Une nuit noire, quelques montagnes, un vent glacial, annonceur sarcastique d’une saison de mort, et Lund. Le mage se réveilla ici. Sa peau le brûlait et, il lui semblait que si jamais, il bougeait ne serait-ce qu’un petit doigt, le feu qui le rongeait en profiterait pour le faire souffrir davantage. Il ne voyait que bribe autour de lui, sans qu’il ne réussisse à déterminer si s’agissait de la réalité, ou d’une déformation hallucinatoire de cette même réalité. Il crut voir un visage féminin lui sourire, puis éclater d’un rire narquois avant de disparaitre dans le noir. Il lui sembla aussi entendre une pollution sonore, de même que celle que ferait un boucher en aiguisant ses couteaux. Et puis, soudain, Il se réveilla.

Le mage regarda autour de lui : Il était allongé en plein milieu d’une clairière. Le soleil tentait tout juste de faire passer ses rayons entre les branches des feuilles des arbres vénérables qui entouraient le garçon, et mise à part une lame brisée, il était seul. FOOOoooliicriiiiiiiiiiiish. Le rouquin passa une main sur son visage : il était brûlant. Il devait sûrement avoir de la fièvre, ce qui n’était pas vraiment étonnant, car maintenant la panique du cauchemar terminée, il se souvenait du Festival, de Sofia, et du flash lumineux et ardent. En revanche, il n’avait pas la moindre idée du comment ni du pourquoi il se trouvait là. La dernière chose qu’il se souvenait, c’était d’une bibliothèque et d’un sanglier géant. Etrange comme souvenir. Il se leva péniblement. Une sorte de brouillard envahissait sa tête, il lui semblait entendre comme le psssshh de la radio, à l’intérieur de sa tête. Le Saleight secoua la tête : Il se sentait poisseux, ses réserves de magie étaient quasiment nulles et sa lame s’était brisée. Si jamais on l’attaquait à ce moment, il voulait bien croire qu’il serait incapable de se défendre, même contre un vieux lapin malade.

Il tituba jusqu’à les deux arbres les plus proches, et manqua de tomber en voyant ce que dissimulait leurs larges troncs. Le vide. Il devait être sur le flanc plat d’une montagne, mais en hauteur néanmoins, puisqu’il lui sembla même reconnaitre les arbres des montagnes de Jura, rendus solides par des années de pluies et de vent. Il se trouvait donc être dans les environs de la guilde. C’était une information intéressante à connaitre, qui lui permettrait de ne pas se perdre. Les montagnes étaient grandes, et nombreux étaient les individus que l’on avait jamais retrouvé. Lund sourit funèbrement. Pas en un seul morceau en tous cas. On ne chasse pas sur le territoire d’un aigle plus fort que soi. CrAAAsHTiCCCCCCCCCCCccccCTaaaaaCaaaacAAAAAAc PhsIIIIIIIIICHteeUUh.

Il tomba dans le vide. Bêtement, en souriant, il tomba. Il n’aurait pas assez de magie pour se défaire entièrement, puis se reconstituer en lieu sûr. Il ne pourrait à la limite lancer qu’un seul sort, et encore, il ne maitrisait pas bien la transformation d’une partie précise de son corps. Il était en effet plus facile de modifier entièrement son corps pour qu’il soit papier, que modifier qu’une partie en particulier comme une main. Dommage que le papier ne colle pas… Dans soupir de celui qui n’a plus rien à perdre, Lund décida de tenter quelque chose : modifier la structure du papier, pour qu’il ne soit plus juste papier, mais qu’il obtienne en plus une propriété supplémentaire. Il l’avait déjà fait inconsciemment avec Kami Baku, la bombe de papier. Du papier collant ? Pourquoi pas. Les aigles chassent leurs proies de divers façons, la finalité étant toujours la même. Sa main s’agrandit donc, et brillant d’une étrange lumière verte, le papier dont elle était faite lui permit de se fixer à la paroi de la falaise, puis de remonter lentement mais sûrement, concentré comme il était à ne pas épuiser son énergie magique. L’avantage, il s’en rendrait compte plus tard était qu’il pourrait intégrer ce nouveau papier à toutes ses techniques existantes, et que cela ne lui ferait consommer que légèrement plus d’énergie que normalement. C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait réussi à se sauver. Dans son état, il n’aurait même pas eu la force de faire battre ses ailes d’aigles correctement… Lund s’affala de nouveau dans la clairière.