Feuille arrachée du tableau déglingué. Un sourire, un léger rire alors qu'il s'élance, qu'il court vers la sortie, mission bénie. Parfaite pour lui. Course alors qu'il franchit la porte boisée, fusée. Impatience de l'artiste enfiévré, il s'élance déterminé, animé de nouveaux désirs inavoués. Briller. Briller, être contemplé, acclamé. Ego démesuré du petit minet. Félin révéré, révélé par son apparente fierté, son arrogance détesté. Chat dans son exécrable vérité.
Voyage étrange, regard émerveillé qui ne sait plus où se poser, enfant qui revoit le passé. Rêves de périples insoupçonnés au delà des étendues sablées. Rêve concrétisé, plus ou moins concrétisé, au prix d'un horrible passé. Il chasse cette idée, se concentre sur le monde et ses beautés. Solitude qui ressource cette âme esseulée, seul face à lui-même, deux et pourtant unis dans cette traversée, jours qui défilent sans qu'il ne les voit passé. Le sommeil sous le regard des nuits étoilées, du souffle sauvage du vent d'été, aux abords des routes abandonnées. Quelques rencontres éphémères, joyeuses ou amères. Seul avec lui-même la route le ressource, contacte naturel loin de la civilisation, loin des hommes pour mieux renaître alors que dans sa tête se mettent en place les scénarios de fête. Artiste avant tout, joies de la scène et du spectacle, artifice, tout donner, se donner entier, vendre son âme au diable dans la tourmente de danses endiablé, d'une scène imaginée, d'un théâtre bondé, foule acclamant la beauté et sa volupté. Danseur à l'âme animal, artiste indomptable. Quartes jours avant que ne s'ouvre à lui les rues d'Hosenka, ville lumière, ville de fête, peuple des délices de la nuit, ville vantée et appréciée, sur-fréquenté où il est toujours possible de jouer.
Le regard se perd dans les allées, se pause ici-là sur les maisons illuminés, la nuit est tombé. Passant enjoué, yeux appréciant les corps de proies envisagées. Prédateur incarné. Il sourit alors que s'ouvre à lui la grande place avec en son centre le magnifique théâtre. Il franchit l'entrée, enfant émerveillé. Un petit rire nonchalant alors qu'il s'accoude au guichet.
"Je dois voir le directeur." La blondasse décoloré lui jette un regard inquiet, inquiet et inhospitalier. Sympa l’accueil.
"Au premier étage, dernière porte.. Il sourit, chat moqueur et farceur.
"Vous êtes trop bonne, comme quoi il ne faut jamais s'attarder sur les physiques désavantagés, ils offrent parfois de belles surprises.". Un petit rire alors que sans demander son reste face au regard outré il se dirige vers l'escalier. Commence son ascension dans cette bâtisse à la beauté digne des temples oubliés. Il se perd dans les couloirs, erre observant ici et là les riches sculptures, magnifiques gravures et peintures. Sublime. Une porte qui sort du lot, richement ouvragée, un petit panneau incrusté "Direction", un sourire avant qu'il ne toque. Quelques sanglots étouffées alors que le petit homme ouvre la porte yeux bouffies et bouche flétrie.
Quoi ?. Il a l'air misérable, véritable tâche dans ce décor somptueux, pitoyable. C'est sortant la feuille froissé de son pantalon déglingué qu'il répond qu'il est là pour la mission. Un grand sourire qui se dessine sur ce directeur au bord de la déprime.
"Nous sommes sauvés ! Entrez donc.. La conversation dure longtemps, inintéressante et pire qu'ennuyante... Plusieurs fois l'idée de lui sauter à la gorge pour qu'il la ferme lui a effleuré l'esprit... Trop de fois même, mais il résiste, écoute en baillant, regard absent le petit-être bedonnant.
"Vous dansez ? Han mais vous serez parfait ! Vous jouerais Ines, remanié en homme bien sûre, mais Ines. Mon trio est enfin complet ! Il seront tous subjugué pas mon Huis Clos. Ses paroles le tire de sa léthargie, ressuscitant son intérêt mort né... Huis Clos. Il connaissait cette pièce, il l'adorait ! Il aurait préféré jouer les Estelle, mais tant pis, advienne que pourra. C'est avec un grand sourire qu'il saisie le texte tendue, texte déjà largement connue. Parfait.
