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Investigation Discrète~
[AYUMI YUME & HIRATA KÔTA]

Le Traité sur la Magie était posé sur sa table de chevet, il avait essayé de lire les premières pages, mais il l’avait rapidement reposé. Il cherchait ce livre depuis des lustres, et il l’avait enfin, après diverses recherches, trouvé. Pourtant, il n’était pas dans son assiette et n’arrivait même pas à lire l’ouvrage qu’il convoitait tant. L’expression n’est qu’un euphémisme, il était littéralement pris par une nausée grotesque. Son mal n’était pas d’origine physique, mais foncièrement mentale. Il exécrait toujours autant à faire une mission, il ne sortait presque plus de la chambre qu’il ne partageait pas et n’avait pas adressé la parole à quelqu’un depuis des lustres. Toujours et encore le même souci, pourrait-on dire ? Peut-être, mais à chaque fois qu’il surmontait cette pseudo-léthargie, il était accablé par de nouvelles informations qui lui passaient par-dessus tête. Il avait songé un premier lieu à la dépression. Peut-être était-ce physiologique ? Non, c’était différent. Il sentait qu’il pouvait sauter par-dessus cet état de lassitude permanente. Mais ce qui le tuait, au sens métaphorique du terme, c’était qu’il n’y arrivait pas.

On frappa à la porte, et Kôta sursauta presque. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, il avait fermé les volets derrière sa fenêtre et ne discernait aucun bruit extérieur qui pouvait lui confirmer si c’était la nuit ou le jour. Il se leva dans le noir et traversa sa chambre sans hésiter, légèrement masochiste (Cogne toi et ça te remettra peut-être les idées en place). En ouvrant la porte, il tomba nez-à-nez avec Bob, son maître.

« Kôta, tu es viré de Blue Pegasus. »

L’adolescent blêmit subitement, devenant plus pâle que pâle, avant de discerner un rictus sur le bord des lèvres du travesti.

« BLA-GUE ! Mon petit chou, ce n’était qu’une blague. Mais certains de tes jolis camarades m’ont quand même posé la question. On ne te voit plus souvent, en bas… Que se passe-t-il, mon lapin ? »

Kôta ne répondit pas directement. Son sang n’avait fait qu’un tour à l’annonce de la blague, et son cœur battait encore à la chamade. Il avait été blessé, au fond de lui, en entendant ces mots, et il ressentit une silencieuse amertume à l’égard de son mentor. Il attendit quelques secondes avant d’ouvrir la bouche, mais il ne savait finalement pas quoi dire. Il mentit, et Bob sembla le comprendre directement.

« … donc je suis resté couché pour ne pas que les autres attrapent mon virus.
_ Bien sûr, bien sûr. Belle initiative, Kôta. »

Malgré l’énorme sourire de Bob, Kôta sentit une sorte de déception dans ses propos. C’était légitime, car Kôta n’avait pas bougé depuis trop longtemps. Il était mage de Blue Pegasus, mais ce n’était qu’un titre qu’il n’honorait même pas. Il ne pouvait s’en prendre qu’à soi-même, car lui et lui seul était responsable de son état, mais pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher d’amplifier sa rancune vis-à-vis de son homologue. Comme si… Bob contribuait à l’énerver davantage. Il se rendit compte que son émotion n’était pas fondée, mais n’arriva pas à la stopper. Il devait abréger la rencontre.

« Je vais devoir retourner me coucher…
_ C’est dommage, j’avais une mission pour toi, mais je la confierais à un autre. »

Kôta ne répondit pas et ferma la porte derrière lui et s’y adossa. Il souffla, sans la vision de son maître qui alimentait sa colère infondée, il se sentait déjà mieux.

« C’est à propos d’Archibald Leigh. »

Un froid balaya la pièce. Dans le noir, Kôta devina la présence de Traité sur la Magie sur le bord de sa table de chevet. Qu’était-il arrivé à l’auteur, celui qui l’avait aidé à développer sa magie ? Lentement, il se retourna et ouvrit la porte. Bob, sûr de son coup, avait attendu.

« Qu’est-ce qui s’est passe ? »

Kôta se trouvait à présent en gare d’Hosenka. Il y attendait un mage de Fairy Tail qui l’accompagnera pour la mission. Il pratiquait presque toutes ses missions avec un mage extérieur, comme s’il était un mage de confiance pour assurer la bonne entente entre les différentes guildes, mais pourtant, ses dernières alliances s’étaient terminées de manière souvent dramatique. Cela pouvait-il révéler qu’il était inapte à travailler avec les gens de sa propre guilde ? Il oublia toutes ces préoccupations pour se concentrer sur la prochaine mission qui était imminente.

Archibald Leigh était un grand homme, qui avait théorisé énormément sur la magie. Kôta l’avait rencontré par hasard, des mois plus tôt, et il avait aidé le garçon à développer son potentiel magique. C’était, à l’instar de Bob, un mentor, voire plus. Dans le train pour arriver à ces lieux, il avait lu une bonne partie de Traité sur la Magie, sentant que cela pouvait lui être utile. Il n’avait pas rechigné à la lecture cette fois, comme revigoré, en apparence, par le devoir qui l’attendait.

Archibald était soupçonné d’effectuer des expériences monstrueuses pour théoriser ses traités et autres. Kôta avait rigolé amèrement quand Bob le lui avait annoncé. Ce n’était même pas une rumeur, seules quelques personnes étaient au courant des suspicions. Le Conseil s’était tourné vers les maîtres de guilde, et Makarov et Bob s’étaient mis d’accord pour allier deux de leurs mages pour enquêter. Kôta était certain qu’Archibald ne pouvait être coupable. Il allait devoir enquêter secrètement pour ne pas froisser l’égo de l’homme, et cela allait être difficile, mais rapide. Ils allaient passer au peigne fin le manoir du magicoloque et, fautes de preuves, le déclarer innocent.
Kôta attendit quelques temps sur un banc dans la gare, point de rendez-vous, quand une fillette s’approcha de lui. Peut-être la désigner ainsi était légèrement un abus car ils devaient avoir un ou deux ans d’écart, mais elle était vraiment petite, frêle. Kôta se redressa, tout aussi long que fin, et la regarda de haut.

« Tu es là mage de Fairy Tail ? Enchanté, je suis Hirata Kôta, de Blue Pegasus. »

Il la contempla davantage. Elle avait de longs cheveux violets, des yeux vairons, un look atypique. Elle ne ressemblait pas à un mage, mais Kôta non plus n’y ressemblait pas. Au final, ils étaient tous les deux des adolescents. Si Kôta n’avait pas déjà rencontré Archibald, l’approcher aurait été difficile… Quoi que, ce fut Archibald qui avait approché Kôta la première fois. Cet homme paraissait plein de bonté, de prévoyance. Il aurait peut-être aimé la présence des deux ados, ayant peut-être des soupçons sur leur présence, mais il les aurait acceptés quand même.

« J’imagine que tu ne connais pas Archibald Leigh… »

Kôta eu littéralement envie de se frapper. Pourquoi était-il si condescendant avec elle ? Pourquoi se comportait-il si mal avec tout le monde ? Il était de sortie et l’air frais lui faisait du bien, sans lui ôter son étrange nausée, mais personne à part lui n’avait à subir ses sautes d’humeur.

« Désolé, j’ai été froid. On recommence sur de bonnes bases ? Je suis assez… fatigué, en ce moment. J’ai personnellement rencontré Archibald, il m’a appris ma magie. L’approcher ne sera pas difficile. Mais il faudra rester vigilant. Si quelqu’un remettait en causes mes grandes découvertes, je serais vexé au plus haut point… Ce serait fâcheux qu’on force Archibald à bouder le monde de la magie et stopper ses magnifiques théorisations. Son travail est tellement bien. »

Il se mordit la lèvre inférieure. Il avait parlé vite pour se rattraper de son mauvais comportement. Il espérait qu’elle n’allait pas mal prendre ses piètres salutations. Si la mission se passait mal, ça allait encore être de sa faute.

Quand il se rendit compte que sa lèvre saigna, il stoppa. Il n’avait même pas sentit la douleur venir. Quelle désolation.

Lorsqu'Ayumi retourna à la guilde, elle avait encore en tête tous les jeux de marionnettes et les comptines que Makuba chantait pour son jeune public. Rêveuse, elle ne fit même pas attention au sourire que Mirajane lui fit en lui tendant une grenadine sans même qu'elle ait eut à la lui demander. Ayumi s'assit à sa table habituelle et commença à siroter son sirop d'un aire discret. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas une petite silhouette s'approcher d'elle doucement.

- Yo ! fit la silhouette en question.

Ayumi sursauta et se retourna pour apercevoir, dépassant à peine de la table de bois, un bonnet rayé orange et bleu. Ayumi posa son verre et sourit au bonnet biscornu.

- Bonjour, maitre !

D'un bond, Makarov sauta sur une chaise qui faisait face à la jeune mage. Après s'être confortablement installé de façon qu'Ayumi puisse voir son visage, il lui demanda :

- Dis-moi Ayumi, tu n'as rien à faire en ce moment ? Pas de mission en vue ?

Ayumi réfléchit un moment, puis fit non de la tête. Sa mission avec Caedes avait été la dernière et, pendant un certain temps, elle avait dû faire une pause pour digérer ce qu'il s'était passé... Elle n'en avait parlé à personne, bien sûr, pas même au maître : ce qui s'était passé là-bas ne regardait qu'elle et Caedes... Depuis, cela faisait un moment qu'elle n'était pas allée du côté du panneau de mission. La réponse d'Ayumi sembla réjouir le maître.

- Parfait ! J'ai donc une mission pour toi... Jette un coup d'oeil à ça.

Il lui tendit alors un papier plié en deux qu'Ayumi prit avec prudence et anxiété et le déplia sous le regard attentif du maître.

Spoiler:

Le regard étonné d'Ayumii passa de l'avis de mission au visage souriant de Makarov. Clignant des yeux comme pour reprendre ses esprits, elle réalisa que Makarov comptait bien lui donner cette mission. Un sentiment de panique l'envahit.

- Vous êtes sérieux, maître ?... Je veux dire... Cette mission... Elle m'a l'air vraiment difficile !... Pourquoi est-ce que vous m'avez?...

Makarov fit la grimace et la coupa :

- Regarde autour de toi Ayumi, le tournoi d'Angel Sky bat son plein. La plupart d'entre nous y participe ou encourage ceux qui combatte. Si je veux chercher un mage de disponible avec une magie qui pourrait intéresser ce Leigh, il ne me reste que toi de disponible. Et je pense que tu es maintenant capable de mener à bien une mission comme celle-ci.

Ayumi eut un peu de remord. Elle aurait dû aller encourager ses amis plutôt que de ne rien faire et de rêvasser dans son coin... Cette mission ne lui disait rien : elle avait l'impression de servir en quelque sorte d'appât pour ce magicologue. Mais une idée naquit dans sa tête. Si cet homme était si bien informer sur la magie, peut-être pourrait-il l'aider à lutter contre Yggdrasil ? Après tout, c'était la promesse qu'elle avait fait à Caedes...

Voyant le visage d'Ayumi s'assombrir et se méprenant sur la cause, Makarov essaya de la rassurer.

- Ne t'inquiète pas, tu vas faire équipe avec un mage de Blue Pegasus. D'après ce que m'a expliqué Bob... Disons qu'il n'est pas en grande forme en ce moment, mais ça devrait aller pour toi, finit-il par conclure avec un grand sourire.

Ayumi n'était pas vraiment convaincue, mais la demande venant du maître, elle n'avait pas vraiment le choix... Elle accepta.

***

Lorsqu'Ayumi arriva à la gare, elle était légèrement en retard sur l'heure de rendez-vous et espérait que le mage de Blue Pegasus n'était pas parti sans elle... Un train était déjà entré en gare et, à travers les vapeurs de fumées, Ayumi cherchait un garçon répondant aux indications du maître : 17 ans, une silhouette mince, des cheveux noirs corbeau et des yeux en amandes... Ayumi regarda la foule, déconcertée. Il lui semblait voir cet Hirata Kôta partout à la fois, mais lorsqu'elle s'approchait, il s'avérait ne pas être celui qu'elle cherchait...

