Nywell ouvrit les yeux, encore et toujours ce gigantesque temple ou s’entremêlait grandeur, magnificence et désolation. Elle avait maintenant comprit qu’il n’était autre que le reflet de son âme partiellement détruite. La perspective d’un brillant avenir jouxtait les horreurs de son passé, mais cette fois quelque chose n’allait pas, elle était entravée de chaines. La jeune fille était pieds et poings liés, en tournant la tête elle put observer deux statues de marbres armées de lances qui lui faisaient office d’escorte.
Celle de droites usa du manche de son javelot pour appuyer sur le bas du dos de Nywell, la forçant ainsi à avancer. Ses gardiens la guidèrent avec courtoise et fermeté devant une porte aux allures lugubres située près du néant intersidéral. Ne sachant vraiment pourquoi, la beauté d’argent ne se rebella pas, opposant à l’oppression un noble visage de sérénité. La porte s’entrebâilla dans un crépitement sinistre, avec ménagement, ses gardes la forcèrent à entrer. La lumière se fit et Nywell écarquilla les yeux avant de se retourner avec inquiétude, la porte avait disparue. Lentement elle observa la pièce, ses chaines avaient disparu, elle put se mouvoir librement et faire quelques pas. Elle était dans un laboratoire à l’éclairage vif et à l’aspect aseptisé, cet endroit lui était étrangement familier. Elle fut soudain assaillit par le doute et rongée par l’angoisse, la crainte de devoir faire face à un souvenir douloureux avait figé son visage en un masque d’argile.
Le masque vola en éclat lorsqu’elle aperçu sa version d’elle-même âgée de 11 ans entourée de deux gardes en habit noir. Une expression terrifiée se lut sur le visage des deux Nywell et la grande s’exclama avec une voix qui frisait l’hystérie : « Tout mais pas ça… »
Elle se retourna pour tambouriner de ses deux mains le mur et hurler « Noooooooon !! Non ! Non ! Pitié non ! »
L’effroi à l’état pur s’empara d’elle, elle se mit à trembler comme une feuille. Saisie d’épouvante, elle couru le long du mur cherchant désespérément une sortie. D’autres cris retentirent, les siens, mais lorsqu’elle avait 11 ans. Les hurlements de la petite fille étaient presqu’inhumain, ils contribuèrent à affoler encore plus Nywell. Elle refusait catégoriquement de se retourner et de faire face à cette scène, elle couvrit même ses oreilles avec ses mains et répéta en boucle, comme le ferait une malade mentale :
« C’est pas vrai, c’est pas possible, tout cela n’existe pas… »
Un autre cri perçant heurta ses tympans et lui rappela que tout ceci était bien réel, enfin d’une certaine façon. Elle fixa alors l’index de sa main droite, tant pis elle n’avait pas le choix, elle ne voulait pas revivre ça. Elle se concentra et calma sa respiration, elle généra de la foudre sur son doigt avant de l’apposer sur son front et de fermer les yeux. Avec la précision d’un chirurgien et le tact d’un chef d’orchestre, elle remonta le long des canaux nerveux de son cerveau. Elle descendit le courant de ses pensés pour arriver à la partie mémorielle, elle visualisa une zone de décombres couverte d’une brume qui était entrain de se dissiper. Sans hésitation aucune, elle détruisit le souvenir grâce à une surcharge électrique qui vint frire un petit compartiment de sa mémoire. Elle poursuivit son aventure dans la psyché de son cerveau avant d’atterrir sur un autre souvenir qu’elle activa à l’aide d’un stimulus électrique.
Elle n’ouvrit les yeux que lorsqu’un doux bruit de vagues se fit entendre, elle se trouvait sur une plage de sable fin. Il faisait chaud et l’eau remonta jusqu’à ses chevilles rafraichissant ainsi son corps. Elle éclata d’un grand rire proche de la démence, à plein poumon, à gorge déployée, elle riait tout en se roulant dans le sable.
Elle pouvait enfin exercer une sorte de contrôle sur sa mémoire, comme elle l’avait fait 5 ans auparavant pour enfouir et détruire son passé d’enfant soldat…
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Mer 5 Déc - 19:06