“ Des ailes pour une esclave. ”
Je rampais au hasard sur une route de Pergrande Kingdom. Faim. Soif. J’étais seule et moribonde en plein milieu. Je ne me souvenais plus depuis combien de temps je mettais enfuie. D’où déjà ? Ah oui ! D’une maison de passe mais… pourquoi j’y étais ? Mes souvenirs se mélangent et s’estompent rapidement. Je ne me souviens pas de mon nom, pas de mes origines. Je n’ai plus rien dans ma mémoire. Plus le moindre fragment de souvenance auquel me raccrocher. Mon estomac me rappelle durement à la réalité et je cherche du regard quelque chose qui pourrais me sustenter. Il n’y a que de la verdure, pas un seul animal à portée. Je sais parfaitement que je vais mourir ici et maintenant comme la lamentable esclave que je suis. Ou que j’étais ? Je peine de plus en plus à aligner des pensées cohérentes, le paysage autour de moi deviens un peu plus sombre qu’il ne l’était déjà. Un voile noire recouvre ma vue. Le temps se suspend et je ferme les yeux sans voir l’homme qui se penche vers moi. Je ne retiens que la douceur avec laquelle il me soulève et l’odeur qui émane de lui. Je tends une main fébrile vers lui et je sens un objet en peau.
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Si tu bois tu pourras survivre mais si tu la refuses, tu t’éviteras bien des souffrances.Je m’empare de la gourde et bois avec avidité. Je suis prise de vertige et je m’évanouie dans ses bras. Quand je me réveille, je vois un homme penché au-dessus de moi. Je prends peur et recule précipitamment.
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Oh ! Tout doux petite ! C’est une façon de remercier son maître ?Je penche la tête sur le côté en le regardant.
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Je t’ai donné des médicaments qui valent leur pesant d’or. Tu n’as rien hormis ta vie pour payer.Il ne me laisse pas le temps de finir et me plaque un stylet sur la gorge en me susurrant que j’avais le choix entre obéir et mourir. J’avale difficilement ma salive et hoche la tête.
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Sage décision. Je suis Sylva, mage assassin et ton nouveau maître. Qui es-tu toi ?Je ne sais que répondre et reste silencieuse. Les mots refusent de sortir de ma gorge et j’ai l’esprit obnubilé par mes propres questions. Pourquoi m’a-t-il sauvé ? Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire que je meurs ou non ? Un assassin qui faisait une fleur à une misérable …
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Tu n’en sais rien c’est ça ?Je secoue à nouveau la tête.
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Hé bien je t’offre mon nom de famille alors. Tu seras Shizuka, ma fidèle petite servante et mon apprentie.Les larmes roulent sur mes joues. Je ne sais pas pourquoi mais je suis heureuse en cet instant.
J’ai 5 ans, j’ai échappé à l’étreinte de la mort et je viens de trouver un but qui s’appelle Sylva.
~ Infernal Blessing ~
Je traquais mon premier client ce jour-là. Un informateur pas très futé qui avait décidé de vendre ses services aux autorités et avait balancé la planque de plusieurs assassins dont la nôtre. C’était donc avec une certaine précipitation que je le recherchais. Nous étions plus d’une dizaine à ses trousses mais l’honneur reviendrait à celui qui l’éliminerait en premier et le maître m’avait demandé de le lui ramener vivant. Autrement dit, je devais me faire l’alliée d’un sombre crétin et le trainer en un seul morceau jusque chez nous avec une horde de tueur trois fois plus fort et plus vieux que moi au trousse. Un vrai bonheur !
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Maître, vous n’êtes qu’un vieux sadique, soupirais-je en me glissant dans une ruelle sombre.
Sur le sol, il y avait une grosse trainée de sang et je me surpris à espérer de tout mon cœur que ce ne fut pas celui de ma cible. A mon grand dam, je vis que si quand j’eus tourné à l’angle du mur. Il n’était pas gravement amoché mais il n’était terriblement pas en bonne posture ce bougre d’âne ! Qu’elle idée avait-il eu aussi d’aller se fourrer dans un guêpier pareil ? Je m’approche discrètement de ses bourreaux et élève la voix en s’efforçant d’imiter celle d’un homme.
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Alors les gars ? Vous avez coincé ce petit fumier ?-
Ouais.-
J’ai bien peur que ça ne dure pas très longtemps…J’assomme le plus proche de moi et lance une dague à son pote avant de courir vers l’insecte qui m’empêchait de passer une bonne nuit de sommeil.
