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Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) |
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| Sujet: Re: Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) Ven 14 Déc - 17:17 | |
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| Nywell se souvint, de violents maux de tête la prirent soudainement. Une scène de massacre, l’impression d’un travail bien fait, la satisfaction du devoir accompli. Lui, elle, lui et elle, ils étaient quatre, tout ce qu’il restait de leur unité. Les noms lui revinrent en mémoire, Wolfsbane son lieutenant, Soweto la gamine et Alreg le ténébreux. Et elle, Nywell, elle vit son propre reflet dans une flaque d’eau, visage inexpressif, cheveux court, puberté tardive. A 13 ans elle avait tout d’un garçon, pas étonnant qu’ils l’imaginaient tous en homme à l’heure d’aujourd’hui. Elle entendit la voix de Kôta :
« Tout est ok, Nywell ? Désolé d'avoir été absent, j'ai été retenu... »
Elle eut l’impression que c’était un lointain écho, mais elle se doutait bien qu’il était lié au présent, et qu’elle contemplait les reliquats de son passé. Ce fut le contact physique de sa main sur son épaule qui la ramena à la réalité. Ce toucher prévenant qui s’enquérait de sa santé et de son bien être la fit se sentir mieux. Si elle avait secoué psychologiquement Kôta à coup d’électrochocs, lui, l’avait fait sans la brusquer. Les rôles étaient inversés et Nywell tourna la tête en direction du jeune homme pour lui faire un aveu d’une voix tremblotante :
« Kôta, je suis un monstre… J’ai tué des innocents par centaines. J’étais forcée, entrainée à obéir et punie si je n’exécutais pas ce qui était attendu de moi. J’étais un enfant soldat au service de Pergrande, arrachée aux rues d’Arum, j’ai servie de noirs desseins malgré moi. »
Elle se redressa lentement, la lueur bleutée de ses yeux se raviva telle une flamme. Elle poursuivit avec plus de force dans sa voix :
« J’ai déserté à l’âge de 14 ans, j’ai détruis ma mémoire de cette époque. J’ai essayé de mener une autre vie, de m’accorder une seconde chance, de mettre tout derrière moi et d’apprendre à vivre. Une fois cela fait j’espérais que peut-être je pourrais réparer quelques torts que j’ai commis. Mais je me leurre, il n’y a pas de pardon pour les gens comme nous, n’est-ce pas Alreg ? »
Le mage noir laissa échapper un sifflement mêlant admiration et surprise :
« Oh quelle joie de voir que vous vous souvenez de moi capitaine. Wolfsbane et Soweto seront heureux de savoir que vous allez bien. Surtout Soweto, elle vous idolâtre comme son prince charmant. J’imagine déjà sa tête en apprenant que vous êtes une femme, quoique elle et vous partageant un lit serait l’incarnation la plus parfaite de tout fantasme masculin ! »
Tout en sachant pertinemment que Kôta était spectateur de cette conversation, elle y coupa court et rétorqua avec détermination :
« Tu m’en vois navrée Alreg, mais je ne compte pas t’accompagner, ni te laisser partir en vie. Je ne suis plus celle que j’étais, je n’oublie pas, mais j’ai décidé d’aller de l’avant. Je vois que tu tues encore par pur plaisir comme à l’époque et tu n’as jamais été le genre à raisonner… »
« Quel dommage, vu votre niveau il se pourrait même que je vous surpasse, moi qui n’arrivait même pas à votre cheville à l’époque. Mais faites donc, je meurs d’envie de revoir votre foudre et sa brillance létale. Vous étiez un modèle pour moi, votre froideur assassine, votre aspect presque mécanique dans l’accomplissement de nos tâches. Le carnage vous suivez partout où vous alliez, de grâce remontrez-moi ces exquises scènes si chères à mon cœur noir ! »
Sur ces paroles, le mage ennemi se mit en garde, concentrant ses forces afin de se préparer à toutes éventualités. Nywell glissa doucement à l’attention de son compagnon :
« Kôta, je te dirais tout ce que tu veux savoir une fois ce meurtrier abattu… »
