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Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]
 MessageSujet: Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]   Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée] EmptyVen 13 Sep - 17:49

Eileen Fa Long
Eileen Fa Long

[M] Iratus

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Eileen Fa Long
Keep your heart in your hands to give it to everyone


• Sexe : Féminin
• Age : 25 ans
• Née le : 1 avril x761
• A : Améthyste, Joya
• Activité(s) : Multiple et secrète • Statut / Guilde : Lamia Scale
• Surnom : Leen.
• Citation :
« On dit parfois que les mots valent tous l’or du monde mais on se trompe. Le plus important dans une phrase, ce ne sont pas ses composants mais bel et bien ses silences. »
Eileen


Psychologie
I wanna be your stronger girl Bro' !


Froide et détachée. Eileen a toujours été un modèle d’indifférence pour ceux qui l’entourait. Pas la moindre émotion incontrôlée perçant sur son joli visage bien dessiné, pas la moindre posture trahissant ce qu’elle ressent réellement. Non, vous ne trouverez rien. Peut-être réussirez-vous à lui arracher une vague lueur dans le fin fond de ses prunelles à la couleur changeante. Mais ce n’est qu’un masque parmi tant d’autre. Si elle ne daigne pas vous donnez un quelconque intérêt, elle n’en reste pas moins consciente de vos faits et gestes. Habitude de la garde sans doute. La solitaire, à défaut de ne vous montrer qu’une émotion parfaitement contrôlée, n’en reste pas moins une bonne compagne de voyage. Elle aime parler de chose et d’autre mais dévie systématiquement si le sujet s’approche trop d’elle. En vérité, ne répondra guère que pour vous donner son nom, sa guilde et vous éconduira gentiment pour le reste. Son passé ne regarde qu’elle et pas un inconnu tout juste rencontré au détour d’un chemin. Mais avec un travail de longue haleine, elle pourrait sans doute vous parler un peu plus. Se rappeler à voix haute ses années heureuses balayées par un destin bien capricieux.

Contrastée. Oui, simplement contrastée.  Pourquoi ? Parce que vous ne comprendrez sans doute jamais pourquoi, parmi les mages de Lamia Scale, elle se permet de sourire franchement. De montrer tout ses sentiments bridés et d’être aussi spontanée qu’une enfant. De ses yeux rieurs, elle vous saluera avant de se disputer gaiement avec l’un des membres en lui hurlant qu’elle deviendrait un jour plus forte. Il lui arrive parfois d’appeler Obaba « Mère » sur un ton de plaisanterie avant de tourner en punition et de s’écrouler dans le bras d’un de ses « frères et sœurs » hilares. Elle est parfaitement consciente qu’elle s’attire l’antipathie de certain mais en fait fit. On ne peut pas plaire à tous et elle ne compte pas devenir l’esclave d’une apparence futile. Elle se contentera d’éclater de rire devant une remarque ou simplement de remercier celui ou celle qui la critique. Elle peut également parfois faire preuve d’impertinence, que ce soit envers ses ainés ou même envers la maitresse. On pourrait presque la soupçonner d’aimer l’attention qu’on lui porte dans ces moments-là. Un brin bagarreuse mais tout aussi prompte à tendre une main pour aider ou prendre dans ses bras pour consoler. Eileen possède, même si elle le nie à corps et à cri, un fort instinct maternel et n’hésite pas à le mettre en argument quand elle pense que l’un de ses camarades prend un risque inconsidéré. Elle pourrait ressembler à Obaba sama si elle était un peu plus ancienne et plus sage maintenant qu’on y réfléchit un peu.

Il y a une foule de détail qui pourrait vous amuser à son propos. Son plat préféré, ses habitudes, ses passe-temps… Dites moi, est ce qu’une jeune femme qui préfère danser plutôt que de travailler vous gène ? Cette même jeune femme qui l’instant d’avant c’est permis une blague miteuse sur le simili croco de votre paire de botte en vous rappelant votre mauvais goût ? La même qui s’écroulera lamentablement sur une table avant de réclamer au barman un des alcools les plus fort qu’il a en stock ou même celle, imprudente, qui fait office de paillasson parce qu’elle est tombée de sommeil devant le bureau d’Obaba après une longue semaine peuplée de cauchemar et d’insomnie ? Que de vice n’est-ce pas ? Rirez-vous si elle vous avoue s’être trompée un nombre incalculable de fois de toilette parce qu’elle a trop l’habitude d’être entourée par des hommes ? Plus important encore, que ferez-vous si vous la croisez à l’aube ou au crépuscule, son étrange arme dans la main, alors qu’elle semble absente ou qu’elle révise ses mouvements avec une concentration exagérée ?

Elle n’osera sans doute rien dire. Elle rira de bon cœur et se tournera en autodérision à souhait et vous invitera elle-même à ses séances d’entrainements sous prétexte qu’elle cherche un compagnon d’arme. La vérité c’est que, malgré le fait qu’on devine aisément qu’elle n’arrive jamais à rester en place plus de dix minutes, c’est votre compagnie qui l’intéresse. Une compagnie amicale et fraternelle qu’elle a perdue et qu’elle veut à tout prix retrouver, même si elle éconduit toute proposition plus intime ou trop insistante. Pourquoi ? Parce qu’elle en a assez d’attendre. Maintenant elle ne souhaite que se mêler au monde et se battre pour un but qu’elle pense juste. Et c’est avec une détermination sans faille qu’elle le fera, sachant pertinemment que le prix sera sans doute bien plus cher que le produit.

Magie
Can you heard what kind of woman am I ?


Changeling. Ce n’est pas un nom de magie mais d’artefact magique. Celui qui peut prendre à sa guise la forme de n’importe quelle arme en fonction des désirs de son utilisateur. Mais il a toutefois une limite. Si la volonté n’est pas présente ou pire, si on manque d’énergie, la modification ne s’effectue pas. De même que l’artefact lui-même ne prend qu’une forme qu’il a déjà assimilée ou dont le poids ne dépasse pas le sien. Inactif, Changeling ressemble à un bracelet sobre qui prend une teinte légèrement cuivrée à la lumière. Malgré qu'il ne puisse pas utiliser la magie qu'Eileen ne possède pas, il se sert de l'intensité des désirs et des sentiments de la jeune femme pour stimuler ses transformations. Le coût pour elle n'étant pas magique, elle se fatigue si les changements sont trop réguliers.


