| |  Sujet: La valeur d'une vie...  Jeu 14 Fév - 2:23 | |
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| Quelque part dans les sous-sols de la guilde de Fairy Tail...
« Je comprends... C'est en effet un problème préoccupant... Ne suffirait-il pas d'envoyer une femme sur les lieux en ce cas ?
- C'est impossible, elle s'en apercevrait ! Il nous faut un homme qui pourrait lui rester insensible...
- Hmm... Laissez-moi m'en occuper, je trouverai un moyen... Votre problème sera réglé d'ici peu...»
Tandis que la jeune femme, désespérée, qui était venue voir Makarov s'en allait, remontant les marches pour rejoindre le hall et enfin quitter le bâtiment, le maître lui restait, assis, fermant les yeux et essayant de trouver qui pourrait bien régler cet épineux problème. « Épineux » était un mot bien léger pour décrire l'ampleur du danger qui planait sur Fairy Tail : la fin du réapprovisionnement en alcool. Cana deviendrait incontrôlable et lui-même ne savait comment il réagirait. Il avait tenu à garder cette mission secrète pour n'éveiller aucun soupçon, ce qui pour le moment était réussi. Mais le plus dur restait à venir : qui pourrait mener à bien cette quête de la plus haute importance ? Qui arriverait à sauver les marchands fournissant Fairy Tail en alcool ? Pour le moment, les réserves pourraient encore subsister deux ou trois jours selon la présence de Cana. Makarov devait envoyer quelqu'un tout de suite, ou bien...
Revenant à l'étage, il parcourra le hall des yeux. Aucune trace de mage telle que Natsu ou Grey et puis, rien ne dit que même eux pourrait réussir cette mission. En effet, elle ne s'appuyait pas du tout sur la force physique, mais plutôt la force mentale. Soupirant, il s'apprêtait à renoncer et à attendre leur retour malgré tout, lorsque la solution lui apparut enfin. Au sens littéral. Un membre de la guilde venait en effet de tomber du haut d'une des poutres, se relevant une seconde après en s'excusant.
« Ijeel... Mais oui !
- Hum ? »
Ne comprenant rien à la situation, l'albinos ne voyait pas d'où venait la soudaine joie du vieil homme. Il venait à peine de se réveiller, puisque c'était bien sa chute qui l'avait sorti de sa torpeur, et voilà que sa journée prenait un tournant inattendu. Et c'était peu dire au vu de ce qui l'attendait. Makarov lui dit le suivre, et lui ordonna de se dépêcher lorsqu'il le vit avancer en traînant des pieds, aussi motivé qu'à son habitude. Il amena l'albinos dans les sous-sols, aussi celui-ci comprit de suite que la situation devait être importante.
« Que se passe-t-il maître ?
- Je ne vais pas te cacher que l'heure est grave... Si nous ne faisons rien, c'est la guilde toute entière qui y passera, et tu es le seul à qui je puisse confier la mission qui pourrait éviter cela ! »
À ces mots, Ijeel était passé d'un visage impassible à sérieux, fait rare, mais la situation l'obligeait. Quoiqu'il doive affronter, il le ferait, surtout si Makarov comptait sur lui.
« J'accepte. Que dois-je faire, et qu'elle est exactement cette menace ?
- Tout est marqué sur ce papier, mais vois ça dans le train. Il faut que tu partes maintenant !
- D'accord, j'y vais... »
Partant sans se retourner, l'albinos ne put voir le sourire victorieux du vieil homme, qui avait réussi la deuxième partie de son plan. Maintenant, tout reposait sur les épaules du jeune mage qu'il venait d'envoyer. Il fallait espérer qu'il réussisse...
« Le train en partance pour Shirotsume quittera la gare dans deux minutes. Je répète... »
Assis sur un des sièges inconfortables du véhicule, Ijeel s'inquiétait sur l'identité de la menace pour Fairy Tail. Conscient de ses capacités, le mage se demandait pourquoi ne pas avoir envoyé quelqu'un comme Erza, Natsu ou même Gildartz pour régler ce problème, chose juste après tout. Peut-être n'était-il pas disponible. Il était parti précipitamment, et n'avait pas eu le temps de voir qui était à la guilde, mais il devait y avoir un bon paquet de mages supérieur à lui.
*T'en penses quoi ?*
*Que tu devrais lire tes ordres avant de tirer des conclusions hâtives. Peut-être faut-il quelqu'un possédant tes capacités ?*
Soupirant, Ijeel sortit le papier de la mission, et commença sa lecture. Mais plus il avançait, plus il se rendait compte d'à quel point il s'était fait avoir. Tout semblait s'expliquer, cette attitude vis-à-vis de lui lorsque le maître l'avait vu, le fait qu'il lui parle en privé, mais aussi pourquoi il n'y avait que lui pour faire cette mission. Et bien que certains y auraient trouvé de la fierté, lui n'y voyait qu'une envie de s'enfuir en hurlant. Il ne pouvait définitivement pas faire ça, quand bien même cela marquerait la fin de la guilde.
