La nuit était muette à Blue Pegasus. Kôta était rentré de sa mission avec Ayumi depuis quelques jours déjà, il tenait caché les documents qu’il avait récupéré dans le laboratoire d’Archibald Leigh, responsable d’immondices sur les humains, mais d’un autre côté, scientifique de renom et théologien sur la magie. Kôta avait tout appris de lui et se sentait presque mal d’avoir appris d’un meurtrier. La mission avait été un échec, ils n’avaient pas trouvé de preuves suffisantes pour incriminer l’homme. Enfin, ils avaient trouvés des preuves, mais ils avaient décidé tacitement de les garder. Kôta était en effet tombé sur un dossier portant son nom, dans un tiroir du laboratoire. Archibald lui avait même dit qu’il était intéressé par quelqu’un comme lui. C’était un mystère qu’il ne pouvait plus garder. Prenant sa respiration, il déplia le seul papier  qu’il avait récupéré du dossier et le lut.

Citation :

stade où le comportement de l’aiglon est plus docile après la cinquième injection. Il commence à s’habituer à la présence humaine. Son rapport d’émanation magique présente un taux de 86%, l’expérience est une réussite, l’oiseau a de la magie en lui.

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L’aiglon a été confié à H. qui l’a transmis à son fils K. D’après ses rapports hebdomadaires, l’enfant s’attache énormément à l’aigle, comme je l’avais deviné.

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C’est réussi : l’aigle porteur de magie a réussi à réveiller la magie qui résidait dans l’enfant, K. présente désormais les habilités d’un mage de Take-Over.

RESULTAT : L’implant dans les animaux semble être un catalyseur pour la symbiose entre l’humain et l’animal. Il y a cependant un grand risque que

Kôta lâcha la feuille, se massant les tempes. Il digérait mal les informations qu’il venait d’apprendre même si il avait directement saisi l’enjeu qu’elles posaient. C’était simple : il avait été depuis le début un pion d’Archibald, qui le surveillait depuis ses débuts pour voir l’évolution de sa magie. Et par un intermédiaire jusque là inavoué : son propre père, qu’il n’avait vu depuis des années. Le cadeau, le magnifique cadeau que son père lui avait fait pour ses quinze ans n’était qu’un piège, qu’un aigle modifié par on ne sait quel moyen d’Archibald pour… émettre de la magie ? Si Kôta était mage aujourd’hui, c’était grace à Archibald Leigh – ses écrits, essais, théories – et pourtant cette phrase prenait une dimension toute autre : l’aigle qui avait permis à Kôta de décupler sa faculté de Take-Over avait été envoyé par ce même Archibald. Kôta ouvrit les yeux, s’empara des deux grimoires posés à côté de lui et les balança au travers de la pièce avec rage. Il ouvrit la fenêtre et s’envola.

Archibald enfuit, il ne trouvera pas de réponses auprès de lui. Il fallait qu’il retrouve son père, mais ce dernier est quelque part dans le monde. Il attendrait. Il volait sans savoir dans quelle direction quand soudain, quelques aigles se mirent à le suivre. Ils volaient tous en nuage, semblant suivre Kôta qui pourtant n’avait pas d’itinéraire. C’était agréable, comme s’il comprenait chacun de ces oiseaux.

Mais soudainement, une bête-ailée se mit à leur poursuite, une bête beaucoup plus imposante qu’eux. Quelques aigles se dispersèrent sous la terreur, mais Kôta resta dans le groupe principal, toujours suivit. La grosse bête les rattrapa et d’un coup de patte s’en prit à un aigle qui fut projeté plus loin. Kôta fit volte-face, s’attaqua à leur adversaire, tentant de le griffer, mais d’un coup il fut assommé par la grosse. Il fit une chute de quelques mètres puis se réveilla, reprenant l’assaut : les autres aigles étaient malmenés par le gros rapace. Kôta, totalement absorbé par le combat, par le fait d’être un aigle comme s’il l’avait toujours été, réagit sans s’en rendre compte. Il poussa un cri en direction de ses amis et surtout, de  la grosse bête pour lui dire de reculer. De son cri si aigu s’échappèrent des ondes de choc qui frappèrent la grosse bête, qui, totalement étourdie, s’en alla plus loin. Mais elle revint à l’attaque. Sans trop réfléchir, n’agissant qu’à l’instinct, Kôta balaya les airs avec ses ailes, et deux lames de vent s’en dégagèrent pour frapper violement la grosse bête. Elle les laissa finalement, meurtrie, et les aigles purent continuer leur vol en paix.

L’acceptation de ce qu’il était, avoir appris la vérité, était-ce ça qui était à l’origine du soudain éveil de ses capacités ? Jamais il n’avait été capable de faire tout ça. Il n’avait été qu’un aigle. Mais désormais, c’est un mage.