Solis n'était sûr de ce qu'il faisait, oscillant devant la forêt près de Tully. L'annonce avait été postée à la guilde, bien qu'il n'y ait eu aucun enregistrement de la demande. Quelque chose dedans l'attirait.
Dans les profondeurs du bois de Tully
S'est éveillé un mal enfoui
L'orbe a éveillé de son éclat primal
Les sombres vrilles du mal
Seul l'éclat du soleil pur
Saura apaiser l'artéfact obscur
Signé: Troublant Troubadour
Etait ce juste à cause de la référence au soleil? Il existait pourtant des mages de lumière bien plus qualifiés que lui... Ou bien juste une intuition? De la même façon que Milena avait trouvé l'apocryphe des Damnés? Il avait tenté de l'invoquer pour savoir comment elle savait pour ce livre, mais elle affirmait que c'était juste une envie. Une pulsion. Et que de toutes façons, y avait que les grandes personnes bêtes pour oublier qu'il faut savoir se fier à ses pulsions. Aussi l'avait il suivi, et avait pris la mission. Il suivrait ce "troublant troubadour".
Cependant, maintenant qu'il était devant la forêt, il se sentait un peu bête... Il n'était pas sûr de ce qu'il était venu faire. Il n'y connaissait rien en corruption, ni en mal primal, ni en artéfacts. M'enfin maintenant qu'il y était... La description disait que le soucis se trouvait au coeur de la forêt. Le jeune homme prit une légère inspiration, puis s'enfonça dans les bois. De prime abord, la forêt ne semblait pas différente de celles vues auparavant. Verte. Bondée. Bruyante d'oiseaux et d'écureuils qui courraient après les glands. Le jeune mage eut même l'occasion de faire plusieurs pauses dans de superbes clairières. Il commençait même à douter qu'il y eut quoi que ce soit ici. On s'était moqué d'eux, et Obaba n'allait pas aimer ça...
Il songeait sérieusement à faire demi tour quand il mit le pied dessus. Une racine. Noire d'encre. Si ce n'est cette bizarrerie colorée, ce fut plutôt la réaction de la racine qui surpris le jeune homme. Elle se dressa soudain, et chercha à l'attaquer. Il esquiva le coup, et celle ci se reposa alors au sol, retournant ses profondes et intenses activités de racine. Bah ça. Pour le coup, c'est pas banal. S'étant bien enfoncé dans l'obscur de la forêt, il n'avait pas remarqué la couleur de la racine en avançant. Mais maintenant... Effectivement, elle n'était pas seule. C'était périodique, mais certaines racines étaient bien noires. Y avait il donc vraiment quelque chose dans la forêt...?
Evitant soigneusement chacune des étranges structures végétales, Solis s'enfonça plus loin encore. Les racines étaient de plus en plus nombreuses, rendant sa progression difficile. Bientôt, ce ne furent plus seulement les racines qui étaient contaminées, mais aussi les arbres, dont l'écorce d'encre semblait aspirer la lumière, et donc la forme du tronc et des branches évoquait un intense tourment. Quelque clochait franchement. Si l'annonce disait vrai, il y avait une source à cette contamination massive.
Ouvre toi, porte de la boussole. Pyxis.C'EST MOI!Chut!Un craquement répondit à sa crainte. L'arbre à gauche commença à se tortiller. Bon, bah c'était une certitude. Ces vacheries répondaient aussi au son. Une longue branche chargea soudain vers eux. Vu la finesse de la pointe, elle pouvait sans aucun doute les transpercer.
Star CoreSolis appela à ses délicates étoiles. Il les projeta sur la branche, les laissant éclater. Celle ci semblait bloquer à chaque coup d'étoile, mais reprenait sa course. Elle finit par se briser dans un craquement sec. Sitôt tombée à terre, des racines sortirent du sol pour l'enfoncer dans l'humus. Glup. Valait mieux pas mourir dans le coin... C'était curieux qu'elle ait ainsi butée sur chaque étoile. M'enfin... Maintenant, il allait falloir convaincre Pyxis de chuchoter.