Ayumi commençait à déprimer devant des indications si faibles et retourna au point de rendez-vous, un banc en bois au milieu de la gare... Sur lequel était assit un garçon à la chevelure noire corbeau, légèrement ondulée. Sentant un brin d'espoir naitre en elle, Ayumi s'approcha, hésitante, vers ce jeune homme, qui avait tout l'aire d'être son aîné de quelques années. Lorsqu'il apperçut Ayumi qui le fixait involontairement d'une manière insistante, il se leva d'une façon nonchalante et la jeune mage eut l'impression qu'il se dépliait lentement pour finir par la dépasser de quelques centimètres. Intimidée et curieuse, Ayumi en oublia ce qu'elle voulait demander et resta un moment silencieuse. Le jeune homme se présenta le premier :

- Tu es la mage de Fairy Tail ? Enchanté, je suis Hirata Kôta, de Blue Pegasus.

Ayumi acquiesça de la tête.

- Enchantée... Je suis Ayumi Yume... De Fairy Tail...

Ayumi se tut lorsqu'elle remarqua que le dénommé Kôta ne l'écoutait que distraitement, et semblait bien plus occupé à la dévisager. La jeune mage avait l'impression de passer un étrange examen... Mal à l'aise, elle se contentait de se tordre nerveusement les mains, sans dire un mot.

- J'imagine que tu ne connais pas Archibald Leigh...
- Hé bien...

Ayumi se tut. Elle ne savait sur cet Archibald Leigh que ce que la mission lui disait... Soudain, elle serra les points en remarquant un détail. Cela ne faisait que quelque seconde qu'ils s'étaient rencontrés et il lui semblait que Kôta faisait tout pour la rendre mal à l'aise, avec son ton condescendant... Elle commençait à comprendre pourquoi le maître n'avait pas envoyé quelqu'un comme Natsu ou Elsa travailler avec ce mage. Les ententes entre guildes étaient importantes et le maître de Pegasus n'aurait sans doute pas apprécié de retrouver Kôta rôtit ou découper en lamelle.

Ayumi, avec une grande inspiration, décida de prendre sur elle et ne répondit pas. Au fond, elle était plus triste qu'en colère et avait l'impression qu'elle allait faire échouer sa première mission avec quelqu'un d'autre qu'un membre de sa guilde... Un silence naquit et Kôta changea de visage, comme réalisant ce qu'il faisait.

- Désolé, j'ai été froid. On recommence sur de bonnes bases ? Je suis assez... fatigué, en ce moment. J'ai personnellement rencontré Archibald, il m'a appris ma magie. L'approcher ne sera pas difficile. Mais il faudra rester vigilant. Si quelqu'un remettait en causes mes grandes découvertes, je serais vexé au plus haut point... Ce serait fâcheux qu'on force Archibald à bouder le monde de la magie et stopper ses magnifiques théorisations. Son travail est tellement bien.

Ayumi le fixa un moment, puis lui sourit.

- Ce n'est pas grave... Cela... Arrive à tout le monde, je pense...

Pour elle, le plus important était qu'il s'en soit rendu compte, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être légèrement anxieuse de travailler avec quelqu'un au caractère qui semblait si instable... Mais elle chassa cette idée de sa tête et se disant qu'elle devait aussi faire des efforts de son côté. Du coup, elle s'en voulait un peu d'avoir été agacée par de si petits détails... Ayumi comprenait bien qu'on pouvait être quelque peu chamboulé de voir quelqu'un qu'on connait personnellement être suspecté de telle chose... Mais la jeune mage décida de ne pas souligner le fait que ces "magnifiques théorisations" étaient la cause de ces suspections...

Derrière eux, le sifflet du train résonna, faisant sursauter Ayumi. Le départ était pour bientôt...

- On... Devrait se dépécher...

Le voyage de Magnoria jusqu'à Hosenka fut des plus silencieux. Kôta semblait n'avoir rien à dire et ce n'était pas le genre d'Ayumi de parler pour le plaisir d'une discussion. Le mage de Blue Pegasus semblait seul, perdu dans ses pensées. Pour ne pas rester absorbée par ses yeux aussi sombre qu'un puits sans fond, Ayumi se contenta de fixait le paysage qui défilait derrière la vitre.

Lorsque le train s'arrêta dans la gare, les wagons furent légèrement bousculé par le frein et Ayumi se rendit compte qu'elle s'était endormi. A avoir essayer de fuir le sommeil depuis plusieurs semaines, celui-ci avait fini par la rattraper, bercée par les remouds du train. Se levant brusquement, elle chercha son compagnon du regard et le vit qui l'attendait devant la porte du compartiment. Se sentant rougir, Ayumi se dépêcha de le rejoindre.

Quand ils sortirent de la gare, Ayumi réalisa qu'elle ne savait même pas où habitait leur "client". Mais Kôta, contrairement à elle, s'était déjà renseigné et lui servit de guide à travers les rues d'Hosenka. La nuit commençait à tomber et les lumières d'Hosenka semblaient s'allumer une à une, comme si la ville s'éveiller doucement, sous les yeux émerveillés d'Ayumi. Passant devant une caserne, la jeune mage se demanda si elle pouvait y faire un saut pour prendre des nouvelles de ces trois anciens "élèves"... Mais elle chassa d'elle-même cette idée de son esprit. Elle était à Hosenka pour une toute autre raison, une toute autre mission.

Après avoir marché quelques minutes après être sorti de la ville, les deux jeunes mages atteignirent une majestueuse résidence, isolée de la grande ville. Lorsqu'ils arrivèrent devant le large portail argenté et torsadée de spirale, Ayumi perdit totalement la parole et parcourut la résidence des yeux avec admiration. Derrière le grillage, s'étendait un vaste jardin verdoyant qui encadrait un gigantesque manoir digne des contes de fées. Ses grandes tours et ses colonnes d’albâtre semblait vouloir atteindre le ciel. "Comment quelqu'un pouvait-il vivre dans une telle demeure sans s'y perdre tous les jours ?" se demanda Ayumi, rêveuse. Devant tant de splendeur, Ayumi resta un moment hébété, puis se tournant vers Kôta, elle demanda hésitante :

- C'est... C'est ici ? Que devons-nous faire à présent ?

Par là même, pleins d'autres questions se heurtaient dans sa petite tête. Que devaient-ils dire pour que ce Leigh les autorise à rentrer ? Avaient-ils un plan pour se faire accepter et peut-être rester pour la nuit ? Mais surtout, Ayumi se demandait si ils devaient sonner et faire la rencontre de ce riche magicologue qui l'intimidait déjà, rien qu'avec la vue que la jeune mage avait eu de cette somptueuse et vaste demeure...

La jeune fille restait calme en écoutant Kôta, mais quelque chose dans l'air, pas une tension, car ils n'en étaient quand même pas à ce point, mais quelque chose de précis fit sentir au garçon que sa collège était pleinement consciente et peut-être peinée de son attitude première. Après ses excuses, elle sembla passer l'éponge avec un simple sourire et balbutia quelques mots.
Ils se mirent en route; Kôta, l'estomac lourd de honte, se mordait discrètement les lèvres et n'osait plus parler. Lui qui était tellement bavard autrefois ! Pourquoi se laissait-il abattre aussi facilement ces derniers temps ? Ils montèrent dans le train calmement et s'installèrent. Il se rendait compte qu'il fallait engager une discussion, repartir sur de bonnes bases et, dans l'optique de réussir la mission, apprendre à connaître sa nouvelle camarade, mais il était trop perturbé pour ouvrir la bouche. Si tout foirait c'était de sa seule et unique faute. Il balaya cette idée de son esprit avant de tourner dingue. Il avait 17ans et sa crise d'adolescence était passée depuis longtemps. Ses sautes d'humeur restent infondées et inacceptables.
Il voulu se concentrer sur Ayumi mais il se rendit compte qu'elle s'était endormie. Il sourit devant le visage encore presque enfantin de la fille. Elle était mage, pourtant. Lui-même parfois, on s'étonnait quand il présentait son activité. S'il était allé à Blue Pegasus, c'était parce qu'il était presque orphelin. Était-ce le cas de cette fille ? Pouvait-elle abandonner sa famille sans raison valable pour intégrer la guilde de Makarov ? Il se savait littéralement rien d'elle, à part qu'elle paraissait timide, aux premiers abords. Il l'intimidait surement. Il se promit de la mettre en confiance dès son réveil.
A leur arrivée en gare, il se redressa tandis qu'elle ouvrait tranquillement les yeux. Il lui adressa un léger sourire.

« Bien dormi ? On est arrivé. »

Il quitta la gare pour se diriger vers le manoir d'Archibald, excentré de la ville. Ils marchèrent dans les rues d'Hosenka, le soir tombait lentement mais la ville ne dormait jamais. Ils ne parlaient pas, se laissaient porter par la légère brise. Ils arrivèrent devant le manoir bien assez vite, le soleil était caché derrière la cime des longs arbres au fond du domaine appartenant au scientifique. Ils étaient plantés là devant le portail. Ils n'étaient pas prêts, mais ils devaient y aller.

« C'est... C'est ici ? Que devons-nous faire à présent ?
_ Bonne question. J'y ai réfléchis un peu dans le train, et je pense que le plus simple serait que... »

La grande porte d'entrée du manoir s'ouvrit, et un homme se tenant droit, en costume - un majordome - s'approcha. Il se plaça face à eux au delà des grilles sans pour autant leurs ouvrir. Kôta, avant qu'il ne soit à leur hauteur, prononça entre ses dents une petite recommandation.

« On va y aller en improvisant... J'espère juste que ta magie est originale...
_ Bonsoir messieurs dames. Que souhaitez-vous ?
_ Mon nom est Hirata Kôta, et voici une amie, Ayumi Yume. Je suis une vieille connaissance d'Archibald Leigh et...
_ Monsieur ne veut pas être dérangé, connaissance ou pas.
_ Mais... c'est important... Je...
_ Repassez dans quelques jours. Au revo...
_ Laisse les entrer, j'en ai terminé pour aujourd'hui ! »

Kôta reconnu immédiatement la voix. Sur le seuil de la porte, un vieil homme s'était présenté. Vieux, mais en condition physique exemplaire pour son âge : Archibald Leigh, le regard amusé mais sérieux à la fois, le sourire aux lèvres, des cheveux grisonnants mais un visage d'ange qui montre parfaitement son expérience. Kôta ressentit un frisson d'excitation en le voyant. Le majordome grommela quelques recalcifications et ouvrit le portail. Ils entrèrent tous les deux, le portail claqua dans leur dos (On est enfermé désormais. Pourquoi je pense à ça ? Nous sommes en sécurité...) et ils s'approchèrent à vive allure d'Archibald. Quand ils lui firent face, Kôta vit le visage du magicologue s'émerveiller.

« Hirata Kôta, n'est-ce pas ?! Je me souviens de toi ! Alors, comment te portes-tu ? Toujours à Blue Pegasus chez ce sacré Bob ?
_ Tout va très bien, et oui, je suis toujours actif là bas ! Et vous, j'espère que tout va bien. Voici Ayumi Yume, une amie. J'espère que nous ne vous dérangeons pas.
_ Mais aucunement ! Vous restez pour cette nuit ? Quelle est la raison de votre visite ? »

Kôta regarda Ayumi à la va-vite. Elle devait se sentir mal à l'aise, du moins tout comme lui-même l'était. Il était ravi de retrouver Archibald, mais pour des raisons officieuses dont il avait honte. Il n'était pas sûr de pouvoir mentir convenablement. Et il devait répondre à Archibald. Il souffla légèrement, espérant ne pas faire un mauvais pas au risque de compromettre la mission. Il se lança.

