La descente d'Angel's Sky n'était plus un grand problème, que ce soit avec ma jument ou non. Le maître avait mis en place un nouveau procédé bien pratique pour ceux qui étaient dans l'incapacité de monter ou descendre seul : une formule à prononcer, qui ne marchait que dans le cas où la personne possédait le marquage de la Guilde. Ainsi, même si elles connaissaient la formule, une personne extérieure ne pourrait accéder à la guilde sans être accompagnée. Plutôt pratique je dois dire. Surtout lorsque l'on a une jument et un petit rat à emmener avec soi. J'avais appris cette formule et son existence peu après mon réveil, et ma rencontre avec ce jeune garçon.
Cela faisait longtemps qu'Aquarelle n'avait pas pu galoper librement sur la terre ferme, confinée sur Angel's Sky par ma faute, par mon incapacité à pouvoir la remonter ou la descendre de l'île flottante où siégeait la Guilde. Ce qui ne dérangeait pas plus Yuki que cela. Le sourire aux lèvres, nous descendîmes donc tous trois. Le vent caressa mon visage et quelques feuilles mortes qui tombaient de leurs perchoirs s'accrochèrent à mes cheveux. Dans un premier temps, je ne les vis pas, puis les apercevant du coin de l’œil, je les ôtais de ma chevelure. Aquarelle me regarda, impatiente, tout en piaffant presque devant mon regard enjoué et réclamant la liberté. Toutes deux voulions y aller. Nous en avions plus qu'envie. Je sentis Yuki descendre le long de mes bras et se posais sur le garrot de la jument appaloose. Il grimpa tout le long de sa crinière et se posta entre les deux oreilles d'Aquarelle, qui tenta de l'apercevoir en roulant des yeux, en vain. Sans réfléchir à quoi que ce soit, je sautais sur le dos de mon destrier. Attrapant les rênes, je serrais fort les jambes pour lui intimer qu'elle pouvait y aller. Je pris entre mes mains et bout de crinière que je tenais solidement. Comme je m'y étais préparée, la belle se leva toute haute, toute droite, sur ses postérieurs et hennit cette envie de courir et de s'élancer d'un plein galop ; ce qu'elle fit sans plus tarder une fois redescendue sur ses quatre membres. Pour lui permettre de prendre encore plus de vitesse, je me penchais légèrement vers l'avant, ce qu'elle apprécia, et elle partit de plus belle à travers les champs – tout du moins, ce qu'il en restait -. Elle comme moi n'en pouvions plus d'attendre et nos galopades nous manquaient. Nous en savourions donc chaque instants, chaque secondes comme chaque minute. Mais Aquarelle, infatigable, dut tout de même s'arrêter sous mes ordres. Toutes bonnes choses avaient une fin, et je préférais ne pas trop la fatiguer. Je n'avais pas envie de faire de missions, je voulais simplement passer un peu de temps avec mes deux fidèles compagnons de route, c'est pourquoi j'avais préparé dans mon sac tout ce qu'il fallait pour tenir quelques jours.

Nous arrivâmes bientôt dans un petit village. Mon envie d'un repas chaud prit le dessus et je pris donc dans mon porte-feuille le nécessaire pour payer le souper. L'aubergiste m'envoya m’asseoir à une table et une serveuse ne tarda pas à venir me servir un ragoût de bœuf. Tandis que je mangeais tranquillement mon assiette, une main vêtue de gants noirs déposa un morceau de papiers à mes côtés. J'eus à peine le temps de me retourner, que l'ombre de la personne disparaissait au coin d'un mur. Pensant que c'était un prospectus sans grand intérêt, je haussais les épaules et finis mon dîner, qui s'avéra drôlement plaisant et réchauffant. Puis, cela fait, je soufflais un bon coup et pris l'initiative de lire les mots inscrits sur ce papier. Cela parlait d'un bal d'Halloween (ou un truc du genre) auquel j'étais convié. Fronçant les sourcils, j'hésitais longuement et, pensant que la nuit portait conseil, j'allais retrouver ma jument dehors et me couchais contre ses flancs ; pour m'endormir au creux de son souffle chaud. Cette nuit-là fut une nuit sans rêves concrets. J'apercevais simplement des citrouilles, des monstres, et Chris, au milieu de tous. Que venait-il faire dans mes rêves, celui-là ? En repensant à lui, je visualisais notre première et dernière rencontre. Atios apparut alors, l'air déconcerté, bougeant la tête de droite à gauche dans une espérance que je ne comprenais pas. En fait, rien n'était compréhensible dans ce rêve très bizarre.

Le lendemain matin, en me réveillant, je conclus qu'il n'était peut-être pas si mal de se rendre à cet endroit. Après tout, c'était un divertissement comme un autre...