Cherche dans la forêt, il doit y avoir une origine à ce phénomène.La fée fit de gros efforts. Vraiment. Mais bon dieu, qu'elle avait une voix perçante...
Il y a une grosse source de magie noire, au nord est.Elle se changea en fine aiguille, et se plaça devant Solis, lui indiquant la voie. Celui ci laissa une étoile voler au dessus de sa tête, car au fur et à mesure qu'il s'approchait du coeur de la forêt, il faisait de plus en plus noir. A tel point qu'il se demandait si les arbres n'absorbaient pas vraiment la lumière. Les craquements et leurs bruissement emplissaient l'air. Fini les gazouillis d'écureuils, et les couinements d'oiseaux, ou peu importe l'ordre. Là, on entendait que ces arbres maudits qui rampaient, se tortillaient, dans les ombres, ce noir d'encre oppressant, qui faisait que malgré la lumière de ses étoiles, Solis n'y voyait plus très loin. Sans compter que plus il avançait plus il y en avait, à tel point qu'il dut lutter plusieurs fois pour se libérer d'un arbre frôler, ou d'une racine mal placée. Quoi qu'il y ait dans ce lieu, c'était malsain, et très affamé. Pourtant, les esprits savaient si le blond devait avoir mauvais goût. Et avec toutes les bêtises vécus, sa chair n'étant sans doute que des nerfs... D'un autre côté, vu la réactivité de la forêt aux sons, c'était peut être pas le moment de lui expliquer.
Alors que l'ombre devenait vraiment étouffante, une lumière verte se fit voir au loin. Avançant prudemment en suivant Pyxis, Solis suspectait que ça pouvait là être son terminus. Cependant, Pyxis se dissipa soudain, dans un couinement sec.
Pyxis...?La fée avait été révoquée. Pourtant, elle n'avait rien signalé, et Solis n'était pas non plus à l'origine de la fermeture de la porte... Un craquement retentit dans son dos. Les arbres étaient en train de diriger sournoisement leurs branches vers lui. Réprimant un couinement, il se mit à courir vers la lumière. Comme s'ils n'avaient attendu que ça, les arbres passèrent à l'assaut avec une vitesse décuplée. Il se prépara à lancer son étoile pour les ralentir, maintenant qu'il pouvait utiliser la lumière verte pour y voir, quand il remarquait qu'elle le suivait plus. Elle flottait en l'air, statique. C'était pourtant impossible... Même si il n'y songeait plus, les étoiles revenaient toujours graviter autour de lui, leur étoile mère. La lumière qui composait le globe se déroula soudain, comme une vapeur de lumière, et passa en trombe vers la lumière verte.
Solis se rendit compte que c'était une clairière. Au centre, posé sur un tronc sculpté en forme de coeur, se trouvait une sorte de petit encensoir, en argent, et avec des motifs verts. La vapeur de lumière qu'était devenue son étoile fonça vers l'objet pour y être absorbée. C'était cet objet qui émettait la lumière. C'était sans doute lui aussi qui était à l'origine de la maladie des arbres... Solis chargea, et bondit sur l'objet. Ses doigts furent repoussés par une barrière d'énergie. Zut! C'était trop simple. Le jeune homme roula à terre pour éviter une des branches. La forêt entière semblait se bouger et gémir, réclamant du sang. Ouik, son sang... Il conjura une étoile. Aussitôt, celle ci subit le même sort que la précédente, absorbée par la relique. Une nouvelle branche s'abattit, frôlant le jeune mage. Maiiiiiiiiis, le bidule trichait. C'était trop facile de tout bloquer. Maintenant, il comprenait mieux pourquoi Pyxis s'était faite détruire. Et c'était sans doute pas la peine d'essayer un autre esprit. Solis sortit ses lames jumelles, et tacha de lutter contre les branches d'ombre. Mais il perdait lentement du terrain, il n'était pas assez expérimenté, et il y en avait trop.
Il en vit finalement une foncer droit vers son visage. Il n'aurait pas le temps de la bloquer.