© Lutèce Factory @ Fairy Tail RPG
 MessageSujet: Re: Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]   Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée] EmptyVen 13 Sep - 18:10

Eileen Fa Long
Eileen Fa Long

[M] Iratus

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Préface
Many questions and no-one for say an answer


Saviez-vous que naitre est une des premières étapes de la vie ? Je dis bien une des premières et non pas la première. Pourquoi ? Parce que nous oublions régulièrement un droit fondamental qui existe bien avant notre naissance. Que nous possédons en nous développant dans le ventre chaud et humide de notre mère. Celui d’exister. Je sais que vous avez dû voir des centaines d’histoires. Des tragédies, des histoires d’amour ou même des épopées incroyables. Et bien je dois vous avez que je n’évolue pas dans ses catégories. Non, dans aucune. N’insistez pas, je peux vous le jurer sur ma propre vie. On nait tous de deux parents pour un destin plutôt mitigé. Les miens étaient bijoutiers au service de la reine de Joya. Non, ce n’est en rien extraordinaire. Après tout, chaque sujet est au service de son roi. C’est ce qu’on appelle communément, le privilège des nobles. Vous pouvez soupirer d’ennui, je ne changerais pas ce que je suis pour autant. Pas plus que je ne m’attarderais sur les premier pas d’une brune aux joues potelées qui gazouillaient pour le plus grand plaisir de ses deux parents, Shira et Arthur Fa Long. Je ne pense pas avoir besoin de préciser que la petite n’est autre que moi ni d’expliquer mon geste. L’enfance est ennuyeuse.

Aussi bien parce que vous n’y apprendriez pas ce que vous souhaitez mais également parce que je ne vous connais pas suffisamment pour dévoiler mes cartes sans jouer. J’ai grandi dans les deux parts du peuple. Fils ou fille de marchands, paysans, nobles et concubins. Vous ignorerez que j’étais seule et sans attache parce que je n’appartenais véritablement à aucun des deux mondes que j’ai vu. Vous négligerez le fait que j’ai pu avoir une éducation comme beaucoup d’enfant bourgeois. Vous ne saurez pas que j’ai grandi dans l’ignorance de ce qu’était mes droits et mes devoirs envers la couronne ou encore envers cet étrange Prince que je pouvais croiser dans les couloirs en cherchant ma mère et la Reine parmi les nombreuses chambres du château. Puis la connaissance finit par me rattraper comme mon professeur le faisait tôt ou tard. On la déteste. Mais c’est une nécessité. Sinon nous ne saurions jamais pourquoi l’eau est liquide ou même que le mariage de deux époux sur les terres de Joya fait disparaitre le nom de l’homme au profit de celui de sa compagne. Que la richesse du pays réside dans les mines d’or et de pierres précieuses que mes procréateurs transforment en bijoux dans un atelier du palais ou encore que parler avec le jeune dauphin en le regardant dans les yeux était considéré comme un crime passible de pendaison. On est toujours surpris par ce qu’on apprend mais on n’ose pas avouer qu’on aime ça. Parce que la connaissance, c’est le pouvoir. Mais que nos cœurs peureux ne savent ni maitriser ni même juguler et que nous commençons inconsciemment à craindre.

C’est cette peur qui fait de nous ce que nous sommes car c’est notre ignorance qui, face à ce terrible fardeau, préserve nos pensées remplies d’innocence. Seulement l’adolescence reste bien moins pure que l’enfance. C’est là qu’on s’aperçoit que l’humain n’est qu’anarchie et corruption. Qu’on s’aperçoit aussi que nos maigres certitudes s’écroulent dans les cendres de notre naïveté révolue pour se répandre sur le parchemin de l’inconnu. Puis le doute nous capture dans ses filets alors que nous nous posons toujours cette unique question. Qui sommes-nous ? Et c’est dans ce moment-là que vous redevenez l’enfant que vous avez été. J’avais pensé devenir la digne fille de mère et père pour ciseler l’or et la pierre. J’ai finalement tourné mes pas vers la voie des larmes et du fer. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça. J’ignore toujours pourquoi j’ai pris le choix le plus dur. Celui d’entrer dans la garde du Roi.

Et chaque soir je ressasse le vieux souvenir de cette gamine couchée dans ses draps au cœur battant sous la douce voix de sa mère qui lui montrait ce que la Reine lui avait fait fabriquer dans l’atelier. Cette même gamine qui, sans le savoir avait peur du noir.  Cette jeune brune au caractère intrépide qui vidait le sceau de pelure des cuisines sur la tête du premier noble qui passait. Cette même femme qui se présenta un jour le cœur battant dans l’arène de sélection des apprentis, les yeux clos sous le souvenir de cette question sans réponse qui la taraudait depuis l’enfance alors que sa mère lui lisait les mythes et lui enseignait sagement le courage et la dignité pour qu’elle ressemble un jour au héros de l’histoire, négligeant ainsi une morale plus importante encore.

« Si le héros tue le monstre, n’est-il pas lui-même devenu ce monstre ? »


Histoire
Reality. Cruel Reality.


Le contrejour me fait fermer les yeux alors que mes pieds nus foulent le sol de cet étrange endroit. J’entends à peine le cri de la foule amassée près de nous. Cette foule qui pourrait, si dans l’instant elle le souhaitait, renverser la Reine qui se tient face à ce groupe de jeune gens remplis d’espoir qui regarde les deux gardes qui encadrent la souveraine.

Mes propres prunelles devaient elle-même étinceler quand je suis passée devant les deux hommes en uniformes. C’était ça que je convoitais. Devenir une actrice importante pour ma patrie. Avez-vous deviné le rapprochement avec le héros ? Bravo. Si c’est le cas, vous tenez maintenant dans vos mains une partie de l’énigme de ma vie. Mais qu’importe, revenons-en à l’instant présent.

J’ai un trac monstre. Pire que cela même si je puis dire. C’est cette sensation de cœur battant la chamade qui me pousse à marcher le regard rivé sur le groupe homogène de garçon qui m’observe. Être une femme n’était déjà pas un cadeau en soi. Nos problèmes féminins, nos « obligations », nos robes trop longues et trop encombrantes… Je rejette ma natte dans mon dos et me redresse face aux murmures incrédules. Les candidatures des dames étaient découragées mais cela ne m’arrêterais pas.

Je me poste à côté d’un blond qui me dépasse d’au moins deux bonnes têtes et fixe obstinément l’immensité de la foule derrière ma Reine. Je sursaute presque quand elle s’éclaircit la gorge pour nous parler. L’un des gardes brise son immobilité et, avant que nous ne comprenions ce qui se passe, la voix forte et suave de cette femme dans sa riche robe de joyau résonne dans toute l’arène.

