Errance des sens. Silhouette masculine qui tourne ci et là dans les rues sans bruits, là et pourtant si loin. Le monde n'existe plus, son esprit vagabonde, il est ailleurs, revoit le passé, revoit les rencontres inappropriés, des jeux déglingués. Âme errante dans les rues sans vies, le soleil se meurt alors que la douce lumière écarlate donne son éclat à sa peau basané. Enfant du désert, chat errant. Il revoit le loup, les loups. Revoie cette union si étrange, insolite et étrange avec elle... Fusion de magies, il ressent le contacte, hideux mélange entre félin et canin... Hideux et pourtant si beau, doux et beau... Monstre splendide... Malgré les apparences cette expérience l'avait touché, il avait effleuré du doigt ce qu'il ne comprenait pas, ce qui ne voulait pas comprendre... Il s'était toujours sentie chat, chat dans l'âme, chat dans l'extase... Félin en vers et contre tout... Et pourtant... Depuis qu'il l'avait effleuré, depuis qu'ils s'étaient touchés, que leurs magies, leurs âmes avaient fusionnées... Il ne savait plus... Perdu. Est-il que ça ? Simplement ça ? Simplement chat ? Il ne sait pas, ne sait plus alors que grandit cette envie grandissante de comprendre... D'ouvrir son propre monde, d'effacer les préjugés et les aprioris... Qui l'eut crut... Pouvait-il ne serait-ce que fusionner avec une âme non féline ? Dans le méandre de ses pensées il aperçoit ses limites, limites de sa compréhension, de son esprit étriqué... Sa faiblesse... Comment pouvait-il se prétendre animal s'il ne l'était qu'en partie ? Comment pouvait-il prétendre à cette âme si elle n'était qu'une infime partie ? Il avait approché, il l'avait touché... L'esprit du loup... Si différent et pourtant... Prédateur libre et sauvage... Au final si semblables... Et il erre, les questions se heurtent dans son esprit malade... Malade du passé, malade de vengeance, malade de l'humain. Il erre coupé du monde quand soudain il le sent, le regard sur lui... Le désagréable sentiment qu'on l'épie, qu'on le suit... Il se retourne dans un mouvement vif, fait volte-face. Il est là, il croise son regard noir... Chien noir et affiné, redoutable dans son image, redoutable dans sa posture, redoutable dans l'image qu'il renvoi. Doberman. Il aurait put prendre peur... Ou plutôt il aurait pu s'hérisser, se sentir agresser, il y'a encore peut il aurait crachoté dans une posture défensive de chat de gouttière... Il y a peu il l'aurait évité, aurait tout fait pour l'intimider, qu'il parte au loin. Un grognement qui émerge de son puissant poitrail alors qu'il se retrouve devant le fait accomplie... Chien et pourtant sublime... Sont-ils si différents ? Le chien grogne comme sur le point d'attaquer, de lui sauter au cou... Aucun maître à l'horizon, chien errant, il prend vaguement une posture défensive, vaguement car son regard se perd dans le siens... Ses yeux d'ébènes plongent dans le noir de jais... Semblable ? Le monstre de crocs, affamé et estropié s'approche et elle le frappe comme un boomerang, la pitié, la compassion pour cet animal abandonné... Chien délaissé. Seul et perdu, sans amis, sans famille, seul lui restait l'attaque, l'agressivité et l'attaque, la colère issue de toute cette solitude mêlée de déception... Et elle le frappe la révélation, la posture prend fin, il ne veut plus se défendre, si semblables... A travers l'animal il se voit, se voit lui-même... Si semblable... Un faible sourire alors qu'il décide, entre en mouvement, s'approche doucement de lui, s'accroupissant... Un passant qui le regarde hébété, qui crache à mi-mot le mot si souvent entendue "pauvre inconscient, fou." Il s'en moque, ne lui prête aucune attention, seul lui compte. Oui lui... Il le sait, il le sent, mâle, mâle sur la défensive, agressif car il faut survivre dans un monde sans attache... Animal et pourtant si humain... Il grogne toujours, il ne prend pas peur, continue d'avancer, tend la main, la donnant en offrande, prêt à recevoir la morsure si elle devait arriver... Acceptant alors qu'il comprend, comprend que cet animal à besoin des hommes, animal non sauvage, animal qui par essence à besoin de ce contacte... Humain. Meilleur ami de l'homme... Loin de l'indépendance des chats, il avait jamais aimé les chiens pour cette raison... Il les trouvait si faible, si... Dominés et médiocres... Là tout s'envolait, le jugement disparaissait, il comprenait enfin... Le grognement cesse alors qu'il sent sa main, que le contact humide se frotte à elle, une larme qui coule de l’œil d'habitude si dure... Communion... Ils étaient finalement si proches... Sosie animal... Un léger sourire alors que la main caresse le poil noir... Un léger sourire alors que d'un coup il serre l'animal contre lui. Compris... Compris et amis. Se relevant il ferme les yeux, inspire profondément alors qu'il le sent... Prononce à mi-mot "Dog soul"... Quelques secondes ou le temps semble se figer, puis elle arrive enfin, salvatrice et puissante, la douleur sauvage. Un craquement alors que les os se rompent, changent de formes et ressoudent, que les organes implosent... Se déchire pour se modifier... Il se laisse submergé alors que là ou l'humain gisait le doberman noir a prit sa place, gisant dans les vêtements déchirés, restes de la mascarade humaine... Un regard vers son nouvel ami, entendue, l'invitant à le suivre alors qu'il entame la course, lâchant ses sens... Il ne serait plus jamais seul, Blue Pegasus allait devoir faire avec une nouvelle recrue, il ne leur laisserait pas le choix.