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M-merci, bégaye-t-il
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Tss ! Tu me remercieras quand je t’aurais mis en lieu sûr.Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et l’empoigne par le col pour le relever. L’informateur hoche la tête mais reste immobile dans le cul de sac. Je l’attrape par la main et le tire derrière moi.
Il me gonfle déjà.Je cours aussi vite qu’il me le permet. Je sais qu’il est blessé et qu’il laisse une large trainée sur le chemin mais je n’ai pas le temps de m’arrêter pour dissimuler mon passage. Un des assassins nous d’ailleurs repéré puisque je sens qu’on nous suit depuis un petit moment. En bifurquant dans une nouvelle ruelle, je me retrouve face à un nouveau dilemme : un groupe de cinq personnes nous attendaient sur place. Deux femmes et trois hommes. Armés jusqu’aux dents. L’informateur, lui, n’eut pas l’étincelle d’intelligence de s’arrêter et se retrouva en plein chant de mire des assassins.
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Nom de dieu, grommelais-je en tentant de l’arrêter,
c’est pas possible d’être aussi c*n.
Je ne fus pas assez rapide malheureusement. Ils l’avaient repéré bien avant que j’ai réagi et je ne pus récupérer que son corps dardé de poignards et de carreaux d’arbalètes. L’un d’eux rit même à gorge déployé en me voyant sortir de l’ombre pour ramasser le mort.
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Alors fillette ? On protège les balances ? minauda-t-il en se rapprochant de moi lentement.Voyant un manque de réaction évident de ma part, il crût bon de me saisir par le col pour me murmurer dans l’oreille.
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Les saletés dans ton genre, je ne peux pas m’empêcher de les torturer, je suis sûr qu’on va bien s’amuser tous les deux.Son stylet court lentement des flancs de ma tenue et je sens une certaine colère en moi enfler, grossir jusqu’à devenir plus forte que ma raison. Je n’ai aucune chance mais, quitte à mourir, autant l’emporter avec moi. Je me débats et remonte mes genoux violement. L’effet est immédiat et je le vois se courber.
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Ne me touche pas pauvre tâche ! Les vermines comme toi me dégoutent. Je préfère des vrais hommes pas des goujats de ta trempe !Une douleur sourde m’avertit qu’il vient de me planter son arme dans le mollet.
Que je hais ceux qui s’accrochent vainement.Dans un passager mouvement d’audace, j’arrache l’arme pour l’utiliser. La conjecture est nettement en ma défaveur mais je ne veux pas mourir. Pas ici. Pas maintenant. Je leur en veux aussi terriblement. Ils m’ont fait échouer.
Tue-les. Jusqu’aux derniers. Venge-toi. Donne ta confiance à Inferno.Ma colère s’enflamme et je m'abandonne toute entière. Mes deux paumes me picotent alors qu’une forme noirâtre se dessine entre elle. Elle s’allonge, s’agrandit. Bientôt, une faux noir et éthérée me fait paraitre plus dangereuse, plus sanguinaire.
Laisse toi faire ma Shizuka, laisse le Satan’s wrath devenir ton ami.Les enjôleuses paroles deviennent peu à peu un ordre mais cela ne me dérange pas plus que cela. Du moment qu’ils payent tous, je me moque de ce qui pourra se passer. Je sens la rage me gagner et je m’élance contre la troupe d’assassins aguerris. Ma nouvelle arme en main et l’emportement en maître, je ne garde que de très vagues souvenirs de ce qui s’est produit. Quand j’ai repris conscience, ils étaient tous à terre et une douleur lancinante me parcourait. Pas un seul n’était vivant et moi, j’étais criblé de blessure plus ou moins grave. Je m’écroulais à genoux sur les pavés, complètement lessivée. Je menaçais de sombrer dans l’inconscience quand une voix me tira de ma torpeur.
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Le contrat n’est pas complet gamine.Une espèce de petit diablotin me regarde avec agacement. Je ne bouge pas vraiment et cherche un quelconque sens à ce que j’aperçois. Cela ne dû pas le ravir par ce qu’il m’insulta de tous les noms en sautillant dans tous les sens.
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Le contrat ! Signe cette saloperie de contrat que je puisse retourner chez moi ! Il me prend la main et me tire avec insistance. Il me réclame du sang d’après ce que je saisis à sa frénésie. Je grogne, je réclame qu’il me laisse en paix mais il est catégorique.
