| Sujet: La sérénade de l'insoumis Ven 24 Aoû - 16:58 | |
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Misto
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L’heure de chasse avait sonné dans la forêt de Kunugi. Un esprit s’amusait de la dérision de la jeune femme qui le recherchait. Les deux loups à ses côtés tentent de pister les traces de celui qu’on surnomme L’insoumis. Misto, un ocarina de crystal en main, s’arrêtait régulièrement pour écouter l’âme de sa proie. Henning courrait à toute vitesse dans les bosquets, faisant taire le chant enjoué de son cœur rebelle. Il avait reconnu Asulf et Brynjolf à ses trousses mais aussi les autres…
Runolf, mon frère … pourquoi être avec cette femme ? songea-t-il en s’enfonçant plus profondément au sein de la forêt avec ses poursuivants.
La jeune femme finit par se laisser distancer par le fantôme fugueur. Elle leva les yeux au ciel avec le Chant du libertin en tête.
Amène moi jusqu’à la délivrance ! Je veux y plonger au cœur pour y verser toute mes larmes Je suis sûrement en train de trouver le sommeil éternel, Alors que la liberté m’a ouvert ses bras.
Elle le laisse filer, filer comme le vent insoumis qu’il est. Asulf s’arrête près d’elle et guette les fourrés alors que Misto sonne l’heure du repos pour la meute. Elle regarde les deux loups disparaître paresseusement avant de s’assoir dans l’herbe, épuisée par sa course poursuite.
- Il est temps pour nous de nous reposer, murmura-t-elle, la traque reprendra demain. Henning aura pris ses jambes à son cou depuis belle lurette quand tu te réveilleras, grogna Rolf. - S’il ne veut pas venir, je ne le forcerais pas. Rappelle-toi de mon offre.
L’esprit grommela mais n’ajouta rien : Elle avait raison et il ne pouvait pas lutter sur ce point-là.
Tss ! Fais comme tu le sens. Tu as une idée en tête n’est pas Sans Nom ? supposa Runolf - Nous verrons bien mais pour l’instant, je meurs de faim !
Joignant le geste à la parole, elle sortit de sa besace un pain de poisson qu’elle avait acheté en partant d’Hargeon. Mordant à pleine dent dans son repas, elle écouta l’éternelle meute parler de tout et de rien.
Tu comptes t’éloigner encore un peu plus de ton lieu de mission ? Non, c’est justement pour ça que nous n’allons pas plus loin et que nous allons faire demi-tour demain. Sage décision.
La jeune femme finit son repas frugal et observa ses alentours puis l’ocarina dans ses mains. L’objet luisait doucement à la lumière de la lune et charmait le regard de la Kashu.
Ne joue pas si tu tiens à ton âme ma fille. La légende est vraie alors ? Si je me risque à composer ma mélodie, j’y serais enfermée ? Si une légende existe, c’est qu’elle a une part de vérité Misto.
Elle soupira et rangea l’instrument avant de s’installer au pied d’un arbre pour la nuit. Brynjolf, dans un élan de courage, choisi de monter la garde près d’elle. La Kashu le laissa faire et s’endormit légèrement, convaincue qu’Henning n’allait pas tarder à pointer le bout de son museau. Elle n’imaginait pas à quel point elle avait juste.
L’insoumis, tapis dans un buisson non loin de là, s’amusait de la scène sous son regard. Tantôt la jeune femme parlait seule et maintenant plus rien si ce n’est que manger puis, un peu plus tard, dormir. A côté d’elle, le Cuirassé effectuait une veille plus que douteuse. L’esprit s’approcha d’eux et poussa le loup gris à regagner son ocarina.
- Conviction spirit
Le gardien disparut, Henning s’approcha jusqu’à pouvoir poser sa truffe dans le cou de Misto. La jeune fille paraissait dormir paisiblement, ce qui ne le surprit pas outre mesure. Il s’assit face à elle et la réveilla à sa manière.
- Confiante, imprudente, que de défaut pour une Kashu !
L’adolescente sursauta et subit le regard moqueur de sa proie. L’esprit, lui, se réjouissait de la réaction de sa chasseuse et sauta en arrière.
- Tu me veux n’est pas ? continua-t-il, alors je te propose un petit jeu, rien que nous deux.
Misto s’accroupie pour faire face à son interlocuteur. Elle avait de nouveau en main l’étrange instrument de crystal qu’Henning refusait d’approcher. L’âme sous ses yeux lui apparaissait maintenant sous sa vraie forme : un grand loup blanc qui lui arrivait sans doute au niveau de la taille. Le loup messager de la vitesse.
- Une vie a été perdue. Quelqu’un est mort. On connait tous les deux le meurtrier pourtant il n’ira jamais en prison. Pourquoi ? - Parce que mort et tueur ne font qu’un. - En effet et sais-tu pourquoi je te pose cette question ? - Parce que c’est ton passé, tu t’es donné la mort pour échapper à un mariage arrangé.
L’âme resta coite un moment. Les larmes perlaient sur son beau masque immaculé. Misto porta l’ocarina à ses lèvres aussitôt. Le prédateur s’en aperçut commença à lui tourner autour en dévoilant les crocs. La Kashu lança alors délibérément l’objet aux pattes de l’âme tourmentée et commença à chanter. La voix de la jeune femme était à se sentir les poils se hérisser sur la peau. On aurait le bruit de deux pierres que l’on frotte l’une contre l’autre. Henning sauta aussitôt en arrière.
- Une consacrée ! Et à Izanami en plus !
La Kashu se tut immédiatement à l’énonciation du nom et pencha sa tête sur le côté.
- Que veux-tu dire ? - N’as-tu jamais entendu une femme te parler ?
Misto n’en demanda pas plus. Elle se souvenait encore de la voix terrible qui l’avait traversé lors de sa mission avec Hikito. Etait-ce vraiment … Izanami ?
- J’ignore ce que chante mon âme mais si tu ne la joue pas maintenant, les ténèbres seront plus proches de toi que jamais.
Le loup blanc poussa gentiment l’ocarina jusqu’à elle et se coucha.
Runolf, mon frère, je te comprend mieux ...
Désorientée mais obéissante, la jeune femme s’en empara et souffla une Uta totalement nouvelle à son répertoire.
La mélodie que tu joues A fleuri dans ce ciel nocturne Si le destin en a voulu ainsi… Comment vont tourner les évènements ?
Henning disparut dans un nuage de fumée et l’instrument s’illumina au clair de la lune. Le son de l’âme toujours en suspension dans les bois, Misto écouta la meute accueillir le nouvel arrivant. Quand elle fut partie à l’assaut des astres, la jeune Kashu s’interrogeait.
Qui suis-je réellement ?
Ne trouvant pas de réponse dans l’aube naissante, elle se leva et repartit, l’ocarina de l’Empathie encore au chaud dans le creux de sa paume. |
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