Une étrange lettre occupait les mains de la jeune femme, le sceau de la famille Felicis était dessus. Il s’agissait encore d’une des correspondances qu’Olivia entretenait avec son père. Elle allait donc retourner aux origines une première fois depuis son entrée dans la guilde. Bizarrement, elle n’était pas enthousiasmée par l’évènement, elle se plaisait bien plus au sein des siens que de ses parents. A vrai dire, là-bas, la vie était plate et monotone puisqu’elle ne reposait que sur les différents repas où l’on conversait durant des heures sur nos journées forts bien ennuyeuses. Elle décida de l’ouvrir et de ses doigts elle détacha la cire qui collait les deux parties de l’enveloppe pour en faire sortir la lettre d’invitation.

Chère Olivia,

Cela fait maintenant un mois que tu es partie et ton absence se fait énormément ressentir dans notre demeure, tu n’es plus là, toi, le sourire de la famille. Et je me suis dit que si je t’invitais comme ça à la maison sans aucun motif, tu serais certes, venue, mais cela t’aurait plus ennuyée qu’autre chose. Je te propose alors de venir chercher ton cadeau d’anniversaire. Je sais qu’il n’est que dans deux mois mais je tiens vraiment à ce que tu t’en empares au plus vite, je suis sûr que cela te fera plaisir.

Ton père qui t’aime.

Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres de la jeune femme quand elle eut fini la lettre. Puis elle la déposa sur une table basse afin de se préparer pour le voyage. Elle changea sa tenue de cuir noir pour une robe légère et pure, sa famille étant assez exigeante sur le code vestimentaire, cela les aurait choqués de la voir vêtue d’habits de combats. Après tout, elle était toujours leur petite fille. Elle se dirigea alors vers la gare de Shirotsume où elle prit le train en direction de Clover. Dans la voiture, elle s’asseyait à côté de la fenêtre d’où elle regardait le paysage durant tout le trajet. Le changement de région se voyait tout de suite à la nature environnante, les arbres fruitiers avaient remplacé les sapins et des champs immenses parcouraient le territoire. Puis finalement, la ville. Le train s’arrêta quand il arriva à la gare et Olivia humait les odeurs florales de la ville de Clover, cela lui rappelait son quotidien, son enfance, bien qu’elle passait la plupart du temps à l’extérieur de la ville elle avait des souvenirs ici. Elle décida donc de faire une petite balade en ville avant d’aller voir ses parents.

En sortant de la gare, il y avait le centre-ville qui donnait sur une avenue fleurie où des magasins en tous genres s’étaient installés. Elle décida d’y faire un tour afin de trouver un petit cadeau pour ses parents. C’est d’abord dans une boulangerie qu’elle acheta un croissant pour apaiser sa faim, bien sûr, la vendeuse ne l’avait pas reconnue mais ça l’amusait un peu de jouer l’étrangère. Ensuite, elle entra dans une bijouterie pour prendre des boucles d’oreilles pour sa mère. Cependant quand elle eut fini cet achat, elle se demanda quoi prendre pour son père, celui-ci n’avait pas vraiment de loisirs autre que l’argent, un peu avare dans son genre. Sortant donc du magasin de bijoux, un antiquaire se trouvait juste en face, le destin faisait bien les choses, Olivia se rappelait que son père était tout de même un grand collectionneur et donc elle entra dans la boutique et un homme qui semblait aussi vieux que tout ce qu’il vendait l’accueillit. Les yeux plissés par la vieillesse, il la regarda comme s’il l’avait déjà vu auparavant.
Bénédiction ! Madame, vous pouvez prendre tout ce que vous voulez dans le magasin, c’est gratuit !

Olivia ne savait pas vraiment réagir à ce genre de situation, elle pensa qu’il était un peu sénile en raison de son âge et préféra sortir du magasin, ne voulant pas profiter de la gentillesse du vieil homme. Quand elle se retourna, il la retint par le bras.
Vous ne pouvez pas partir, il vous appelle !

Elle décida donc, pour ne pas l’énerver, de rester et de choisir un cadeau pour son père, mais l’homme la tira par le bras vers une statuette qui soutenait un miroir. Elle rencontra son visage, le fixa, puis le reflet se défit de la réalité, se tordant en un cercle pour finalement tourner en rond qui hypnotisa la jeune femme qui finit comme aspirée dans un autre monde. Elle leva les yeux et se présentait devant lui un homme d’une taille immense assis sur un trône. Sa tête émanait une telle lumière qu’on eut dit le soleil et d’une voix puissante il s’adressa à Olivia.

Ma belle Muse, enfin je peux te voir, admirer ta splendeur de mes propres yeux.

Olivia arqua légèrement un sourcil parce qu’elle ne comprenait pas, du moins elle ne savait pas si ce qu’elle croyait comprendre pouvait être vrai ou non. Pour la rassurer, l’homme reprit.

Olivia, je t’ai choisie en tant que Muse le jour où tu as découvert ta magie. Mon nom est Apollon, tu dois déjà avoir entendu mon nom quelque part, n’est-ce pas ?

Elle avait donc confirmation de sa pensée, et Amaterasu lui avait bien parlé de « Kamis » autrefois, il en ferait donc partie.

Enchantée. Oui, j’ai déjà entendu votre nom dans des livres.

Cesse donc ces bonhommies, tu peux me tutoyer ma belle. Ça me gêne un peu que tu mettes une distance entre nous, vois-tu, nous pouvons faire connaissance. Pour cela, voudrais-tu me jouer un petit air ?

Olivia saisit sa harpe et pinça quelques cordes qui vibrèrent des sons variés puis continua d’en pincer d’autre pour continuer l’air. Elle fermait les yeux pour mieux savourer les sons de la harpe et sentir ses doigts manipuler l’instrument. Le temps semblait figé lorsqu’elle jouait, et Apollon ne l’interrompit pas, appréciant tout autant la musique. Quand elle eut fini, ses bras abandonnèrent la harpe et ses yeux s’ouvrirent pour finalement contempler à nouveau le miroir qui affichait son reflet. Le vieil homme à côté d’elle afficha un grand sourire montrant ses dents usées par le temps puis tendit sa main pour lui offrir un parchemin. Elle le remercia puis le saisit, encore sous le choc de cette drôle d’expérience qu’elle venait de vivre. En sortant, elle ouvrit le parchemin pour voir le contenu et c’est avec étonnement qu’elle vit la partition d’une mélodie divine dans ses mains. Derrière, il y avait une signature. « En espérant que tu apprécies le cadeau, Lloyd Felicis, ton père. »