« Et bien... C'est à propos de la magie de mon amie. Elle est elle-même magicienne et... elle aurait quelques questions à vous poser. Je n'ai moi-même pas les réponses, mais je ne suis pas un aussi brillant magicologue que vous ! Et comme nous étions dans le coin, je me suis dis que vous aviez peut-être du temps à nous consacrer...
_ Mais bien sûr ! Permettez que je me prépare quelques instants, et je suis à vous ! Mon majordome va vous guider, patientez quelques instants avant mon retour. »

Archibald s'en alla dans le manoir et le majordome leur ordonna de les suivre. Ils ne pouvaient pas parler entre eux car le majordome restait là, et ils leur demanda de prendre place dans le salon. Tout était extrêmement luxueux. Kôta regarda Ayumi. Il voulait savoir s'il avait bien fait en inventant ce justificatif. Si la pauvre n'avait pas une magie originale et si elle n'avait pas de questions à poser à l'homme, ils se trouveraient dans un sacré pétrin...

Kôta s'apprêtait à répondre, lorsqu'un homme entièrement vêtu de noir se présenta devant la grille argenté. Se sentant paniquée, Ayumi se retient de se tourner vers Kôta pour qu'il lui vienne en aide. Ce dernier, semblait pris au dépourvu lui aussi, eut juste le temps de lui glisser quelques mots à l'oreille :

- On va y aller en improvisant... J'espère juste que ta magie est originale...

Ayumi sera les lèvres pour retenir un cri de protestation. Ils n'avaient plus le temps de réfléchir à un plan ! La jeune mage se sentit soudain coupable : au lieu de dormir dans le train, elle aurait dû en profiter pour imaginer une solution... Pendant que Kôta essayait de discuter avec le majordome, le cerveau d'Ayumi fonctionnait à un plein régime. En quoi sa magie pouvait-elle bien intéresser ce Leigh ?

_ Monsieur ne veut pas être dérangé, connaissance ou pas.
_ Mais... c'est important... Je...
_ Repassez dans quelques jours. Au revo...
_ Laisse les entrer, j'en ai terminé pour aujourd'hui !

Au moment où Ayumi commençait à se demander ce qui arriverait s'ils étaient si rapidement mis à la porte, cette voix ferme s'était élevée et fit espérer un moment la jeune mage. L'homme qui s'avançait vers eux avait les cheveux éclaircis par des cheveux blancs et des discrètes rides était visible sur son visage. Pourtant, devant son allure dynamique et ses yeux pétillants d'intelligence, il inspirait immédiatement un sentiment de respect.

Les réactions autour d'Ayumi furent contrastées... Le majordome ouvrit le portail et les fit entrer en bougonnant, tandis que le visage de Kôta s'était soudainement éclairé et le jeune mage s'avança aussitôt avec le sourir vers ce vieil homme, qui semblait être Archibald Leigh. Hésitante, Ayumi rejoignait rapidement Kôta, lorsque le majordome referma brusquement le portail derrière eux. Devant le soudain claquement, Ayumi sursauta et jeta un discret coup d'oeil en arrière. Elle réalisa que la mission venait de commencer. Elle ne pouvait plus hésiter. Prenant une grande inspiration, elle fit face au magicologue et le regarda dans les yeux avec un sourire qui se voulait naturel.

- Hirata Kôta, n'est-ce pas ?! Je me souviens de toi ! Alors, comment te portes-tu ? Toujours à Blue Pegasus chez ce sacré Bob ?
- Tout va très bien, et oui, je suis toujours actif là-bas ! Et vous, j'espère que tout va bien. Voici Ayumi Yume, une amie. J'espère que nous ne vous dérangeons pas.
- Mais aucunement ! Vous restez pour cette nuit ? Quelle est la raison de votre visite ?

Ce n'était pas vraiment l'avis son majordome, songea Ayumi. Mais elle sortit vite de sa rêverie en voyant le regard de Kôta se poser sur elle. Déstabilisée, elle ne sut pas quoi répondre et s'apprêtait à bafouiller des phrases sans aucun sens, ne sachant pas quel mensonge inventé. Lui venant en aide, Kôta répondit à sa place d'un ton plutôt naturel :

- Et bien... C'est à propos de la magie de mon amie. Elle est elle-même magicienne et... elle aurait quelques questions à vous poser. Je n'ai moi-même pas les réponses, mais je ne suis pas un aussi brillant magicologue que vous ! Et comme nous étions dans le coin, je me suis dis que vous aviez peut-être du temps à nous consacrer...
- Mais bien sûr ! Permettez que je me prépare quelques instants, et je suis à vous ! Mon majordome va vous guider, patientez quelques instants avant mon retour.

Le maître de maison se dirigea vers le manoir, pendant que le majordome d'un ton sec nous demanda de "bien vouloir le suivre". Si Archibald avait eu un excellent effet sur Ayumi, son majordome, lui, n'était pas aussi agréable... Traversant différents couloirs dans la grande maisonnée, la jeune mage s'appliqua à se construire une carte du manoir dans son esprit. Elle mémorisa leur trajet, bien sûr, mais essayait également de mémorisé le plus de porte et d'escalier possible. Plus elle aurait de détail, plus une reconstruction mentale serait possible. Son frère l'avait souvent entraînée à le faire, en lui assurant qu'un sens de l'orientation développer pouvait parfois se montrer vitale...

Quand ils arrivèrent dans une salle que leur guide présenta comme étant le "petit" salon, Ayumi se dit qu'elle ne voulait même pas imaginer la taille de la salle de réception... La salle avait cependant été aménagée de façon très accueillante. Plusieurs fauteuils aux cousins rembourrés encerclaient une table basse de verre. Au fond, le feu était allumé dans la cheminée et déployait ses couleurs chatoyantes.

Alors que les deux mages s'asseyaient dans un des confortables fauteuils, Ayumi regretta que le majordome de Leigh ne les ait pas lâchés d'une semelle et qu'il comptait rester à leur côté jusqu'au retour de son maitre. Mal à l'aise, Ayumi chercha un peu de réconfort dans le regard de son compagnon, mais elle ne croisa alors que des yeux inquiets. La jeune mage comprit rapidement la raison de cette inquiétude. Elle n'avait pas su répondre directement à Archibald Leigh lorsqu'il fallait qu'elle parle de sa magie... Mais à présent, ils n'avaient plus le choix, c'était à son tour d'attirer l'attention du magicologue. Elle adressa un sourire qui se voulait rassurant au moment même où le maitre de maison entra dans la salle.

- Excusez-moi pour mon retard, sourit-il. Bon...
Il s'assit dans un fauteuil qui faisait face à Ayumi.
- Alors... Ayumi, c'est ça ? Ne soit pas si tendu, voyons... En quoi mon savoir peut-il t'aider ?
- Je... Enfin...

Le fait qu'Archibald ait remarqué sa tension l'avait prise au dépourvu. Sa voix s'englua jusqu'à en devenir inaudible, mais Archibald se contenta de l'encourager du regard. Ayumi se demanda comment elle allait s'en sortir, avec sa maladroite timidité. Une idée lui vient alors à l'esprit. Elle essaya de se rappeler les sentiments qui l'habitaient lorsqu'Yggdrasil la contrôlait. La force, la confiance en soi. Changeant doucement de regard, la jeune mage se sentit devenir comme une actrice qui devait jouer la comédie. Elle répondit, d'un ton plus calme.

- Excusez-moi... Kôta m'a tellement parlé de vous que je me sens intimidé de vous voir là, en face de moi... Je lui ai parlé de mes doutes au sujet de ma magie... Et il m'a proposé de m'accompagner pour vous rencontrer...
- Je t'écoute, sourit Archibald, dis-moi s'en plus sur ta magie, je te prie.

Ayumi jeta un regard gêné à Kôta. Elle n'avait pas l'habitude de parler si facilement d'Yggdrasil à des personnes qu'elle connaissait à peine et qui n'avait pas dû faire face à l'esprit millénaire... Mais elle devait le faire, pour le bien de la mission.

- Hé bien... Je ne sais pas si je peux parler de ma magie personnelle mais... Disons que mon pouvoir magique provient d'un esprit ... Dont les sentiments et les caractères, la magie et la force me submergent lorsque j'utilise son pouvoir... Elle se nomme Yggdrasil et...

Archibald, au nom d'Yggdrasil, se releva doucement dans son siège et la coupa, soudain intéressé.

- Yggdrasil, tu dis ? S'agirait-il de cet esprit millénaire à l'arc de Kyudo élémentaire ?... Je pensais qu'il ne s'agissait que d'une légende...

Ayumi fut surprise que le vieil homme connaisse la légende d'Yggdrasil, mais se dit qu'il était tout à fait normal pour un magicologue de se tenir au courant des légendes et autres histoires semi-imaginaires qui traversaient le pays magique de Fiore.

- Oui... On raconte dans ma famille que, parfois, la grande Yggdrasil daignait habiter le corps d'une personne qu'elle jugeait apte à maîtriser son art du Kyudo... Cette fois, c'est moi qu'elle a choisi...

La voix d'Ayumi se brisa. Expliquer lui demandait tant d'effort pour se contrôler... Contrôler ces souvenirs douloureux du jour où Yggdrasil l'avait choisi plutôt que son frère... Si elle ne l'avait pas choisi elle, Hiro ne serait pas... Ayumi secoua violemment sa tête pour reprendre ses esprits.

- Excusez-moi... Le problème que je rencontre... Et dont j'ai parlé à Kôta... C'est que parfois, Yggdrasil prends totalement le dessus... Je ne peux alors plus rien contrôler... J'aimerais savoir... S'il m'était possible de... Pouvoir l'emporter sur Yggdrasil...

Ayumi fixait Archibald, guettant la moindre réaction. Elle en avait oublié la mission, absorbée par l'espoir que cet homme possédait la réponse à ses interrogations les plus profondes. Elle avait l'impression de s'être mis à nu... Devant quelqu'un qu'elle était censée surveiller... Ce n'était pas vraiment la meilleure des situations et Ayumi s'en rendit compte trop tard.

Sur le visage du magicologue, l'incertitude avait laissé place à une intense réflexion. Il avait peut-être d'abord douté des affirmations d'Ayumi, mais il ne pouvait pas l'accuser de mentir... Pas sur Yggdrasil du moins. A présent, la perspective que lui offrait les dires de la jeune mage semblait éveiller dans ses yeux une lueur enflammé. Il voulait savoir, il voulait comprendre.

- Je dois avouer, commença-t-il, que ton histoire m'intrigue... Yggdrasil existera vraiment... Tu serais une sorte de - excuse moi le terme - une sorte de réceptacle de son pouvoir... Mais ce que je ne m'explique pas, c'est comment tu peux être sous le contrôle d'un esprit, d'une magie à l'intérieur de toi... J'ai longtemps théorisé et considéré que la maîtrise de notre magie provenait avant tout de nous-mêmes, de notre volonté... Tu devrais en être capable pourtant...

Ayumi fixait Archibald, si plongé dans ses réflexions qu'il ne remarquait pas que sa voix se perdait jusqu'à en devenir qu'audible pour lui-seul. Jetant un regard à Kôta, elle voulut voir ce qu'il en pensait, mais elle n'eut pas le temps d'analyser le regard de Kôta, que le magicologue reprenait déjà ses esprits.

- Excusez-moi, dit-il en souriant. Ayumi, dis-moi, tu n'as rien de prévu pour demain ? Il commence à se faire tard, pourquoi ne pas rester dormir ici cette nuit ? Je pourrais ainsi te proposer demain une analyse plus approfondit de ton problème... Tu peux voir cela comme un entrainement si tu préfères...

Ayumi acquiesça de la tête aussitôt et le remercie d'un murmure. Elle semblait avoir réussie la première étape... Se tournant vers Kôta, Archibald ajouta :

- Et toi Kôta, voudrais-tu profiter de mon invitation ? Cela me fera plaisir et tu pourras servir d'exemple pour Ayumi, tout en me montrant tes progrès.

Ayumi se tourna vers Kôta avec un aire qui se voulait suppliant. Mais elle connaissait déjà sa réponse.

« Une mission tu dis ? Ahahah, tu es encore trop jeune, Kôta !
_ Mais les mages du pays, c'est comme ça qu'ils travaillent, non ? Ils usent de leurs pouvoirs pour aider les gens ! C'est ce que je veux faire, plus que tout !
_ Tu n'as malheureusement pas de pouvoir, mon petit bonhomme ! Présente-toi à une guilde si tu veux, mais ils se moqueront de toi !
_ Hé bien j'en aurais un ! »

Kôta claqua la porte et s'en alla en courant. Le vieux bibliothécaire l'observa de la fenêtre de sa boutique, le sourire aux lèvres, quand une personne sortit de l'ombre.

