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Plaisanterie de mauvais goût
 MessageSujet: Plaisanterie de mauvais goût    Plaisanterie de mauvais goût  EmptyMer 12 Juin - 19:28

Oméa K. Shizuka
Oméa K. Shizuka

Ajatar Virke

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Chaque assassin est probablement le vieil ami de quelqu'un.
PV ♫



J’avais enfin une pause. Un moment pour penser à moi, un lieu ou me reposer. Assise derrière le comptoir de la petite boutique de Matheus, je dessine l’un des bibelots posé sur l’étagère. C’était rare que j’aie des vides comme ça. Comme si les contrats se raréfiaient et que les choses se tassaient. Cela me semblait un brin bizarre. Les humains étaient de nature querelleur. Ils enviaient les possessions des autres et étaient assoiffé de gloire et d’ambition. Je n’allais pas m’en plaindre. Ça faisait tourner mes affaires après tout. Je porte mon attention sur une jolie montre à gousset quand un inconnu se précipite dans la boutique.

« Bonjour M…
- Je te trouve enfin petite garce ! »

Je le vois se ruer vers moi et il me soulève par le col en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Mon regard étudie mon assaillant avec calme. L’homme parait plutôt en colère mais j’ignore pourquoi il en a après moi. J’ai tué sa femme peut être ? Aller donc savoir. Je n’ai pas l’habitude de mémoriser le nom des morts moi …

« Puis-je vous être utile ?
- Tu vas me rendre l’argent que tu m’as volé.
- Pardon ?
- Ouais, la bourse que tu m’as piqué à l’instant ! Je t’ai suivie.
- Vous m’avez suivi … ?
- Ouais, il me secoua vivement, donne-moi ma bourse ou je te casse la figure. »

Un sourire insolent passe sur mon visage alors que mon crayon tombe au sol. Il veux me frapper ? Oh. J’en tremble presque. Surtout que pour une fois je n’aie rien à me reprocher. Pas la moindre petite implication dans les faits. En clair, je n’en ai rien à fiche. Mon poing se serra alors qu’il me faisait quitter le sol. Je commence à manquer d’air. Tss. Que les gens sont cons. Ma main rencontre son plexus solaire. J’entends vaguement le bruit du ballon de baudruche qui se dégonfle avant de retrouver la terre ferme. Je saute illico par-dessus le comptoir, clouant mon ami au sol.

« Alors tu vas m’écouter bien sagement. Je ne sais pas qui tu es, je ne sais ce qu’on a fait mais l’abus d’alcool c’est mauvais pour la santé. Alors au lieu d’accuser n’importe qui sans aucune preuve, tu ferais mieux de te casser fissa avant que je ne décide de m’occuper de ton sort. Et crois-moi, tes ancêtres eux-mêmes ne te reconnaitrons pas quand tu iras trois pieds sous terre pour les rencontrer. »

Je me relève et le regarde avec dédain pour m’épousseter. Dans un élan de gentillesse, je le chope par le col et le jette hors de la boutique.

« Et que je ne te vois plus jamais dans le coin où j’appelle les gardes, fit je en prenant l’air de la douce jeune fille outrée par les paroles d’un soudard qui la prenait pour une demoiselle de petite vertu »

Je claque la porte en soupirant. Je hais les gens. Je retourne tranquillement derrière le comptoir pour reprendre mes occupations. Seulement, à peine eussè-je posé mes fesses sur la chaise qu’un second inconnu entra.

« Bonjour Monsieur, puis-je vous…
- Connasse ! Rend moi mon fric !
- Encore un ? Bon sang mais qu’est ce qu’ils ont tous … j’ai l’air d’une banque ou quoi ? »

J’entends l’un des verres de cristal posé sur l’étagère à l’entrée se briser. Le second casse pied de la journée tient l’étagère et entreprend de tout foutre parterre. Oh là mon vieux on va pas être copain. Je passe une fois de plus par-dessus le comptoir quand un nouveau bibelot entre en combat avec le sol. Défaite total du vase puisqu’il explose en mille morceau. Je grince des dents.

« Ce machin valait trois mois de salaire. J’espère que tu as de quoi le rembourser.
- Ta pas rempli les clauses du contrat, je veux mon fric.
- Quel contrat ?
- Tu devais tuer l’amant de ma femme. Et là que vois-je dans la rue ? Celui-là même en train de cajoler mon épouse. J’exige un remboursement ! »

Je ne le connait pas. Et ça fait bien au minimum cinq jours que je n’ai pas eu d’histoire du « Je convoite ta femme mais tu le sais donc tu vas me buter. ». Autrement dit, il s’est trompé de poisson. Je m’apprête à lui répliquer quand un autre client entre. Suivit d’un troisième puis d’un quatrième. Ils commencent à me hurler dessus et les informations se mélangent. Alors, à 3 j’ai piqué la caisse, à 4 j’ai triché pendant un poker. Seulement le truc c’est que … je ne les connais ni d’Adam ni d’Eve tous ses gars moi. Je rabats le caquet de 2 et commence à expliquer à 4 que je n’ai jamais joué au poker de ma vie. Bien évidemment, 3 me hurle après et 1 revient à la charge dans la boutique. Je sers les dents, je reprends mon explication en me faisant couper pour la cinquantième fois…. Puis je craque.