*Tu sais que tu le feras, n'est-ce-pas ?*
*Comment peut-on être aussi cruel...*
*Ce n'est pas de la cruauté. Makarov devait être à court d'idée, et il est vrai que seul quelqu'un comme toi pourrait réussir cette mission !*
Ce n'était pas un compliment à son sens et, d'ailleurs, personne ne penserait que c'en était un. Voir que tout reposait sur sa peur phobique des femmes, et que le maître comptait sur lui grâce à ça ne pouvait pas lui faire plaisir. De toute façon, il avait promis au maître qu'il le ferait, aussi ne reviendrait-il pas sur sa parole.
*Attends, c'est moi qui ai pensé ça, ou c'est toi qui me force à le penser ?*
*Hum... Va savoir. Je veux dire, je ne peux pas faire ça voyons !*
C'était le plus grand dilemme de sa vie, même s'il l'avait dit plusieurs fois : devait-il affronter sa phobie au risque de ne pas revenir en vie, ou s'enfuir au risque de voir Cana détruire la guilde ? Chacun présentait un avantage de poids, ainsi qu'un inconvénient bien pire. Se frappant un grand coup la tête contre son siège pour se ressaisir, Ijeel se décida finalement, et bien évidemment, à fuir.
*IJEEL !*
*Je... Oui, oui, c'était pour rire, je n'y pensais même pas... Ahah...*
Cana avait-elle tellement besoin d'alcool ? Cela valait-il vraiment le coup ? La guilde ne pouvait-elle pas simplement changer de fournisseurs ? Il fallait croire que non, puisqu'on l'envoyait malgré tout. De plus, depuis l'incendie de la guilde, les réserves d'alcool avaient sérieusement diminué, aussi devait-il se dépêcher pour revenir à temps.
*Et puis, c'est quoi cette folle qui kidnappe des marchands pour les utiliser dans un cirque ?*
*Ben, une mage charmeuse d'hommes ?*
*Non, je crois que tu n'as pas compris ce que je voulais dire...*
Le reste du voyage se passa entre les pleurs, les envies de suicide et les rappels à l'ordre de Ighen...
Arrivant enfin à Shirostume, il fallait à présent trouver où était cette mage. Pour ce faire, le mieux était d'aller à la rencontre de la guilde marchante du coin. Ils pourraient certainement le mettre sur une piste. Aussi, suivant les indications du vieillard, il put facilement trouver ledit bâtiment, presque aussi grand que Fairy Tail, et tout aussi animé. Des gens entraient et sortaient sans cesse, et la file d'attente à l'intérieur laissait présager deux choses : d'une part, que cette guilde marchande était très connue et réputée. D'autre part qu'il allait devoir attendre longtemps avant de pouvoir voir qui que ce soit. La patience étant une de ses qualités, il aurait bien pu attendre. Mais la pression due à ce qu'il allait devoir faire dans cette mission l'empêcha de se résoudre à une attente aussi longue, aussi contourna-t-il la file, malgré les protestations et, arrivant au comptoir, déclara venir de Fairy Tail pour résoudre le problème des disparitions.
Aussitôt, la jeune femme le regarda fixement quelques secondes, ce qui ne manqua pas de faire reculer quelque peu l'albinos, avant de se fendre d'un grand sourire radieux et de lui dire d'attendre quelques secondes, le temps qu'une personne vienne lui donner les informations. Il se retourna alors et tomba nez-à-nez avec une autre femme d'une vingtaine d'années, qui fut surprise de le voir sursauter et s'écarter de plusieurs mètres.
« Approchez voyons, je ne vais pas vous crier les informations ! »
Avançant doucement vers elle, non sans avoir été « poussé » par Ighen, il essaya de faire un visage plus ou moins naturel, c'est à dire neutre pour lui. C'était plus ou moins réussi, toujours est-il que son interlocutrice toucha dans le mille en essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer :
« Vous avez peur des femmes, c'est cela ? Je comprends pourquoi votre maître m'a affirmé qu'il trouverait une solution ! Tout va s'arranger ! »
Elle avait l'air encore plus joyeuse qu'auparavant, ravie de savoir que la mission serait forcément un succès. Personne n'avait l'air de comprendre que, même s'il était effectivement la personne la mieux placée car aucun charme féminin ne pourrait jamais l'atteindre, il lui faudrait parvenir à dépasser sa phobie, chose qu'il n'avait jamais réussi à faire ?
*Et bien, c'est le moment où jamais !*
*Ahah... Je veux mourir...*
La marchande lui raconta alors que les disparitions avaient commencé il y a deux semaines, et qu'à chaque fois, elles avaient lieu sur le chemin menant à Magnoria. Les marchands ne peuvent utiliser les trains pour transporter leurs marchandises, aussi doivent-ils le faire en convoi, mais à chaque fois, tout le personnel disparaît, hormis les femmes.
« Ce sont elles qui nous ont mis au courant, sans quoi nous ne nous douterions de rien. Il faut que vous fassiez quelque chose !