Star core!Un réflexe. L'étoile apparut devant lui, mais vacilla aussitôt. Non! Elle devait rester. Elle était sa lumière! La lumière de son coeur. Et nul ne saurait lui prendre. L'étoile trembla, avant de se stabiliser, et de s'élancer avec un peu d'hésitation vers la branche. Celle ci vira au blanc un instant en touchant l'étoile, et se replia comme un membre blessé. C'était possible. Solis pouvait maintenir ses étoiles. C'était un combat d'influence entre lui et l'encensoir, mais il le pouvait. Et visiblement, les arbres de cette partie de la forêt n'appréciaient pas le contact avec sa lumière. Etait parce qu'ils étaient plus malades que les précédents? Quoi qu'il en soit, le jeune homme repartit à l'assaut avec une ardeur renouvelée. Plus il gagnait en volonté, moins l'objet maléfique semblait réussir à affecter ses étoiles. Aussi, Solis en ajouta une... puis deux... puis trois à son arsenal. Les branches et racines semblaient reculer lentement face à ses assauts répétés. Toujours était il qu'il ne voyait pas de solutions à son problème. Certes, il tenait. Mais il y a un paquet d'arbres dans une forêt. Alors s'il fallait tous les faire se replier... Sans compter qu'il ne parvenait pas à toucher la relique.
Un craquement plus fort le surpris soudain. La relique se mit à briller plus fort encore. Le jeune homme blêmit devant ce qui se profilait. Plutôt que de passer par les branches, c'était un chêne complet qui s'était déraciné, et qui avançait maintenant vers lui en rampant sur ses racines. Visiblement, ils avaient l'intention d'en finir une fois pour toutes. Solis lança plusieurs étoiles contre le tronc. Si celui ci blanchissait au point d'impact, l'arbre se contentait de frissonner avant de reprendre sa route. Même en tentant des assauts conjugués, cela ne suffisait pas. Solis reculait lentement pour garder ses distances avec l'arbre. Il finit par buter dans l'autel. Surpris, il relâcha son attention, et l'arbre en profita. Une longue branche vint s'enrouler autour de sa taille, et le souleva. La branche commença lentement à se serrer, comprimant sa taille.
Le jeune homme lança plusieurs étoiles sur la branche, mais rien n'y faisait. Il lui fallait plus fort, plus pénétrant. Il conjura ses étoiles. Huit, le nombre magique. En avoir autant le fatiguait mentalement, surtout avec l'autre passoire démoniaque en bas qui tirait dessus. Il les réunit aussi vite qu'il pouvait. Au fur et à mesure de leur placement, le lien entre elles se renforçait, réduisant l'emprise de l'objet de magie noire en bas.
Celestial Starsign, Scorpio: Star Dust!Le sceau se grava dans le poignet gauche du jeune homme. Aussitôt, il commença à répandre sa poussière. Un long gémissement sortit de l'arbre. Si il pouvait restaurer la lumière d'une étoile, il ne parvenait pas à maintenir l'ombre détruite par la poussière qui tombait en continue. La branche retrouva sa couleur progressivement, et lâcha. Solis glissa et roula au sol, dans une traînée de poussière. L'arbre recula ses racines en gémissant. Solis se releva et recula. Puis il sentit une fuite de magie. Genre gros modèle. Se retournant, il vit sa poussière être lentement aspirée par l'encensoir. Sauf que comme pour l'arbre, ce n'était pas qu'une étoile. C'était des milliers de particules de lumière qui coulaient. L'objets s'éclaircissait, puis s'éteignait, comme luttant contre la lumière qu'il aspirait. D'un côté, son énergie partait vite, de l'autre, Solis se demandait s'il pouvait "bourrer" l'objet. Solis sentit une masse chauffer dans sa besace. En farfouillant rapidement d'une main, il remarqua que l'apocryphe brillait. Les pages se mirent à tourner rapidement, s'arrêtant sur une page précise.
