Hosenka. Une ville étonnante et vivante partout où l’on passait. Un beau jour ensoleillé. Le cocktail parfait pour la vie qui y régnait. La foule se pressait dans les rues, les vendeurs interpellent les badauds et mettent monts et merveilles sous leur regard ébahis. Misto déambulait seule avec la ferme intention de se détendre parmi les touristes. Ses yeux émerveillés de ressortissante d’Iceberg contemplait les rues qu’elle traversait, en quête d’un quelconque amusement. Elle regardait l’étal d’un marchand de souvenir quand un saltimbanque héla la foule de sa grande voix de stentor. Intriguée, la jeune fille s’approcha d’une étrange petite roulotte. Un groupe d’enfant et d’adolescent de tout âge était réunis à l’arrière, devant une jolie petite scène où évoluait un homme. La Kashu s’installa sur l’un des petits bancs pour assister au spectacle. Une voix calme s’éleva, tuant le brouhaha qui régnait dans la salle.

- Saurais-tu capable, rien qu’à son ombre et du premier coup d’œil, de reconnaître ton meilleur ami ?

Vêtu d’une tenue d’un gris austère, le saltimbanque toisait une personne du public. La jeune femme mit plusieurs minutes à percuter que c’était à elle qu’il s’adressait. Elle ne prêta pas attention aux commentaires de ses loups pour répondre à la question mais l’artiste ne lui en laissa pas la possibilité. Sa main fusa et un objet noir comme la nuit s’envola vers Misto.

- Saurais-tu attraper l’obscurité pour lui donner une forme ? Et une histoire ?

La jeune mage examina la rose qui venait d’atterrir sur ses genoux. Délicate et raffinée, c’était un véritable objet d’art qu’elle effleura du bout des doigts en retenant son souffle. La fleur changea alors de forme et devint un tout petit chiot qui revint au pied de son créateur. Celui-ci absorba le petit toutou avant de changer d’approche et de créer un cinéma d’ombre chinoise.

- Il était une fois, il y a fort longtemps, un très vieux mage et son disciple qui vivait reclus dans les montagnes. Le vieillard, sentant un jour sa fin proche, dit à son élève : « Prend donc la route petit, je n’ai plus rien à t’apprendre ». Le jeune homme, hésitant d’abord, finit par lui obéir et partit à la conquête du monde extérieur. Il croisa bientôt une jeune fille sur sa route. Celle-ci paraissait étrangement jeune pour être laissée seule sur un chemin de haute montagne mais notre petit disciple ne se posa pas la question et s’approcha d’elle. « Êtes-vous perdue ? » La petite ne lui répondit pas. C’était même à se demander si elle l’avait entendu. Dans ses fragiles et petites mains, elle tenait un petit objet qu’elle tendit devant elle et disparut quand il la toucha. Le disciple se retrouva donc avec un morceau de cristal dans les mains sans trop savoir pourquoi et comment cela s’était produit. Ce fut ainsi que débuta son incroyable périple. Il transporta cet objet en pensant à une quelconque bénédiction mais il déchanta bientôt. Un soir sans lune, il se réveilla, une faim inimaginable au ventre. Avait-il faim de nourriture ? Non. Point. D’eau peut être ? Point non plus. Mais de quoi pouvait-il donc manger pour combler ce sentiment de vide si intense ? Peu à peu, l’instinct s’imposa à lui et une idée saugrenue lui traversa l’esprit. « Et si je mangeais de l’ombre ? »


Le reste du spectacle fut féerique même si la chute de l’histoire n’était pas donnée. Le mage leur montra différend aspect de son pouvoir avant de disparaitre dans les ténèbres avec la fin de son récit. La représentation n’avait, certes, pas durée plus de quelques dizaines de minutes mais la salle avait été littéralement transportée. Misto se surprit elle-même à espérer que ce ne soit pas finit et que le mage surgisse pour achever ce qu’il avait laissé en suspens. Elle sortit de la roulotte avec les autres spectateurs discutant mentalement avec ses compagnons.