- Le plus simple serait... que je me fasse passer pour un marchand moi aussi. La kidnappeuse me tombera dessus, alors je lui ferai dire où elle retient toutes ces personnes »
*Enfin, ça c'est la théorie... En pratique, je ne sais pas si je pourrais articuler quoi que ce soit...*
L'affaire était entendue, il allait donc en être ainsi. Il transporterait donc des tonneaux d'alcools, il en profitera pour en ramener ainsi à Fairy Tail par la même. On lui administra une chauffeuse pour qu'ainsi elle ne puisse se faire charmer. Ainsi préparés, ils purent partir, espérant juste que tout se passerait bien.
*Même si je ne vois pas comment cela pourrait bien se passer...*
L'ennui aurait pu poindre pour quiconque faisant cette mission, mais pas pour l'albinos. Pour lui, c'était pire qu'un cauchemar : en plus de devoir affronter une femme, il voyageait actuellement avec une qui n'arrêtait pas de parler. Il n'avait jamais vu une telle vitesse d'élocution...
« Et j'ai jamais eu aussi peur de ma vie ! Je ne vous ennuie pas au moins ?
- Hum...
- Ah, je le savais ! Je vous ai raconté cette fois où j'ai dû... »
Elle s'arrêta brusquement de parler, et ce fut comme si le monde reprenait son cours. Il entendait... le silence.
*Je trouve plutôt cela bizarre qu'elle s'arrête de parler aussi soudainement. Si tu regardais ce qui clochait ?*
Se retournant, car Ijeel était depuis tout à l'heure sur la remorque transportant les fûts, adossé à l'un d'entre eux et tournant par le fait le dos à la chauffeuse, il put voir que quelque chose, ou plutôt quelqu'un, faisait face aux véhicules. C'était une femme, aux longs cheveux blonds, portant des lunettes de soleil. On lui voyait un nez fin, une bouche pulpeuse, des lèvres rouges dues à un maquillage très méticuleux et des formes généreuses dissimulées sous un long manteau noir. Elle avait une cigarette à la bouche et une arme à feu dans la main, pointée sur le véhicule. Retirant ses lunettes de sa main gantée, elle découvrit de grands yeux bleus. Sans doute tout homme aurait déjà pu craquer rien qu'avec cela, mais pas lui. Non, lui avait plus peur que tout autre chose pour le moment.
« Sortez de ce véhicule... » ordonna-t-elle. Néanmoins, la chauffeuse était terrifiée et n'osait même pas bouger. « Sortez, ce sera là ma dernière sommation... »
Cette fois-ci, elle pointait clairement son arme sur la chauffeuse, avait le doigt sur la gâchette. Elle allait presser la détente. Ijeel devait se bouger, aussi, après s'être mis un bon coup au visage pour se concentrer, il sauta par-dessus le toit du véhicule au moment où la blonde tira, et fit apparaître un cercle d'absorption à l'avant du véhicule, bloquant ainsi la première balle. Il atterrit juste en face d'elle, à à peine deux mètres. Surprise, elle braqua son arme sur le mage mais, constatant que c'était un homme, la baissa. Ils étaient tous impuissant face à elle, aussi n'y avait-il pas besoin de recourir à la force. Du moins, pas à ce genre de force.
« Profitez-en pour vous enfuir, je vous protège ! » cria l'albinos à la chauffeuse qui descendit enfin avant de partir en courant. Reportant son attention sur sa cible, il ajouta : « Je vous pensais plus prudente que cela, comme tout le monde d'ailleurs. Chacun pensait que vous ne sortiriez pas s'il n'y avait qu'une femme dans le véhicule, mais même sans m'avoir vu, vous n'avez pas hésité à attaquer...
- Tu penses que je ne t'ai pas vu, ce n'est pas la même chose. Maintenant, assez parlé, il est temps que tu deviennes mien ! »
À ces mots, la jeune femme rengaina son arme et écrasa sa cigarette sur le sol. Ijeel avait réussi mieux qu'il ne l'avait prévu jusqu'alors, sans doute parce qu'il avait été obligé d'intervenir pour défendre son associée d'une fois. Il devait en profiter tant qu'il le pouvait, avant qu'il ne repense au fait qu'il ne valait rien face aux femmes.
*Trop tard...*
Aussi, lorsqu'elle fit un pas en avant, il en fit deux en arrière, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il soit bloqué par le véhicule. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il agissait ainsi, mais ce n'était pas important. Tout homme devenait jouet dans sa main, jouet qui subirait indéfiniment sa colère, celle qu'elle dédiait à tout être masculin. Lui ne ferait pas exception, qu'importe ses capacités. Formant un pistolet de sa main, elle le pointa sur le mage, incapable de réagir pour le moment. Quelques instants plus tard, une aura bleue entoura sa main et, lorsqu'elle déclencha son sort en pressant la « détente », un rayon bleu traversa Ijeel, sans même qu'il ait le temps de réagir.
« C'est fini... Maintenant, suis-moi. »
Elle se retourna, sûre de son coup, sûre qu'il était en son pouvoir à présent. Pourtant, quelques mètres plus loin, elle n'avait pas à supporter les mimiques idiotes que sa magie forçait les hommes à faire. Rien de tout cela, à croire que, soit celui gardait un côté gentleman - qu'elle pensait présent au vu de sa tenue vestimentaire, soit son sort avait raté, mais ça serait bien une première. Faisant volte-face, elle remarqua qu'il avait complètement disparu. Il n'était pas proche d'elle, n'était plus adossé au véhicule, comme si...
