| |  Sujet: As cool as a cucumber  Mar 12 Mar - 19:29 | |
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De quoi ? J’ai rien senti moi.
Alleeer, puisque je te le dis.
L’écoute pas Miku, c’est encore une de ses mauvaises blagues.
Mais non ! D’ailleurs on est deux contre un, pas vrai Sin ?
…
Mais ! Aller ! Miku Miku Miku Miku Mi…
Ok ok, on y va. Juste, je t’en supplie, tais-toi.
Ce qu’il me donne mal au crâne… Je l’entends sauter de joie d’avoir réussi à me persuader d’entrer dans ce cimetière. Une haute barrière de métal sombre entoure le terrain, décorée de motifs assez anciens, lignes courbes et pics réguliers. Je m’arrête devant le somptueux portail comme s’il m’était interdit de pénétrer dans un lieu sacré. Et c’est un peu… Je ne saurais pas tellement expliquer. Le calme religieux qui règne dans les cimetières me fait toujours cet effet. Il faut être respectueux du silence des morts, répétait sans cesse maman. Aussi sage qu’une image je m’avance sur le petit chemin tracé dans les graviers. Myde s’est étrangement calmé, j’avance entre les pierres tombales, menés par le petit chemin déjà tracés par les pas des précédents visiteurs. Je contemple chacun de ces souvenirs du passé avec respect, imaginant la vie que chacun aurait pu avoir quand il avait encore la chance de fouler ce sol. Vaillant guerrier et voleurs partagent une place égale en ce lieu, nous sommes tous égaux face à la mort. Et pourtant, au bout de ce sentier s’élève une sculpture plus impressionnante que les autres. Une sculpture à l’honneur de la personne enterrée en dessous qui aurait l’orgueil de régner sur toutes les autres de ce petit terrain. Un imposant bloc de marbre blanc sur lequel est gravé un motif sans signification apparente mais tout à fait élégant.
« Jeune homme ?.. »
Une âme vient d’apparaitre aux côté de cette somptueuse tombe, ou alors je viens de la remarquer. Un homme dans la force de l’âge, aux cheveux blonds blanchis et affinés par le temps et sur le visage duquel on peut déceler les maques de la sagesse. Prêt à répondre à son ton interrogatif, je maintiens son regard.
« Je n’aurai jamais cru qu’on puisse encore me voir. Ni même m’entendre. Comment se fait-il que tu concentres en toi autant de présence spirituelle ?
- Ah, ça ? C’est parce que je ne suis pas tout seul, monsieur. »
Calmement, je laisse mes trois compagnons apparaitre devant lui. Forcément, quand on est quatre dans un corps… Mon interlocuteur prend soudain un air intéressé. Myde, qui d’ordinaire aurait probablement fait remarquer qu’il avait raison, se trouve être étrangement méfiant, à moitié dissimulé derrière son meilleur ami.
« Tu sais donc parler aux morts. Serais-tu une espèce de chaman ?
- Juste un mage, monsieur.
- Oh, tu es donc de ceux qui vendent leurs services ? J’achète ta compagnie cette matinée. »
Perturbé, je regarde Axel qui se contente de hausser les épaules. Je me retiens de faire remarquer au vieil homme qu’il n’a probablement plus rien à m’offrir dans son état. Peut-être est-il mort depuis peu, et lui rendre service ne me dérange pas plus que ça. C’est donc sous le regard d’un Myde réticent que j’accepte.
« Miku, enchanté. » Dis-je en m’inclinant légèrement.
« Even. » Répond l’âme toujours aussi peu expressive.
Je m’assois donc sur un rocher juste à côté, entamant la discussion du mieux que je pouvais. Contrairement aux trois autres, Even semblait plus à même de parler de son passé, bien qu’il évite certains sujets bien précis. Il était artisan, travailleur de cristal. C’est d’ailleurs lui qui a appris à son fils, et son fils qui a fabriqué le solide vase déposé devant sa tombe. Un vase bien étrange cela dit, je remarque qu’il est empli d’eau sans la moindre trace de fleur. Son fils aurait-il oublié de venir déposer des fleurs ces temps-ci ? Je ne pose pas la question, n’en ayant pas l’occasion. En échange, Even se montre très intéressé par la magie que je pratique et surtout celle qui me lie à mes amis.