Nywell joignit ses mains avant d’étirer son bras gauche vers l’arrière, la foudre se condensa et se distendit afin de ressembler à un projectile. Elle relâcha sa prise et une Lightning Bolt fila droit sur son adversaire. Une vague d’ombre surgit de derrière lui et vint tout simplement engloutir le trait de foudre de la jeune fille. Elle soupira d’ennui avant d’invoquer une sphère électrique dans chacune de ses mains. Elles agiraient comme des grenades, implosant et soufflant tout autour d‘elles exactement 3 secondes après avoir été lancées. Elle les jeta de toutes ses forces sur Alreg, avec une seconde décalage, puis elle chargea vers l’avant en criant :
« Maintenant Kôta, prend à gauche ! »
Le manteau des ténèbres avala les deux sphères comme il avait avalé le trait de foudre précédemment. Une première explosion retentit, déchirant et dissipant les ombres formées autour du mage noir. La deuxième le prit par surprise et il se couvrit le visage avec son bras pour se protéger des effluves électriques quelque peu sauvage. Voyant la jeune fille lui foncer dessus il leva son autre bras pour lancer une série d’épieux d’ombre. La vague fila droit sur elle, quand à Kôta, il avait tout le flanc droit du mage exposé à sa merci. Nywell n’arrêta pas sa course pour autant, elle généra une importante quantité de photons dans sa main qu’elle brandit en hurlant : « Blinding Flash ! » Une aveuglante lumière surgit de sa paume et décima les épieux d’ombre, vaporisés par la brillance de la foudre. Le mage noir grommela de colère en comprenant que sa vision floutée ne l’aiderait guère. Nywell souriait, l’allégorie de l’ombre et de la lumière n’avait jamais été aussi vrai qu’à cet instant. Il était maintenant grand temps que Kôta s’occupe de leur ennemi commun ! Son sourire s’effaça lorsqu’elle sentit quelque chose lui traverser le bas du dos. Elle pivota la tête pour voir les ténèbres former une lance dont le point de départ était sa propre ombre… Plus forte est la lumière, plus épaisses sont les ténèbres. Du sang s’écoula de sa blessure, elle espérait que Kôta ne remarquerait rien et donnerait le coup de grâce à Alreg…
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| | | Sujet: Re: Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) Sam 22 Déc - 14:42 | |
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Hirata Kôta
| Nywell, toujours allongée sur le sol abrupte de la grotte, parla d'une voix vacillante.
« Kôta, je suis un monstre… J’ai tué des innocents par centaines. J’étais forcée, entrainée à obéir et punie si je n’exécutais pas ce qui était attendu de moi. J’étais un enfant soldat au service de Pergrande, arrachée aux rues d’Arum, j’ai servie de noirs desseins malgré moi. »
Elle continua son récit tandis que la vérité s’immisçait dans l'esprit de Kôta. Ainsi était présentée l'origine de la mystérieuse femme. Kôta avait juré qu'elle cachait quelque chose, mais ce qu'il venait de découvrir était presque inespéré. Il la regarda se relever malgré tout, reprenant du poil de la bête, et silencieux, il écouta son échange furtif avec l'autre homme qu'elle nommait Alreg. Ils se connaissaient et elle était sans doute venue demander de l'aide à Blue Pegasus pour capturer son ancien camarade. Le combat était imminent, et chacun se mit en garde. Kôta, toujours silencieux, restait aux côtés de son amie. Elle pouvait ainsi comprendre, du moins l'espérait-il, qu'il était toujours de son côté.
« Kôta, je te dirais tout ce que tu veux savoir une fois ce meurtrier abattu… »
Il ferma les yeux, acquiescement délibéré, et resserra ses doigts sur le manche court de ses poignards. Puis chacun se mit en mouvement. Nywell ne se ménagea pas en envoyant plusieurs salves électriques diverses sur son adversaire qui n'en faisait fit avec ses ténèbres dévorantes. Nywell, pleinement absorbée par le combat, ne manquait pas d'ordonner à Kôta d'attaquer suivant les ouvertures qu'elle lui proposait. Elle réussit à faire focaliser l'attention d'Alreg sur elle grâce à ses sphères électriques, ce qui permit à Kôta d'entrer en scène. Il plongea sur le côté, passant à moins d'un mètre du flanc droit de l'homme, et de ses deux bras trancha la peau de l'adversaire. Deux salves de sang identiques giclèrent, éclaboussant jusqu'au visage du garçon qui retomba sur ses pieds plus loin dans le dos de l'homme.