« Mon sort l'aurait... désintégré... ? Non, ce n'est pas ce qui est censé se produire... Je... »
Pourtant, elle avait beau vérifié partout, son arme à la main pour plus de précaution, il n'y avait aucune trace de lui. Il fallait croire que ça n'avait pas eu le même effet que d'habitude, parce qu'elle n'arrivait même pas à sentir sa présence. C'était une opération ratée, mais elle était sûre qu'elle ne l'avait pas tué, son sort ne pouvait faire cela. Enfin, elle espérait. Elle remit ses lunettes de soleil, se ralluma une cigarette, et partit en direction des bois.
Après plusieurs minutes de marche, elle arriva devant un bâtiment en construction, où des dizaines et des dizaines de personnes, uniquement de sexe masculin, s'attelaient à la construction d'un bâtiment.
« Bientôt, ça sera prêt » dit-elle en expirant un peu de fumée. « Ce sera ma façon à moi de me venger...
- Je me disais bien que ça ne pouvait pas être pour rien... »
Sursautant au point de crier, elle manqua de tomber en voyant que le mage qu'elle pensait avoir tué se tenait à quelques pas d'elle. Il n'était donc pas mort... Mais il y avait quelque chose de louche dans tout ça...
« Comment as-tu fait ?! J'ai vu mon sort te touchait, tu devrais... tu devrais être sous mon contrôle !
- Sans doute...
- Ce n'est pas une réponse ! Je te demande comment ?!
- Oh... Je ne sais pas...
- Tch... C'était donc un coup de chance ! »
Réitérant sa manœuvre, elle pointa Ijeel de sa main et tira un autre coup, qui le « transperça » à nouveau, sans lui infliger de dommages. Ce n'était pas le but, elle devait juste le charmer pour prendre son contrôle.
« Cette fois... »
Ijeel se gratta la tête, soupirant un bon coup. Cela ne fonctionnait vraiment pas. Pour que le sort marche, il fallait déjà éprouver une certaine attirance envers la personne qui l'utilisait, et c'était bien là le point faible. En tant normal, avec son apparence, aucun homme ne pouvait lui résister, un peu comme Mirajane. Aucun homme, sauf un, et il était présent ici. Certainement l'aurait-il trouvé belle s'il n'avait pas eu sa phobie, mais le sentiment le plus fort qu'il avait lorsqu'il l'a regardé, ce n'était que de la peur. De la peur de mieux en mieux dissimulée, mais toujours aussi présente. Pour le moment, il lui fallait la battre sans recourir à la violence.
« C'est inutile... » Il avança d'un pas. « Ta magie ne peut pas avoir d'effet sur moi... » Il en fit un autre. « Certainement que, même sur mon maître, cela aurait fonctionné... Mais pas sur moi... ». De plus en plus apeuré elle aussi, elle commença à reculer, tout en réitérant deux fois son attaque, qui n'eut toujours aucun effet.
« Pourquoi ! Je... Je ne comprends pas... Avec ce pouvoir, j'allais... j'étais... censée pouvoir me défendre... Face à vous...tous... »
Disant cela, elle avait les yeux embués de larmes, qu'elle essuya d'un revers de la main. Apparemment, elle avait vécu un événement dans son passé, qui l'avait tant et si bien marqué qu'elle avait pris la décision de se venger du sexe masculin autant qu'elle le pouvait. Elle avait même été jusqu'à apprendre la magie uniquement dans cet objectif. Personne ne pouvait rester insensible à cela, mais l'albinos devait penser à sa mission avant tout.
« Je suis... Désolé de ce qui a pu vous arriver... Mais, il faut que vous...
- Tais-toi ! Tu n'en penses rien ! Tu es comme tous les autres ! »
Sur ces mots, elle sortit son arme à feu, le braquant sur l'albinos, qui n'était qu'à quelques mètres d'elle. Mais il n'avait pas le droit de renoncer, car même s'il était terrifié à l'idée de devoir se rapprocher, non à cause de l'arme mais plutôt à cause de celle qui la tenait, il y avait quelqu'un ici qui souffrait bien plus que lui. Il ne pouvait pas l'ignorer, juste accomplir ainsi sa mission. Ce qu'il allait faire, il n'en savait rien, et s'il avait la possibilité de l'aider, il n'en avait aucune idée. Il ferait néanmoins tout son possible pour y arriver, quitte à se mettre en danger, et c'était déjà le cas. Continuant à avancer malgré l'arme pointée sur lui, il leva les deux bras, montrant qu'il ne ferait rien. La mage, elle, recula encore un peu, les mains tremblantes. Elle avait du mal à tenir son arme, et en aurait encore plus à tirer. Mais Ijeel s'en moquait, car s'il était certain d'une chose, c'était...
« Je pense que... vous n'avez jamais tué personne, non ?