« Cher peuple de Joya, je vous souhaite la bienvenue en ce jour d’équinoxe d’automne. » Les applaudissements coupèrent la respiration de la souveraine, faisant naitre un sourire affligé sur le visage maquillé de l’oratrice qui attendit patiemment leur fin pour reprendre. « C’est en ce jour de fête que certains d’entre vous ont choisi leur voie. C’est en ce splendide premier jour sous les feuilles radieuses aux couleurs des rubis de notre mère patrie que les candidats réunis ici seront sélectionné pour intégrer les soldats du palais. Mes amis, je vous demande toute votre attention et votre respect. Certains pourraient mourir ou être gravement blessé. Mais je veux que tous soit conscient que, même si vous échouez, je ne vous suis que plus reconnaissante de votre engouement envers la protection de vos familles et la mienne. »

Le rassemblement se lève et s’incline solennellement, saluant ainsi la fin du discours et les concurrents rassemblés près de la Reine. Tant d’esbroufe pour une chose qui n’en méritait pas. La gêne me fait rougir alors que l’un des gardes s’approche de nous pour nous passer en revue. Il fronce les sourcils en apercevant le corset serré qui maintient ma chemise en place en prévision des dégâts d’un futur combat. Je me contente de sourire en ignorant superbement la désapprobation sur son visage et, alors qu’il tourne le dos, je ne peux m’empêcher de commenter.

« La misogynie c’est comme l’esprit masculin. Pas souvent visible mais toujours aussi minable. »

Mon voisin me foudroie du regard alors qu’un rire nerveux s’étend jusqu’à mes oreilles. Le garde m’a certainement entendue mais c’est le but de la manœuvre. Ainsi je ne pus m’empêcher d’éclater de rire en entendant mon nom sortir pour le premier tirage. M’avançant sur l’esplanade, je m’incline profondément devant la tribune de la Reine avant de passer en revue mes possibilités face à … Melvin. Un nom bien simple pour un type aussi costaud. J’en vins presque à regretter mon insolence quand je m’aperçus que ses mains étaient sans doute assez puissantes pour me broyer la main avec uniquement l’une de ses grosses papattes. Le but du jeu, au vu notre nombre restreint d’à peine une dizaine, est sans doute de savoir de quoi on est fait. Je ne sais pas manier une arme, j’ai à peine de quoi pouvoir me vanter de savoir me défendre avec seulement mes poings. Je souris tranquillement en haussant les épaules quand Melvin me jette un œil effaré devant mon refus d’abandonner après sa gentille demande. Puis la cloche sonne et l’empêche de me pousser à déclarer forfait. Tant mieux. De toute façon, je ne l’aurais pas fait. J’avise de mes chances et de mes faiblesses avant de passer à l’assaut sur l’armoire à glace brune face à moi.

Mon cri de guerre se perd alors dans le silence d’une foule toujours plus nombreuse mais pleinement attentive.

Gloups. Oui, juste gloups. Vous surprendrais-je si je vous disais que, si on me proposait de rejouer la scène, je n’en changerais pas une seule note ? J’aime croire que, si j’avais agi autrement, j’aurais pu entrer également dans la garde mais sans prendre le moindre risque. Et vous voyez, ça c’est une chose que j’aurais trouvé terriblement lassante. Quel est l’intérêt de remporter une partie si votre adversaire n’en vaut pas la peine ? Alors oui, j’en suis sortie avec un poignet en miette et des larmes mais aussi avec un ennemi herculéen à terre. La seule chose que j’en conserverais, c’est une petite promesse. Quoi que tu fasses, ne le regrette jamais. Et surtout, pense bien à briser ton adversaire une fois de plus que toi.Je fus donc fière, ce jour-là, de pouvoir regarder droit dans les yeux ce soldat mesquin en murmurant pour moi-même qu’un poignet n’était que bénin comparé à des côtés en pièce détachée. C’est aussi ce jour-là que j’ai su que j’avais une bonne étoile. Ou plutôt que la roue de Dame fortune avait envie de tourner en ma faveur. Tout comme j’étais encore à peine consciente que cela ne durerait pas.

La nuit sombre. Si sombre qu’un aveugle lui-même ne saurait oser mettre le nez dehors en sentant autant de ténèbres dans les airs enjoués des habitués qui s’échappaient de la taverne. C’est dans ce genre de contexte à faire froid dans le dos qu’on s’attend à ce qu’il se passe un truc. Bon ou mauvais mais toujours un évènement. En réalité, ici, ce ne sera pas dans l’obscurité mais dans la lumière. C’est singulier de penser que, dans cette même auberge, se trouve la totalité des apprentis soldats en attendant que le quartier qui leur est réservé au palais soit prêt à les accueillir. Un monde donc toujours plus nombreux autour des cinq jeunes hommes et de leur unique homologue féminine qui dinaient dans le plus grand silence. Six gamins qui avaient l’air à peine sortie de l’œuf et qui pourtant étaient certainement bien plus grave que leur âge aurait dû le permettre.

Est-ce juste d’après vous qu’à tout juste dix-huit printemps, leur mine juvénile soit déjà teintée de la neutralité et de l’apparente indifférence que l’on n’obtenait pourtant auparavant qu’à un âge bien plus avancé ? Les cuillers se portent à leurs lèvres sans sourire pour les alimenter d’un bouillon aux douces et ragoutantes odeurs qu’ils sont sensés aimer faute d’avoir un aubergiste meilleur cuisinier sous la main. Leur regard se croisent souvent mais aucun ne semblent réellement observer autre chose que ses propres compagnons de table. C’est dans ce silence pesant que tous se jauge. Que tous dévisage la seule demoiselle qui sourit pensivement dans son coin sans participer à ce jeu de jugement qu’elle pense stupide. Sa voix trouble même l’espace silencieux et provoque un froncement de sourcil de certain.

« Nous sommes censés avoir échappé au pire mais vous faites tous une tête de trois pieds de long. » Elle pose ses yeux sur l’assemblée un bref instant avant de finalement leur tendre sa main bandée par habitude de gauchère. « Mon nom est Eileen, j’espère pouvoir compter sur vous les gars. »

Elle n’a pas un seul instant cru que l’un d’entre eux se lèvera pour la serrer comme elle vient de le faire juste pour la leur proposer. Un rire gêné parcoure l’attablée alors que l’un des plus proche de la brune se lève à son tour. Ses yeux brillent d’un amusement non dissimulé et il saisit cette main diminuée pour la serrer à l’excès. La jeune femme ne cille pas et se rembrunit, concentrée sur ce petit duel de dominance purement masculin.
D’une inutilité totale mais elle n’avait pas d’autre choix que d’y participer.

« Alexandre.
- Enchantée de rencontrer le premier macaque du groupe. »

Un léger tremblement perturba son ton ironique mais l’effet fut immédiat. Le voisin de table de la demoiselle lui administra un brusque coup sur les fesses, un sourire sous-entendant suffisamment de chose pour qu’elle comprenne. Alors ainsi, non seulement elle n’est pas la bienvenue ni leur homologue mais en plus elle a autant de reconnaissance qu’une dame de petite vertu qui parcourt le quartier des plaisirs de Joya à moitié nue malgré le faste de sa tenue.
Le sang de la rêveuse ne fit qu’un tour.
Avant même qu’elle ne comprenne, son corps réagit pour éjecter ce cher Alexandre dans le mur proche. L’effort leur arrache un cri de douleur alors que déjà la jeune Fa Long se remet en position de combat. Seulement, avant même qu’elle n’attaque l’imprudent qui considérait sa croupe comme un tambour, une voix fuse, calme.