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Si tu ne me donnes pas de quoi sceller le pacte je te tue misérable bâtarde ! Comment oses-tu refuser l’honneur d’avoir ma force comme arme !?-
Tu veux parler du Satan’s Wrath ?-
Nom d’un archidémon ! Mais c’est qu’elle en a dans sa cervelle de piaf la minette ! Allez, dépêche-toi avant que je ne décide de me casser vite fait bien fait avec ton cœur en guise de friandise.Je m’exécute et tend mon bras couvert d’estafilades au petit avatar de Satan. Il se jette dessus et je ne peux m’empêcher de laisser échapper un cri de douleur. Il se nourrit avec frénésie et je sens la magie se renforcer dans mon organisme. Satan finit par me lâcher au bout d’un moment avec un sourire de béatitude.
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Y’a pas à dire, les jeunes damnées sont absolument divine pour mes papilles.-
Tu es Satan ?-
Sans rire ? T’as deviné ça toute seule ? Bon allez, c’est pas tout ça mais j’ai des choses à faire moi !Avant même que j’ai le temps de réagir, il disparut comme il était venu. Abandonnée en plein milieu de la rue, j’observe l’étrange morsure du diable et me décide à repartir tant bien que mal pour l’auberge où l’on avait établi notre domicile. Sylva avait laissé la fenêtre ouverte à mon attention et je m’y glissai le plus discrètement possible.
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Où est-il ?Mon maître m’attendait, assis sur mon lit, jouant avec une de ses armes. Il me regardait dans la pénombre, sachant exactement que j’étais seule et où je me trouvais.
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Il est mort.-
Tu es couverte d’éraflures, j’en conclue que tu as vengé ton échec ?Je détourne les yeux sans répondre. J’ai honte et il le sait.
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Cela dit, comment une débutante de 11 ans est venue à bout d’une dizaine d’assassins ?La phrase me laissa deviné la fatalité : il savait tout, il avait tout vu.
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Vous étiez là ?!-
En effet. Et je suis très fier de ma servante.L’incrédulité se peint sur mon visage. Fier ? Alors que j’avais commis bêtise sur bêtise ? Sylva se mit debout et m’attrapa la main avec douceur.
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Appelle-la. Montre-moi ta nature de Faucheuse.Je marque un temps d’arrêt. Tout va si vite, j’ai tellement de mal à suivre que je cherche désespérément les mots que m’a confiés le diablotin.
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Satan’s WrathLe maître me soutient pendant que j’invoque ma nouvelle arme. Il finit par me caler contre le mur et recule pour me regarder.
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Magnifique. J’ai l’impression que ma dernière heure est déjà arrivée…Je tombe à genoux et la faux disparait. Je sens ma conscience me quitter et je tombe dans les vapes sur le plancher. Faut croire que j’en avais trop fait pour ce soir. Je me souviens avoir, bizarrement, rêver de Satan.
Inferno est ta nouvelle magie. A partir de ce jour, tu disposeras du pouvoir démoniaque de ta lignée.
Tu viendras me retrouver quand tu auras réunis les 7 péchés capitaux.
Mais ne t’avise pas de me rappeler avant et sans motif sinon je te bouffe.[/justify]
Je venais de fêter mon 11ème anniversaire à Bellum et d'obtenir un pouvoir qui dépassait mon imagination.
~ Exécution ~
Meurs ou tue.Je regarde tranquillement ma cible du haut de la poutre de la salle de bal. L’homme, vêtu de manière luxueuse, déambule entre ses invités avec aisance. Les convives, tous masqués, mangeaient allègrement et buvaient. Certains dansaient et d’autres, plus discret, partaient en direction d’un couloir ou leur hôte avaient aménagé des chambres. Les serveurs, tous de sexe féminin et d’une beauté à couper le souffle, servaient la peuplade riche et débauchée. Un sourire orne mon visage alors que je suis ma victime depuis mon perchoir. Mon corps se contracte alors que je le vois passer juste sous mon nez. Inconsciemment, je sens Belzébuth m’appeler à l’exécuter.
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Attend Karito. Je me retourne vers mon maître. Il est tout en prestance dans sa cape sombre, avec son visage caché par le demi-masque des maestro de l’assassinat. Je soupire et fait ce qu’il me demande à contre cœur. J’avais eu pas moins d’une dizaine d’occasion de l’éliminer mais la mention du contrat avait retenu ma main.
Cela doit ressembler à une vengeance de courtisane
Je soupire en attendant que Sylva se décide. Il finit enfin par hocher la tête.
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Va donc charmer ce noble, il est temps d’en finir avec tout ça.Je descendis dans un coin sombre et rajusta ma tenue ainsi que mon masque de carnaval. Le reste ne sera que du gâteau, les hommes sont si simples à attirer. Un bout de chair suggéré et un sourire innocent plein de promesse plus tard, je me retrouve avec plusieurs prétendants. Je me moque de ceux qui me lèchent les bottes pour plus, moi, je ne veux que celui qu’on m’a demandé d’éliminer. Il n’a malheureusement pas daigné me jeter un regard, ce qui me fait sourire.