"Première répétition demain à 06h ! Là représentation est prévue pour dans trois jours. Ne me décevez pas. Un public insatisfait serait signe pour vous d'un argent évaporé. Un léger sourire alors qu'il se redresse, que sa main saisie le menton flétrie, que son regard d'ébène plonge dans les billes immondes, un souffle, un murmure.
"Ils seront subjugués." Un léger rire alors que dans un mouvement vif il se lève puis ne se retire. Parfait. Une chambre lui avait été alloué, loge remaniée pour le besoin, une loge désigné, il était l'un des héros de ce nouveau show. C'est satisfait, l'esprit embrumé de rêves de foules subjuguée, tombant à ses pieds qu'il se laisse tombé dans les bras de Morphé.
Le temps file vitesse grand V, les répétitions s'enchaînent et se succèdent alors que le grand soir entre en scène. Derrière les rideaux de velours rouges les regard excités observent l'entrée du public qu'ils doivent subjuguer. Ce soir est le grand soir. Un soupire, un sourire jeté à ses deux partenaires de jeux. Malgré un début houleux ils étaient désormais complices, unis pour cet instant fatidique, la grande première. Un sourire crispé alors qu'il la sent, la tension, Déodé à l'image de son personnage, lâche alors que la pression monte, que le stress l'envahie, qu'il veut prendre la fuite. Mauvaise foi incarné, Garcin. Une main qu'il pause sur l'épaule stressé, un soutient tacite, un regard voulant tout dire, nous serons les meilleures, inoubliables et grandioses. La fatigue à engourdie son corps et pourtant il l'ignore, la chasse de toute sa volonté, ce soir est le grand soir. La musique s'élève, tango torride pour l'entrée en scène des âmes malsaines. Que sur le son strident et envoutant prenne chaire devant le public leur enfer. Il entre, visage fardé de poudre matte, cheveux fixé par une substance alloué pour que s'incarne en lui la figure de la sublime diablesse. Méchanceté incarnée. Torse dévoilé et de matte fardé, sarwel pourpre et pieds nues il entre en scène dans la danse des damnés. Ombres le suivant dans sa litanie maudite, danse de sa chute, danse des flammes et de l'enfer alors qu'elle rejoint lucifer dans son enfer, le tissu virevolte dans la danse torride, les ombres le suivent, danseuses à son image, ombres fuyantes. Un souffle alors qu'il se stoppe, tourne une dernière foi sur lui-même puis ne s'effondre pour qu'à sa suite Garçin entre dans la ronde. La musique change, musique paniquante du lâche quittant son monde, illusion de fuite sur la musique, illusion avant qu'à son tour il ne tombe, qu'Estelle entre en scène et clôture la ronde. Danse de l'ange et de sa chute. Le rideau tombe pour que la pièce s'enchaîne, que se succède les scènes. Personnages introduit sous un public ébahie. La faible lumière s'élève alors que le garçon entre en scène, que des trois ombres reculées, statuts figées dans l'arrière scène Garcin se détache pour la première scène, que le garçon le conduit dans sa pièce, leur pièce, huis clos. La lumière change de cible alors qu'en temps qu'Ines la malsaine, le minet rejoint le fuyard obscène. Le temps s'écoule alors que les tirades s'écoulent, et dans l'ombre attendant son tour elle le sent, sent la pression de Deodes atteindre son comble. Acte I scène 4 c'est à elle d'entrer dans le huis Clos. Un regard inquiet jeté vers le lâche incarné, priant qu'il ne fasse pas tout foiré. Les actes s'enchainent, la pièce continue, prend route vers l’apogée. Acte I, scène 5, la dernière, l'apogée, le temps file.
"Pour qui jouez-vous la comédie ? Nous sommes entre-nous.""Entre nous ?""Entre assassins. Nous sommes en enfer, ma petite, il n'y a jamais d'erreur et on ne damne jamais les gens pour rien.""Taisez-vous !"Un rire de dément avant qu'il ne crie.