« Dis-donc, ton petit-fils est un brin borné, non ?
_ La magie, la magie, la magie. En ce moment, il n'a que ça à la bouche !
_ Il serait pourtant disposé à la maitriser, tu ne crois pas ?
_ Attend voir, il n'a que 8 ans ! Laissons les choses avancer à leurs rythmes. »

Kôta, quelques rues plus loin, rentra chez son grand-père, s'étonna de son absence sans réaliser qu'ils étaient dans la même pièce quelques secondes plus tôt, et monta dans sa chambre à l'étage. Elle était assez grande, un lit en bois avec une épaisse couverture au centre, avec un énorme bureau et une bibliothèque à côté. Une baie qui partait du plancher jusqu'au plafond laissait entrer une douce lumière agréable qui donnait de la vie à la pièce. Kôta ferma la porte derrière lui, se rua à terre et glissa sous son lit. Il détacha une latte qui retenait son matelas et pu ainsi libérer un énorme livre qu'il cachait là depuis des semaines déjà. Il allait s'asseoir contre la fenêtre pour mieux lire à la lumière du jour, et l'ouvrit là où il était rendu.

« C'est juste un emprunt, de toute façon. »

Il avait eut accès exceptionnellement dans la partie réservée aux grimoires de magie, sous ordre de son grand-père qui avait demandé à avoir un grimoire. Kôta, qui avait plutôt de bonnes valeurs morales, n'avait cependant pas résisté à l'envie d'ouvrir un livre qui l'intriguait. C'était un vieux livre sur l'apprentissage de la magie. Il avait cependant entendu le bibliothécaire s'approcher, et avait rangé ce livre dans son sac, puis il avait demandé de l'aide au vieux monsieur pour trouver le livre que son grand-père lui avait demandé de ramener, et il s'en était allé. Arrivé chez lui, il s'était rué dans sa chambre pour cacher le grimoire qu'il avait volé -disons les choses telles qu'elles sont- et il ne l'avait sorti que des jours plus tard de sa cachette, paniqué à l'idée qu'on envoie la milice l'envoyer croupir dans les geôles de la ville avant qu'il ne se fasse une raison. Il dévorait les lignes, s’émerveillant devant les explications, ne comprenant pas tout, mais tout de même. Il étudiait le grimoire toutes les nuits, et le jour, quand son grand-père n'était pas là. Il en devenait presque obsédé, mais il aimait ça.

Kôta sortit de sa torpeur. Ayumi expliquait avec un peu de détresse les origines de sa magie, au moins, ils avaient de la chance qu'elle ait une magie rare (même si dans son cas ce n'est peut-être pas une chance...) Il fronça les sourcils, livré à soi-même. Il était étrange que des souvenirs lointains, d'environ dix années auparavant, ressurgissent subitement. Mais les circonstances apportaient sans doute la réponse. Kôta oublia ces drôles de souvenirs pour se concentrer sur la scène présente.

« Excusez-moi, Ayumi, dis-moi, tu n'as rien de prévu pour demain ? Il commence à se faire tard, pourquoi ne pas rester dormir ici cette nuit ? Je pourrais ainsi te proposer demain une analyse plus approfondit de ton problème... Tu peux voir cela comme un entrainement si tu préfères... Et toi Kôta, voudrais-tu profiter de mon invitation ? Cela me fera plaisir et tu pourras servir d'exemple pour Ayumi, tout en me montrant tes progrès.
_ Ce serait un plaisir.
_ Dans ce cas je vous souhaite une bonne nuit ! J'ai passé une longue journée et je vais me reposer dans mes appartements. Demain, je vous attend à l'aube dans mon jardin. Profitez bien de votre sommeil, Ayumi, il vous faudra être entièrement concentrée demain pour que nous trouvions une réponse à vos soucis. »

Sans attendre davantage, Archibald se leva, et disparut au travers d'une porte. On entendit ses pas quelques instants puis ils disparurent plus loin. Le Majordome, resté dans l'ombre pendant toute la scène, s'avança vers les deux invités.

« Veuillez-me suivre pour que je vous montre vos chambres pour la nuit. »

Ils se levèrent et marchèrent dans la dédale de couloirs et d'escaliers du manoir avant d'arriver dans une aile du bâtiment qui semblait réservée aux chambres d'invités. Le Majordome désigna deux chambres, assez éloignées l’une de l’autre mais dans le même couloir. L'une pour la fille, l'autre pour le garçon. Il s'excusa et s'en alla ensuite, promettant de revenir dans quelques instants. Enfin seuls, Ayumi et Kôta se rendirent dans la chambre du garçon pour parler le plus tranquillement possible.

« Ta magie semble particulière, heureusement qu'Archibald s'y intéresse... Excuse-moi, d'ailleurs, de l'avoir évoquée. Tu voulais peut-être garder ça pour toi, enfin, tu ne sembles pas si apte à en parler. Mais quelque soit ton avis dessus, Archibald est un grand homme et il ne peut que t'aider. C'est une énorme chance qu'il se soit dispensé pour t'entrainer. J'ai tellement appris de lui... Je crois même que j'ai presque tout appris de lui. »

Un flash lui parcourut l'esprit : lui, caché sous son lit, à lire le grimoire volé dans la réserve.

« Mais nous sommes içi pour la mission, avant tout. Si demain il faut le rejoindre à l'aube, et vu qu'en général ses entrainements prennent une bonne partie de la journée, on l'aura à coup sûr sur le dos et on ne pourra pas enquêter. Même si je ne sais toujours pas ce qu'on peut réellement chercher... Un laboratoire, tu y crois, toi ? Je pense que notre seule chance, c'est de se lever cette nuit. Le Majordome et Archibald dormiront. On ne devra faire aucun bruit, et on explorera les moindres recoins du manoir. Demain, on sera fatigués pour l'entrainement, ce qui est franchement dommage, mais la mission avant tout. »

Le Majordome rentra sans frappé, et sembla surpris de trouver la fille dans la chambre du garçon. Il avait avec lui un plateau d'argent et de la nourriture posées dessus avec une belle présentation.

« Archibald a déjà mangé, mais il reste des mets à votre disposition. La cuisinière est revenue exprès pour vous préparer ces quelques bouchées qui vous raviront sans doute, tenez vous en heureux. Je vous demanderais également de manger chacun dans votre chambre, et de vous couchez. Le couvre-feu ne va pas tarder, et Monsieur Leigh a besoin d'un sommeil parfait pour être au top de sa forme le lendemain. Merci. »

Le Majordome était assez acerbe avec eux, et ne semblait vraiment pas les apprécier, mais ils ne pouvaient rien dire. Il déposa quelques plats sur une table dans la chambre du lit de Kôta et guida Ayumi jusque dans sa chambre pour lui servir là bas son propre diner. Juste avant qu'elle ne s'en aille, Kôta lui fit un signe de la main en levant trois doigts. Trois doigts; dans trois heures, il viendrait la chercher et ils enquêteront.

Il manga, seul. Il trouva cette façon d'accueillir les invités un peu décalée, mais encore une fois, il se dit qu'ils ne pouvaient rien faire contre car ils étaient -justement- des invités. Si Archibald les coinçait la nuit en train de fouiller, que leur arriverait-ils ? Il serait affreusement vexé, et discréditerait à coup sûr Blue Pegasus et Fairy Tail, pourtant deux guildes des plus célèbres et appréciées. L'avenir de leurs camarades reposait sur leurs mains... Kôta préféra penser à autre chose pour se détendre. Il se coucha, regardant le ciel dégagé de la nuit par la fenêtre, et attendit que le temps passe.
Au bout de trois heures, il sortit. Sa porte grinça mais il étouffa le bruit comme il pu. Sur la pointe des pieds, il rejoignit la porte d'Ayumi. Il ne pouvait pas frapper pour ne pas faire de bruit résonnant dans tout le manoir. Alors, il ouvrit la porte, espérant ne pas l'incommoder pour autant.

Ayumi se retourna encore une fois dans son lit. Elle ne réussissait pas à dormir. La jeune mage se sentait mal à l'aise. Il lui semblait qu'elle abusait de la gentillesse de leur hôte. Après tout, si elle et Kôta était ici, c'était avant tout pour le surveiller et l'espionner...

Ayumi se leva brusquement. Elle sentait qu'elle ne réussirait pas à s'endormir, d'ailleurs elle ne le voulait pas... Qui sait qui habiterait ses rêves à ce moment-là ? De plus, Kôta lui avait fait comprendre que leur investigation commencerais à trois heures, et elle ne voudrait pas qu'il la trouve encore une fois endormie quand il rentrera. Ne pouvant plus supporter de rester allongée à ne rien faire, elle s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit doucement, laisant ainsi le vent nocturne entrer dans la chambre. La lune resplendissait de sa pâle lueur. Ayumi s'assit sur le rebord et la regarda avec ravissement et rêverie.

Soudain, Ayumi entendit un léger bruit derrière elle. D'un bond, elle se leva et se retourna, mais son inquiétude disparut lorsqu'elle reconnut Kôta au seuil de la porte. Elle lui sourit, un peu gênée, mais ne dit rien. Leur recherche allait commencer et il fallait mieux se montrer discret.

Ayumi rejoignit Kôta, mais se rendit rapidement compte qu'ils allaient avoir un problème. Chercher, c'était une chose, mais quoi ? Kôta avait parlé d'un laboratoire sur le ton de la plaisanterie, cependant cela pouvait bien être le cas... Mais pourtant... Après avoir rencontré Archibald Leigh, Ayumi était moins sûr d'elle... Il lui avait fait une excellente impression et le suspecter d'une chose aussi horrible que des expérimentations humaines... La jeune mage se sentait honteuse et avait l'impression de le trahir, de le salir par cette seule pensée...

Ayumi secoua sa tête, comme à son habitude pour chasser des idées déplaisantes. Elle avait une mission à accomplir, il ne s'agissait pas seulement de trouver des preuves contre Leigh, mais elle pouvait tout à fait trouver des éléments en sa faveur ! Suivant Kôta dans les couloirs du manoir, Ayumi continua à tracer son plan mental des lieux. Cette visite nocturne se faisait dans un silence pesant, seulement accompagner du bruit de leurs pas feutrés.

Finalement, après avoir traversé le premier étage sans remarquer quoique ce soit, Ayumi se sentait plus légère. Rien ne prouvait que Leigh était coupable de quoique ce soit ! Plus confiante, elle fit signe à Kôta qu'il pouvait à présent visiter le rez-de-chaussé.

Descendant les escaliers recouverts par un long tapis rouge, Ayumi avait l'impression d'être soudain devenu une princesse... La jeune mage sourit devant cette idée qu'elle-même trouvait enfantine... Traversant de nouveau d'innombrable couloirs, Ayumi se rendit rapidement compte que l'emplacement des salles étaient, à peu de choses près, la même que le premier étage. Mais les chambres semblaient bien moins luxuriante et Ayumi devina qu'il s'agissait sans doute de chambre d'appoint ou celles des domestiques.

Soudain, les deux mages s'immobilisèrent. Devant eux, au fond du couloir, une lumière éclairait de plus en plus le mur qui leur faisait face. Quelqu'un venait. Ayumi, soudain paniqué, ne sut pas quoi faire et resta immobile, hébété. Kôta l'attrapa alors par le bras et la força à reculer pour se cacher dans un couloir à leur droite.

Les bruits de pas s'approchèrent puis s'éloignèrent peu à peu. Respirant de nouveau librement, Ayumi sourit à Kôta, gênée de sa maladresse, mais aussi reconnaissante. Elle parcourut alors du regard le couloir où ils s'étaient réfugiés. Se référant à son plan mental, Ayumi se dit qu'ils devaient à présent se trouver dans un couloir réservé aux chambres du personnel. Mais quelque chose troubla immédiatement le plan si ordonnée qu'Ayumi s'était construit. A leur droite, il y avait en effet quatre portes, comme elle s'y attendait, cependant à leur gauche, la rangée de porte était décalée et ne coïncidait pas avec celle d'en face. Oubliant un moment Kôta, Ayumi s'approcha. Pourquoi les portes avaient-elles était ainsi décalée ? D'après ce qu'Ayumi avait vu, l'organisation du manoir était pourtant ordonné, presque géométrique...