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Allez petit paon, il est temps de passer à la casserole, murmurais-je en m’approchant de lui pour réclamer une danse.
Il me l’a accordé d’ailleurs, sans aucune hésitation. Il m’a chuchoté tout du long, vantant ma beauté et ma jeunesse. Moi, j’ai joué l’ingénue, la vierge farouche qui provoque sans le vouloir. Le temps passa si vite que je fus presque surprise de me retrouver avec lui dans le couloir sombre qu’il avait baptisé le
Nid d’amour. Il faisait des courbettes à n’en plus finir avant de parvenir à une chambre libre où il m’invita à entrer. Intérieurement, je jubilais, extérieurement, je rougis légèrement et passa le pas de la porte qu’il verrouilla derrière moi. Un tour, deux tours de clé, il se retourne et cesse de se tenir en gentilhomme. J’ai aussi arrêté mon rôle de courtisane et un sourire de prédateur remplace la complaisance citadine sur mon visage. Ma main s’ouvre légèrement alors que j’appelle l’arme qui m’a donné mon nom.
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Satan’s WrathJ’empoigne la faux qui apparait dans ma paume. Le noble me regarde avec terreur et demeure tétanisé. Je me dresse devant lui, alors qu’il m’interroge.
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Qu-qui es-tu ?-
Je suis Karito.Je ne lui laissai pas le temps de m’interroger et lui posait la lame sur la gorge. En appuyant, je répondis à une question existentielle qui traversait l’esprit de ma victime.
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Il n’y a pas de raison, je fais juste mon job.Il s’écroula sur le sol alors je rouvrais la porte après avoir rangé mon arme. Je sortis de la réception, le cœur tranquille, pour rejoindre mon maître qui m’attendait à l’entrée. Nous partîmes dans la nuit, alors que les premiers cris d’horreur s’élevaient dans la résidence.
J’avais 15 ans et découvrais la vie hasardeuse de la noblesse d’Enca. C’était mon premier contrat solitaire.
~ Fin de vie, début d’errance ~
Je me souviendrais toujours de ce jour. Je revenais d’une course rapide. Bon oui, je l’avoue, j’étais partit liquider une source trop bavarde. Bah ! Si ce n’avait pas été moi, ç’aurait été quelqu’un d’autre. Je rejoignais donc Sylva dans une petite maisonnette qu’on avait choisi comme base, le temps de repartir ailleurs. Je trouvai la porte ouverte à mon arrivée.
Etrange … Ce n’est pas dans ses habitudes J’entrais et constatais les dégâts. Des meubles brisés, des débris de vaisselle partout, du sang sur les murs et un ou deux cadavres sur le plancher. L’inquiétude monta en moi comme une flèche et les mots sortir de ma bouche malgré moi :
-
Satan’s Wrath
La faux dans les mains, j’avançais à pas de loup vers les chambres en enjambant un troisième corps. Toujours pas de trace de Sylva. Je vis dans ma porte un trou suffisamment large pour accueillir une tête humaine et celle de mon maître entièrement défoncée. Je m’immobilisai pour écouter les bruits alentours. Un grognement de douleur me parvint aux oreilles et je fis mon entrée dans la pièce. Il était adossé contre le mur, un couteau planté dans l’abdomen. Je lâchais mon arme pour m’agenouiller près de lui. Il sourit vaguement alors que mes mains se posaient sur la blessure pour canaliser le flot sanguin.
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Tu perds ton temps Shizu.-
Taisez-vous, vous vous épuisez pour rien.-
Mieux vaut que je parle maintenant parce que dans une heure ce sera un peu… Aïe !Je venais de déchirer le drap et de le lui nouer autour du ventre. Son sourire s’agrandit un peu plus alors qu’il toussait.
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Arrête et fait ton baluchon triple buse, grommela-t-il.
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Hors de question, je ne vous laisserais pas.-
Je ne t’ai pas demandé ton avis, allez, va-t’en !Il me repoussa mollement et je vis la tâche s’agrandir. Je ne savais plus quoi faire.
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Calme toi ma fille, va donc plutôt ouvrir le tiroir de mon bureau.Intriguée, j’empoignais l’objet en gardant un œil sur lui et en sortit une pochette en satin noire.
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Qu’est-ce que …-
Prend et va à Fiore. Trouve Silver Fang et réclame Bastian Tomaso… Kof kof… dit lui que tu viens de ma p…Sa voix vacilla et son souffle se fit plus léger, plus proche de la mort. Il ne finit pas sa première phrase et entama une autre. Sa main agrippa la mienne et la serra brièvement.
