Je rentrais. Oui, j'avais envie d'un peu de repos. Nous avions une sorte de "base secrète" à Crocus qui nous servait de point de ralliement de temps à autres et une chambre m'attendait. Fred et Jin à mes côtés, je ne savais plus si j'allais être en mesure de dormir l'esprit tranquille. Pourquoi me suivaient-ils déjà? Ah ouais, parce qu'ils n'ont nulle part d'autre où aller, parce que je suis leur leader et qu'ils attendent que je bouge, que je donne le premier ordre d'attaque, mais nous étions loin d'être prêts. Nous n'avions pas encore tout ce qu'il nous fallait. Depuis la petite danse dans le bar, Fred ne me lâchait plus le bras. Elle me donnait une raison bidon comme "J'suis saoule, j'ai besoin d'un appui." Je roulais les yeux vers le ciel et faisais comme si ça ne me dérangeais pas. Le sourire en coin et le rire étouffé de Jin me firent retourner subitement. Les mains dans les airs, il se déclara non-coupable de ce que j'entendais et je lui répondais d'un doigt d'honneur. En guise de réponse, il me riait au visage. Je soupirais et continuais ma route e l'ignorant. Je m'arrêtais dans une allée marchande et leur dis que j'allais les rejoindre les minutes qui suivaient.
Tiens, pends-toi au bras de Jin, il va probablement l'apprécier plus que moi.
Quoi? Non je viens avec toi!
Allez, t'as entendu le nounours, il veut qu'on rentre. Allez viens!
Non! ...Senji!
Quoi? Désolé, j'ai une banane dans l'oreille!
Allez Mel, comprends qu'il veut se balader seul quelques minutes...
Ouais je sais, je suis un Don Juan qui brise le coeur de toutes les femmes... Rien à foutre. Si j'ai envie de passer du temps seul, alors qu'elle me comprenne et qu'elle cesse de faire comme si j'étais sa poupée de chiffon! Je tournais le dos et Jin traînait Fred par le bras pour l'éloigner. Devais-je vraiment songer à passer du temps seul avec elle? Je sais que ça lui ferait plaisir, mais moi, ça me mettrait mal à l'aise. Est-ce qu'en parler avec Jin serait une bonne idée? Non. Coureur de jupon comme il est, il me pousserait directement dans ses bras sans réfléchir... Ma marche m'amenait directement au centre-ville. C'était une voix féminine, gueulante, qui me sortit de mes rêveries:
JE VAIS TOUS VOUS FOUTRE DEHORS, T'ENTENDS?!
Non! pitié! Arrête! Ne... NE BRISE PAS CE VASE!
Ma foi, mais quel bruit de pot cassé réaliste! J'entrais en trombe et la folle était armée d'un naginata et menaçait tous les élèves. Elle avait l'air enragée, hors d'elle: c'était pas beau à voir. Dès mon entrée, tous se retournaient vers moi, surpris, mais soulagés. Ils croyaient que j'allais me mêler de leurs affaires? Non merci! J'allais rebrousser chemin quand le vieux qui gérait la place me demandait d'une voix suppliante de rester et de les aider à calmer la fille. J'espère qu'il payait bien... La fille décrochait les cadres accrochés au mur brutalement. Je m'approchais, les bras croisés et dis:
C'est pas le moment de faire son ménage de printemps, on arrive en automne...
T'es qui toi pour me parler de ménage, hein? T'es le nouveau boss qui gère la place?
Quoi? Non jamais! Alors c'est quoi ton problème de foutre la m*rde comme ça? Le pauvre maître Chow il sait pas quoi faire avec toi. Tu lui fous la trouille, Pumba.
Pumba... PUMBA? C'est MOI que tu traites de Pumba?! Espèce de gros tas de muscle dévergondé! Tu sauras que mon nom à moi, eh bein c'est Sara!