- C'est bizarre, chuchota-t-elle...

Elle marcha le long du couloir jusqu'à atteindre son extrémité, caché dans l'ombre. Des chandeliers étaient incrusté dans le mur, mais semblaient ne pas avoir été allumés depuis un moment car Ayumi ne remarqua aucune goutte de cire qui se serait écoulé le long des bougies. C'était comme si... On avait voulu garder cet endroit dans l'obscurité, à l'abri des regards...

Finalement, Ayumi comprit la raison de tout ce mystère et le desordre des portes. Par delà l'obscurité, la jeune mage aperçut une nouvelle porte. Se retournant, elle essaya de recompter les portes de la rangée qui se trouvait à présent devant elle... Avec la porte qu'elle avait découvert, elle put en compter cinq. Ayumi ne se souvenait pas avoir rencontré un couloir organisé ainsi, avec un nombre impaire de portes qui ne correspondraient même pas à la rangée d'en face...

De plus, Ayumi avait beau regarder, il ne pouvait s'agir d'une nouvelle chambre : l'écart entre la porte voisine était trop court et la salle ne pouvait faire tout au plus qu'un mètre et demi de largeur... La porte, aussi sculptée que les autres, n'indiquait pourtant pas qu'il s'agisse d'un vulgaire placard à balai... Ayumi chuchota de nouveau en se tournant vers Kôta :

- C'est étrange... Cette porte... Je veux dire, elle ne devrait pas être là... Ce n'est pas comme à l'autre étage... Et je ne comprends pas ce qu'elle pourrait renfermé... Elle me parait si petite...

Les deux mages restèrent un moment immobile et silencieux. Aucun ne semblait vraiment vouloir pousser cette porte et vérifier son contenu... Finalement, Ayumi trouva son attitude ridicule. Que craignaient-ils ? Il pouvait s'agir de toilette ou simplement d'escalier menant à la cave ! Leigh ne semblait rien avoir à cacher. Et douter, hésiter, c'était une nouvelle fois le suspecter.

- Bon... J'y vais...

Soudain revigorée par ces réflexions, Ayumi s'approcha de nouveau de la porte et tendit la main vers la poignée.

- Veuillez m'excuser, mais puis-je savoir ce que vous faites ici ?

Une voix glacée, acérée, venait de s'élever derrière eux. Se retournant brutalement, les deux jeunes mages firent alors face au majordome dont le vêtement noir semblait se fondre dans la faible lueur du couloir. Les flammes du chandelier qu'il tenait à la main allumait son visage par le bas, lui donnait un aire inquiétant et transformant sa seule présence en apparition fantomatique.

Appeurée par la soudaine apparition de ce visage effrayant, Ayumi ne savait plus quoi faire, ni quoi répondre et tentait d'empêcher son corps de trembler. Son cerveau tournait à plein régime, mais la panique l'empêchait de réfléchir convenablement. Son regard ne cessait de faire l'aller-retours entre l'obscure majordome et Kôta. Et l'expression qu'elle jetait alors à son compagnon était des plus compréhensibles. "Il nous a vus ! Est-ce que nous sommes... Fichus ?"

Spoiler:

Tout se joua dans le regard.

Kôta avait suivi Ayumi, qui avait reconnu avec une aisance particulière une particularité des lieux. Maintenant qu'elle lui avait expliqué, Kôta remarqua à son tour le défaut dans la disposition des portes du couloir. Une porte, une simple porte, qui ne respecte pas la symétrie particulière du manoir. Le garçon avait sourit à la jeune fille, comme pour la féliciter de sa bonne déduction. Ils s'étaient approchés de la porte, tremblants presque. Qui voulait vraiment découvrir ce qu'il y avait derrière ? Mais il le fallait, car c'était leur mission. Pourtant, on leur empêcha de faire un pas de plus. Le majordome les avait surpris.

« Veuillez m'excuser, mais puis-je savoir ce que vous faites ici ? »

L'ambiance s'était glacée. La silhouette cadavérique de l'homme, éclairée d'un air des plus macabre par un mince filet de flamme qui émergeait d'une petite bougie qu'il tenait de ses deux mains, leur faisait face. Ayumi, aux côtés de Kôta, sembla perdre contenance. Pensait-elle que tout était perdu ? Sans doute, et elle avait raison de le croire. Le vil majordome les épiait trop, si on partait du postulat simple selon lequel Archibald avait quelque chose à cacher. Et ils venaient de se faire prendre la main dans le sac. Si vraiment Archibald était celui qu'on soupçonnait, alors leur couverture tombait à l'eau à cet instant même. Le majordome savait qu'ils suspectaient quelque chose, et Kôta savait que le majordome savait aussi. Mais personne ne parla. Tout se joua dans le regard. Tacitement, ils se firent face, prolongeant le lourd silence. Kôta réfléchissait à cent à l'heure, tentant de garder son sang froid.

Si Archibald cachait réellement quelque chose derrière cette porte, et que le Majordome était au courant, alors le Majordome, après avoir réexpédié Kôta et Ayumi dans leurs lits respectifs, avertirait le maitre de la maison et Archibald même allait être au courant que de lourdes suspicions étaient au dessus de sa tête. Dans ce cas, qu'allait faire un homme de cette envergure face à cette menace ? Renvoyer Ayumi et Kôta chez eux ? Était-ce raisonnable ? Sans doute, à défaut d'empirer sa situation. Il ne les garderait pas en captivité pour qu'ils ne parlent, car leur absence serait une preuve de plus contre lui. Kôta et Ayumi rentreraient chez eux et Archibald cacherait toues les preuves pour éviter les ennuis. C'était la meilleure option qu'il avait. Dans ce cas, tout en feignant l'ignorance, ce qu'il restait à faire pour les deux mages, c'était tout simplement de ne jamais quitter le manoir pour empêcher à Archibald de supprimer les preuves. Ils allaient devoir suivre le Majordome et Archibald d'eux-mêmes, mais cela n'allait pas être aisé car, en tant qu'invités, ils devront se plier aux règles de la maison pour ne pas se faire exclure - et là, Archibald serait libre de tout mouvement sans les deux petits enquêteurs sur le dos.

Bien sûr, tout cela était à compter sur le fait qu'Archibald avait quelque chose à se reprocher. Kôta n'aimait pas cette version, mais il devait toujours envisager la pire situation pour se défaire des problèmes. Il inspira un grand coup, puis rompit le silence dans le couloir.

« Oh, nous ne voulions pas vous réveiller. Je n'arrivais pas à dormir, et je suis alors sorti dans le couloir faire quelques pas et contempler quelques uns des tableaux qui ornent les longs couloirs du manoir. Ayumi, sans savoir que j'étais là également, m'a rejoint. Nous avons fait cette petite balade nocturne ensemble, espérant trouver sommeil. Pour venir jusqu'ici, nous avons pris le train et nous avons dormis dedans, donc nous sommes presque en pleine forme, et il n'est pas aisé de s'endormir dans ces conditions. Excusez-nous, nous pouvons réintégrer nos chambres dès à présent. »

Le Majordome, d'un air soucieux et grave, attendit quelques secondes, digérant le mensonge de Kôta, et d'un signe de tête, leur somma de retourner à l'étage. Il les laissa passer et les suivit dans les escaliers, jusque devant leurs chambres, et attendit qu'ils rentrèrent chacun dans la leur. A coup sûr, il allait rester dans leur couloir pour les empêcher de sortir à nouveau. Et encore une fois, Ayumi et Kôta n'avaient pas pu se concerter, l'homme encore sur leurs dos.

Kôta se leva, s'approcha du bureau, et prit une plume. Rapidement, mais en écrivant délicatement, il rédigea quelques lignes. Il plia la lettre, ouvrit la fenêtre et se transforma intégralement en aigle. Il fit le tour du manoir pour s'arrêter devant la fenêtre d'Ayumi, et il frappa le carreau. Il attendit qu'Ayumi s'approcha, ouvrit la fenêtre, puis prit la lettre pour s'en aller retourner le plus vite possible dans sa chambre. Il reprit forme humaine et alla se coucher.

Spoiler:

"Retour à la case départ" songea Ayumi, allongée de nouveau sur le lit de sa chambre. Kôta avait essayé d'inventer une excuse, mais la jeune mage sentait qu'elle était trop maladroite pour que le majordome y ait cru... Et les revoilà de retours dans leurs chambres respectives... La jeune fée avait la désagréable impression de n'avoir pas vraiment avancé dans leur investigation...

Ayumi s'apprêtait à s'endormir quand elle entendit un bruit provenant de la fenêtre. Elle se leva et s'approcha de la fenêtre pour voir qu'un aigle s'entêtait à donner des coups de bec sur la vitre. Ayumi se demandait avec étonnement si la région était vraiment un endroit adapté pour un aigle de cette envergure, quand elle remarqua que l'aigle s'était arrêté et la fixait du regard, comme s'il attendait quelque chose. L'oiseau tenait une lettre dans son bec. Ayumi ouvrit la fenêtre et, hésitante, attrapa l'enveloppe. Aussitôt, l'aigle s'envola et la jeune mage le vit s'engouffrer dans la fenêtre de la chambre de Kôta.

S'asseyant sur le lit, elle ouvrit la missive aérienne. Comme elle s'y attendait, il s'agissait d'une lettre que Kôta avait envoyé pour l'informer sur la suite de la mission. Son entraînement avec Archibald, de simple pretexte pour l'approcher, était devenu un moyen de diversion... Ayumi hocha la tête, comme s'adressant à une personne imaginaire. Elle acceptait cette mission.

Le lendemain matin, le majordome entra dans la chambre et, après les avoir laissés petit-déjeuner, conduisit les deux mages dans le jardin où les attendait déjà Archibald. L'endroit était vraiment ravisant et Ayumi regardait avec une admiration non dissimulée les nombreuses fleurs colorées, les buissons sculptés et les fontaines argentées.

- Vous voilà ! s'écria Archibald quand il les vit arriver. J'espère que vous vous êtes assez reposé de votre long voyage... Surtout toi, Ayumi. Tu vas avoir besoin de toute ta concentration aujourd'hui.

Se retournant, Ayumi allait lui répondre qu'elle se sentait prête, mais les mots restèrent dans sa gorge quand son regard croisa le visage du magicologue... Il affichait toujours son sourire sympathique, mais ses yeux, eux, ne souriaient pas. Le majordome avait du lui raconter leur aventure nocturne et il ne semblait pas avoir appréciée. Pourtant, c'est toujours avec ce sourire forcé qu'il s'adressa de nouveau à Ayumi :

- Bien, j'ai fait quelque recherche sur ta magie... La première détentrice déclarée dans les registres magiques semblait être une certaine Hisae Yume... Il semble donc que ce don soit bel et bien héréditaire. Mais malgré mes recherches, je n'ai pas pu obtenir des informations concrètes sur Yggdrasil, et les contes ne sont malheureusement pas une source fiable, ajouta-t-il avec un nouveau sourire. Mais revenons à toi...

Ayumi écoutait avec avidité. Hisae... C'était la première fois qu'elle entendait ce nom, mais elle sentit une vague de compassion naître en elle. Elle n'était pas la seule. D'autre avant elle avait vécu ce qu'elle vivait, d'autre peut-être avait trouvé une solution à son problème... Archibald continua :

- Je suis toujours intrigué cependant... La pensée que ta magie ne serait pas la tienne, mais simplement l'expression d'un autre esprit me parait des plus surprenantes... Nous allons essayer d'éclaircir cela... Assis-toi je te prie.

Ayumi obéit et s'assit sur la pelouse.

- Pour commencer, essaye de saisir le flux magique qui s'écoule à l'intérieur de tes veines... Fait le vide dans ton esprit...Si tu réussis, tu devrais être capable de resentir ton corps, ton âme et ta magie d'une manière plus nette...