« C’est comme si tu donnais une nouvelles vie aux morts en réalité.
- Je ne dirai pas ça, en fait, il faut…
- Excusez moi, vous allez bien ? »
Un homme robuste aux cheveux courts me dévisage comme si je sortais d’un asile de fou, ce que je peux comprendre. J’ouvre la bouche pour m’expliquer mais…
Ne lui dis pas. Invente autre chose.
- Eh bah… Euh ben oui, oui, ça va. Je révise un texte de théâtre, haha. C’est calme par ici, parfait pour travailler. »
Qui, bon sang, qui aurait cru à un mensonge pareil ? Sceptique, mais ne cherchant pas plus loin, le grand brun pousse un soupir de soulagement en se dirigeant vers la tombe d’Even apparemment heureux d'avoir un peu de compagnie.
« Je vois. Bientôt, ce le sera encore plus. Il n’y a que moi qui passe régulièrement. »
Il s’abaisse alors pour ramasser le vase plein et vide l’eau au pied d’un arbre avant de revenir le placer exactement au même endroit. Mon esprit relie les informations aussi vite qu’il peut, ralentit par les incompréhensions.
« Que voulez-vous dire ?
- Vous savez, la vie qui suit son court, tout ça. » Il dépose de bien étrange fleurs blanches dans le vase avant de se tourner vers moi. « Je vais déménager pour travailler dans une plus grande ville, je n’aurais plus le temps de passer. Vous êtes nouveau dans le coin ? »
Je lui réponds que je voyage, ce qui semble le décevoir. Pensait-il me demander de passer à sa place ? Je regarde discrètement Even mais celui-ci parait plongé dans des calculs trop complexes pour ma petite personne. Et surtout, alarmé par l’arrivé de deux autres protagonistes. Auraient-ils suivi le jeune homme jusqu’ici ? En tout cas, ils se connaissent.
« Encore toi ? Je te l’ai déjà dit, tu n’auras pas ce vase.
- Even avait une dette qu’il n’a pas payée. Je veux ce vase, et tu vas me le laisser, Arris.
- J’ai payé, tu n’as plus aucun droit là-dessus.
- J’étais sûr que tu dirais ça, c’est pourquoi j’ai embauché quelqu’un pour aller plus vite cette fois-ci. Au boulot. »
Le petit roux qui avait gardé le silence jusqu’à présent se prépare alors à lancer un sort qui me fait réagir. En un éclair, je me place entre lui et Arris pour le protéger à l’aide d’Emotion Shield. Surpris d’avoir affaire à un mage, je les regarde froidement, qu’ils comprennent bien ce qui va se passer s’ils continuent à nous chercher des noises. Derrière moi, je sens la peine d’Arris grimper en flèche dans son cœur tandis qu’il fixe ses fleurs… Qui ont laissé place à de l’eau. Il n’en reste plus qu’une ou deux, je réalise alors leur nature. Ces fleurs ont fondu, c’était de la glace travaillée.
Me ferais-tu la faveur de me débarrasser d’eux ?
Bien sûr, c’vous le patron pour la matinée.
En m’…
Tentant une attaque surprise, le rouquin envoie de nouvelles gerbes enflammées en direction de mon champ de force protecteur. Frustré de ne pouvoir passer au travers, il s’acharne encore et encore, modélisant de véritables lances de feu pour percer ma carapace… Qui finit par céder sous le rire sadique de mon ennemi. Sa dernière lance vient alors frapper mon bouclier et disparaitre dans un nuage de vapeur. Arris me fixe avec un drôle d’air. Amusé, je hausse les épaules pour lui faire comprendre que c’est son jour de chance. Guidé par les instincts d’Even, je plie les genoux pour me retrouver dans la position du chevalier servant et frapper le sol de la pointe de mon tout nouveau joujou.