Il releva les yeux et vit que Nywell enchainait déjà avec de nouvelles attaques. Il se contentait de faire face avec avidité à Nywell, qui était toujours plus concentrée dans le combat. Kôta, lui, était plutôt déconcerté. Il voyait le visage presque colérique de son ami. Son regard bleuté montrait qu'elle voulait en finir. Il serra des dents avant de repartir à l'assaut. Il fonça dans le dos de l'ennemi, ses poignards ensanglantés toujours en main. Il n'avait plus peur de faire mal aux gens, ces derniers temps, car il savait que ces mêmes personnes n'avaient aucun scrupule à faire cent fois pire qu'il ne pouvait faire. Il s’apprêtait à l'avoir de dos quand l'homme se retourna, gardant une main tendue vers Nywell, d'où s'échappait une masse grouillante de ténèbres obscurs qui maintenaient l'attention de la femme, puis de son autre main, celle-ci dirigée vers Kôta, il envoya une onde de choc qui renvoya le garçon en arrière. Kôta tomba sur le dos douloureusement, perdant pour l'occasion ses deux armes. Il se releva à nouveau, et constata quelque chose d'étrange. Nywell continuait à battre, mais sa puissance perdait en intensité, même si elle n'abandonnait pas. L'homme, au contraire, malgré ses blessures, devenait plus fort.
Kôta comprit; il avait utilisé le Devil's Gift avec l'homme. Kôta perdait sa magie tandis que l'homme la récupérait. Il devenait chaque seconde plus fort, tandis que lui s'affaiblissait. Il fallait vite en découdre. L'homme, agile, faisait face à deux fronts, tourné en même temps vers Nywell et aussi vers Kôta. Il maintenait les deux à l'écart, presque sûr de lui et d'une hypothétique victoire. Kôta se concentra, réfléchissant à tout ce qui s'était passé, et évaluant sa quantité de magie restante, puis il réfléchit au bon timing à utiliser. Il ne lui restait que quelques secondes avant que le contrecoup ne fasse effet. Mais il y avait Nywell, et il ne devait pas l'oublier.
Il commença à courir vers l'homme. Celui-ci fit sortir de terre des bras immenses, faits d'ombres menaçantes, qui s'accrochèrent au garçon, mais il se débattit pour continuer son avancée. Kôta sauta, roula sur le côté, glissa pour éviter chaque nouvelle offensive, puis arriva pile au bon instant devant l'homme.
Quand Kôta offre sa magie à un mage, au bout d'un certain moment, il peut inverser le processus et récupérer tout ce qu'il a donné. Si Kôta ressent par conséquent un regain énorme de magie, l'autre mage, lui, a la sensation de perdre toutes ses forces d'un coup, et est déboussolé pour au moins quelques courtes secondes. C'est le contrecoup. Kôta utilisa cet instant pour attaquer. Il regagna toute sa magie tandis que l'homme se figea sous l'effet du sort du mage de Blue Pegasus. Kôta, transformant un pied en serre d'aigle, balaya ses griffes sur tout le corps de l'homme de quoi en finir. Du bras opposé, transformé en aile, il enveloppa le corps de l'homme et plongea sur le côté pour que Nywell ne l'attaque pas. Puis il s'interposa entre lui et la femme.