Archibald n'avait pas besoin de préciser, Ayumi avait compris. Si elle réussisait à faire la différence entre son propre corps, sa propre âme et ceux d'Yggdrasil... Elle pourra identifier sa magie... Elle pourra lutter sans craindre de se blesser. Ayumi comprit rapidement que cet entraînement allait prendre du temps. Elle avait beau fermé les yeux, essayer d'être sourde à tout ce qui l'entourait, la jeune mage était bien trop excité pour se calmer.

Un certain temps s'écoula sans qu'il ne se passe rien. Ayumi venait à peine de contrôler sa respiration, qu'un mouvement à sa droite brisa sa concentration par sa trop grande curiosité. Ouvrant un oeil, elle vit Kôta discuter un moment à voix bases avec le majordome, puis s'éloigner seul en direction du manoir. La mission continuait.

- Tu y arrives ? demanda la voix d'Archibald.
- Pas vraiment, soupira Ayumi...
- Fait le vide dans ton esprit, essaye de saisir ta volonté...

"Facile à dire..." Déja qu'elle était toujours hésitante, elle n'était même pas sûre de trouver quelque chose comme cela à l'intérieur de son esprit... Ayumi referma les yeux et se concentra de nouveau. Elle essayait de ne penser à rien, mais même cette tentative remplissait ces pensées... Elle avait l'impression de tourner en rond. Des minutes s'écoulèrent, des heures peut-être, Ayumi ne savait plus... Elle se sentait tout son corps ankylosé et le vent s'engouffrer dans ses cheveux. Elle songea qu'il serait agréable de vivre comme l'aire, s'envoler loin de tout... Son esprit s'envola alors comme ses pensées. Elle ne pensait plus à rien, elle ne ressentait plus rien, elle filait simplement dans le vent comme une flèche tirée dans le ciel.

Et là, elle le sentit. Une pulsion semblable à un battement de coeur qui résonnait dans sa tête. Le pouls était doux et agréable, Ayumi se sentait bercer par cette mélodie intérieure. Elle aurait voulu tendre la main et prendre cette petite chaleur tremblante, la recueillir et l'envelopper de ses mains pour qu'elle ne lui échappe plus jamais. Elle la reconnaissait, comme on reconnait le visage d'un ami de longue date après un long temps d'absence.

Soudain, un nouveau battement apparut. Un lourd battement, fort, douloureux. Un seul battement qui raisonnait comme des centaines. Envahissant soudain la tête de la jeune mage, il raisonna comme un lourd son de cloche qui sonnerait un sinistre glas. Ayumi perdit la douce mélodie qui fut comme soufflé par ce battement retentissant. Cela faisait mal. Pourtant, ce fut un sentiment de tristesse qui envahit la jeune mage. Soudain tout s'arrêta. Plus rien. Ayumi avait l'impression d'être un instant suspendu dans le vide. Puis elle entendit un cri strident, un cri de douleur, un cri de rage qui balaya tout puis...

Ayumi ouvrit les yeux. Elle s'était effondrée sur la pelouse. Elle avait l'impression d'avoir hurlé, mais Archibald ne semblait pas s'en être aperçut. Le dos tourné, il parlait avec son majordome. La jeune mage n'avait même pas remarqué son déplacement. Combien de temps s'était écoulé depuis que Kôta était parti ?

Archibald, jetant un coup d'oeil derrière lui, fit signe au majordome de se taire. Il ne souriait plus. Son regard s'était assombrit et il semblait réfléchir en fixant longuement Ayumi. Que s'était-il passé ? Finalement, le magicologue prit la parole avec un sourire faux et une lueur froide dans les yeux qu'il ne chercha même pas à dissimuler.

- Ah... Ayumi... As-tu réussi à resentir quelque chose ?
- Heu... Eh bien, oui !...! C'était vraiment étrange, je...
- Très bien, le coupa brusquement Archibald. C'est très bien.

Il semblait avoir totalement oublié la raison de la présence d'Ayumi. Cette dernière le fixa avec surprise. Se rendant compte de sa soudaine brutalité, la voix de Leigh s'adoucit.

- Ecoute, on vient de me prévenir qu'une de mes recherches donnait des résultats inespérés... Je vais donc devoir te laisser.

Voyant la jeune mage chercher son compagnon des yeux, il ajouta :

- Kôta est partie après avoir reçu un message de ce cher Bob. Cela semblait urgent. Il a dû partir sans te prévenir. D'ailleurs, il comprenait très bien que tu étais trop concentré pour être dérangée.

Ayumi ne répondit pas tout de suite. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Il était simplement impossible que Kôta la quitte comme ça, sans la prévenir, au beau milieu de leur mission ! Ou peut-être que si ? Après tout, elle ne le connaissait que depuis quelques heures... Quelque chose cependant lui disait qu'elle ne devait pas poser de question. Elle avait l'étrange impression que quelque chose de grave était arrivée... Mais quoi ? Kôta avait-il trouver quelque chose ? Avait-il accomplit leur mission et serait parti en la laissant ?

Archibald et son majordome continuaient à la regarder. Ayumi s'arma de courage et soutient leurs regards en souriant.

- Je vois... Celui lui ressemble bien... Dans ce cas, je... Je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité... Merci pour cette expérience, je pense que cela va m'aider à comprendre beaucoup de choses...
- Au plaisir de te revoir, répondit Archibald.

Mais ses paroles sonnaient encore plus faux que son sourire. Le majordome la raccompagna au portail et Ayumi sentait son regard la suivre jusqu'à ce qu'elle disparaisse de sa vue. Quand elle sût que plus personne ne la regardait, elle s'effondra sur un banc, au bord du chemin. De multiples questions se bousculaient dans sa petite tête, déjà assez chamboulé par l'expérience des deux battements. Seule une ressortait très nettement et se répétait dans son esprit comme un disque rayé : qu'était-il arrivé à Kôta ?

Un mal de crane immense, quelques courbatures douloureuses le tiraillant ici et là. Dans quel état s'était-il fourré ? Et surtout, où était-il ? Kôta, dans un noir profond, essaya de bouger, mais il se rendit compte que son corps ne lui obéissait plus. Non, ce n'était pas vraiment ça : il était ligoté. Il s'affola un peu puis relativisa. Quels étaient ses derniers souvenirs ? Tout était si flou, si imprécis... Il se souvint brusquement de la silhouette d'Ayumi, son amie de Fairy Tail. Amie ? Elle l'avait seulement accompagné pour une mission de surveillance... Oui, la surveillance ! Qu'en était-il ? Que s'était-il passé ?

Une lumière s'alluma à quelques centimètres de ses yeux et l'éblouit. Il poussa un petit gémissement, surpris au plus au point. Une ombre se pencha au-dessus de lui. Malgré la forte lumière, Kôta aperçut, peut-être grâce à ses yeux d'aigles, quelques traits furtifs de l'ombre : c'était un visage, quelqu'un qui se penchait au-dessus de lui. Kôta aperçut un regard sérieux, peut-être même trop. Etait-ce son grand-père ? Kôta lui fit un maigre sourire, mais il avait du mal à bouger la machoire. Tant pis, son grand-père était rentré. Puis l'ombre s'éloigna, et la lumière s'éteignit.

« Gra...ère ...? »

Pourquoi avait-il mal ? Et pourquoi son grand-père ne l'aidait pas ? Un éclair de lucidité passa dans son cerveau. Mais son grand-père était mort. Mais alors, qui était-ce, là, juste au-dessus de lui ?

« Archibald Leigh ? Comment est-ce qu'un petit gamin comme toi le connait ?
_ Je... J'ai... J'ai lu son nom dans le journal !
_ Joli mensonge, ahah ! Après tout, je n'ai pas à inspecter sur ce que veulent mes clients, n'est-ce pas ! Et quel sacré client tu fais, Kôta. Malheureusement, je n'ai qu'un seul ouvrage de ce cher Archibald, et ce n'est pas Traité sur la Magie !
_ Mince. C'est pourtant lui que je cherche.
_ Dommage, mais je peux te conseiller son autre livre, tu sais. Maintenant que tu as dix ans, tu peux accéder à la partie magie, et même si ce n'est pas conseillé pour un garçon de ton âge, je sais qu'un tel livre ne te fera pas peur, n'est-ce pas ?
_ Non, c'est bon. Je... je peux vraiment aller dans la partie magie de la bibliothèque, désormais ?
_ Oui, enfin les premiers rayons. Le reste traite de magie trop obscure, ce n’est pas encore pour toi.
_ Je vais voir ce qu'il y a là-bas alors !
_ Très bien, appelle-moi si tu veux des renseignements sur un ouvrage ! »

Kôta s'éloigna alors, parcourant quelques rayons jusqu'à la partie de la bibliothèque réservée à la magie. Il regarda autour de lui, écoutant attentivement le moindre son suspect, et grimpa sur un tabouret pour voir au-delà des étagères si le bibliothécaire n'approchait pas. Il était occupé plus loin. Kôta sortit alors précipitamment de son sac en bandoulière l'énorme livre qu'il avait volé deux ans plus tôt et le replaça dans le rayon, à sa place initiale. Il quitta ensuite précipitamment les lieux, se demandant encore une fois où avait-il trouvé cette merveilleuse chance : en deux ans, jamais quelqu'un n'avait remarqué la disparition du bouquin.

Une fois la porte refermée, le bibliothécaire ferma boutique et alla s'installer sur la terrasse d'un café. Rapidement, un autre vieillard vint le rejoindre.

« C'est bon, ton petit-fils l'a reposé.
_ Enfin, il lui aura fallu deux ans pour le lire !
_ Le lire, et le relire, sans aucun doute. On ne peut rien lui interdire, n'est-ce pas ? Sa curiosité est trop grande.
_ J'espère juste qu'il n'aura pas trop grand appétit concernant la magie. Il peut réveiller celle qui dort en elle n'importe quand. S'il a compris de quoi parlait Archibald, et je parierais tout ce que j'ai qu'il a surement compris toutes ces histoires sur la magie, il serait bien capable de devenir mage très rapidement.
_ Trop rapidement, à mon goût.
_ Je partage ton avis. Mais il est encore jeune. On ne peut rien lui interdire... »

Dans un déclic, Kôta se souvint alors de tout. La mission, la rencontre avec Ayumi, l'arrivée au manoir, l'accueil du Majordome et d'Archibald, l'expédition nocturne, la lettre et surtout, surtout, les évènements du lendemain matin...

Ce matin-là, Kôta s'était levé de bonne heure et avait prit un rapide petit-déjeuner, toujours préoccupé par les évènements de la veille. Il avait croisé brièvement Ayumi, mais le Majordome était toujours présent avec eux et les empêchait de discuter. Elle lui fit comprendre qu'elle était d'accord avec le plan proposé. Ils sortirent alors tous ensemble pour trouver Archibald, le maitre des lieux, dans le vaste jardin. Il accueillit Ayumi, Kôta resta à l'écart, oubliant un peu la mission pour écouter. Il se souvint à la perfection de son propre entrainement avec Archibald, des longs jours qui ont suivis où il a peaufiné lui-même un sort d'échange de flux magique. Il avait été fier de lui, et infiniment reconnaissant envers Archibald. Il n'avait pas pu lui montrer en détail ses progrès. Mais actuellement, c'était Ayumi qui se concentrait avec lui. Et il devait rester à l'écart, notamment pour accomplir quelque chose de particulier...

Au bout de quelques temps, il s'approcha de Majordome, en retrait, qui l'épiait sans un mot, et demanda s'il pouvait aller aux toilettes. Le Majordome acquiesça, et Kôta s'en alla seul dans le manoir. C'était le moment de passer à l'action. Il bifurqua dans les couloirs pour se diriger vers l'endroit où ils avaient été stoppés la veille. Il arriva dans le couloir, et fonça vers la porte. Il tenta alors de l'ouvrir, et vit qu'elle était verrouillée. Mais la clé était dans la serrure, il la tourna, et, dans un déclic, la porte s'ouvrit sur une pièce noire.

