. C’est plutôt à moi de m’excuser de ne pas avoir réagi plus tôt. Tu aurais évité des souffrances inutiles. »
Il regarda son bandage. La douleur s’atténuait progressivement, le fait de changer d’air aidant. Une souffrance était-elle si inutile ? Sans douleur, aurait-il accepté enfin le fait que Candice était revenue, qu’il devait désormais se battre pour survivre, pour empêcher le mal de persister ? Peut-être pas. Peut-être, qu’une fois encore, il aurait balayé ses constatations muettes d’un revers de la main, et qu’il aurait continué à vivre loin de ses démons. Il acceptait aujourd’hui pleinement sa souffrance, pleinement sa douleur. Pleinement la vérité.
Elle reprit, alors qu’il était étonnamment silencieux – force de constater qu’elle avait un effet tranquillisant sur lui – et critiqua sa frappe dévastatrice en ajoutant qu’elle avait une technique qui y ressemblait. Kôta reprit une gorge attiédie mais toujours si prenante.
« C’était la première fois que je l’utilisais contre… contre une personne. Je m’entrainais dans la nature, auparavant. Au début, je m’étais fait mal, mais pas à ce point. J’avais appris à réguler l’énergie que je mettais dans mon poing. Cette fois, les émotions étaient trop fortes. Qu’importaient les séquelles, il fallait que tout cela cesse. J’ai frappé sans réfléchir, j’ai usé toute ma magie pour repousser… » Il tiqua, grimaçant malgré lui. Il chercha de l’aide dans le regard d’Abigail, mais il ferma les yeux, réalisant qu’il pouvait y arriver seul : « … pour repousser Candice. »
En émettant le nom de son cauchemar, c’était comme s’il le crachait inopinément, sans pudeur, et qu’il le repoussait au loin. Il sourit à Abigail, satisfait de lui-même.
« Excuse-moi de ne pas avoir réagi ce matin quand tu m’as demandé de l’aide, juste avant de rentrer dans la forêt. Je me voilais encore la face. J’avais tellement peur de la réalité. Je me sens bête de dire ça, mais je pense que cette altercation avec Candice m’a été bénéfique, dans le sens où sans elle, sans être confronté violemment à ce que je redoutais depuis des mois, je n’aurais pas pu trouver la force de passer outre ce qui me terrifiait. Je ne dis pas qu’elle n’était pas monstrueuse, face à nous. Mais je dis que désormais, je sais à quoi m’attendre, je sais que je peux mourir, mais je sais également qu’on peut la repousser. » Sa main prit délicatement celle d’Abigail. « Avec le même but, la même détermination d’en finir avec tout ça , c’était comme si nous ne formions qu’une seule et même personne dans cette clairière obscure. Et, ensemble, on a repoussé l’assaut malfaisant de cette criminelle. Même si elle s’est à nouveau enfuie, on la rattrapera un jour ou l’autre et on l’arrêtera une bonne fois pour toute. »
Puis il lâcha les doigts de la fille de la même manière qu'il les avait abordé. Kôta souleva sa tasse au dessus de sa bouche, avalant les dernières gouttes du thé, puis émit un long soupir, mélangeant satisfaction et lassitude.
« Il va falloir que je m'entraine. Je dois être plus rapide, je dois mieux appréhender mon corps et sa façon d’interagir avec ma magie pour ne plus présenter de failles à mes adversaires. Il faut que je devienne fort, c'est plus qu'une nécessité aujourd'hui, c'est un besoin vital à cette époque où certains conflits ne se résolvent plus avec les mots. » Il eut un bref rire, espérant ainsi mieux faire passer sa demande. « Ca te dirait qu'on fasse ça ensemble ? Un entrainement mutuel, ça pourrait être pas mal, j'imagine, si t'es partante...»
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| | | Sujet: Re: l'enfer règne autant que le ciel – Kôta | |
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