« Je crois qu'il a son compte. Mais maintenant, qu'est-ce que tu veux faire ? Le tuer ? C'est bien ce que tu as dis, non ? Tu as dis que tu étais un monstre, que tu as tué plein de personnes. Mais tu as également montré que c'était faux. Si on t'a forcé, celà ne fait pas de toi d'un monstre. C'est plutôt ceux qui ont abusé de toi qui le sont, tu peux en être sûre. Tu peux paraitre loin de ça aujourd'hui, mais le passé peut te rattraper, comme tu viens de le voir. Et là, tu dois montrer que tu es plus forte que ça. Tu m'as dis que tu voulais voir ce meurtrier abattu. Si vraiment tu le tues, alors tu deviendras un monstre à ton tour, et là je serais obligé de te stopper. Alors, que décides-tu de faire ? »
Il ramassa un de ses poignards par terre et le mit en évidence face à la femme, montrant qu'il était absolument sérieux. |
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| | | Sujet: Re: Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) Jeu 27 Déc - 17:58 | |
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| Nywell était figée, elle se tenait droite et immobile, observant Kôta porter le coup final au chapitre de leurs aventures. Elle demeura néanmoins interdite. Pourquoi enveloppait-il le corps d’un ennemi en syncope alors qu’il fallait l’achever ? Un désagréable sentiment s’empara d’elle, elle en eut la confirmation lorsque le jeune homme s’interposa entre elle et le mage noir, déclamant d’une forte voix :
« Je crois qu'il a son compte. Mais maintenant, qu'est-ce que tu veux faire ? Le tuer ? C'est bien ce que tu as dit, non ? Tu as dit que tu étais un monstre, que tu as tué plein de personnes. Mais tu as également montré que c'était faux. Si on t'a forcé, cela ne fait pas de toi d'un monstre. C'est plutôt ceux qui ont abusé de toi qui le sont, tu peux en être sûre. Tu peux paraitre loin de ça aujourd'hui, mais le passé peut te rattraper, comme tu viens de le voir. Et là, tu dois montrer que tu es plus forte que ça. Tu m'as dit que tu voulais voir ce meurtrier abattu. Si vraiment tu le tues, alors tu deviendras un monstre à ton tour, et là je serais obligé de te stopper. Alors, que décides-tu de faire ? »
Elle n’en croyait pas ses yeux… Le pire, c’est qu’il avait l’air absolument sérieux. Partagée entre la rage et l’incompréhension, la colère et la surprise, la jeune fille aux cheveux d’argents éclata de rire. Et dire que c’était son propre électrochoc qui avait sorti Kôta de sa torpeur, et voilà ce qu’elle récoltait. De la gratitude ? Non, un bon samaritain pétrit de gentils préceptes… Que pouvait-il comprendre de son passé, de ses tourments, de sa culpabilité qui la rongeait ? Rien, absolument rien… Elle s’approcha de lui tout doucement, à chaque pas, son rire se changeait en peu plus en désespoir. Puis des larmes roulèrent le long de ses joues, son sourire s’effaça et d’une voix presque plaintive elle lui répondit :
« Kôta, oublie ce que tu penses savoir, cette situation est bien plus complexe que tu ne le crois. Si cet homme que tu défends et qui a tué ton compagnon de guilde survit, les enquêtes progresseront. Et ils remonteront jusqu’à mon moi… Que feras-tu lorsqu’on viendra m’arrêter pour répondre de crimes dont je ne suis pas responsable ? Que feras-tu lorsqu’on me questionnera, pour ne pas dire torturera ? Hein ? Tu accourras sur ton beau cheval blanc pour venir me sauver ? Lorsque je serais sacrifiée sur l’autel de la paix ou de la diplomatie pour calmer les tensions, tu ne trouveras pas cela injuste ? Et que feras-tu lors de mon procès ? Tu leur expliqueras que ce n’était pas ma faute et qu’il me donner une seconde chance hein ? Alors ? »
Après avoir déclamé sa longue tirade, Nywell, toujours le sabre en main droite, approcha ses doigts libres du visage de Kôta. Elle lui caressa la joue avec tendresse et réconfort, comme si c’était lui qui était le plus à plaindre. Elle lui massa la pommette avec son pouce avant d’ajouter avec tact, comme si elle s’exprimait à un enfant, comme si sa décision devait être changée. Elle espérait lui faire comprendre que la seule marche à suivre était la sienne. Sa blessure au dos saignait toujours, elle atténuait la douleur provenant de cette plaie béante en coupant ses terminaisons nerveuses. Le jeune homme ne pouvait y voir que du feu, mais si elle devait lui faire face, l’issue serait plus qu’incertaine. Elle termina par un sourire forcé :