"En enfer ! Damnés ! Damnés ! Damné la petite sainte ! Damné, le héros sans reproche !" Un silence, un souffle alors que son regard se fige sur Deodes sur le point d'exploser. Qu'il continue avec une envie grandissante de le secouer.
" Nous avons eu notre heure de plaisir, n'est-ce pas ? Il y'a des gens qui ont souffert pour nous jusqu'à la mort et cela nous amusait beaucoup. A présent, il faut payer." C'est à lui. Silence. Silence alors que le public attend suspendu à leurs lèvres... Il craque, il a craqué... Dans son esprit étriqué les idées fusent pour l'empêcher de tout saboter et c'est s'approchant tel une tornade de braise que la gifle fuse, atteins sa cible dans un claquement sec.
Et nous en prenons encore. Improvisation totale... Il semble émerger, sauvés ? Resurgissant de son linceul de pression il prend son inspiration, un regard le remerciant alors que ses mains le saisisse et le secoue, hurlant.
EST-CE QUE VOUS VOUS TAIREZ ? Un soupire soulagée, cette pirouette hors des sentiers semble les avoir sauvé. Alors qu'il le lâche Damaz reprend son rôle, un sourire moqueur esquissé, yeux emprunt défi alors qu'en jouant la diabolique Ines il jouit.
Ha ! ... J'ai compris. Je sais pourquoi ils nous ont mis ensemble." "Prenez garde à ce que vous allez dire.".
"Vous allez voir comme c'est bête. Bête comme chou ! Il n'y a pas de torture physique n'est-ce pas ? Et cependant, nous sommes en enfer. Et personne ne doit venir. Personne. Nous resterons jusqu'au bout ensemble. C'est bien ça ? En somme il manque quelqu'un ici : notre bourreau." "Je le sais bien." "Eh bien, ils ont réalisé une économie de personnel. Voilà tout. Ce sont les clients qui font le service eux-même, comme dans les restaurant coopératifs. "Qu'est-ce que vous voulez dire ? Un sourire malsain
"Le bourreau, c'est chacun de nous pour les deux autres..
Ils semblent être sauvés. La pièce continue, la fin approche alors que dans le huis clos ils comprennent, que leurs âmes se déchirent et s'entre-mêlent pour le final.
"... Alors c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le souffre, le bûcher, le gril... Ah ! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril ! L'enfer c'est les Autres.""Mon amour." Il la repousse avec violence
"Laisse-moi ! Il est entre nous. Je ne peux pas t'aimer quand il me voit." "Eh bien, il ne nous verra plus." Elle prend le coupe papier gisant au sol avant de se jeter sur lui et de le poignarder à plusieurs reprises alors que le minet se bat en riant tel un dément.
"Qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce que tu fais, tu es folle ? Tu sais bien que je suis mort." "Mort ?" Il rit toujours alors qu'elle lâche le couteau et qu'il ne le prenne à son tour se frappant avec.
"Mort ! Mort ! Mort ! Ni le couteau, ni le poison, ni la corde. C'est déjà fait, comprends-tu ? Nous sommes ensemble pour toujours." Le rire féminin se mêle au siens.
"Pour toujours, mon Dieu que c'est drôle ! Pour toujours !" Alors qu'il les regarde le dernier rire se mêle dans la litanie démente.
'Pour toujours !" Poupées déglingués ils tombent au sol avant qu'aux rires ne succède le silence, que Garcin ne se lève pour l'apothéose.
"Eh bien, continuons." Rideau alors que le public se lève, conquis et que l'ovation ne s'imprègne du théâtre par tout ses pores. La musique reprend, endiablée pour que ne reprennent la danse des damnés, que réapparaissent sur scène les trois âmes dégénérées. Un salut sous le tonnerre d'applaudissement avant que dans une course, mains serrés ils ne quittent la scène pour le reste de la soirée. Il en sera ainsi chaque soir pendant une semaine, rendant le directeur comblé au delà de tout ce qu'il avait put espérer.