Tu connaissais cette légende Radulf ?
Pas du tout. Mais elle ne contient que la vérité pure et dure on dirait …
Donc ce disciple qui mangeait les ombres pour vivre existait réellement ?
Toute légende a une petite part de vérité petite. Souviens-toi des nôtres après tout, expliqua simplement Brynjolf, en tout cas, c’est pas rassurant …
Trouillard ! l’accusa Asulf, le fait est que celle-ci n’a pas de fin contrairement au vôtre…
J’ai l’impression qu’un truc cloche, constata Runolf.
Je confirme frère. Misto regarde les enfants !

S’exécutant, elle remarqua que les bambins avait perdu quelque chose qui leurs étaient si habituel qu’ils ne s’en rendaient même pas compte. La jeune fille, intriguée, essaya de trouver sa propre ombre mais sans résultat.

- Bon sang ! Ce n’est pas possible que …

Les adultes qui récupéraient leurs progénitures firent le même constat qu’elle. Des cris (horrifiés ?) s’élevèrent bientôt alors que la roulotte avait disparu par on ne sait quel miracle et, surtout, on ne sait où. Le seul vestige du spectacle était un panneau.

- Il s’est sauvé avec les ombres ! constata Misto en attrapant l’ocarina rouge d’Asulf pour l’appeler.

Alors qu’elle enchainait les accords le plus discrètement possible, la mage remarqua un grand homme blond qui se frayait un chemin avec une forte détermination. Comme si il savait où il allait et ce qu’il cherchait. Aux côtés de la jeune femme, le loup roux venait d’apparaitre. Ils décidèrent d’un commun accord de suivre ce curieux homme. Après tout il n’y avait que peu de chance qu’ils se trompent. La brunette fit plusieurs rues sur ses talons avant de se lasser et d’envoyer son compagnon à quatre pattes devant le fuyard blond.

- Que cherchez vous donc avec tant d’insistance ? demanda le loup avec malice en lui barrant le chemin, vous souhaitez nous semez peut être ?

Hosenka était une ville joyeuse et animée, riche en activités, distractions et foules. Et surtout, elle avait une tarte au citron renommée. Cependant, Solis n'écumait pas la ville pour manger. Bien qu'étant un mage bien plus puissant qu'à ses débuts, il avait toujours cette catastrophique impression de courir après l'argent pour boucler ses fins de mois. Ici en l'occurrence, la mission rapportait gros, car "le client" était en fait plutôt nombreux. On racontait que dans les rues errait un obscur saltimbanque qui volait les ombres des gens pendant un spectacle de magie. Même si ce n'était pas mortel en soi pour le moment, ça restait un cas gênant, et puis les gens aiment bien se plaindre. Du coup, il cherchait un saltimbanque et une roulotte dans une grande ville, en pleine saison touristique, ainsi que des douzaines d'ombres qui se promenaient en liberté.

Il avait ainsi passé une bonne partie de la journée à tourner en rond et à chercher sa cible. Certes, il avait fait une pause pour la tarte au citron. Mais ça ne comptait pas. Le plus long était de se sortir des méprises. Il était plus ou moins obligé de s'arrêter à chaque roulotte pour vérifier, de regarder chaque spectacle, et d'interroger chaque artisan de rue. Très très très long. Et pénible. Après sa troisième femme à barbe, il était près d'abandonner.

En désespoir de cause, il avait fini par appeler Pyxis. La petite fée survitaminée ne lui servait cependant pas énormément. Sans avoir vu le mage, sans avoir son autorisation, et sans avoir sa signature karmique/cosmique/distancenombrilgenou, ou on ne savait trop quoi, elle ne pouvait le localiser. Elle pouvait juste dire qu'il y avait des mages en ville. Sachant que 10% de la population Fiorienne l'était, c'était pas vraiment utile... Solis avait fini par la révoquer.