« Eileen, ça suffit. Ce n’était qu’une simple blague. »

Les éclats de rire fusent sous le brusque rougissement suivit d’insulte qui s’échappe des lèvres fines de la jeune fille. Elle se rassoit en grognant et leur adresse un regard courroucé, faisant redoubler d’intensité l’hilarité de la table. Elle croise les bras et se renfrogne alors qu’une main presque paternelle passe lui ébouriffer les cheveux. Un roux, les yeux aussi flamboyant que sa coupe de cheveux, se permet alors de lui adresser un sourire amical.

« Jolie performance. Je n’avais jamais vu Alex ‘ voler aussi haut et aussi bien. Mais je te déconseille de renouveler la remarque du macaque, il manie trop bien la masse pour ça.
- Oh c’est bon. Je n’avais pas prévu qu’elle réagisse aussi vite surtout.
- Dis simplement que tu n’avais pas pensé qu’elle réagirait tout court, hein simplet ?»

Ce dernier, qui revenait s’assoir en se frottant la tête, rit de bon cœur avant de retourner à sa place avec une mine penaude, sans doute dans l’intention de se faire oublier pendant le reste de la soirée. Ses camarades commencèrent à le charrier alors que  l’entière attention de celui qui s’est manifesté comme le chef de la joyeuse troupe d’homme et de futur soldat qui s’agitait près de là.

« Bastian. »

La brune détourne ses yeux de l’espèce de spectacle de camaraderie qui se déroule près d’elle.

« Pardon ?
- Mon nom. Bastian. »

Eileen manque de tressaillir lorsqu’elle remarque la curiosité et quelque chose de plus mystérieux au fin fond des prunelles couleur d’automne de son interlocuteur. Avant même qu’elle ne demande quoi que ce soit, leur camarades les embarquèrent tous les deux. Elle dit ainsi le tour de la table. Alexandre, le petit farceur brun aux yeux noisette ressemblait étrangement à Clément. Elle apprit par la bouche de Bastian qu’ils étaient en fait cousin avant qu’un type plutôt fin à lunette ne lance à l’aubergiste une commande de chope de bière. Jean sourit de toutes ses dents quand il s’aperçut du regard de sa sœur d’arme. Maxime, que tous appelait pompeusement le p’tit Max en dépit de sa forte stature, souleva Eileen et la chargea sur son dos avant de finalement s’écrier en plein milieu de l’auberge. C’est alors dans un ensemble parfait que les garçons et leur fardeau improvisé sautent sur leur pied et sortent à toute jambe de l’auberge sans avoir payé ne serait que leur repas ou leur consommation. Le gérant entreprit de les pourchasser pendant une vingtaine de rue avant de finalement les perdre dans le silence de la nuit. Quand le groupe fut sûr et certain que plus personne ne suivait, ils se permirent un éclat de rire. Puis la fatalité les rattrapa lorsque la voix de Jean troubla leur joie.

« Dites les gars, on n’a pas laissé nos affaires dans nos chambres là-bas ? »

On s’est pris un savon mémorable en y retournant mais je n’oublierais jamais cette étincelle de joie communicative que tous me lançait sans arrêt. Autant vous avouer qu’en rentrant dans l’auberge, on s’est fait littéralement incendié par le gérant. Seulement je crois que je n’avais jamais autant rit malgré le prix exorbitant qu’on nous a extorqué pour une simple soupe de potiron tout juste mangeable et une bière plus proche de la pisse de chat que du véritable alcool pur. Le détail que nous ignorions alors c’est que l’entrainement du lendemain nous laisserait purement et simplement pantelant. A tel point que je me souviens avoir été jusqu’à ramper pour rentrer dans mon propre lit à l’autre bout de l’aile des recrues. Mais cette journée a sa petite étoile particulière.

Vous ais-je dis que j’étais tout simplement non dotée ? Non dotée dans le sens où je suis parfaitement incapable de manipuler ne serait-ce qu’un brin de magie. Impuissante comme m’a dit ma mère le jour de mes quinze printemps. Ne vous a-t-on pas dit que la magie n’était pas indispensable ? La plupart des gens locaux ne s’en servent que pour faciliter leur quotidien. Allumer une bougie, accélérer le séchage de vêtement ou même plus simplement retenir un objet dangereux qui menace de tomber sur le crâne d’un enfant. Mère se contente de donner forme aux choses métalliques. Or, argent, cuivre… Père, lui, murmure à l’oreille des cristaux. Turquoise en fleur, et sonnet pour un rubis récalcitrant. Peut-être était-ce pour ça que je ne les voyais presque jamais. Leur travail d’orfèvrerie était tout simplement un spectacle vivant, si bien qu’ils n’étaient pas rare qu’ils travaillent devant les clients.

Mais je m’égare. Il me semble que cette journée est bien plus intéressante que tout détail technique de cette ampleur
.
Je m’écroule lamentablement au sol alors que notre professeur daigne de s’apercevoir de notre état de fatigue. Mes compères et moi étions allongé dans une parodie de chien fusil avec nos épées de bois dans la main quand il s’éclaircit la voix. Nos regards paniqués convergent les uns vers les autres. Il n’en avait dons pas fini avec ce qui restait de nos maigres carcasses ? Par tous les dieux …

« Maintenant que vous êtes plus calme, je vais pouvoir vraiment commencer votre apprentissage. »

J’ai dû me retenir pour ne pas lâcher un glapissement. La dérouillée qu’il nous avait flanquée en dix contre un n’était pas l’entrainement ? Je ferme les yeux et prends lentement conscience de chacun de mes muscles endoloris. La douleur est tellement intense et diffuse qu’à chaque mouvement, je me découvre des tissus organiques dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Les yeux mis-clos, je regarde le plafond avec un air suffisamment claqué pour faire peur à un mort-vivant affamé. Un vague murmure m’échappe alors que les grognements autour de moi s’intensifie. Ils essaient tous de se lever.

«  Ô Grande Miséricorde, dans quoi me suis-je embarquée …
- Fa Long ? Etant donné que tu es la seule femme, tu auras quelque chose d’un peu spécial par rapport à tes camarades. Lève-toi maintenant et suis-moi. Vous autres reposez-vous, vous l’avez bien mérité. »

Pourquoi moi ? C’est vrai ça, pourquoi moi en première et les autres au repos ? J’ignore consciencieusement la petite voix ironique qui tourne dans un recoin de mon cerveau en me murmurant que c’était là le devoir de tout galant homme. Que je lui en ficherais des galants hommes moi. Une main m’empoigna à la taille avant de me charger sur une épaule. Je grince des dents pour ne pas grommeler de douleur et encore moins admettre ma surprise. J’ai du mal à croire que le maitre d’arme me transporte d’une pièce à une autre sur ses propres épaules. Je l’entends vaguement chanter mais j’avoue ne pas y avoir grandement prêté attention. Mes contusions et mes nerfs se délassaient lentement. Un soupir d’aise m’échappe. Tellement bien que l’homme éclate de rire.