« Freezing Impact »
Un volumineux mur de glace jaillit alors du sol devant nous pour nous protéger d’une nouvelle attaque, au grand regret du mage de feu. En plus de ça, la glace fond pour inonder la zone, nous forçant à tous patauger dans la boue.
Ce pouvoir est génial, Even !
Peut-être, mais pour le battre, trouve autre chose. Je ne suis intervenu que pour protéger mon fils.
J’étais sûr que c’était ton fils ! Mais pourquoi tu veux pas que je lui dise que tu es là ?
Il ne me répond qu’avec mépris que je ferais mieux de me concentrer. Il a raison, je ne pourrais probablement pas vaincre le feu par la glace. J’ai bien une solution mais… Mes entrainements à la guilde ne sont pas encore au point sur ce sort, je ne suis pas sûr d’y arriver. N’empêche que ce mage dégage une telle quantité d’émotions négatives que ça devrait bien marcher, non.. ? Un pied devant l’autre, en position de combat, j’épie une dernière fois Arris pour m’assurer qu’il est bien derrière moi avant de tourner le visage vers mon adversaire.
« Devastation. »
Un pentagramme aussi grand que moi apparait juste devant moi. C’est une large sphère d’énergie noire qui s’en échappe, filant à une vitesse folle vers mon adversaire, soufflant ses flammes sans difficulté. Il heurte le client, le repoussant un peu plus loin, et englobe le rouquin qui pousse un hurlement de rage et de douleur. Tandis que l’énergie se dissipe, le rouquin s’écroule à terre, vidé, l’employeur déjà en fuite suite à cette scène traumatisante. Mon bouclier disparait, éclatant en une infinité de particules glacées qui s’évanouissent à leur tour. Je saute tout content, tentant de me dégourdir pour me vider des émotions négatives que j’ai fait passer en moi en utilisant ce sort, mais je suis vite stoppé par de sacrés crampes et je finis à terre, grimaçant. Ouille ouille ouille je déteste les crampes ça fait mal ça bloque ça freine. Ugh. Je serre les dents, yeux clos, je ressens la paralysie s’emparer de mon corps. Et quand je rouvre les yeux, Arris est penché au-dessus de moi, me regardant bizarrement.
« Merci, merci beaucoup… Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? »
…
« Prends le vase avec toi, où que tu ailles, il sera mieux qu’ici. Even veut ça, j’en suis sûr. L’important, c’est que toi tu ne n’oublies pas, et non pas que ceux qui passent ici lui invente une vie en passant devant. »
Je suis surpris qu’il envisage cette option aussi rapidement, un peu comme si emprunter utiliser l’âme de son père avait créé un lien indéfectible entre nous. Pis encore, après avoir récupéré son bien, il me soulève sans grand mal et me trimballe comme ça jusque chez lui. Il s’excuse du vide dû au déménagement, une partie des meubles est déjà à Shirotsume. Sincèrement, j’en ai rien à faire et même que j’ai pas envie qu’il m’installe sur son foutu matelas. Je vais mieux, que je n’arrête pas de lui répéter. Mais bon entre sa carrure et la mienne… Il me jette dedans et m’invite à rester déjeuner. M’invite, haha, je déconne, il m’incite fortement à rester surtout. Ce qui s’est passé ensuite, je le garderai pour moi. Mais je peux vous dire qu’on est parti à Shirotsume ensemble et que l’on ne s’est séparés qu’une fois là-bas, Even ayant décidé de me suivre pour que son bambin se fasse sa propre vie.
On peut regretter les morts. On peut les pleurer, se forcer à ne pas les oublier. Mais être obnubilé par son passé n’est jamais bon. Je te remercie de ce que tu as fait pour nous et je veux t’aider. Mais pas trop non plus, je te préviens.
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