Tard dans l'après midi, alors qu'il prenait un thé à une des terrasses (encore un autre...? Voilà peut être où passait tout son argent tiens...), il fut attiré par un autre saltimbanque qui hélait la foule pour son numéro. Un de plus. Il devait être doué cependant, parce qu'il avait attiré pas mal de monde. Des plus jeunes aux plus vieux. Il avait une belle voix, agréable. Sa tenue n'était pas très attirante en revanche, uniquement de gris composée. Solis aurait continué son thé si le tour suivant n'avait pas attiré son attention. Le saltimbanque avait lancé un sort. D'ombre. Une simple création lancée à quelqu'un, mais... Se pouvait il que...?

Le jeune homme se leva, paya sa boisson, et se rapprocha. Pas trop près, pour éviter un éventuel piège (et les esprits savaient qu'il avait les pieds dans un bon paquet d'entre eux), mais pas trop loin pour être sûr de pouvoir le suivre au cas où. Hanyah, zut, il avait toujours eu une mauvaise échelle des distances, à partir d'où était on trop près ou trop loin...?
Tant pis, il verrait bien. Il était assez près pour entendre le discours de l'homme.

Il était une fois, il y a fort longtemps, un très vieux mage et son disciple qui vivait reclus dans les montagnes. Le vieillard, sentant un jour sa fin proche, dit à son élève : « Prend donc la route petit, je n’ai plus rien à t’apprendre ». Le jeune homme, hésitant d’abord, finit par lui obéir et partit à la conquête du monde extérieur. Il croisa bientôt une jeune fille sur sa route. Celle-ci paraissait étrangement jeune pour être laissée seule sur un chemin de haute montagne mais notre petit disciple ne se posa pas la question et s’approcha d’elle. « Êtes-vous perdue ? » La petite ne lui répondit pas. C’était même à se demander si elle l’avait entendu. Dans ses fragiles et petites mains, elle tenait un petit objet qu’elle tendit devant elle et disparut quand il la toucha. Le disciple se retrouva donc avec un morceau de cristal dans les mains sans trop savoir pourquoi et comment cela s’était produit. Ce fut ainsi que débuta son incroyable périple. Il transporta cet objet en pensant à une quelconque bénédiction mais il déchanta bientôt. Un soir sans lune, il se réveilla, une faim inimaginable au ventre. Avait-il faim de nourriture ? Non. Point. D’eau peut être ? Point non plus. Mais de quoi pouvait-il donc manger pour combler ce sentiment de vide si intense ? Peu à peu, l’instinct s’imposa à lui et une idée saugrenue lui traversa l’esprit. « Et si je mangeais de l’ombre ?

Un conte assez surprenant... Des gens qui mangent de l'ombre? Solis n'avait entendu parler que d'un cas de magie du genre, la salamandre de Fairy Tail qui se nourrissait de feu. Cet homme nourrissait un intérêt singulier pour l'ombre. Mais il fallait admettre qu'il était doué, sa voix et son ton étaient vraiment charmeurs... Hypnotiques. L'auditoire était charmé. Son histoire était intéressante, et bien construite. Il n'y avait pas à dire il s'y connaissait... A tel point que Solis se laissa distraire. Il oublia momentanément qu'il devait le surveiller. Ses tours de magie étaient les seuls électrochocs qui rappelaient le mage à son devoir. Certes, il n'avait aucune preuve mais... Il pouvait au moins l'interroger....
Le saltimbanque ne donna même pas la fin de son histoire. Il disparut dans une bouffée d'ombres. Solis se redressa, et s'avança dans l'intention d'aller voir cet homme, qui devait se trouver près de la roulotte. Un cri perçant l'arrêta. Et il constata que les rumeurs étaient vraies. Les gens qui s'étaient trouvés sur les bancs courraient dans tout les sens dans la plus grande panique, sans aucune ombre au sol. Le voleur d'ombres avait frappé.