- Ah ? Vraiment ?! Si tu veux, je peux te prouver le contraire ! »
Elle parlait fort, essayant de dissimuler sa crainte et de s'empêcher de pleurer, mais ce n'était pas quelque chose d'évident. Il fallait qu'elle y arrive, qu'elle lui prouve qu'elle n'hésiterait pas à tirer. Ainsi, ce serait à lui d'avoir peur. Il pleurerait, l'implorerait pour sa vie.
« Tu me penses incapable de tirer ?! »
Continuant à avancer, faisant mine d'ignorer ses paroles, l'albinos restait confiant. Il réussissait à surmonter sa peur, du moins temporairement, et utiliserait ce laps de temps non pas pour réussir sa mission, mais pour l'aider, contrairement à ce qu'il pensait précédemment. Il ne pourrait être satisfait si sa mission se terminait ainsi.
« N'a... n'avance plus ! »
Elle tira. Deux coups. Le premier passa loin à côté du visage de l'albinos, le deuxième lui frôla le cou. Pourtant, il ne s'arrêta pas, car cela venait de vérifier ce qu'il pensait. Pour essayer de faire avancer la situation, il devait parler.
« Je le redis... Vous n'avez jamais tué personne, j'en suis persuadé. Lorsque vous visiez la chauffeuse, vous saviez que je la défendrai. De plus, vous avez légèrement dévié votre arme, si bien qu'au final, ce que vous auriez pu lui faire, c'était au pire juste lui couper quelques cheveux. Et c'est pareil maintenant : vous visez extrêmement bien, mais vous n'arrivez pas à me toucher car vous ne pouvez vous résoudre à tuer, malgré toutes les choses que vous vous êtes répétée. Lorsque que vous avez crû m'avoir tué, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que vous faisiez tout pour vous convaincre du contraire... Mais ce n'est pas un défaut. Tuer n'est pas une solution, et n'en sera jamais une. Simplement parce que... »
La jeune blonde tira plusieurs coups, tous au pied du mage, avant de se laisser tomber à genou. Elle n'y parvenait pas et, si elle ne pouvait se défendre contre ce mage venu de nulle part, alors elle ne pouvait parvenir à atteindre son but. Des souvenirs lui revenaient à l'esprit, ceux qu'elle avait indéfiniment repassés en boucle dans sa tête, ceux de ce jour où elle avait tout perdu.
« Personne n'a le droit de prendre la vie... »
À ces mots, elle serra les dents, releva la tête et braqua de nouveau son arme sur le mage.
*Mauvais choix de mots...*
*Mais c'est ce que je pense vraiment...*
« Personne... Sans doute... oui... Mais pourtant, j'ai perdu un proche. À cause d'eux... De vous tous ! Quelle différence, alors...? Eux peuvent retirer la vie, mais pas moi ?! Quelle différence ?!
- … Je...
- Tu vois... Il n'y a aucune logique là-dedans. Ils tuent ma seule famille... détruise ma vie... Et je ne peux me venger... Qui es-tu pour me dire ce qui est bon ou mal ?! Dans ce monde, il n'existe aucun précepte que tous suivent, encore moins un aussi fort que celui-ci... Toi-même... Quoique tu puisses en penser, il viendra un jour où tu seras amené à l'enfreindre, ou bien tu y laisseras la vie...
- … Si vous ne pouvez trouver de réponse, c'est parce qu'il n'en existe aucune de toute faite... Mais vous le savez, tuer n'est pas la solution, sinon je serais mort depuis un moment à présent.
- C'est vrai, je n'ai jamais tué personne... Je n'ai jamais pu... Pourtant, j'ai essayé... Lorsque j'ai retrouvé ces pourritures, que j'aurais pu les exécuter... Je n'ai pas pu... Mais... Mais ce que je fais là, c'est différent ! Je vais montrer à tous ces hommes à quel point ils m'ont faite souffrir ! Chacun pourra voir leur vraie nature ! Et alors... Alors seulement, je serai apaisé... »
Que pouvait-il répondre ? Si quelqu'un tuait la personne qu'il aimait le plus, que ferait-il ? Il est impossible de le savoir, un torrent d'émotions l'emporterait, ensevelirait toutes ses convictions... Alors, que ferait-il ? Si cette personne était à sa merci, devrait-il se venger ? La faire souffrir tout autant ? On ne peut le savoir sans l'avoir vécu...
« Laisse moi... C'est seulement ainsi que je pourrais revivre normalement...
- Je ne peux pas... Je suppose qu'il y a les personnes ayant tué votre proche parmi ces personnes. Mais il y a également parmi eux des hommes parfaitement innocents... Je ne peux vous permettre de les garder, et ne peux vous permettre de leur faire du mal... Quoi que vous disiez, je sais très bien que vous n'allez pas vous arrêter là... Pourquoi... Pourquoi ne pas les avoir amenés à la garde plutôt ?