« Hé bien Fa Long ! Un petit coup de guérison et c’est reparti n’est pas ?
- Tu … Enfin vous êtes à l’origine de ça ?
- Oui. » Il grommela et remua sa tête en faisant craquer sa nuque. « Je crois que la prochaine fois je baisserais le rythme. Autant de douleur d’un coup me donne la migraine … Maintenant tais-toi, j’ai besoin de concentration. »

Je n’émets aucune protestation et me laisse simplement porter par le rythme. Mes paupières se ferment malgré moi et, privée de la douleur tenace qui me maintient éveillée, je sombre profondément dans un sommeil sans rêve. Et de courte durée. A peine je perds la conscience de mon environnement que je sens la morsure du sol de marbre glacée sur lequel on vient de me déposer. J’ouvre de grand yeux et baille de manière fort peu élégante alors qu’un bruit de poing heurtant le panneau de bois d’une porte constitue le seul son qui trouble le couloir ou je me trouve. Une voix détachée s’élève de l’autre côté.

« Entre jeune Fa Long. Nous t’attendions. »

C’est terrifiant. Terriblement terrifiant. Vous ne demandez rien à personne et on vous attend. C’est comme si vous n’aviez jamais eu d’emprise sur votre destin avant. Que vous étiez né pour ce moment et qu’il est immuable. Vous n’avez donc ni la possibilité d’y échapper ni même de l’altérer. J’ai horreur qu’on contrôle ma vie. Que ce soit hier, aujourd’hui ou même demain. Vivre une histoire déjà écrite est d’un ennui monstre. Que se passera-t-il si elle fait ça ? Tourne la page gamin. Et alors tu sauras. Et puis, qui me dit qu’en ayant poussé le battant de chêne je n’ai pas scellé quelque chose dont je n’avais pas conscience ? Qui me dit que, en descendant prudemment les marches, je ne venais pas de perdre le libre arbitre que j’étais persuadé de posséder ? La vérité c’est, qu’en m’engageant dans l’étrange couloir taillé dans la roche, que je n’en ai pas la moindre foutue idée. Mon cœur battait à tout rompre. Mon esprit curieux bouillonnait littéralement alors que je m’imaginais déjà terrassant un dragon avec pour tout arme mes petits poings frêles. Je ne vous cache ô combien j’ai été déçue en apercevant la drôle de créature au fond de la grotte éclairée par une lumière que bien avisé serait celui qui me dirait d’où elle provenait. Imaginez donc ma tête quand, détaillant les moindres parois couvertes d’armes diverses et variées, j’en vins à regarder l’arrière de la pièce. Et là, ce fut la chute.

« Coco. Bonjour Coco. »

J’en reste bouche bée. Un perroquet. C’est un perroquet. Mes yeux cherchent un autre occupant dans la salle alors que je m’approche de l’animal pour le caresser. J’ébouriffe pensivement les plumes blanches du cacatoès en me concentrant  sur les alentours. Je n’avais jamais vu autant d’armes réunis en un seul endroit. A quoi cela pouvait-il bien servir ? Certains des emplacements ne portent plus que le vide. Un soldat les a-t-il perdu ? Je mets un moment avant d’émerger de ma contemplation. En fait l’oiseau m’a aidé. Je pousse un brusque cri de douleur avant de reculer en frottant mon doigt.

« Saloperie de piaf.
- Surveille ton langage jeune fille. Que tu me décoiffes passe encore mais que tu m’insultes… »

Je recule, les yeux écarquillés. Le perroquet. Mais bon dieu, qu’est-ce que c’est que CE perroquet ? La bestiole éclate de rire en voyant mon air troublé et descend de son perchoir pour sautiller sur le sol de la grotte. Il bat deux trois fois des ailes sans se soucier de moi avant de se secouer l’empennage avec une certaine grâce. Aucune en fait. Moi, je reste là à observer, cherchant à savoir si j’étais atteinte de folie ou si j’avais pris une substance non-identifié pendant le trajet. Je dû me résoudre à écarter les deux possibilités. Je vais parfaitement bien et je suis avec un drôle d’oiseau.

« Qui êtes-vous ?  me risquais-je à demander
- Coco. Coco veut un biscuit.
- Pourquoi fallait-il que ça m’arrive à moi ? C’est vrai quoi, c’est normal d’être dépourvu de magie, de se faire trainer dans une grotte après un entrainement avec un rouleau compresseur et de parler à un … perroquet.
- Cacatoès, corrigea-t-il.
-Cacatoès si ça te chante. Donc je disais parler à un cacatoès schizophrène dans une pièce sombre, humide et remplie d’armes.
- C’est tout à fait normal. Tous les autres vont y passer après toi.
- Hé ben ça promet. Pas un seul ne va prendre au sérieux un piaf à double personnalité.
- Conasse.
- Pardon ?
- Coco.
- Raaaaah. »

Je soupire de désespoir et fait demi-tour pour regagner le peuple civilisé. Je grommelle en ignorant superbement l’oiseau qui me court après. J’en ai assez de cette mascarade et je vais de ce pas demander des explication à mon maitre d’arme. Et peut-être que j’envisagerais après de le pousser dans les escaliers. Histoire de voir qui et le plus crédule des deux. Oh oui, l’idée me tente beaucoup. Peut-être même un peu trop. J’arrive enfin au pied du l’escalier quand le cacatoès se pose sur mon épaule. Je fais mine de ne pas m’en rendre compte et avance pour prendre appuis sur la première marche. Au lieu de quoi, je me mange un mur énergétique qui n’était pas là auparavant. Je m’écroule les fesses dans la poussière en me frottant le nez et en foudroyant la bestiole du regard.

« Je t’avais prévenue jeune fille. Mais maintenant tu seras peut être plus à même de m’écouter. »

Je ne réponds rien et me contente de soupirer. Ce n’est pas comme si j’avais le choix visiblement.

« Sais-tu qu’il arrive régulièrement que certaines personnes naissent sans magie ? C’est pour ça que, quand elle intègre la garde, elles sont amenées ici en première. Dis-moi Eileen, que vois-tu ici ?
- Un perroquet.
- Non pas moi, autour.
- Des armes. Il en manque quelques une au fait.
- Coco est content.
- Et allez c’est reparti.
- Je disais, d’après toi, …. Coco veut un biscuit.
- J’hallucine.
- Coco… Fais-tu ? »

Je me lève, parcourant le chemin inverse pour m’approcher d’une des parois. Les armes sont splendides. Des poignées ciselées, des lames affutées en métaux divers et variés. Mouchetés, souple, épaisse… Chaque arme semble avoir sa propre particularité et sa propre histoire. Certaines, patinées, témoignent de leur multiple possesseur alors que d’autre sont encore aussi neuves que si elle sortait à peine de chez le forgeron. Mais aucune n’a réellement éveillé l’intérêt que je me surprends à porter au minuscule bracelet à demi éclipsé par la pénombre. J’entends vaguement un « pas celui-là » dans mon dos mais je ne peux pas m’empêcher d’avancer vers l’objet. Et, avant même que je réalise ce qui se passe, le bijou bondit sur moi avec une telle violence que j’en bascule en arrière et me cogne la tête sur le sol de granit dur et froid. A la lisière de la conscience, j’ai pensé entendre la voix du perroquet appeler le maitre d’arme qui somnolait derrière la porte. J’ignore s’il l’a réveillé. Les ténèbres m’engloutirent sans me laisser l’occasion de le déterminer.