Solis accourut vers la roulotte, qui n'était plus là. L'homme et sa roulotte s'étaient volatilisés. Il ne restait qu'un panneau avec une sorte de citation.

Gentlemen et damoiselles,
Venez donc écouter l’histoire d’un damné
Ladies et damoiseaux,
Trouvez donc la vérité parmi les mots

Sexta Imaï Circus

Zut, il avait déjà mis les voiles. Une seule des rues semblait assez large pour laisser passer une roulotte, même si Solis doutait qu'il se soit déplacé de manière conventionnelle. Les sorts de déplacement étaient en général gourmands, il ne pourrait pas aller magiquement très loin, et il lui faudrait un point de sortie avec sa roulotte... Le jeune homme se résolut donc à commencer à chercher par là. Il lutta avec la marée de personnes hurlantes comme un troupeau de poulets sans têtes, avant de s'élancer dans la rue. Pyxis ne pourrait pas lui servir, il n'avait rien au mage à lui soumettre... Quoi que si elle cartographiait les mouvements non terrestres... Hmm, sans doute difficile. Eventuellement, il pouvait compter sur Antlia pour se déplacer plus vite et avoir un meilleur point de vue...

Un cliquètement de griffes dans son dos lui indiqua qu'il avait quelque chose à quatre pattes qui galopait dans son dos. Une sorte de gros chien roux bondit devant lui, lui barrant la route. Le jeune homme pila net, sortant une clé. Cette bête allait devoir être sage si elle voulait bien finir....

Que cherchez vous donc avec tant d’insistance ? Vous souhaitez nous semez peut être ?

Allons bon, voilà que le chien bavardait... Remarque, après la séduction des balkans, Solis était prêt à tout entendre. Dans son dos arrivait une jeune fille passablement essoufflée. Le chien devait être à elle. Pourquoi diable le poursuivre...?

Ecartez vous s'il vous plaît, je traque quelqu'un dans le cadre d'une mission, et suis donc assez pressé.

Il n'avait pas de temps à perdre. L'homme n'allait certes pouvoir bouger que par petits bonds, mais il allait falloir aller vite pour le bloquer. Aussi n'avait il pas de temps à perdre avec eux. Même si la grosse bête rousse bavardait. Antlia lui permettrait de passer par la voie des airs sans s'arrêter...
Puis il remarqua les pieds de la jeune fille. Seuls.

Tu es une victime du mage?

Qui sait, elle avait peut être des données, ou un objet au mage... Qui pourrait servir à Pyxis, ou à la truffe de son toutou...

La jeune fille haussa les épaules à sa question.

Je n’aurais aucun intérêt à le chercher s’il ne m’avait rien volé.

Réponse qui n'allait pas de soi, dans la mesure où c'était Solis qu'elle avait poursuivi, et que lui même traquait le mage sans avoir rien perdu. Mais cela lui donnait une bonne raison de le faire. Et le flair de son canidé pouvait éventuellement servir, puisqu'il pourrait trouver les restes du passage du mage.
Elle fixait le jeune homme avec une attention déconcertante. Elle finit par ouvrir la bouche.

Il m’a envoyé son ombre en forme de rose et l'a ramenée à lui dans une autre forme. C’est le seul instant où il a été en contact avec la foule. Le reste du spectacle est essentiellement sur scène. Je ne peux malheureusement pas vraiment vous dire autre chose …

Hmm... Un sort ne nécessitait pas obligatoirement de contact, Solis le savait pertinemment. Les mages d'eau par exemple pouvait attirer leur matrice magique sur des distances très variables, Carina en était un bon exemple. Alors était ce juste une partie du spectacle, sans véritable incidence, ou bien y avait il vraiment un sens derrière cette rose? Peut être un charme d'absorption de zone, raison pour laquelle il l'avait lancée dans la foule?
Solis tiqua en sentant la truffe humide du chien passer sur sa main. Etait ce nécessaire...? La bête finit par s'asseoir sagement. Vu la quantité de sucre que le jeune homme avait mangé récemment, le chien allait sans doute attraper une cirrhose de la truffe....
La jeune fille fit signe au loup de repartir. Il se sauva dans la foule.