Les semences du chaos
D'après la description, les treize apôtres bannis avaient laissé sur terre des reliques de leur pouvoir avant d'être exilés dans les abysses. Ces objets magiques avaient pour but de propager le pouvoir de l'apôtre, avant qu'il ne revienne en ce monde pour les reprendre. Seule leur marque sacrée pourrait faire taire la soif de destruction des reliques. Les pages défilèrent de nouveau, s'arrêtant sur une description d'un dessin. Le pomander de l'Impur. Effectivement, ça y ressemblait. Solis se souvenait avoir lu des choses sur les pomanders. L'objet était complètement désuet. Autrefois, on s'en servait comme boule à parfum qu'on portait en pendentif, et on disait que ça avait le pouvoir d'éloigner les maladies et les tourments. Bah l'Impur avait de l'humour.
Si le texte disait vrai, les apôtres pouvait faire taire les objets, pour utiliser leur magie à plein escient. Autrement dit... Le sort de Solis devait pouvoir servir à couper le pomander. C'était la magie de l'Impur à la base. Solis serra les mains au dessus de la relique. Puis il concentra son énergie. Plutôt que de la simple poussière, il lui fallait plus fort encore. Une fois concentré, son sort lui permettait de créer un sable très corrosif. Il laissa le sable couler entre ses doigts, se déverser sur l'objet maléfique. Lentement, doucement, la lumière verte qui l'habitait s'éteignait. Solis sentait ses forces s'échapper à toute vitesse. Il n'aurait peut être pas la force de sceller l'objet. Si c'était le cas, il ne sortirait sans doute pas de cette forêt.
Mais la relique semblait insatiable. Elle absorbait, absorbait, luttait contre la lumière du sable. Puis, alors que Solis abandonnait, et que les derniers grains se sable filaient entre ses doigts, la lumière du pomander se coupa soudainement. Un gémissement à glacer le sang retentit dans les bois, et Solis sentit une haine féroce le poignarder depuis l'objet. Puis l'objet se ferma hermétiquement. Dessus se dessina le symbole du scorpion, constitué de huit points reliés. La marque d'un sceau, celui du sort de Solis. Il avait réussi.
Autour, la lumière revint doucement dans la clairière, tandis que les arbres se vidaient de leur noirceur. Le pomander était présent en ce monde pour répandre la maladie et la pourriture de son maître. Maintenant qu'il s'était tu, ses méfaits s'effaçaient. Les arbres reprirent leur position, les racines se renfoncèrent dans le sol, et les branches reprirent des forces douces, tandis que des bourgeons puis des feuilles se mirent à pousser vitesse grand V. La clairière était à nouveau belle et innocente. Certes, elle était encore vide de tout bruit animal. Ceux ci avaient du fuir lorsque la pourriture était apparue. Mais ils reviendraient. Sur la souche taillée, le pomander semblait bien incongru et innocent lui aussi. Mais le sceau dessus montrait ce qu'il était vraiment. Solis tendit la main vers lui. L'objet se laissa saisir sans rien dire. Le jeune homme le glissa dans sa besace. Il n'était pas sûr de ce qu'il devait en faire. Ni même de ce qu'il pouvait en faire. Il allait sans doute le garder, et veiller à ce que personne ne tombe dessus. Le détruire semblait difficile, et il avait peur de libérer le mal à l'intérieur...
Mieux valait donc juste le garder. Lui et la pourriture de son maître. Il était triste de penser que la créature avait été crée dans un but noble, et avait elle été victime de la maladie du monde. Mais on ne pouvait pas laisser l'objet seul. Et qui savait s'il ne se réveillerait pas un jour?
Toujours était il que la mission était un succès. Sans compter que la pourriture aurait fini par atteindre Tully si cela avait duré trop longtemps, et cela aurait été une panique monstre. Mais plusieurs points restaient inquiétants. Comment le Troubadour savait il? Pourquoi l'objet ne s'était il réveillé que maintenant, alors qu'il aurait pu détruire le monde bien avant? Si celui ci s'était éveillé, et qu'il y avait encore 12 apôtres, cela ne signifiait il pas qu'il risquait de se fader douze objets de fin du monde sous peu? Et surtout... QUI allait le payer si le troubadour était inconnu?!