J’ai loupé les jours suivants, en proie à une véritable fièvre de cheval. Ma main avait enflée et je m’étais considérablement affaiblie. Je me souviens vaguement des visites. Des murmures et des pleurs, des prières et des colères.  Il y avait eu foule. J’avais reconnu Bastian, Mère et la petite troupe de joyeux lurons avec qui j’étais entrée. Puis cela s’est calmé. Il y eut moins de monde. Mais la durée était considérable. J’ai dormi une année entière. Ma vie semblait compromise pour les vivants mais pourtant je luttais. C’est une drôle de sensation vous savez ? Se réveiller un an après que l’on se soit assommée comme la pire des cruches. Mais je dois vous avouer que je soupçonne Changeling d’être l’origine de tout ça. J’ai eu des milliards de rêve avec lui ou il me parlait sans arrêt. Un drôle de jeune homme aux cheveux bleu azur et au sourire carnassier qui passait plus de temps à m’ébouriffer les cheveux qu’à me laisser parler. Les rares fois où il se taisait, j’entends l’extérieur. Grâce à lui, j’ai appris ce qu’il était, ce qu’il me voulait. En un an, j’ai compris qui était exactement mon arme tout en commettant sensiblement l’erreur de délaisser mes proches. Mère a été la première à désespérer. Puis vint dans l’ordre mon père et mes amis. Le seul qui résista s’avéra être Bastian.

« Elle est toujours vivante et elle reviendra, croyez-moi. »

Quand il était seul, il pleurait. Il me suppliait avant de s’endormir de fatigue. Et Changeling, de l’autre côté, tentait à tout prix de me faire jurer que je l’aiderais. C’est le jour où j’ai craqué que je peux dire que mon histoire a commencée à tourner. Dans mon cœur, dans ma tête… Partout.

« Jure le moi.
- Changeling.
- Jure le !
- Mais bon sang de quoi tu parles Changeling à la fin !?
- JURE LE BORDEL.
- TU ME FAIS CHIER. JE LE JURE. »

Oui, je sais, c’est assez reluisant comme … communication. Non soyons honnêtes, c’est minable. Mais ça marche. Mes yeux s’ouvrent lentement sur la réalité. Et quelle réalité. Vous vous rappelez de comment on réveille la belle au bois dormant ? Dois-je vous expliquer la surprise que j’ai eue en découvrant juste au-dessus de moi, le visage désespéré de Bastian ? La sensation de baiser est agréable mais non. J’ai cru à une mauvaise blague de Changeling avant de le voir ouvrir les yeux et passer de blanc pâle à rouge tomate.

Il se met à bredouiller en cherchant une issue des yeux. Une grande première pour moi. Je ne l’ai jamais vu gêné. Ça vaut le détour en plus. Il me tourne le dos pour se diriger vers la porte. Pour aller chercher les autres a-t-il dit. Ma voix l’arrête sur le seuil.

« Tu sais, Pivoine, tu aurais pu demander avant de te servir. On apprécie toujours d’avoir donné l’autorisation en général.
- Les absents ont toujours torts Leen. Je suis heureux de te revoir. »

Il sort, me laissant seule avec moi-même pour que je me prépare à revoir les autres. Je lâche un petit rire en imaginant la tête de ses petits marioles quand ils m’apercevront. Ils feront un bruit monstre. Je cligne des yeux avant de me décider à m’asseoir. Ma main lisse distraitement ma chevelure alors que je surveille mon reflet dans le miroir. Autant être un minimum présentable quand on revient du royaume des morts non ?
Vous avez déjà entendu parler de la complicité ? Non pas la complicité qu’on pense avoir avec un ami de longue date mais une autre un peu moins connue qui consiste à anticiper chacun des mouvements et les moindres désirs de l’autre ? Cette connexion tellement enflammée que vous-même, vous ne savez plus si c’est l’amour ou l’amitié qui vous unis. Je ne savais plus trop où j’en étais quand je suis revenue parmi les miens. Jean, Max, Clément, Alex ‘, Bastian … Ils avaient tous changés. Le binoclard tout fin était devenu un homme costaud qu’on pouvait difficilement mettre à terre, le p’tit qui portait mal son nom avait encore grandit et devait bien faire trois tête de plus que moi sans même évoquer les extrémités qui lui servait de poing. Des boulets de démolition purs et simple. Clem’ s’illustrait dans son contraste, faisant ma taille et guère plus que moi niveau corpulence, ce qui ne l’empêchait pas d’être presque aussi convaincant qu’Alex’ et sa rassurante force tranquille.  Bastian n’avait pas fait exception à la règle. Et chaque jour, alors que je récupérais mon retard à pas de géant, je remarquais un détail différent qui faisait battre mon cœur et papillonner mon ventre.

Ils étaient tous devenus des jeunes hommes ayant prouvé leur valeur. C’est à partir de cet instant que je dus faire des efforts pour ne pas paraître triste. J’avais raté l’année qui leur avait fallu pour changer. J’avais raté quelque chose de tellement important que j’avais presque l’impression d’être de trop parmi eux. Les gardes, les escortes … J’avais perdu ma place au sein de la bande. Je souriais, je combattais, je riais mais n’importe qui aurait pu voir que le cœur n’y était pas. Je suis restée comme ça, refermée sur moi-même à les observer et les voir évoluer sans pouvoir ne serait-ce que vivre avec eux comme je l’avais fait. J’étais parfois exclue des conversations sans compter les entraînements où j’apprenais autant à planer qu’à plier en deux l’espèce de mur en béton armé qu’était devenu Maxime. Mais ce n’était rien face à l’immense complexe qui était né en moi quand j’avais compris qu’ils maîtrisaient tous la magie.

Et puis il y avait Bastian. Depuis l’incident de la chambre, nous ne savions plus comment nous parler ou même simplement agir. Pourtant sur le plan du duo que nous formions à l’entrée des portes que nous gardions, nous étions en symbiose. J’anticipais ses idées et il parait mes erreurs pour en faire des avantages même si dans les faits, nous ne pouvions plus croiser nos regards sans rougir à la pensée du baiser. Ce malaise ne tarda pas à grandir entre nous, me séparant un peu plus de l’endroit où j’avais voir ma nouvelle famille. Saviez-vous que les problèmes ne viennent jamais seul ? Qu’ils ont toujours eu la capacité d’attirer à eux le macro-cosmos qui rassemble leur frère et cousin pour l’offrir à leur cible encore pleine d’espoir ?