Comment compter vous le chercher ? demande-t-elle, ce n’est pas pour vous vexer mais vous avez l’air un peu … en difficulté non ?

Ne t'en fais pas, j'ai plusieurs moyens de localiser ce que je cherche.

Pyxis ne servirait peut être pas, mais Solis pouvait couvrir le ciel avec ses esprits aériens. Quoi que... La jeune fille présentait peut être encore des traces du sortilège. Donc en couplant Pyxis avec Antlia...
La jeune fille sursauta soudain, comme si on l'avait électrocutée.

Je sais où il est, dit-elle à l’attention de l’inconnu, suivez-moi je vous prie.

Intéressant. Son chien devait avoir un bon nez. C'est là que Pyxis révélait sa faiblesse. Incapable d'initiative, et difficile d'usage sans élément de lancement. Solis s'élança derrière elle.

Je risque de vous trainer dans les pattes jusqu’à la fin de cette histoire alors, appelez-moi Misto.

Solis Farron, Lamia Scale, enchanté.

Un peu protocolaire quand on galopait derrière quelqu'un, mais ils n'étaient plus à ça près. Elle aurait droit à une partie de la récompense si elle parvenait vraiment à le localiser. Elle lui aurait fait gagner pas mal de temps après tout.

Il est à une quinzaine de rue de là, Asulf nous attend sur place.

Tiens, son chien avait un petit nom, et elle pouvait le pister. Intéressant. D'autant que cela permettrait d'accélérer leur course. Solis sortit une de ses clés.

Ouvre toi, porte de la Montgolfière, Antlia!


MON CANARD LAQUE!

Solis sentit ses pieds quitter le sol tandis que la robuste femme tentait de l'étouffer contre sa poitrine.

Tu m'as manqué mon biquet, pourquoi tu ne m'appelles pas plus souvent? Tu sais que je suis désolée pour la salle de bain, mais je pensais que tu avais besoin d'aide et...

Solis virait doucement, mais sûrement vers une très seyante couleur prune. Antlia flottait toujours à la suite de Misto, ce qui était déjà une bonne chose. Mais s'il mourrait en route, ça n'irait pas.

Tu m'as l'air flagada, tu devrais faire de l'exercice.

Si il y a bien une chose qu'il demandait, c'était bien de reprendre sa course. Elle finit par le libérer de son étreinte affectueuse strangulatoire et sans doute mortelle. Solis put reprendre son souffle. Ne plus jamais l'appeler à moins d'avoir un champs de force... Plus jamais...

Il y a un soucis mon poussin?

...Non, non...

Comment lui dire alors qu'elle le regardait avec des yeux aussi inquiets...?

On a besoin de prendre de la hauteur elle et moi, mène nous là où elle te dira d'aller.

C'est comme si c'était fait! Bubble Float!

Prenant une pseudo pose sexy, elle souffla une très large bulle englobant Solis. D'un mouvement de poignet potelé, elle fit glisser la bulle jusqu'à absorber Misto.

Ne te débat pas, ça l'éclaterait. Contente toi de guider Tata Antlia.

La grassouillette et très réjouie dite Tata s'éleva dans les airs comme un ballon rouge, entraînant la bulle de transport avec elle. Il serait bien plus rapide de passer par les airs que de serpenter entre les rues confuses d'Hosenka. Misto n'aurait qu'à trouver le chien, et par là même, l'objectif... Et considérant leur lien, et la vitesse de Tata Antlia, ce n'était plus qu'une question de seconde. Il ne resterait plus qu'à réussir à capturer l'autre saltimbanque... Sans se faire avoir de préférence. Mais Solis savait qu'il avait une armée de désastres sur pattes avec lui... Quitte à ce qu'Antlia lui fasse un câlin. L'autre allait souffrir.