Nous attendions tous dans un vaste hall. J'apercevais des têtes inconnues, d'autres que j'avais reconnu comme ayant participé au festival de la fraternité. Je me demandais d'ailleurs... Combien de mages d'Angel's Sky avaient réussi à aller jusqu'à la fin ? J'espérais qu'il y en ait au moins un, histoire qu'Angel's Sky ne soit pas « ridicule » par rapport aux autres Guildes. Après tout, je n'avais pas réussi à tenir jusqu'à la fin... J'avais échoué en quelques sortes. On nous conduisit dans une pièce avec un buffet digne des nobles : toutes sortes de gourmandises et d'aliments d'origine non identifié attendaient que les convives se jettent dessus. Cela avait l'air très bon, c'était appétent. Mais j'avais espéré voir des mages d'Angel's Sky ici, mais ne voyais personne. Ni de tête, ni de nom. C'est pourquoi je pris seulement un verre de jus de pomme pétillante et allais me mettre dans un coin, regardant tous ces mages qui parlaient, mangeaient et faisaient toutes autres choses. Je pus reconnaître les membres connus de Fairy Tail, tels que Gray et Lucy, j'avais aussi cru apercevoir Erza, à moins que mon imagination ne me joue des tours ? Je crois qu'en fait, si ce n'est de nom, je ne connaissais strictement personne ici.

Puis, sans que je n'eus le temps de faire ou d'écrire quoi que ce soit, car tout s’enchaîna si vite, je me retrouvais à courir aux côtés de Chris dans les couloirs du manoir. D'après la faible analyse que j'avais été capable de faire sur ce qui venait de se passer, la personne qui nous avait invité à festoyer en cette soirée ; s'était comme retourné contre nous dans le but de s'amuser. Nous devions éviter de perdre face à des monstres sortis de tableaux car dans le cas contraire, celle de la perte d'un combat, le monstre prenait possession de notre corps... J'étais restée un instant figée dans la salle tandis que les convives s'étaient affolées pour certaines, d'autres tentant de les rassurer. Ce n'était qu'une blague, non ? C'était Halloween, et la personne qui avait dit cela ne faisait que plaisanter, non ? Les mages se dispersèrent alors et je fus l'une des dernières à quitter la salle, comprenant que c'était vrai. Croisant Chris dans un coin de mur, j'avais failli le renverser et m'étais arrêtée au dernier moment. Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire, contente de le revoir, même si c'était dans une telle situation... A croire qu'en fait, la nuit n'est pas de bon conseil. J'avais fait un rêve bizarre, et j'aurais dû l'écouter, cela m'aurait évité... tout ça. Mais d'un autre côté, voilà que je tombais nez à nez avec Chris et nous courrions côte à côte, la mort à nos trousses... Assez ironique, non ? Bref, heureusement que je n'avais pas acheté de robes de soirée et que j'étais resté vêtu normalement. Aquarelle et Yuki quant à eux étaient logés dans une écurie à quelques minutes à pieds d'ici.

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'Dé de l'angoisse' :

Les deux petites créatures errent dans les couloirs, au milieu des brumes et des ombres. Les volutes des spectres leur cache la vue. Pauvres âmes pures et intouchées. Car dans l'ombre se dissimule le mal. Avide, assoiffé de chaleur humaine. Rien n'égale la chaleur d'un corps, et d'un coeur encore battant.
Les deux jeunes gens avancent, aveugles à leur destinée qui est à présent inexorable. C'est la demoiselle qui chute d'abord. L'instant d'avant elle était là. L'instant d'après, elle n'y était plus. L'ombre avait mis sa griffe dessus. Elle pénétrait le corps de la malheureuse qui gémissait, prenant lentement possession de ses sens. Elle avait réussi.

Le jeune homme mit plus longtemps à se faire avoir. Il avait remarqué la disparition de sa compagne et était devenu plus méfiant. Mais cela ne permit pas d'éviter l'inéluctable. La créature jaillit sur lui, le plaquant sous son odeur putride, avant de s'emparer du corps et de l'essence de son futur hôte. Sensation effroyable que cette lente présence qui vous emplit doucement, assoupissant vos sens, anéantissant votre résistance, broyant votre conscience sous sa masse impérieuse. Bientôt, la brume se dissipera dans le corridor. Il ne restera que deux corps sans connaissance dedans. Une demoiselle fragile comme une fleur, et un jeune homme en devenir. Fauchés avant même d'avoir pleinement vécus. Comme c'est triste.

Mais ils se relèveront... Bientôt. Et ils partiront errer dans le manoir. Mais pour assouvir les pulsions de leurs nouvelles âmes.


[Rp clos, Alice et Chris ayant décidé de se faire posséder.]