Pour changer les choses, Olivia avait choisi de faire une mission seule. En effet, il s’agissait bien de la première fois où l’ange avait choisi de travailler sans l’aide de personne. Ce qui, au fond, n’était pas plus mal puisque ça lui permettait de gérer les choses toute seule. M’enfin, on ne lui demanda pas la mer à boire non plus, c’était une mission qui avait l’air plutôt simple et qui permettrait à la jeune femme de proposer ses services au lieu d’errer dans les couloirs de la guilde. Elle aurait aussi pu garder sa journée de libre pour faire les magasins ou quelque chose comme ça mais il lui fallait des sous pour cela, c’est alors qu’elle accepta de faire une mission.
Au marché de Crocus, c’était la débandade. Tout le monde se marchait dessus pour aller à la confiserie où l’on vendait les sucettes. C’en était limite effrayant. Et Olivia, en voyant tout ce monde, se demanda combien de sucettes elle devrait livrer étant donné qu’il s’agissait d’un commerce international. Elle s’approcha donc de la boutique en poussant légèrement les gens qui lui bloquait la route, même si ceux-ci la regardaient de travers parce qu’elle les avait dépassés.
Arrivée face au patron, elle lui présenta son tatouage derrière l’épaule pour montrer son appartenance à sa guilde et lui expliqua qu’elle était ici pour la mission.
Bonjour, je suis Olivia.
Ah ! Bonjour, suivez-moi !
Il courut vers l’arrière de la boutique pour y conduire la jeune femme et présenta le chariot qu’elle devait amener jusqu’à Seven, royaume très commerçant qui avait urgemment besoin de cette livraison. Mais c’est quand elle vit la taille de la cargaison qu’elle n’en crut pas ses yeux. Elle devait tirer toute une remorque remplie de sucettes qui semblait faire 3 fois son poids. La déplacer sur quelques kilomètres,c’était faisable en une journée… mais jusqu’à Seven…
Bon je vous laisse, j’ai des clients à satisfaire. Je compte sur vous !
Olivia était face à ce chariot qui représentait un vrai challenge. Elle tira la poignée, à plusieurs reprises, mais c’était impossible de le déplacer… jusqu’à ce qu’elle retire une cale qui semblait bloquer une roue. Après cela, ce fut plus légèrement plus facile de le tirer, les roues avançaient de quelque centimètres, mais on ne pourrait pas arriver jusqu’à destination à temps à ce rythme-là. Elle vérifia s’il n’y avait pas une deuxième cale qui la ralentissait mais en effet, il n’y en avait pas. Elle dut donc avoir recours à sa magie. Saisissant sa harpe à deux mains, elle pinça les cordes délicatement pour débuter un sort mais le patron entra en colère.
Je vous ai pas demandé de jouer les ménestrels mais de me livrer ces fichus sucettes ! C’est pas avec des incapables comme vous qu’on va arriver à quelque chose !
Olivia déconcentrée, s’énerva davantage. Déjà, elle ne pouvait pas faire avancer ce chariot, mais en plus son patron lui prenait la tête. Elle fut emplie d’une telle rage qu’elle tira le chariot en dehors de la boutique sans peine et le traina encore quelques centaines de mètre plus loin. Elle pensa, alors qu’elle tirait la cargaison.
Non mais quel abruti cet homme ! Si seulement il avait pu me laisser jouer ma mélodie… Ah ! Maintenant que j’y pense, je suis assez loin pour qu’il ne me voie pas et qu’il ne râle pas.
Elle s’arrêta un court moment, reprit l’air qu’elle avait abandonné peu avant, et joua le Prélude puis enchaîna avec Melancholia afin d’augmenter sa vitesse et sa force. Le chariot n’était maintenant plus un fardeau, elle avançait avec un bon rythme… durant deux minutes. Après quoi les effets de ses sorts s’estompèrent et finalement le chariot tirait dans ses bras endoloris. Les muscles de la jeune femme étaient déjà fatigués alors que la journée avait à peine commencé. Elle s’assit par terre pour se reposer, le dos contre la cargaison qui faisait de l’ombre à Olivia. Non loin d’elle se trouvait un cheval noir, un bel étalon grand et fort. Si seulement la jeune femme pouvait avoir sa force pour tirer le chariot, sa mission aurait été plus facile… Soudain, elle eut une idée. Il était temps d’inaugurer le Chant d’Erato.
Sa harpe entre les mains, elle joua le chant divin qui, aux oreilles de l’animal, le firent réagir aux vibrations de la harpe et ce dernier obéissait à la jeune femme. Elle lui caressa les naseaux, et l’étalon hennit en réponse pour exprimer sa joie, ou du moins sa fausse « joie » due au sort. Elle l’attela donc au chariot afin qu’il le tirât et monta sur le dos du cheval. Dès lors, il n’y avait plus aucune difficulté, et le timing pouvait être respecté.
Elle arriva au coucher de soleil à la confiserie de Seven à dos de cheval et apporta au chef les différentes boîtes de sucettes. Sa mission avait été un succès, et elle profita de sa soirée dans la région avant de repartir pour le retour le lendemain.