- Tu crois qu'ainsi, je serais apaisée ?! De quoi écoperait-il ? Ils n'ont laissé aucune autre preuve que moi... Et même si je le voulais, après ce que j'ai fait, maintenant... Non... Ils souffriront autant que moi... Je les briserai... Puis... Quand je serai prête... Quand je le pourrai... Je les tuerai... Une fois que cette construction sera finie, si tu le souhaites, je relâcherai tous les autres, mais pas ceux-là. Ceux-là, je ne peux pas...
- Et après ? Vous sentirez-vous mieux d'avoir tué ? Vous sentirez-vous réellement apaisée d'avoir fait ce qu'ils vous ont fait ? C'est un cycle perpétuel, et tant que vous répondrez à la violence, il y aura une répercussion encore plus violente, et ainsi de suite. Ce sera un étalage de morts, sans interruption, sans fin. Vous ne pourrez être heureuse ainsi !
- Qu'importe... Si je peux me venger... »
Ces mots furent ceux de trop. La discussion n'avançait pas, pire, la jeune femme commençait à se refermer sur elle-même. Certes, il l'avait acculée, mais c'est justement maintenant qu'il connaissait toutes ses motivations qu'elle risquait de faire une erreur. Se jetant sur elle, il la débarrassa de son arme d'un mouvement de bras et la plaqua au sol. Ainsi, elle ne pouvait plus bouger, et était forcée de l'écouter.
« Arrêtez d'être stupide ! Il est sûr que la violence ne s'arrêtera jamais tant qu'il existera des personnes comme eux, et en des temps comme ceux-ci, ils ne disparaîtront pas...
- Alors, à quoi bon ?! Si je ne peux faire ce que tu me dis, et que je suis forcé de vivre dans la haine, qu'est-ce-que j'en ai à faire, de tes principes ?!
- En les tuant, vous... tu ne brises pas le cycle, tu le relances ! Éternellement... Lorsque ces hommes ont tué ton proche... Qu'ils ont détruit ta vie... Tu ne pouvais te défendre. Je connais ce sentiment. Un sentiment d'impuissance. Et maintenant, tu as la capacité de te venger, mais tu ne dois pas le faire. Tu reproduirais ce qu'ils t'ont fait. Tu n'en tirerais aucun sentiment d'apaisement, car tu te dégoûterais. Maintenant que tu as les moyens d'empêcher ce genre de personnes de réitérer leurs atrocités, maintenant que tu as le pouvoir de les combattre, tu te dois d'empêcher quiconque de vivre ce que toi, tu as vécu. Tu connais cette souffrance mieux que personne ! Tu ne pourras jamais récupérer ce qu'ils t'ont volé, mais tu peux défendre ceux qui risqueraient de vivre les mêmes choses que toi ! il marqua une pause, avant de finir ce qu'il avait à dire : c'est le seul moyen que tu as pour redevenir heureuse, à mon sens... »
Elle ouvrit la bouche, mais finalement se ravisa. Ijeel se releva, avant de se reculer de plusieurs pas. La jeune femme serra les dents, pour s'empêcher de pleurer à nouveau, mais craqua. Mettant sa main devant son visage pour se cacher, elle resta ainsi une petite minute, pendant laquelle l'albinos ne fit rien, perdu dans ses pensées, troublé. Malgré tout ce qu'il avait dit, il n'avait jamais poussé sa réflexion aussi loin. Pouvait-il la considérer comme exact ? Cela dépendait des personnes. Il savait bien que sa logique était loin d'être infaillible, qu'elle devait prendre en compte que tout un chacun ne possédait pas la même perception des choses, ni le même ressenti. Mais il y croyait.
Quelques instants après, quand la jeune femme arrêta de pleurer, elle se releva, laissant son arme par terre. Ijeel la regarda, essayant de voir ce qu'elle allait faire. Il le savait, elle ne lui avait pas tout dit. Perdre un proche n'est pas un motif suffisant pour haïr toutes les personnes de sexe masculin, il devait y avoir eu autre chose. Si elle ne lui avait pas dit, c'est qu'elle avait ses raisons. Enfin, on pouvait se douter de ce qu'elle avait vécu... Malheureusement. Aussi ne pouvait-il pas être assuré qu'elle était devenue inoffensive. Il espérait au moins qu'elle allait déjà un peu mieux. La mage le regarda fixement, les yeux encore rouges, hoquetant encore un peu. Avait-elle adhéré à ce qu'il disait ? Cela pouvait paraître ingrat, cette idée de simplement aider les autres pour éviter qu'ils vivent les mêmes choses que soi. En quoi cela nous apaisait-il ? Cela variait selon les personnes, mais au moins avait-elle une piste à présent. Elle prit la parole, d'une voix assez basse :
« Tu as raison... je crois... Mais il est trop tard à présent. Regarde ce que j'ai fait...
- Hum ? Vous n'avez jamais blessé personne, et faites faire de l'exercice à des hommes un peu ventrus. Où est le problème ?
- Oui, je sais, je dois... Qu... Quoi ?!
- Si vous leur rendez leur liberté, je ne vois pas le problème. Je ne vous emmènerai pas à la garde, vous étiez perdue, ne saviez pas quoi faire. Pensez plutôt à comment faire pour aller mieux. »
Elle le regarda, les yeux pleins d'incompréhension. Lui, un inconnu, ajouté à cela un homme, l'aidait. Peut-être que...