« Je crois que je t’aime. »

Elle ne tressailli même pas quand la voix suave de Bastian troubla le silence qui les entourait. Elle ne prit même pas la peine de le regarder, restant obstinément fixée sur la ville illuminée et grouillante de vie festive en contrebats. Le festival de l’équinoxe de printemps battait son plein et l’air doux faisait remonter aux deux gardes les effluves d’odeur de nourriture et les milliards de musiques déformées par la distance. Eileen réfléchissait. Elle ne savait trop que répondre. D’un côté son cœur penchait en faveur de son ami et de l’autre, elle ne pouvait se résoudre à abandonner ce qu’elle était. Une vierge de vingt et un an au caractère plutôt changeant et à la liberté valant son pesant d’or. Ses paupières se ferment alors qu’un long soupir s’échappe de sa gorge. Le bracelet sur son poignet s’agite nerveusement, ne sachant pas si ses pensées traduisait ou non un danger immédiat. La jeune femme du s’intimer le calme avant que Changeling ne puisse enfin retrouver son état normal d’attente. L’incertitude et la confusion le perturbait. Eileen nota mentalement cette information avant de revenir sur son problème initial.

« Croire n’est pas savoir. » finit-elle par lâcher en poussant sur son pied pour se décoller du mur ou elle s’appuyait. « Je vais faire une ronde.
- Eileen …
- Je sais Bastian. J’essaie juste de savoir sur quel pied danser alors laisse-moi réfléchir en paix s’il te plait. »

Elle l’abandonna sans se retourner pour se concentrer sur les palpitations valseuses de son cœur en proie à l’hésitation. Elle doutait que le temps lui suffise à quoi que ce soit. La jeune femme réagit à peine quand il l’empoigna par l’épaule pour la tourner vers lui. Elle ne bougea pas d’un cil quand il la serra dans ses bras comme l’homme éperdu qu’il paraissait être. Changeling hurlait à sa manière en brisant et reformant le bracelet. Pour lui, elle était sienne. Pour Bastian, elle était l’étincelle qu’il voulait posséder à tout prix. Et pour Eileen, elle n’appartenait à personne. Pas même à la terre familière et maternelle qu’elle foulait.

Etonnant de penser qu’au final, j’ai écouté mon cœur. Une semaine après, je me suis enfin décidée à retourner le voir pour lui dire ce que j’avais choisi. N’ai-je pas souligné qu’un problème n’arrive jamais seul ? Et bien en réalité, si vous cherchiez, vous pourriez presque deviner ce qui s’est passé.  Mais si vous ne voyez pas de quoi je veux parler, je vais vous éclairer.

Les pas crispés résonnaient contre la pierre sombre et ornementée de la cour intérieure du palais. Le son d’une démarche souple qui trahissait l’habitude de son détenteur à rester le plus discret possible. On pouvait aisément entendre son souffle brisé alors qu’elle courrait jusqu’à chambre comme une dératée, son esprit encore horrifier par ce qu’elle avait vu et ce qu’elle croyait qui n’était que mensonge. Son cœur, à sang, encaissait encore avec peine le fait de l’avoir vu avec une autre. Lèvres contre lèvres, échangeant la plus belle des promesses qu’elle avait un jour été persuadée qu’il lui réservait. Les larmes qui fendaient ses joues n’étaient que pur ornement sur sa beauté simple et dépourvue de fioriture apparente. Elle qui ressemblait tant à une jeune fille moins âgée venait d’en saisir les sentiments. C’est alors que, sur ce chagrin d’amour et la parfaite conscience qu’elle était maintenant libre qu’elle poussa le battant de sa propre chambre pour saisir le sac de voyage sous son lit. Sa résolution remplaça bientôt sa peine et elle commença à se préparer. Changeling émit un ronronnement semblable à celui d’un chat qui aurait perturbé quiconque ne l’avait pas côtoyé pendant près de maintenant deux ans.  Eileen repensa alors avec nostalgie à tout ce qu’elle avait vécue ici. Et c’est en envisageant le futur qu’elle y avait que le bruit des boucles de la sacoche troubla le silence. Elle repartit et se dirigea vers les écuries, laissant sa porte grande ouverte avec un mot griffonné à la hâte pour expliquer son geste sous une fausse couverture. L’étalon de guerre noir de jais qu’elle sella hennit doucement en reconnaissant sa maitresse. Eileen soupira d’aise alors que tous les deux franchissaient le pas de la porte des stèles puis bientôt du château. C’est alors sans regret qu’elle poussa l’animal au doux nom de Sorrow à pleine vitesse vers les routes pour sortir du pays. Elle avait un long voyage à faire. Et beaucoup de temps à y consacrer.
Les années défilèrent alors dans un flou plutôt appréciable. J’ai moi-même du mal à savoir la chronologie de tout ça. A savoir si je me suis engagée dans l’armée d’Enca lors d’un vagabondage, si j’ai gagné un concours de combat au bâton face à un loubard de deux à trois fois ma taille ou si j’ai dansé comme une forcenée pour aider la caravane marchande qui m’avait embaucher pour la protéger en traversant la royauté de Sin. Ça me ferait presque mal au cœur de résumer ses trois ans comme ça mais je dois avouer que je n’ai pas grand-chose à détailler. C’est au court de mes pérégrinations  que je suis passée par Fiore. Un pays fort prospère qui ne m’avait pas retenu plus de deux semaines avant de repartir par bateau en direction de Caelum pour participer à un raid anti-piraterie sur la côte touristique. L’affaire avait d’ailleurs été tellement préparé que la moitié des participants n’en étaient pas revenu. J’avais fait partie des rares à l’arrière qui avait simplement regardé les plus téméraires se faire massacrer avant de rentrer au bercail en renonçant à la mission sans le moindre remord.

Je crois discerner en vous une certaine impatience. Je sais que vous mourrez d’envie de savoir pourquoi j’ai choisi Lamia Scale. Pourquoi je suis revenue à Fiore. Je vais vous raconter comment cela s’est passé. Mais en échange vous devrez garder le secret de cette drôle de rencontre. Jurez sur votre propre tête que vous ne répèterez, n’écrirez ou ne propagerez jamais ce que je vous ai dit. Savez-vous qu’au détour de certain chemin, on découvre des choses bien étranges ? Et d’après vous, que fait un mercenaire qui n’est pas embauché et qui n’a plus le sou ? Eh bien il devient pillard, voleur et assassin pour survivre. Pour ma part, j’avais opté pour le pillage de voyageur passant sur une petite route connue seulement des marchands et des mages de grands chemins. Je prélevais un impôt d’une centaine de Jewels en guise de droit de passage après avoir corriger les plus téméraire, de quoi subsister quelques jours. Et puis, le jour de mon vingt-cinquième anniversaire, j’ai croisé la route d’Obaba.