Kôta n'eut pas le temps d'en voir davantage car un vilain coup le frappa à l'arrière du crâne. Instinctivement, il se roula en boule et glissa sur le côté pour s'éloigner de son agresseur. Il n'y avait pourtant personne, à part... une armure. Kôta, méfiant, sortit ses poignards et s'approcha de l'armure. Il souleva son casque; il n'y avait personne à l'intérieur. Pourtant, l'armure bougea d'elle même, récupéra son casque des mains de Kôta et avec sa lance le poussa en arrière. Kôta recula, incrédule, quand une voix le surpris dans son dos.

« Je suis moi-même mage, et ma magie me permet de faire prendre vie aux objets du manoir. Ils peuvent me communiquer d'eux même si il y a des intrus. Je savais bien qu'Archibald était trop clément pour vous laisser entrer, et qu'il n'aurait jamais dû ouvrir la porte à des pestes comme vous. Je ne peux pas vous laisser partir.
_ Parce que je suis prêt à tomber sur quelque chose de caché, hein ? C'est vous qui n'allez pas vous en tirer comme ça !»

Sans prévenir, Kôta se retourna vers l'armure dans son dos et lui donna un coup de pied latéral, ayant au préalable changé son pied en d'énormes serres d'aigles. Il transperça le métal faible qui faisait l'armure et elle tomba en morceau derrière lui. La voie était libre, il ouvrit la porte et s’engouffra dans le noir. Il y avait un escalier en colimaçon. Il descendit à vive allure, mais se retrouva confronté à une énorme porte blindée. Il était coinçé, et le majordome arriva sur ses traces.

« Si vous souhaitez réellement connaître ce qu'il y a à l'intérieur, voici une invitation. »

Il leva vers Kôta une sorte de vaporisateur et appuya sur un bouton. Kôta, inhalant malgré lui la fumée, tomba dans les pommes.

Il s'était réveillé le corps ankylosé. On l'avait sans doute drogué. Il était dans le laboratoire d'Archibald, c'était certain. Il pouvait parler, à présent qu'il avait repris un petit peu l'usage de sa mâchoire.

« Majordome, je sais que vous êtes là ! Ayumi viendra me libérer dès qu'elle se rendra compte de ma disparition. Vous êtes perdus. »

Mais contre toute attente, ce n'est pas le Majordome qui répondit, mais bel et bien Archibald.

« Non, ton amie s'en est allée, elle croit que tu es parti depuis longtemps. Son pouvoir est intéressant, elle en fera bon usage. Je suis désolé pour toi, Kôta, mais tu en sais trop, et je dois te garder ici. C'est une aubaine, je vais enfin pouvoir reprendre de vieilles recherches, maintenant que tu es là.
_ Depuis le début vous avez prévu ça ? Vous m'avez entrainé il y a des mois pour que je développe une magie qui vous conviendrait, et vous pouvez à présent l'étudier sans pudeur en faisant vos expériences sur moi ! Vous êtes un monstre, Archibald Leigh !
_ Je suis en paix avec mon âme, mes actes ne m'apparaissent pas monstrueux. Je fais avancer le monde entier avec mes inventions. Et tu t'es aussi trompé sur l'autre partie. Ce n'est pas ce pouvoir que je t'ai enseigné qui m'intéresse.
_ Alors qu'est-ce que c'est ?
_ Ce qui m'intéresse, c'est que tu sois un Hirata.
_ Qu'est-ce que mon nom de famille a à voir avec ça ?!
_ Tout. Absolument tout. »

Archibald s'avança de Kôta, et sans se ménager, lui injecta un sérum dans le cou. Kôta s'évanouit à nouveau.

Errant dans les rues d'Hosenka, Ayumi ne savait même pas où la menait ses pas égarés. A fûr et à mesure qu'elle y repensait, le départ de Kôta était trop rapide, trop simple... Ils étaient tous deux des mages, tous deux avaient une mission à accomplir, tous deux étaient partenaires. Ayumi n'aurait jamais disparu ainsi, sans prevenir, et elle décida que Kôta ne l'aurait pas fait non plus. C'était idiot, elle le savait... Elle ne connaissait pratiquement pas le jeune mage, pourquoi prêter à quelqu'un d'autre les pensées qu'elle avait ? Mais elle avait fait son choix. Elle ne devait pas partir, comme si de rien n'était, comme si le mot que Kôta lui avait donné la nuit précédente n'existait pas. Son départ soudain ne pouvait pas être causé par un message de son maître...

Ayumi frissonna. Elle avait peur et se sentait perdue. Kôta avait rencontré un problème, elle en était sûre, un problème que Leigh avait choisi de cacher à Ayumi. Et si c'était le cas... Ayumi se mordit la langue. Elle avait baissé sa garde si facilement devant la bonhomie du magicologue, en oubliant qu'il s'agissait de leur principal suspect ! Kôta aussi l'avait oublié... Peut-être même ne l'avait-il jamais suspecté...

Alors que la jeune mage était encore plongé dans ses réflexions, quelqu'un la percuta brutalement. Le choc fit s'écrouler Ayumi qui poussa un cri, plus par surprise que par douleur. Au milieu de la foule qui l'entourait, elle se sentit tomber sur ses voisins qui s'écartèrent en protestant. Au sol, Ayumi ne voyait plus qu'une foule de pieds et de jambes qui, elles, ne le la voyaient pas. Bousculée de tous les côtés, les jambes et les pieds continuaient d'avancer, empêchant la jeune mage de se relever et la bousculant dans tous les sens. Ayumi était prisonnière, piégée, piétinée par tous les côtés. Poussant des cris étouffés, elle se vit soudainement ensevelit sous le lourd poid des chaussures qui continuaient leur avancé sans se soucier d'écraser le jeune mage qui se protégeait désespérément la tête de ses bras.

Elle sentit quelqu'un s'enfoncer avec elle dans la foule, à contre-courant, comme cherchant quelque chose. Ayumi leva désespérément le bras... Qu'une main empoigna et tira vers elle. La tête d'Ayumi sortit de la vague humaine, elle se sentait de nouveau respirer. Reprenant ses esprits, Ayumi regarda autour d'elle. Son sauveur l'avait amenée sur un banc, à l'abri de la foule...

- Tout va bien ? demanda une voix douce.

Ayumi secoua la tête, encore un peu en état de choc. En moins d'une journée, elle s'était fait agressé par sa propre magie, s'était sentit abandonnée par un camarade, s'était énormément inquiétée, et à présent, elle avait manqué de se faire piétiner à mort par une foule inconsciente... Tous les souvenirs de ces deux derniers jours lui revienrent en mémoire au moment où elle entendait la jeune femme s'excuser.

- Je suis vraiment désolée, j'étais un peu énervé... Je ne m'attendais vraiment pas à te bousculer... Quand je t'ai vu tomber au milieu de cette masse... Je suis désolée, c'est...
- Vous étiez dans le manoir d'Archiblad !

La jeune femme la regarda avec surprise et Ayumi rougit violemment. Par la surprise que lui avait causée cette découverte, ses paroles avaient dépassé ses pensées.

- En effet... Et vous, vous étiez son invité cette nuit !

Ayumi compris pourquoi ce visage ne lui semblait pas totalement inconnue. Sa sauveuse était la domestique qui, ce matin, était venu pour faire le lit d'Ayumi. Honteuse et mal à l'aise, la jeune mage l'avait aidé à changer les draps et border son lit, lorsque le majordome était venu la chercher.
Elle réfléchit le plus vite possible. Cette femme était une domestique chargée de la réception des invités d'Archibald Leigh. Mieux que quiconque, elle devait être capable de lui confirmer ou non le départ de Kôta.

- Oui, répondit Ayumi. [color=blue]J'étais venue avec un de mes amis, Hirata Kôta...[color=blue]

La jeune mage surveillait le moindre mouvement qui pouvait trahir les pensées de la jeune femme. Elle sembla jeter un coup d'oeil, comme à la recherche de quelque chose. Elle cherchait Kôta et pensait qu'il n'était pas loin. Elle ne savait donc pas que celui-ci était parti avant la jeune mage. Et s'il n'était pas parti... Ayumi frissonna, mais essaya de garder son calme.

- Excusez-moi... Heu...
- Ilda.
- Ilda... Est-ce que vous pouvez me dire... Kôta... Quand est-ce que vous l'avez vu pour la dernière fois ?...
- Il n'est pas avec vous ?

Le ton surpris d'Ilda confirma davantage les craintes d'Ayumi. La domestique semblait sincère et elle décida de l'être également.

- Non... Leigh-san m'a dit qu'il était parti avant moi, sans m'avertir, mais...
- Mais pourtant, il ne me semble pas que...

Ilda s'arrêta et sembla pâlir brusquement. Elle s'affaissa sur le banc, comme si toutes ses forces l'avaient soudain quitter. Ayumi se précipita pour voir ce qui n'allait pas et vit que la jeune femme avait les yeux égares, à deux doigts de pleurer.

- Je n'en peux plus, je n'en peux plus, répétait-elle doucement...

Ayumi était totalement perdu. Qu'est-ce qui se passait ? Elle s'était attendue à tous, sauf à cette réaction. Ne sachant pas quoi faire, elle se confondit en excuse. Elle n'aurait pas dû... Pas dû faire quoi au juste ? Ilda secouait de la tête en soupirant que ce n'était pas de sa faute. Ayumi prit une grande inspiration et, pensant à ce qu'Hiro aurait fait pour elle dans ce même cas, elle posa sa main contre l'épaule de la jeune femme et lui chuchota doucement à l'oreille.

- Ce n'est pas grave... Tout va bien... Vous avez dû accumuler trop de poids... Si vous voulez vous en décharger... Je suis à votre écoute... Pour vous remercier de m'avoir secourut...

Ayumi se sentait ridicule et coupable. Ridicule car comment pouvait-elle réconforter quelqu'un alors qu'elle n'était surement pas un exemple à suivre en matière de contrôle ?... Coupable, car elle avait conscience de ce qu'elle faisait. Elle était en train de manipuler, d'utiliser la détresse d'une femme à son propre avantage. Ayumi était dégoutée. Dégouté d'elle-même. Loin de se douter du combat intérieur qu'Ayumi se livrait, Ilda la regarda avec gratitude - mortifiant encore davantage la jeune mage - et pris la parole.

- Je suis désolée... Je ne sais pas par où commencer... Le fait que ton ami est disparu... Comme Sylie... Je... Je pense que j'ai bien fait... Je n'aurais jamais supporté de rester un jour de plus dans ce manoir... A devoir se taire lorsqu'on voit, se la boucler quand on s'inquiète...
- Comment cela ?
- Hé bien... On ne doit jamais poser de questions... C'était dans le contrat... Mais... Je ne pensais pas que cela se passerait comme ça... Il recevait des personnes, en congédiait d'autre... Mais parfois... On ne les voyait pas partir... Lorsqu'on demandait au majordome s'ils restaient pour le soupé... Il nous répondait "De qui parlez-vous ?" et nous fixait... De ses yeux... De ce terrible regard...
- Vous parliez de Sylie... C'est une de vos amies ?
- Oui... C'était... On a été recruté le même jour... Depuis, on est devenu proche... Mais un jour... Elle m'a dit qu'elle voulait regarder quelque chose... Il y avait toujours une pièce... Que Monsieur nous défendait... Elle était trop curieuse... Elle voulait que je l'accompagne... Mais je ne voulais pas avoir d'ennuis !... Et elle est partie avec le trousseau de clefs... Et n'est jamais revenu... J'ai demandé au majordome si... Il m'a répondu... "De qui parlez-vous ?"... Et là, encore, toujours ce regard... Je suis en lâche !... Mais à présent... Dieu merci, tout se termine enfin...

Ayumi faisait des efforts pour se contenir. Cette pièce dont elle parlait, était-ce cette pièce que le majordome leur avait empêché de franchir ? Cette même pièce que Kôta devait inspecter pendant son entrainement ?... La jeune mage en était sûre. Voyant qu'Ilda s'était tu, Ayumi la poussa à continuer, en essayant de ne pas la rendre méfiante sur ses intentions...

- Pourquoi dîtes-vous que tout se termine ?