« Tu n'es pas comme eux, n'est-ce-pas ?
- Pfff... ça ne veut rien dire ça ! Je ne sais ce que vous ont fait ces hommes hormis ce que vous m'en avez dit, mais quoi qu'il en soit, soyez sûrs qu'ils paieront pour ça. Les gardes s'en chargeront, de surcroît si c'est moi qui les amène. Je vous le promets. Ainsi, vous vous sentirez déjà un peu mieux, je pense.
- Je... Merci... Je vais rompre mon sort... Je ne sais pas si agir comme tu le dis va m'aider à aller mieux, mais ça vaut toujours le coup d'essayer...
- Au pire, si vous êtes de nouveau perdue, venez à Fairy Tail. Je serai ravi de faire mon possible pour vous aider. »
Avec ça, elle devait aller mieux, au moins pour le moment. C'était une bonne chose, et l'albinos ne put s'empêcher de sourire. D'ailleurs, elle en fit de même. C'était un sourire léger, mais c'était une bonne progression. Elle se tourna vers les hommes qui continuaient de travailler, et qui n'avaient pas l'air inquiet de tout ce qu'il se passait à côté d'eux. Elle leva les bras en leur direction, et une aura bleue s'échappa de chacun d'entre eux, avant de simplement disparaître. Tous s'écroulèrent puis se relevèrent, la main sur la tête, ne comprenant pas ce qui leur arrivait. Ils virent la femme et chacun se souvint. La honte fut le premier sentiment qui les gagna, suivit de, pour certains, la haine. Mais pas cette haine que certains jugeraient légitime, celle due à sa propre faiblesse, celle qui nous pousse à chercher un bouc émissaire, et lui reprocher tout ce qui nous est arrivé. Ils avancèrent vers elle, menaçant, mais l'albinos s'interposa.
« Je défie quiconque d'essayer de passer. Le premier qui la touche aura la joie de passer par la case hôpital avant de rentrer chez lui... »
Ce n'était certes pas très diplomatique, mais la seule intimidation suffirait avec eux. Il n'aurait pas réagi ainsi s'il savait qu'un seul d'entre eux risquait tout de même d'attaquer. S'il s'était retourné à ce moment-là, il aurait pu voir que la jeune femme souriait enfin sincèrement tout en le regardant, émue de voir quelqu'un la défendre. Les hommes, eux, s'immobilisèrent, et tous se ravisèrent. Cependant, ça n'allait pas se terminer ainsi : c'était à lui de tenir parole maintenant. De la main, elle les désigna, un par un. Ceci fait, l'albinos se chargea, avec l'aide de la jeune femme, de les attraper et de les assommer. Il y en avait neuf au total. Qu'avaient-ils pu faire exactement, pour que celle-ci ce soit à ce point-là perdue sur ce chemin obscur ? Ijeel n'allait pas poser la question. C'était à elle d'en parler, ou de ne pas le faire.
La mage demanda si elle pouvait l'accompagner sur le chemin de Magnoria. Certainement voulait-elle vérifier qu'ils seraient bien pris en charge par la garde. Les autres, les marchands, prirent le chemin de leur guilde, maintenant que le charme était rompu. Ijeel leur avait fait promettre de ne pas dire qui avait fait tout cela, mais de toute façon, tous avaient trop honte pour cela. Sur le chemin, la jeune femme se rapprocha de quelques pas du mage de Fairy Tail, se plaçant face à lui pour l'arrêter. Elle le prit dans ses bras, le serrant contre elle et le remerciant.
« Je croyais que ma vie ne prendrait plus jamais de tournant heureux. Grâce à toi... Je crois que je peux encore avoir de l'espoir. Merci, merci mille fois. Je... »
Lâchant enfin l'albinos, celui-ci s'écroula tout simplement, le visage extrêmement pâle, les yeux blancs : il était proche de la syncope. Elle commença à paniquer, ne comprenant pas ce qu'elle avait fait. Elle se pencha au côté du mage de Fairy Tail et le secoua vivement, cognant plusieurs fois sa tête sur le sol par inadvertance. Il se réveilla au bout d'un instant, avec pour seul souvenir des quelques secondes qui s'étaient écoulées une vive douleur à la tête. Commençant à se relever, il se rendit compte que la jeune femme était penchée au-dessus de sa tête. Sursautant comme jamais, il recula aussi vite qu'il le pouvait. Elle le regarda, interrogative. Il faut dire qu'après avoir fait tout ce qu'il avait dû faire, on peut difficilement s'imaginer que Ijeel avait une phobie des femmes. Et pourtant...
« Je... Je suis désolé... ça n'a rien à voir avec vous... C'est juste que c'est comme ça...
- Ne t'en fais pas, je comprends... C'est ainsi que tu as pu déjoué ma magie... Astucieux.
- Hum... Merci...
- Mais je suis désolée de t'apprendre une mauvaise nouvelle. Je risque de ne pas te lâcher pendant quelques temps !
