Je baille. J’observe. Je me tais et reste dans l’ombre. Autour de moi, les convives virevoltent, se saoulent, s’amusent dans une soirée comme les autres. Le cabaret est plein à craquer. Les danseuses font plaisir à la foule masculine amassée ce soir. Il y avait vraiment plein de club dans les environs. Akane Resort était une véritable incitation à la débauche. Tant mieux pour moi en même temps. Mais aujourd’hui, j’avais une mission spéciale ce soir. Très spéciale même. Un petit meurtre à la sauvette. Une des serveuses du club me fait signe. Il est temps pour moi de reprendre du service pour moi. Je me dirige vers le bar, dans cette tenue des plus suggestives que tout le groom se doit de porter pour le bonheur de leur clientèle exclusivement masculine. Je prends un des plateaux et pars dans la salle déposer mes commandes. Un petit tour en table, un déhancher, je cherche tranquillement ma cible pour l’appâter. Je remarque alors le grand homme sec de mon contrat.

It’s time to going down my sweetie chicken

Je m’approche de lui avec un grand sourire et en lui faisant profiter des joies de mon costume abominablement dévêtu.

- Bonsoir Master, je suis Izana et je me charge de vos commandes nocturne. Souhaitez-vous quelques choses de particulier pour accompagner votre soirée ?

Il sursaute. Flute. J’ai dû manquer de tact … Quoi que, il a les yeux qui pétillent drôlement …

- Dites-moi, serait-il possible d’avoir du champagne ? Et puis peut être vôtre présence plus tard dans la soirée ?
- Mais avec grand plaisir Master, souris-je, je reviens tout de suite
Abruti..

Je retourne au bar avec mon sourire de faux cul tout en dandinant des fesses pour le bon plaisir de mon futur macchabé. Oui je sais, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

- Hey Mec ! Balance une bouteille de champagne et excuse-moi auprès du patron. J’risque de faire des heures particulières. Si tu vois ce que je veux dire.
- Ouais t’en fait pas. On a tous besoin d’à côté pour arrondir nos fin de mois de toute façon, répondit la jeune femme en faisant glisser verre et alcool vers moi, bonne fin de soirée amuse toi bien Iza.

Le clin d’œil qu’elle me lance veut tout dire. « Vas-y lâche toi, je te couvre comme toute les autres ». J’avais la protection de cette pauvre femme ? Quelle gentillesse de sa part. J’espère que je pourrais lui renvoyer l’ascenseur un jour. Je penserais peut être à lui glisser un papier avec un moyen de la contacter en dernier recours. Y’a pas de petit bénéfice et puis la pub gratuite, ça n’a pas de prix. Je retourne donc vers mon tendre petit blaireau.

- Mon Master désirera autre chose ? fis-je en posant les verres et la bouteille sur la table.
- Assis toi là. Nous partirons un peu plus tard tous les deux.
- A vos ordres Master.

Mon dieu. Je comprenais mieux le commanditaire du meurtre au fur et à mesure du déroulement de la soirée. Un goujat de base qui se soulait en dépensant son fric dans la culotte des stripteaseuses qui marchait parfois dans les allées. Il se saoula tout la soirée avant de me faire signe de l’amener à l’étage. Aubaine aubaine. J’en connais qui va finir au cimetière après la dernière cuite de sa vie tiens. Bon, c’est pas tout ça mais je mets du temps à le monter dans une des chambres en haut le loupiot. J’ouvre la porte alors qu’il patiente adossé au mur. Pas si tôt la porte ouverte, il abandonne son voile de prétendu alcoolisme et me pousse à l’intérieur. Je heurte le lit, déséquilibrée par cet assaut inattendu et m’écroule dedans. J’entends le loquet se refermer et l’homme rire.

- Ah ma chère Izana, j’ai bien peur que ce soir ne soit ta dernière nuit ici.

Le bruit d’une lame qui chuinte en sortant de son fourreau. Un autre assassin ? Tiens tiens. Pas de chance pour lui, il n’a aucun talent et ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je murmure doucement pour appeler mon petit secret.