« Tu comprends ? Si tu lui laisse la vie sauve, c’est moi que tu condamnes à mort… »
Il lui restait un dernier atout, mais elle se refusait à l’utiliser, du moins, elle ne le ferait qu’en dernier recours…
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| | | Sujet: Re: Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) Ven 28 Déc - 15:28 | |
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Hirata Kôta
| Kôta avait le bras tendu, la pointe de sa courte lame visant le visage interdit de Nywell. Elle avait écouté Kôta sans trop réagir, le laissant parler, et une fois qu'il en eut terminé, de lourdes secondes s'écoulèrent où la situation n'évoluait pas. Kôta, lui, commençait à trembler. De fatigue, mais aussi de peur. Il n'avait pas peur pour sa vie, ou pour celle de l'homme. Il avait peur de la tournure des évènements. Des choix qui allaient devoir être faits. Des concessions qui allaient forcément avoir lieux. Et, quand la grande Nywell s'engagea dans un rire des plus fous, se moquant littéralement de Kôta et de ses idéaux de justices déchus, il ne pu réprimer un énorme frisson. Ce n'était pas ce genre de frisson qui le prévenait du danger, ou d'une mauvaise situation; ce frisson qu'il avait si souvent quand il comprenait la vérité qu'il n'osait s'avouer. Non. Cette fois, c'était littéralement un frisson d'angoisse. Tétanisé, il restait planté là, un genou à terre, ne bougeant pas face à Nywell qui s'approchait docilement. Son rire devint un sanglot silencieux. Kôta se releva, l'arme toujours pointée vers elle. Puis, au fur et à mesure qu'elle approchait, il baissa son bras. Lentement, toujours sur ses gardes. Mais il la laissa venir.
« Kôta, oublie ce que tu penses savoir, cette situation est bien plus complexe que tu ne le crois. Si cet homme que tu défends et qui a tué ton compagnon de guilde survit, les enquêtes progresseront. Et ils remonteront jusqu’à mon moi… Que feras-tu lorsqu’on viendra m’arrêter pour répondre de crimes dont je ne suis pas responsable ? Que feras-tu lorsqu’on me questionnera, pour ne pas dire torturera ? Hein ? Tu accourras sur ton beau cheval blanc pour venir me sauver ? Lorsque je serais sacrifiée sur l’autel de la paix ou de la diplomatie pour calmer les tensions, tu ne trouveras pas cela injuste ? Et que feras-tu lors de mon procès ? Tu leur expliqueras que ce n’était pas ma faute et qu’il me donner une seconde chance hein ? Alors ? »
L'horreur. Kôta avait saisi la situation comme elle l'était depuis voilà quelques minutes et était plongé dans l'horreur la plus totale. Déchiré entre des choix trop excentrés, son âme vacillait entre deux lumières distinctes. Nywell lui caressa la joue. Voulait-elle l'amadouer ? Il réfuta cette idée. Il la connaissait suffisamment, et surtout, elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'ils étaient au dessus de tout ça. Peut-être était-ce une tentative de lui faire comprendre qu'elle ne lui voulait pas de mal. Du moins, pas à présent.
« Tu comprends ? Si tu lui laisse la vie sauve, c’est moi que tu condamnes à mort… _ Ca craint vraiment. »
Il recula, se tourna vers l'homme, n'ayant pas peur de tourner le dos à Nywell, et après quelques secondes de contemplation, il donna un coup de pied dans l'homme. Il ne se réveilla pas, malgré un faible gémissement à la limite de l'audible.
« Il y a toujours une alternative. Si il y a bien quelque chose que j'ai compris ces dernières années, si il y a bien une fichue chose qui régit toutes les autres, c'est ça. La vie, la mort. Mais aussi un troisième chemin. »
Il se retourna vers elle. Voir les traces de ses larmes séchées sur ses joues lui serra le cœur.