Ilda lui fit alors un énorme sourire, mais lui jeta également un drôle de regard.

- Parce que je viens de demander ma démission !
- Quoi ?!

Ayumi ne put retenir ce cri. Tout le plan qu'elle venait de construire peu à peu dans son esprit venait de se briser en milles morceaux.

- Mais... Mais pourquoi ?

Dans sa surprise, Ayumi en oublia de jouer la comédie. Ilda la regarda avec un aire étonné.

- Pourquoi ?... Mais... A cause de tout ce que je t'ai raconté ! Et puis, aujourd'hui, je passais dans le couloir de cette salle interdite, et j'en ai vu sortir le majordome... Il était surpris de me voir, m'a accusé de l'espionner et m'a hurlé dessus injustement !

Ayumi soupira. Elle avait espéré entrer dans la villa grâce à Ilda... Mais maintenant qu'elle était partie... La jeune femme la regarda, toujours étonné de sa réaction. Finalement, sa détresse passa et elle semblait prendre conscience de ce qu'elle avait dit. Après un certain temps, elle soupira à son tour et passant sa main devant ses yeux pour essayer un de ses larmes. Puis elle regarda la petite fée avec un sourire ironique...

- Bon, arrêtons de jouer...Ne te casse pas la tête, va... Dis-moi simplement ce que tu veux...

La jeune mage la fixa, surprise. Comment ?... Devant l'aire interloquée d'Ayumi, Ilda fit un geste de la tête désignant la main de la jeune fille. Ayumi réalisa qu'en sortant du manoir, elle avait retiré la mitaine qui lui avait permis de cacher son tatouage aux yeux d'Archibald. A present, le profil de la fée d'encre était parfaitement visible de tous. Comprenant qu'Ilda n'était plus dupe de sa soudaine sympathie, elle pâlit, mais la jeune femme lui fit un petit sourire.

- Ne t'inquiète pas... Même si c'était intéressé, je te remercie de m'avoir écouté... Et je dois toujours me faire pardonner : à cause de moi, tu as failli être piétiné. De plus... Si tu es là pour agir face à Monsieur -enfin Archibald Leigh-, je serais ravi d'avoir un moyen de me venger de toute cette pression qu'il m'a imposée.

Ayumi fixa un moment Ilda, puis lui sourit, extrêmement reconnaissante. Elle lui expliqua ses doutes envers Archibald, la disparition de Kôta et l'étrange porte du rez-de-chaussé, cette même porte qui avait attiré tant d'ennuies à Ilda et son amie...

***

Les choses allèrent alors très vite. Ilda, laissant sa tristesse de côté, prit immédiatement les choses en mains. Retournant au manoir, elle fit passer Ayumi par la porte de service. Là, toutes deux se faufilèrent entre les domestiques et les cuisiniers, trop occupés pour leur prêter attention. Certains furent étonnés de revoir Ilda, mais ne posèrent aucune question, comme on le leur avait appris. La jeune mage s'arrêta vers un tableau de clefs, mais Ilda lui fit signe que ce n'était pas là qu'ils trouveraient ce qu'elles cherchaient. Après un moment de réflexion, Ilda demanda à Ayumi de l'attendre quelques minutes. Quand elle revient, elle portait un trousseau de clefs qui fit rappeler Lucy à la jeune fée.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.
- Le trousseau de clefs du majordome. Elle contient toutes les clefs de toutes les portes de ce manoir.
- Mais... Elle ne sont pas... Exclusivement au majordome, justement ?
- Si... Mais si nous voulons voir ce qu'il y a derrière cette porte, c'est le seul moyen.

Ilda fit un clin d'oeil à Ayumi, effarée. Elle voulut protester, lui dire que cela ne servait à rien de prendre tant de risque... Mais Ilda était déjà partie dans les couloirs en sifflotant. Elle semblait heureuse d'enfreindre enfin les consignes qu'on lui avait imposées...

Elles arrivèrent devant la mystérieuse porte sans encombre. Cela en semblait même trop beau, mais Ayumi songea qu'elle ne pouvait pas regretter que la mission se passe bien... Après qu'Ilda eut essayée quelques clefs qu'elle ne connaissait pas, elles entendirent un clliquetis qui les fit sourire de contentement. La porte était ouverte. Mais qu'allait-elle trouver derrière ? Sera-t-elle capable d'y faire face ? Ayumi serra les poings, pris sa respiration et expira longuement. Les pensées un peu plus claires, elle ouvrit la porte et fit face à un escalier aussi sombre que la nuit.

- Que faisons-nous maintenant ? lui demanda Ilda.

Ayumi ne répondit pas, mais activa sa magie. Une lueur apparut le long de son corps, éclairant faiblement la petite salle. Ilda poussa un petit gloussement de surprise et d'intérêt, mais la jeune mage n'y fit pas attention. Elle se concentrait pour sentir sa magie, la faible lueur qu'elle avait senti dans le jardin... Mais sa transformation se finit, sans qu'Ayumi ait senti un changement inhabituelle. Essayant de ne pas trop y penser, le jeune mage arma son arc, le banda très légèrement, puis lâcha sa flèche sur le mur.

"Yajirushi o honoo"

La flèche enflammée alla se planter sur le mur avec un bruit feutré. Ayumi sourit, satisfaite. Elle avait craint que le bruit n'attire quelqu'un, mais elle avait assez dosé son tire pour que le bruit ne soit pas fort. Ilda siffla d'admiration alors qu'Ayumi décrocha sa flêche pour s'en servir de torche.

- Wahou ! Excellente idée, nous sommes parées à présent !

Ayumi fronça les sourcils.

- Nous ? Je suis désolée Ilda, mais il n'y a pas de nous. Je te suis reconnaissante de m'avoir aidée, mais tu as assez pris de risques comme cela. C'est ma mission, c'est à moi de l'accomplir. Tu ferais mieux de ranger ce trousseau avant que le majordome ne s'en apperçoivent. Et partir rapidement, je te rappelle que tu as démissionnés. Rester encore ici serait des plus suspects.

Ilda la regarda, ébétée. Ayumi sût qu'elle n'avait pas eu le contrôle de ses paroles, mais ne s'excusa pas. Elle pensait tout ce que l'assurance d'Yggdrasil lui avait fait dire. Ilda comprit qu'Ayumi était changée et qu'elle ne pouvait pas argumenter davantage. Elle hocha la tête. "Prends soin de toi" dit-elle, puis elle s'en alla. Ayumi fixait toujours l'escalier. Après une nouvelle inspiration, elle s'avança et s'enfonça dans les profondeurs de la terre.

Les escaliers s'arrêtèrent pour laisser place à un large couloir. L'atmosphère était pesante, glaçante. Etaient-ce les briques humides qui la gênait ? Les torches trop faibles pour éclairer ne serait-ce qu'un ou deux mètres ? Ou encore les armures froides, qui décoraient les murs ? Ayumi avala difficilement. Elle n'était vraiment pas à l'aise et son assurance sembla être soufflé par le courant d'aire qu'elle resentit soudain.
Avançant doucement entre les statuts, la jeune mage avait la désagréable impression qu'un regard suivant chacun de ses mouvements.

Soudain, elle entendit un grincement, puis un souffle foncer derrière elle. Elle se jeta au sol avec un cri et manqua d'être déchiquetée par l'épée qui avait jailli dans sa direction. Les armures derrière elle s'était soudain mis en mouvement. Ayumi n'eut pas le temps de s'étonner davantage que l'armure à sa droite leva sa hache et l'abattît sur la jeune mage. Les réflexes d'Yggdrasil lui sauvèrent la vie. Ne réfléchissant plus qu'à l'arme qui fendait l'aire, Ayumi fit une roulade pour l'esquiver et vous en profiter pour se remettre debout, mais la hache s'était abattue sur la jupe de la jeune mage. Les autres armures s'avancèrent dans sa direction en fondant l'aire de leurs épées, comme à l'aveuglette. Sans même avoir conscience de ce qu'elle faisait, Ayumi pris un de ses kunaï et déchira le pan de sa robe qui la bloquait.

Elle se leva d'un bon et arma son arc, faisant face aux armures. Soudain, il lui sembla qu'elle reprenait le contrôle de son corps et sa conscience avec. Avec un cri apeuré, elle se demanda ce qu'elle était en train de faire. Baissant son arc, elle tourna des talons et se mit à courir le long du couloir. A fûr et à mesure qu'elle passait devant les statuts, ceux-ci s'anima et s'ajoutait au nombre des poursuivants de la jeune mage.
Pourtant, cette fois-ci, Ayumi était plus à l'aise pour esquiver leurs coups. Elle avait compris quelque chose. Ces armures n'était pas animé d'une vie qui leur était propre, elles étaient manipulée par un mage. Cela expliquait pourquoi elles s'entêtaient à combattre dans le vide et visait parfois juste au dessus de la tête d'Ayumi. Privé des yeux de leur mage, elles n'étaient que des objets programmés pour attaquer n'importe quel intrus, d'une taille moyenne. Elles étaient aveugles. Et elles ne se doutaient pas que leur adversaire était d'une taille plus petite que celle sur laquelle leurs coups avaient était réglés.

Cependant, ce n'était pas une raison de se réjouir. Si ses créatures étaient là, leur mage ne devait pas être loin. Lorsqu'un javelot fendit l'aire à quelques centimêtres de la joue d'Ayumi, la jeune mage décida qu'elle ne pouvait pas se contenter de courir indéfiniment. Se retourna brusquement, elle fit de nouveau façe à ses poursuivants. Armant son arc, elle tira en incantant.

"Tochi no Yajirushi"

La boule de terre percuta le casque d'un des chevaliers qui valsa dans les aires. Avec en bruit retentissant, la boule s'étala brusquement dans les aires, formant un gigantesque disque d'argile. Celui-ci écrasa certaines carcasses qui se retrouvèrent écraser par son bas. Le disque géant bloquait à présent tout le couloir comme une gigantesque porte. Le sourire d'Ayumi disparut aussi vite qu'il était venu lorsqu'elle réalisa qu'elle venait de bloquer la seule sortie qu'elle connaissait. Elle haussa les épaules, elle réfléchira à cela plus tard. Elle devait continuer d'avancer.

Après quelques minutes de marche rapide, Ayumi arriva enfin à la fin du couloir. Elle ouvrit la porte métallique qui lui faisait face en s'étonnant de la trouver ouverte. La salle qu'elle traversait à présent laissa la jeune mage bouche-bée. Ses pas raisonnaient sur les dalles blanches. Autour d'elle, des placards de métal, des tubes à essaies, tous l'équipement possible et imaginable d'un scientifique avertit. De larges containers laissaient voir à l'intérieur une sorte de liquide turquoise pétillant. Ayumi aurait trouvé cela presque jolie, si elle n'était pas si terrifiée. Elle était dans un laboratoire. Le laboratoire de Leigh. Magré elle, elle se réjouit intérieurement d'être guidée par la fermeté d'Yggdrasil, car elle se sentit soudain nauséeuse. Les mystérieux informateurs de la mission avaient raison... Mais... Jusqu'où allait la vérité ?

- Kôta ?

La petite voix d'Ayumi se répercuta contre les murs vernissés. Entendant sa propre voix tremblante et hésitante malgré Yggdrasil, Ayumi pâlit et frissonna.

- Kôta ? Tu es là ?

Soudain, un bruit attira l'attention d'Ayumi. Des coups répétés contre un métal.

- Kôta ?... C'est toi ?...

Sans vraiment y réfléchir davantage, la jeune mage se dirigea vers le bruit qu'elle entendait. Ressortant un kunaï - celui de Kiiro nota-t-elle -, Ayumi se demanda comment elle allait devoir l'utiliser... Pour secourir Kôta ? Rompre des cordes qui peut-être le retiennaient ? Ou faire de nous face à des ennemis ?...

Spoiler:

» Défier un dieu chez lui ? C'pour les tapettes ...
» Capítulo 4 // Dieu & Dieu // Privé Kusodari //
» Celui qui qui connait tout les secrets
» A celui qui tapera le plus fort! [Mission]
» Plonge et prend le contrôle

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