Oui ! Espoir, victoire ! Voilà Damaz, le vaillant chevalier de Blue Pegasus, qui sort d’on ne sait où, nous garderons toute remarque déplacée quant à des spéculations concernant sa présence dans une armoire à jouets sexuels. Après tout, je m’en fiche, je suis reconnaissant rien qu’à son apparition magique qui va faire basculer la situation en notre faveur !
Ou pas.
Médusé, et sans mauvais jeu de mot, devant l’impuissance de Damaz, je me tortille en espérant échapper à cette foutue magie perverse et sadique, mais c’est sans succès encore une fois. La carcasse du tigre devenu chaton sous la puissance démesurée du maitre d’hôtel tombe tout aussi pitoyablement à mes côtés. J’ose même pas le regarder, de toute manière j’en suis incapable, mais l’ami des félins vient d’encaisser une sacrée baisse dans mon estime pour cette fausse joie. Je sens l’agacement monter en moi et se substituer à la panique, tout ceci est tellement irréel que ça en devient une vaste blague. Et encore, j’étais pas au bout de mes surprises apparemment.

Dans un élan de désespoir, Damaz crame un joker. Une troisième personne. Mes yeux s’agrandissent à l’apparition du dernier invité surprise. Un vocabulaire douteux, une tenue complètement loufoque, un style critiquable… Non vraiment, je ne partage aucunement l’humour douteux de cet homme cinglé. Mais je suis reconnaissant, et impressionné par ses capacités, même si tuer n’est vraiment pas la solution que j’aurais choisie. Le pire, le pire, c’est que ce taré ne semble pas satisfait d’être le vainqueur dans l’histoire, non. Un frisson macabre me traverse quand dans son sadisme le pousse à poser son trophée juste sous nos pieds. Je suis pris de violente nausée, vomir, une bassine, je vous en supplie. Le sort d’entrave faire encore effet. Je ferme les yeux. Pourquoi un tel comportement ? Le blondinet nous accorde un dernier discours, discours donc chaque mot me choque un peu plus, je maintiens mes yeux bien fermés comme pour éviter de revenir à la réalité. Rougeâtre ? Chasse ? Soyez prêts ? Ce mégalomane ressemble plus à un mauvais méchant de conte de fée, il ne parviendra jamais à ses fins, surtout par de tels moyens.

Les paupières toujours closes, je l’entends quitter la pièce, j’ai bien retenu son aura émotionnelle cette fois-ci, je ne le louperai pas la prochaine fois. Les liens invisibles se sont effacés, j’entends Damaz commencer à se démener, et moi toujours allongé, impassible. Violet, je suis devenu entièrement violet de la tête au pied, un miasme pourpre circule sur mon corps dans une aura dégoutante… Mon corps est devenu poison sous le dégoût de ce lieu, de ces attitudes, de ces mauvaises surprises. Je finis par ouvrir les yeux et me redresser sans un bruit. J’ignore totalement mon camarade, bien que cela ne soit pas dans mes habitudes, et j’inspire un grand coup. Quand vient l’expiration, j’essaye de chasser toute la magie qui s’est activée sans mon autorisation, mais ça marche pas trop, j’ai juste la tête qui prend feu. Oui, je craque.

« Et merde, si c’est ça qui lui faut, j’vais lui montrer moi. »

D’une détermination poignante, j’annule une bonne fois pour toute ce sort de transformation et je quitte la pièce bruyamment. Rien à foutre, mais alors, rien à foutre de leur délire, je m’arrête dans mon pas irrité soudainement en réalisant que l’un d’eux n’a rien demandé. Un regard à Damaz, une bouche qui s’ouvre mais qui ne trouve pas ses mots, tant pis, je la referme sans rien dire et part clairement énervé. Une chasse, sérieusement, une chasse ? Bah tu vas voir, prépare toi et serre les fesses gros relou, j’vais te montrer de quel bois Miku se chauffe. Ca a beau être un ramassis de criminels répugnants, je ne te laisserai pas les tuer de sang-froid comme si leurs vies valaient moins que les autres. Pour qui il se prend, cet inconnu ? De quel droit me prend-il de haut ? Et puis d’abord, c’est ma mission, c’est ma paie qui est en jeu, j’ai pas l’intention de laisser passer des kilos de glace juste sous mon nez. Bousculant sans aucune délicatesse les gens que je croise, je me dirige vers une salle bondée toujours fâché. Ah ouais, ah ouais ? J’attire les regards pleins de soupçons, mais personne ne bouge. Pas suffisant ? Utilisant mes talents d’acrobate, je bondis sur les épaules d’un pauvre gros qui n’a rien demandé. De là, mes mains viennent former un haut-parleur de part et d’autres de mes lèvres, écoutez-moi bien tous, j’hurle comme un poissonnier, je deviens pendant un court instant le héraut de la soirée.

« Tous des gros dégueulasses ! Sus à la luxure, bande de sans-organes ! Z’avez pas honte de vous pervertir comme des gros porcs ? Cachez vous, oui cachez vous ! TOUS ! Incapables de pêchez dehors comme tout le monde ? Am’nez vous, j’vais vous montrer moi c’que vous êtes, des p’tites… »

La réponse ne se fait pas attendre, un coup de vent, sans trop comprendre je bascule de mon promontoire doré engraissé, et c’est là que je me carapate vitesse grand V suivis par une horde d’employés. Ne jamais sous-estimer les capacités de fuite d’un blondinet remonté. Sautant sur le côté, j’évite une corde ensorcelée. Ah ça non, encore ligoté, très peu pour moi. J’aurais besoin de Manny, là, tout de suite. Ah bah, ça tombe bien.

« Depth of the feeling. »

Ni une ni deux, le mammouth… Non attendez, erreur d’aiguillage. Oh flûte, sérieusement ? Mon sort est raté, ou plutôt l’émotion n’est pas là, c’est donc un pot de fleur qui est apparu entre mes mains. Holy shit. Je fais quoi avec ça moi. Sans trop réfléchir, vu l’air vorace et peu aimable des poursuivants bien habillés, je balance ça comme obus de guerre dans la face d’un des déterrés qui s’écroule dans un bruit de poterie brisée. Miku 1, employés, 0. L’objet se dissipe alors que je reprends ma course, visant le couloir étroit à ma portée, il faut que je regroupe cette bande de zombie. Vu leur motivation, je dois poser problème. Heureux de l’effet obtenu, même si ma couverture est grillée, j’ai un éclat de rire. Je sais comment m’en sortir pour me cacher après, Solis m’aidera. Si si, Solis. Je peux toujours piquer son apparence quelques temps… Mais là, j’ai fui jusque dans les sous-sols du bâtiment, zone réservé au personnel… Bah c’est pas joyeux, on dirait un sanctuaire démoniste un p’ti peu. Mais là j’ai plus trop le temps. Je me retourne et dans un effort poussé jette Ordeal à mes fanatiques. Les voilà qui s’écrasent le nez contre le mur invisible avant d’entrer en dépression… Fera diversion le temps que j’enquête un peu plus sur ce qui se passe ici. Le souffle saccadé, j’arrive jusque dans une antichambre relativement… Originale.

« Sérieusement.. ? »

Si vous saviez ce qui se profilait en face de moi là… C’est dingue, c’est bien plus qu’un bordel cet endroit en réalité. Je suis sur le cul. Non, vraiment, venez voir ça. De suite.