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Vas-y ma fille, fais le pour toi …Je sentis ses dernières forces le quitter et les larmes perler sur mes joues alors que je tombais à genoux.
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Maître ? Maître ?Je n’eus que le silence en guise de réponse. Je serais sa main en pleurant, mon arme posée près de moi. Quand j’eus repris un peu mes esprits, je détaillai la dague enfoncer dans le corps de Sylva et y reconnu le signe du conseil. Je devais partir. Des bruits de pas dans mon dos m’alertèrent de l’arrivée d’une escouade. Je me relevai, faux à la main et sortit les accueillir. Coup de chance, ils étaient du conseil magique. Je me jetai sur eux, toutes griffes dehors. Je les éliminais un par un, les têtes volants de droite à gauche alors qu’une fureur sans nom m’envahissait. Du groupe il n’en resta bientôt plus que deux soldats, terrorisés et tremblant en retrait. Je n’étais toujours pas calmée mais je m’étais suffisamment raisonné pour ne pas les tuer. Mon visage de poupée de porcelaine était mi tristesse mi colère et mon habituelle tenue immaculée était couverte de sang.
-
Je suis Karito, je suis le nouveau cauchemar du conseil mais ce soir, je serais clémente. Cassez-vous. Maintenant.Ils ne se le firent pas répéter deux fois et prirent leurs jambes à leurs cous. La pochette de mon maitre dans une main, je laissai la faux de Satan repartir dans la dimension ou je conservais mon arsenal. Je n’avais pas de temps à perdre et j’empoignai ma cape blanche avant de partir sur la route. A la recherche de mon nouveau chemin.
J’avais 17 ans, je venais de perdre mon passé.
~ Fiore, un an plus tard ~
Le bar de Silver Fang n’était décidément pas simple à trouver. J’avais dû torturer plusieurs informateurs avant de parvenir à choper le bon filon. Une demi-douzaine n’avait d’ailleurs pas survécut et servait, à cette heure, surement de repas au rats. J’inspirai un grand coup et rabattit mon capuchon devant mon visage avant d’entrer. Il n’y avait pas beaucoup de personnes mais aucune n’avaient l’air commode. Je m’installais au bar sous le regard de tous les habitués.
-
Qu’est-ce que je te sers gamin ?-
Je cherche quelqu’un.-
Hein ? Parle plus fort !-
Bastian Tomaso. Je cherche Bastian !Le silence se fit alors que je réalisais que je venais de crier. Le barman fut surpris dans un temps puis se ressaisit.
-
Tu lui veux quoi à Bastian ?-
C’est pas tes affaires, je veux juste le voir.
-
Va derrière le rideau, première salle à droite. Je hoche la tête, le visage fermé. Je me dirige vers le rideau alors que les cancans vont de bon train dans mon dos. Le barman me suit et attend que j’aie passé la tenture pour m’attraper à la gorge. Ma capuche tombe et dévoile mon visage.
-
Qui es-tu ?-
Ka-Karito-
Ridicule ! Qui t’envois? Il ressert un peu plus son emprise et je commence à suffoquer. Je me débats et fais tomber le croc d’argent qui était dans ma sacoche. Cela attira l’attention de l’homme qui se baissa pour ramasser l’objet. Il reconnut le symbole et me posa les pieds sur le sol en relâchant son emprise. J’hoquetai alors qu’il reprit.
-
Répond à ma question Karito !-
C’est Sylva, il m’a demandé de me mettre au service de Bastian.-
Il est mort ?-
Oui … Le barman me lâcha et grommela. Dépitée comme j’étais, il me surpris en me disant qu’il allait me conduire à Bastian. Mon sang ne fit qu’un tour et la curiosité m’envahie alors que j’entrais dans une nouvelle pièce. Il se tenait là, assis entre quelques femmes de joie, le regard braqué sur moi. Sans le vouloir, je sentis le rouge me monter aux joues alors que je soutenais son regard du mieux que je pouvais. Mon guide me fit signe de parler et je m’exécutai.
-
Je suis Shizuka Karito, à partir d’aujourd’hui je serais à votre service, dis-je en m’inclinant respectueusement.Je n’obtins pas de réponse mais je m’y attendais. Après tout, s’il ne voulait pas de moi, il me tuerait. Aucune douleur ne vint. Je relevais la tête, légèrement confuse. Il n’avait pas bougé et me regardait de façon indéchiffrable.
J’avais très exactement 18 ans, je venais de retrouver la lumière.