- Sharp Trick
- Qu’est-ce que tu murmures ? T’es tellement pressée que t’en peux plus c’est ça ?

Il approche lentement de moi et pose sa main libre sur ma poitrine. Le contact me répugne mais bon, le boulot, c’est le boulot. L’autre tient toujours son couteau alors que mon discret stylet n’attend plus que l’opportunité de l’abattre.

Allez approche un peu gros porc. On va s’amusez tous les deux tu vas voir.

Il ne se fait pas plus prier que ça. Montant sur le lit, il s’assoit sur moi pour être sûr que je ne puisse pas bouger. J’attrape son col d’une main pour le tirer vers moi dans un doux baiser alors que mes deux mains passent dans son dos avec l’objet de son trépas. Il ne se doute de rien et se délecte.

- Ne t’en fait pas ma mignonne. Tu vas connaitre l’extase avant de mourir.

Je ne peux pas m’empêcher de sourire en l’entendant.

- Oh tu ne crois pas si bien dire mon grand, répliquais-je en joignant mes deux mains sur la garde de Baal.

Dans mouvement simpliste, j’enfonce le tranchant dans les cervicales.

- Fais de beau rêve c*nnard.

Je le fait basculer en arrière alors que Sharp se volatilise. BOUM. Crotte. Ça, ce n’était pas prévu au programme. J’entends quelqu’un toquer à la porte.

- Tout va bien tout va bien. J’ai juste glissé du lit.
- Rien de mal au moins ?
- Nan t’en fait pas. C’est rembourré par là.

Je surveille que les pas s’éloignent et m’approche de la fenêtre. Il est temps de prendre la poudre d’escampette chez ma cliente. Je saute dans la rue déserte et atterris souplement en commençant à me débarrasser de ses foutu vêtements de pute. J’avais plaqué les miens dans une ruelle adjacente. Heureusement d’ailleurs. Je me rhabille donc vitesse grand V et m’éloigne en trottinant alors qu’un cri horrifié retentit dans le night-club. Oups, j’en connais un qui venait d’être découvert.


Je frappe à la porte d’une maigre demeure en dehors d’Akane Resort.

- Madame Hanabi ?
- Allez-vous-en.
- C’est Izana.
- Il est mort ?
- Assassiné et baignant dans son sang. Mais pourrai-je savoir pourquoi vous m’avez appelé pour ça ?

La porte s’ouvre et une femme encapuchonnée sort de l’embouchure. Elle me jette deux bourses. Une de jewels et une autre avec un contenu que je ne saurais identifier.

- Parce qu’il le méritait.
- Mais encore ?

Hanabi soupira alors que j’attrapais la seconde bourse pour observer son contenu. Des pilules. Qu’est-ce que ça venait foutre dans mon paiement ça ?

- Cet homme a massacré ma famille et mon foyer. Il m’a laissé pour seule survivante après m’avoir fait subir les pires atrocités possible.

Elle tira le capuchon et me laissa observer les dégâts. Un œil vitreux ainsi qu’une longue balafre orne son visage. Elle avait dû être magnifique. Avant ça. Je remarquai aussi des traces de brulures dans son cou et, maintenant que j’y faisais plus attention, ses mains portaient de nombreuses cicatrices. Pas étonnant qu’elle est voulue sa mort. Je lui montre la bourse de médicaments d’un œil interrogateur.

- Des somnifères. Ça vous sera bien plus utile qu’a moi.

J’allais la remercier quand une petite voix m’interrompit.

- Maman ! Maman ! C’est qui la dame en blanc devant la porte ?
- Allez-vous en, répondit la jeune mère en fermant la porte derrière elle.
- Merci Madame. Ravie d’avoir fait affaire avec vous.

Je reste un instant sur le seuil avec mon paiement, seule. Alors ainsi ce chien de bas quartier avait fait un massacre et laisser cette pauvre femme avec un polichinelle dans le tiroir ? J’espérais du fond du cœur qu’il irait en enfer. Je ramasse les deux bourses et m’éloigne.

- Que votre petite famille soit toujours prospère, murmurais-je pour moi-même en disparaissant dans la nuit, satisfaite d’avoir enfin fait une bonne action.