« Je ne veux pas connaître ton histoire. Du moins, pas encore. C'en est trop pour aujourd'hui, et puis... même si tu restes mystérieuse, j'ai foi en toi. J'en sais suffisamment pour me faire une idée globale, et c'est ça l'important, non ? Tu... Tu as dis que c'est ta vie ou la sienne. Les criminels, tous autant qu'ils sont, me répugnent légèrement. Ce n'est pas une répugnance normale, comme beaucoup de gens ont envers eux. Non, pour moi, c'est quelque chose de trop... ambigüe. Ils me fascinent et me terrifient à la foi. Je veux dire, comment peut-on être capable de tuer un humain ? Est-ce si facile que ça ? Peut-être que oui. Mais les séquelles sont trop grave. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? »
Il la regarda dans les yeux, puis détourna vivement le regard pour s'accroupir auprès de l'autre homme.
« La mort, c'est la facilité. Si je fais abstraction de ton histoire, liée à la sienne, et que je ne garde que celle-ci : Alreg, criminel magicien, assassin d'un mage de Blue Pegasus... C'est suffisant pour qu'il mérite sa punition. Mais comme je l'ai dis, la mort, c'est la facilité. Ca me désole de l'admettre, mais j'ai envie qu'il souffre sans interruption. Je ne crois pas au paradis, ni à l'enfer, ou quoi que ce soit. S'il meurt, il mourra, et ca sera fini. Non. Il faut qu'il vive, désolé, Nywell. Il doit vivre dans la douleur pour expier tout le mal qu'il a fait. Je veux que chaque seconde de sa foutue vie soit un supplice. Mais jamais, il ne pourra cesser de vivre selon son choix. »
Il leva son poignard et balafra furtivement le visage de l'homme au niveau de ses deux yeux. Du sang s'écoula, inondant son visage.
« S'il ne peut plus voir, ni parler... s'il ne peut plus communiquer, par aucun moyen que ce soit, mais s'il continue à vivre dans la douleur, il ne pourra jamais te livrer aux autorités, et je serais... satisfait qu'il souffre. Mais est-ce réellement légitime qu'il continue de vivre après tout ça... Je ne sais plus quoi penser.»
Il se releva aux côtés de Nywell.
« C'est ma proposition. Tu peux l'accepter, ou non. Tue-le si tu le veux. Je souhaite qu'il meurt aussi, à cause de tout ce qu'il a fait. J'aimerais bien emprunter le troisième chemin. C'est triste à dire, la mort. Trop facile. Mais c'est la vérité. Même si le troisième chemin est sans doute le meilleur, celui de sa mort est celui qui me fait le plus envie, là, maintenant. A toi de faire ce que tu veux, Nywell. »
Et c'est ainsi que Kôta stoppa de se voiler la face sur les criminels. Il aurait voulu rester digne, droit, et accorder le pardon à ceux qui ont fait du mal. Mais il avait trop accumulé ces derniers temps. Il avait vu trop d'amis, de connaissances, disparaitre. Et pardonner n'était pas une voie facile. Peut-être qu'il faisait le mauvais choix. Mais, l’âme écorchée vive, il ne cherchait qu'une compensation simple et rapide pour se sentir mieux. C'était Nywell, désormais, qui avait toute emprise sur la conscience de Kôta. Si elle tuait Alreg, il allait se sentir bien, mais ensuite il allait être tourmenté. Si elle acceptait sa proposition, il allait continuer à être tourmenté. Mais ensuite se sentir bien ? Peut-être que oui, peut-être que non.