C’était une proie facile. Je m’étais jetée dessus sans estimer le danger au préalable. Une grave erreur maintenant que je sais ce que représente la maitresse de guilde. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me suis retrouvée à tourner, tourner et tourner sans m’arrêter. Jusqu’à en vomir en réalité. Et tout ça sans cesser de me faire apostropher et traiter de minable cafard rampant sur la route des grands. Ecroulée lamentablement dans le fossé, j’ai regardé la vieille femme et son escorte repartir sans m’adresser aucune autre attention, vraisemblablement pressés de se rendre ailleurs. J’ai alors fixé le symbole jusqu’à l’avoir parfaitement mémorisé, immobile dans le ruisseau boueux où mes fesses se baignaient consciencieusement pendant que ma pauvre tête retrouvait son sens de l’orientation.

J’ai appris peu de temps après dans les tavernes que j’avais croisé des membres de Lamia Scale. Un soudard à demi ivre fut même suffisamment sympathique pour m’indiquer le chemin jusqu’à Fiore. Encore et toujours Fiore. C’est ainsi que je me suis mise en route pour la guilde, mes maigres possessions et Sorrow avec moi. Changeling semblait satisfait de mes choix et de ma vie de bohème. Jusqu’à présent, il ne s’était jamais plain. Il avait même parut enjoué à l’idée de rejoindre la guilde de cette fameuse vieille femme capable de faire tourner la tête à une guerrière aguerrie.

C’est avec le cœur battant à tout rompre que j’ai inspiré un grand coup pour me calmer avant de pousser les portes de l’impressionnant bâtiment. Mon arme et ami tremblant d’excitation alors que l’étalon attendait sagement dehors que je revienne le mettre dans un meilleur endroit, mon tatouage vert d’eau ornant ma cheville dénudée. A l’instant même où j’avais enfin la certitude d’avoir trouvé un lieu où je pourrais surement vivre en paix avec mon passé pour faire de mon futur une fleur éclosant dans l’adversité.

Je suis persuadée que vous avez remarqué que je n’avais pas répondu à la question avec laquelle tout ce récit a commencé.  C’est tout simplement parce que je n’en ai toujours pas la réponse et si je l’avais eu, je n’ai jamais dit que je vous la donnerais. En effet, ça peut paraitre injuste. Mais comptez sur moi pour la trouver. Après tout j’ai encore toute ma vie pour chercher…

© Lutèce Factory @ Fairy Tail RPG
 MessageSujet: Re: Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]   Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée] EmptyDim 29 Sep - 0:50

Anonymous
Invité


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Bonjour et bienvenue sur Fairy Tail RPG Eileen,

De façon exceptionnelle, je serai le premier à m’occuper de ta fiche, nous sommes un peu débordés ces temps-ci, j’espère que cela ne te dérange pas trop. Je rappelle ici que les critiques apportées à ton travail ne sont pas à prendre de manière personnelle et qu’il s’agit de bien faire entrer ton personnage dans l’univers de notre forum dans les mêmes conditions que tous les autres. En outre, j’ajouterai que mes conseils sont délivrés en toute modestie et ne font pas office de règle stricte. En cas de doute, tu peux toujours me joindre par MP, n’hésite pas, c’est toujours un plaisir d’aider et d’accueillir un nouveau membre. Enfin, toute mes excuses pour l’attente.

L’ordre général :

Le code est bon et ponctué de bonus plutôt sympa. Les images bien cadrées ponctuées d’un lecteur, j’aime beaucoup, ça nous plonge dans l’ambiance à chaque partie. C’est vraiment agréable pour les yeux comme pour les oreilles.

L’article psychologique :

Un joli plan, que ce soit volontaire ou non, j’apprécie toujours me heurter en premier à la froideur (quand elle existe) adressée aux inconnus pour ensuite percevoir la personnalité plus chaleureuse. La suite vient compléter tout ceci avec d’amusants détails qui la rendent plus réaliste. De ce que je conclus de ce personnage, c’est qu’elle cherche tant à cacher qu’il faut apprendre à trouver ce qui trahit la réalité de son caractère. Si je devais me permettre une remarque, développer certains points comme ses peurs, sa vision du monde et ses motivations n’auraient pas été de refus, bien qu’on ait déjà largement de quoi conjecturer avec tout ça. Ca laisse des choses à découvrir en RP, tu as de la chance, je suis un validateur qui adore ça. =P
Donc, partie validée.

La thèse historique :

Eh bien eh bien que voilà, une longue histoire ! D’ordinaire ce n’est pas mon dada, mais la lecture est douce et se fait toute seule. Puis y’a des images.
C’est très bien écrit, sincèrement, ta plume est prometteuse, ce sera un plaisir de te croiser en RP sur le forum. Il y a même de quoi rire, spéciale dédicace à Coco, pour la référence qui m’a fait rêver.
Je voulais initialement commenter au fil de ma lecture mais il se trouve que j’ai été trop absorbé, je n’ai pu décoller les yeux du texte, alors je n’ai visiblement aucune remarque négative à faire sur ton background, que des compliments. J’ai ajouté le trait de caractère « suicidaire » à ton personnage suite au paragraphe concernant ton arrivée à Lamia Scale. C’est parfait.
Partie validée.

L’index magique :



En conclusion, c’est une très bonne fiche. Il te suffit d’attendre un second validateur qui confirmera ou infirmera mes dires de son propre avis.

Bon jeu sur le forum Eileen =)
 MessageSujet: Re: Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]   Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée] EmptySam 19 Oct - 17:18

Solis Farron
Solis Farron

Lamia Scale

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Plusieurs points réglés, on passe au commentaire.

Commentaire générale
Pas de fautes, écrit clair, et une structure agréable en alternant les points de vue extérieurs et intérieurs, je valide.

Psychologie
Tu vas tourner avec Obaba. Mais c'est suffisant pour moi, je valide.

Background
Joli, bien manié, un beau développement suite à ton réveil sur la confusion de la complicité. La prochaine fois, ramène nous donc un de ces perroquets pour Obaba, elle va adorer...
Je valide

Magie


Conclusion
Deux précisions sur des points que je n'ai pas trop compris, et ce sera bon

En attente de modifications
 MessageSujet: Re: Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]   Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée] EmptySam 19 Oct - 17:52

Eileen Fa Long
Eileen Fa Long

[M] Iratus

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Merci beaucoup pour tous ses compliments, ça me réchauffe le cœur que cela vous ait autant plût.

 MessageSujet: Re: Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée]   Hum... Je dois vraiment mettre un titre ? [Achevée] Empty

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