« MAIS VOUS ALLEZ FERMER VOS GU*ULES NOM D’UN ARCHIDEMON ?»

Je soupir de soulagement devant le blanc puis reprend mes explications pour la dernière fois. Mes yeux se posent sur la devanture pour voir si un cinquième casse bonbon ne va pas débarquer et là je me vois. Non bande d’idiot, je ne parle pas de mon reflet dans la vitre. Je me vois en train de courir dans la rue avec une robe haute couture dans la main. Oh ciel … Je plante 1, 2, 3 et 4 pour sortir à mon tour. Quelqu’un pourrissait donc mon image. Voilà pourquoi je n’avais plus de contrat depuis si longtemps. Ah le salaud … il va me le payer. Je m’élance à sa poursuite, bousculant les passants sur mon passage. Une bonne partie d’entre eux commence à râler mais je n’y prête guère attention. Je trottine derrière l’hurluberlu qui m’a piqué mon apparence par je ne sais quel sortilège bizarroïde. Je l’aurais bien abattu avec mon arc mais il y avait beaucoup trop de monde. J’allais devoir la jouer fine. De plus, impossible de me rendre invisible avec toute cette cohue dehors. Bordel, quel idée m’avait prise de me mettre dans une ville aussi peuplée ? Une idée de blonde, je serais prête à le parier.

Commence alors une vraie partie du chat contre la souris. Traversant la moitié de la ville par les rues, je finis par abandonner la voie terrestre encombrée après avoir sauté par-dessus une dizaine de charrette renversé par mon prédécesseur. J’attrape une gouttière et l’escalade pour continuer sur un toit. L’autre commence déjà à disparaitre au bout de la rue quand je prends enfin appuis sur les tuiles pour reprendre la course.

« Bordel … »

Je me tape un sprint pour le rattraper et murmure à bout de souffle l’invocation de mon arc puis de mon armure. Tant pis pour les civils, ma réputation était en jeu-là. Je bande Belphégor en visant ma cible et relâche mon trait. Le voleur tourne dans une rue adjacente pour esquiver. Seulement, j’avais prévu le coup. Je saute de mon perchoir pour atterrir à l’entrée du goulot que je sais finir en cul de sac.

« Tu peux arrêter de courir mon lapin. Tu n’iras plus nulle part. »

Mon arme et mon armure retourne dans l’Arsenal alors que je m’approche de ma proie. Je craque mes doigts en souriant sinistrement.

« Et si on parlait dédommagement pour outrage et diffamation ? »

Je me mets en garde, silencieuse, impatiente de voir ce qu’il allait répondre. J’attends. Une minute. Deux minutes. Trois minutes. Je soupire. Ce type est voleur et muet. Génial. J’adore me faire prendre pour une idiote.

« Parfait. Qui ne dis mot consent il parait. Alors passons à la condamnation tu veux ? »

Je m’approche et lui porte un premier coup de poing qu’il pare sans problème. Je lui en assène un second pour obtenir le même résultat. Je pose mes yeux dans le reflet de mes pupilles vertes émeraude. Bordel. Que c’est troublant qu’il me ressemble autant. Il profite de mon hésitation pour me donner un coup de boule. Je grommelle en répondant par le même mouvement. Il m’éjecte d’un coup pied au sol avant de prendre le chemin de la sortie. Je ris presque. C’est tellement prévisible.

« Fatal Sloth »

L’empennage noir de la flèche se fiche dans sa cuisse. Je rejoins ma cible sans mot dire, une expression indéchiffrable sur le visage.

« Bon. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Qui t’as engagé ?
- …
- Répond. Je me sens magnanime aujourd’hui donc je pourrais te laisser partir.
- …
- T’as gobé ta langue ou t’es simple d’esprit ? Qui t’as engagé ? Donne-moi le nom de ce fumier. »

Couler la concurrence de cette manière-là, ça se faisait. Sylva le faisait avant. Donc je sais à peu près comment ça fonctionne. L’assassin paye l’imitateur pour qu’il salisse la réputation de son concurrent puis ensuite ils se lavent les mains dans son coin en sachant pertinemment que celui-ci allait peut être crever après avoir suffisamment amoché les affaires de l’autre. Evidemment, l’argent donner au début était faux. On ne paye pas les morts après tout. Je restais sans réponse pendant un long moment. Je finis par m’impatienter.

« Crosed Greed »

Le truc avec ce genre d’entourloupe, c’était de laisser un message derrière soi. Pas très discret mais efficace. Un joli : « Coucou toi ! Je sais que tu m’as tiré dans les pattes de la façon la plus obscène qui soit, alors maintenant prépare toi au retour, parce que ça va saigner. » Je grommelle en lui tranchant proprement la gorge avant de graver ma signature dans le corps. Je hoche la tête une fois que je suis satisfaite du résultat et troque mes dagues contre Bélial. Il était temps d’aller faire un brin de ménage chez les camarades assassins.

   
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