Après tout, personne ne peut en être certain. |
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| | | Sujet: Re: Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) Sam 29 Déc - 0:13 | |
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| Nywell observa en silence la suite des évènements, elle vit un Kôta hésitant, un Kôta ne sachant véritablement que faire. La confrontation lui allait mal, son malaise était flagrant, celui de la jeune fille l’était tout autant. Puis il s’exprima, longuement, avec une force de caractère que Nywell ne lui soupçonnait pas. Le mélange des émotions des deux protagonistes était difficile à lire, la clarté n’était certainement pas au rendez-vous. Le jeune homme tint ses propos :
« S'il ne peut plus voir, ni parler... s'il ne peut plus communiquer, par aucun moyen que ce soit, mais s'il continue à vivre dans la douleur, il ne pourra jamais te livrer aux autorités, et je serais... satisfait qu'il souffre. Mais est-ce réellement légitime qu'il continue de vivre après tout ça... Je ne sais plus quoi penser… C'est ma proposition. Tu peux l'accepter, ou non. Tue-le si tu le veux. Je souhaite qu'il meure aussi, à cause de tout ce qu'il a fait. J'aimerais bien emprunter le troisième chemin. C'est triste à dire, la mort. Trop facile. Mais c'est la vérité. Même si le troisième chemin est sans doute le meilleur, celui de sa mort est celui qui me fait le plus envie, là, maintenant. A toi de faire ce que tu veux, Nywell. »
La jeune fille fut frappée de plein fouet par la froide pertinence de son explication. Malgré le chaos émotionnel qui régnait, il n’avait rien perdu de ses capacités de raisonnement. Avec douceur, elle approcha ses doigts pour les glisser dans le creux de sa main afin d’y prendre la dague qu’il tenait. De son autre main elle rangea son sabre au fourreau. Lorsqu’elle passa à sa hauteur pour venir s’accroupir au niveau du corps du mage noir, Kôta put apercevoir la blessure dans le bas du dos de Nywell. Cette dernière plongea sa main sans ménagement dans la bouche d’Alreg pour en sortir sa langue. Elle tira d’un geste vif afin de l’étendre, puis avec la dague, elle cisailla le muscle. Le mage noir tourna de l’œil face à autant de douleur, le sang s’écoulait avec force, et la jeune femme fit pivoter son corps sur le côté pour ne pas qu’il s’étouffe avec son propre sang. Nywell était froide, méthodique et mécanique, on aurait dit une machine s’affairant à une boucherie. Avec application, elle tendit les mains du mage noir l’une après l’autre afin de faire sauter ses doigts par à-coup. Tel un être déshumanisé, elle trancha les dix doigts d’Alreg sans faire montre de problèmes de conscience. Animée tout de même par le désir de ne pas le tuer, elle invoqua la foudre pour chauffer à blanc la lame afin de cautériser ses plaies. Aveugle, muet et maintenant incapable d’écrire, le mage noir aurait bien du mal à faire remonter les enquêtes jusqu’à elle. Qui plus est, il serait toujours en vie, il paierait le prix fort de ses atrocités, il ferait face aux remords de tous ses crimes en prison et ce, pendant de longues années. Nywell pensa un court instant que ceci lui arriverait peut-être un jour aussi, elle se demandait si on la violerait et la torturerait avant de l’amputer de la sorte. Elle secoua la tête pour en chasser les idées noires, Kôta avait raison, la mort peut s’avérer parfois bien trop douce. Elle se redressa et lui rendit le poignard avant de l’enlacer avec tendresse et prévenance. Le contraste entre la fille de glace capable de charcuter un humain de la sorte et celle qui maintenant faisait preuve d’humanité était saisissant. Elle resta blottit contre le corps de Kôta pendant un long moment, comme si elle recouvrait ses esprits. Puis sans explication aucun elle déposa un doux baiser sur sa joue, ses lèvres se pressèrent contre sa peau quelques secondes durant avant qu’elle n’y mette fin. Elle le regarda droit dans les yeux, clairement affectée par cette épreuve, elle balbutia :
« Me…Merci pour tout Kôta. Sans toi je n’aurais jamais pu y arriver. Je ne sais comment te remercier, tu n’as pas idée de ce que tout cela signifie pour moi. Si tu le souhaite… Tu pourras me recontacter et… Je pourrais être tienne l’espace d’une nuit… Je… Au revoir… »
Elle abaissa la tête et marcha en direction de la sortie de la caverne sans demander son reste. La mission était accomplie, elle avait une dette incommensurable envers le jeune homme qu’elle ne savait pas vraiment comment repayer. Sa proposition tenait de l’idiotie, mais elle n’avait rien d’autre à offrir… Elle s’en moquait, elle voulait juste disparaitre de la surface de ce monde l’espace d’une semaine. Certaines paroles avaient fait mouche, elle haïssait les humains autant qu’elle se haïssait elle-même pour ne pas être plus forte physiquement et mentalement. Il fallait qu’elle s’équilibre, sinon elle pourrait bien devenir folle…
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| | | Sujet: Re: Sauvetage d'une équipe (Mission Blue Pegasus - Rang B) | |
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