Alors écoute bien avec tes deux oreilles, Samba, si tu sors pas d'ici dans cinq secondes, j'te jure que je vais t'éclater le visage sur le ciment et que tu vas appeler ta mère en pleurant... tu saisis?
Mon mélange entre Sara et Pumba n'était pas si mauvais que cela, mais la fille n'appréciait pas mon commentaire. Plutôt que de se ruer vers la sortie, elle m'attaqua comme un animal. Elle savait bien maîtriser son arme et comment me prendre au dépourvu, mais je ne supportais pas son comportement à deux balles. D'un Crow claws, son arme fut séparée en deux. Elle lança les morceaux parterre et m'attaqua au corps à corps. Je tentais un assaut d'une lame, mais elle para en frappant le plat de ma lame habilement. Je la fis disparaître et bloquais ses coups au niveau du corps avec mes bras et mes coudes. Elle était mince et elle était forte. Ses tibias, ses dessus de pieds, ses genoux, ses poings, je les sentais pénétrer mes muscles dangereusement. Elle était expérimentée, moi aussi. Elle était rapide et moi, beaucoup moins. Cependant, elle ne savait pas que les coups qu'elle me portait seraient guéris d'ici peu. Mais jusque là, j'allais souffrir.
Des ecchymoses se formaient presque instantanément et je n'arrivais pas à contrer son assaut. Je devais me concentrer ou cette fille allait se faire mal... tiens pourquoi pas. Je tentais de trouver une cadence, un rythme à ses coups, mais en vain, elle savait varier le tout comme une professionnelle. Allait-elle s'essouffler? Probablement pas avant une quinzaine de minutes au rythme qu'elle allait. À travers la fente située entre mes deux bras, je regardais la motion qu'elle utilisait pour donner ses coups. Puis, quand je réussis à calculer le prochain coup, je ne me gênais pas pour y aller comme je le voulais:
Ruby Colossus!
Mon corps se solidifia dans cette sorte de diamant impénétrable. D'une main, j'agrippais le poignet qui venait de rebondir sur ma carapace. De mon autre main et d'un pied, je frappais de toutes mes forces, la dévisageant littéralement comme si elle s'était éraflée le visage sur du ciment. Un autre coup dans l'estomac suffisait à la faire vomir. Elle avait tenté de parer, mais il n'y avait pas moyen de bouger la trajectoire de mes mouvements ou même d'esquiver allègrement après avoir reçu un coup pareil au visage. Elle était sonnée. Je me débarrassais de mon colosse de rubis et m'asseyais à cheval sur elle pour l'immobiliser et lui montrer que j'avais gagné. La dingue reprit ses esprits et réussit à me faire balancer de l'autre côté et eut le dessus sur moi. Je n'allais pas la laisser me dominer et s'en suivirent des pirouettes et des culbutes sur tout le sol de l'école.
Elle se fatiguait et j'étais étourdi. Notre étreinte cessa et nous reprenions nos esprits, chacun de notre côté. Nous tentions de nous relever mais valsions de côtés opposés pour finalement entrer en collision maladroitement, tête à tête, nous faisant tomber à nouveau. Je me relevais à l'aide du mur et elle, avec son morceau de naginata. Avait-elle l'intention de l'utiliser? En la voyant me charger comme un taureau, je supposais que si. Ma main arrêta la lame en la parant non sans blessure et l'autre attaqua d'un coup de poing la gorge de Sara. Elle cherchait son souffle, les deux mains à la gorge, paniquant. Elle ne voulait pas mourir, mais elle voulait tuer, détruire, rager sur tout ce qui l'entourait et maintenant, elle allait payer le prix cher en prison. Je secouais le vieux maître pour qu'il appelle les autorités avant de m'enfuir comme un voleur sans qu'on ne le remarque. Je rentrais au quartier général où Fred m'accueillait en panique en voyant mes blessures. Je savais que cette soirée-là allait être chiante...
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Dim 22 Sep - 21:21