- Qu... Quoi ?! Pourquoi ? Pas que... ça me dérange... Enfin, si, ça me dérange, mais pas à cause de vous, à cause de moi...
- Je ne sais pas, il y a autour de toi une atmosphère apaisante, joyeuse, et je sais que si je voyage avec toi, je suis sûre de trouver ce que je cherche !
- Ah... Ah... Je ne sais pas quoi vous dire...
- Et bien, pour le moment, arrête de me vouvoyez ! »
Comment les choses avaient-elles pu tourner ainsi ? Bien qu'il était plus qu'apeuré parce que présageait son avenir, il était heureux, peut-être autant que lorsqu'il s'était enfin échappé de sa « prison ». Il venait de sauver quelqu'un, pour la première fois. L'albinos avait déjà aidé des gens, en avait extirpés de l'incendie ravageant Magnoria, ce genre de choses... Mais là, c'était un autre genre d'aide. Cette jeune femme allait désormais faire de son mieux pour trouver un sens à sa vie, vie qu'elle aurait pu ruiner entièrement si elle avait trouvé le courage, ou plutôt la folie, de tuer tous ces hommes. Ce qu'il ressentait, ce n'était pas de la fierté, ni même de la gloire, juste un bonheur, celui d'avoir pu être réellement utile. Un sentiment qu'il n'avait que peu de fois expérimenté. Il espérait qu'elle le connaîtrait bientôt, elle aussi. D'ailleurs...
« Comment vous... t'appelles-tu ? C'est fou qu'on ait pu se parler ainsi sans même que je ne prenne connaissance de ton nom.
- Julia ! Et toi ?
- Ijeel, mage de Fairy Tail.
- Un nom peu commun ! Au fait... tu as fait comment pour disparaître lorsque je t'ai tiré dessus ?
- Oh, ça... Je me suis simplement caché sous le véhicule, et j'ai espéré que tu ne me trouves pas. Ensuite, je t'ai suivie. C'est tout.
- Je m'en doutais. C'est pas glorieux ! » finit-elle en rigolant, à croire que tout était déjà un mauvais souvenir.
Cependant, Julia le savait, elle ne pourrait effacer ce qu'elle avait fait, et ce qu'elle avait prévu de faire. Rien qu'en y repensant, elle se dégoûtait. Mais cet homme, bien que leur rencontre ne se soit pas passé dans les meilleures conditions, avait fait abstraction de tout cela, et avait réussi à lui montrer qu'elle n'était pas comme eux, à lui faire comprendre que ce qu'elle souhaitait faire ne changerait rien. Il lui fallait maintenant trouver un nouveau sens à sa vie, une chose qui la rendrait heureuse, et elle le ferait au côté de celui qui l'avait sauvé. Elle lui devait tout, et elle n'aurait pas assez d'une vie pour le remercier. Il n'est jamais trop tard pour changer, il suffit d'y croire. Après tout, nous avons carte blanche pour le futur...
Arrivant enfin à Magnoria, ils avaient dû finir la route à pied, puisqu'ils avaient donné le véhicule aux marchands pour faciliter leur retour. Ijeel avait néanmoins absorbé en lui quelques fûts d'alcools, suffisamment pour pouvoir tenir Cana calmée une ou deux journées supplémentaires, de quoi permettre le réapprovisionnement officiel. Les bandits, reliés entre eux par des cordes, furent déposés à la garde. Ijeel raconta leurs méfaits passés, telle que les lui avait décrits Julia. Les gardes furent plus facile à convaincre qu'il ne l'avait espéré, et assurèrent qu'ils s'occuperaient d'eux. Sortant du bâtiment, il se retrouva à nouveau face au sourire de la jeune femme. On ne pouvait dire qu'il était entièrement naturel, mais un jour, elle irait mieux, et il le savait. Apparemment, elle avait surmontée sa haine vouée aux hommes, quand bien même elle lui disait que ce n'était que parce que c'était lui, qu'il était une exception. Elle avait l'air d'être vraiment attachée à lui, et bien que cette situation ne l'enchante guère, c'était de loin meilleure que s'il l'avait laissée tomber. Il ferait avec.
« Et on fait quoi maintenant ?
- Je sais pas. Ma vie est pas vraiment passionnante, tu sais. J'imagine que tu vas devoir vivre avec moi un moment, le temps de te trouver un logement.
- Non, je crois que tu n'as pas compris... Ce n'est pas le temps de me trouver un logement, je vais être avec toi jusqu'à ce que je trouve ce que je cherche !
- Ah... »
*Fuir, je dois fuir tant que c'est encore possible...*
*Non, non, tu ne le feras pas. Tu dois l'aider jusqu'au bout, toi aussi tu en retireras de l'expérience, tu verras*
*Oui, tu peux aussi dire directement que ça t'amuse beaucoup comme situation !*
Enfin, peut-être vivre quotidiennement avec une femme lui permettrait de vaincre sa phobie. Il y avait déjà des signes d'amélioration depuis le début de cette mission. Il pouvait marcher à deux mètres d'elle sans avoir à courir le plus loin possible en hurlant. Ou peut-être était-elle elle aussi une exception... ?
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