- Ton chien est une créature dépendante de ta magie?

Misto aurait volontiers parlé de sa magie mais elle n’avait ni la tête à expliquer en détails son lien avec Asulf ni le temps de s’étaler sur le sujet. Elle opina du chef en se concentrant sur les différents esprits qu’elle avait avec elle. Elle ne vit donc pas Solis sortir une clé et ne prêta pas attention à ses faits et gestes.

Asulf ?
Toujours pas là.
- Bon, on va tenter quelque chose. Ouvre-toi, porte de la boussole, Pyxis!
- C'est toujours moi, la seule l'unique, la vraie fée du monde! Jolie, brillante, rapide! Connue et célèbre sur le globe! Dis Solis Solis...

La petite voix fluette fit sursauter la jeune fille. Elle observa avec une certaine surprise la petite fée que le jeune homme venait de bâillonner.

- Doucement. Je veux qu'en te basant sur Misto, tu cherches l'écho à son pouvoir qui traîne en ville.
- Rohw... D'accord!

Cela la surprit encore plus quand la fée lui tourna autour. Elle l’aurait volontiers touché mais Runolf la rappela à l’ordre.

Ne bouge pas, elle cherche ton Combattant.
- Antlia, par là!

L’esprit semblait avoir anticipé la demande de son invocateur et venait de changer de direction. La main de la jeune femme se resserra sur la garde de son fleuret et elle porta la main à l’ocarina du loup blanc.

Pas maintenant.
Combien de temps ?
Avant qu’il revienne ? S’il avait pu, il l’aurait déjà fait.
C’est bien ce que je pensais.

Misto se mordit la lèvre en réfléchissant. Le paysage défilait à vive allure mais elle ne parvenait ni à trouver son loup ni à sentir l’âme de ce foutu voleur. Et si… Son humeur devint de plus en plus sombre à cette pensée.


- Un sceau peut-il perturber les liens avec les esprits à ton avis Solis ?
Tu penses qu’il le retient ?
Je ne vois rien d’autre.

Les rues pleines de monde se remplissaient un peu plus. Et un magnifique couché de soleil pointait à l’horizon alors que les devantures des magasins s’illuminaient à la grande joie des badauds. La faune artistique avait également changé. Les peintres et autres actifs du la lumière se retiraient pour laisser la place à d’autre talents plus nocturne. La jeune femme commençait à regretter ses soit disant vacances qui n’avaient en réalité durée que le temps d’un battement de cil quand elle aperçut la roulotte du charlatan.

- Il est là ! s’exclama-t-elle pointant du doigt l’objet de la traque.

Sans concerter Solis au préalable, elle posa la main sur la paroi de la bulle. Elle mesura la distance qui séparait son moyen de locomotion et sa cible puis renonça à l’idée de sauter. Trop haut. Trop visible. La brune recula et interrogea de nouveau son lien avec le loup roux. Elle n’obtint tout d’abord pas de réponse puis, en forçant un peu, elle perçut une bribe de pensée :

Bon sang, je me suis fait avoir comme un bleu …
Pas de doute, il est coincé quelque part
- Je suis passé d’un vol d’ombre à un kidnapping d’esprit. Je vais le massacrer ce mage je le sens. Solis, que dirais-tu de lui sauter dessus ? Il semble être à la fin ou peut être au début de sa représentation si j’en crois la foule autour de la caravane.
L’arme dégainée et la main sur son baudrier, elle attendit la réponse du jeune homme avec une certaine impatience. Il fit mine de réfléchir alors que la Kashu sélectionnait l’ocarina dont elle allait bientôt se servir.

Radulf ?
Il y a trop de civils à portée.
Brynjolf ?
Je-je-je …
Oui d’accord je vois. Rolf, Henning, prêt pour un peu de combat ?
Toujours !
Hein ? Où ça ?

- Dit moi quand tu seras décidé. J’ai besoin d’espace pour ma prochaine invocation.