Quelle belle journée de pluie. Une pluie d'été agréable, rafraichissante. La forêt de Kunugi était très humide en ce beau matin, et de gigantesques flaques d'eau s'étaient formées sur le sol irrégulier, jonché d'épaisses racines des plantes et des chênes, ainsi que de feuilles d'arbres fraîchement tombées. Je patogeais dans la boue en essayant d'éviter de me prendre des racines dans les pattes, mais parfois mes chaussures restaient collées à la boue, et la chute devenait innévitable : je plongeais tête la première dans les flaques, souillant mes vêtement et ma peau découverte. Inutile de ce lamenter sur ce point-là : la pluie qui tombait en continue sur la forêt avait vite fait de me débarrasser des traces de terre, même si je n'en restais pas moins trempée.

S'aventurer seule dans la forêt, de plus à une heure si matinale et avec un temps aussi maussade, pouvait paraître presque suicidaire, mais j'avais mes raisons. Il fallait absolument que je trouve ce cabanon abandonné dont on m'avait parlé, plus tôt. La personne qui m'avait décrite cette abris avait insisté sur le fait qu'il soit humide, inahibité, assez frais, et plutôt spacieux pour un lieu abandonné, construit pour elle ne savait quelle raison, en pleine forêt. En tous, ce que j'avais surtout retenu de cette description, s'était le nom des animaux qui aimaient se retrouver dedans, et parmi eux un nom résonnait depuis ce jour-là dans mes oreilles : les chauve-souris.

Pourquoi étais-je interessée par de telle créature ? La raison était simple : j'en avais capturé une, quelques jours avant de me retrouver sous cette belle pluie. Et pourquoi donc ? Dans le but de la former, afin qu'elle devienne pour moi une nouvelle "arme". Car pour le moment, je ne maîtrisais que la base de mon pouvoir. Les animaux que je contrôlais n'était guère très forts, il fallait maintenant que je me trouve une nouvelle technique. Pourquoi avoir attendu tout ce temps avant de former un animal spécialement ? Là aussi, à une simple question, on trouve une simple réponse : mon maître, qui m’enseignait la magie avant sa mort, m’avait toujours fait part de la valeur de "temps" qu'il y avait dans l'apprentissage de la magie, et plus particulièrement pour la mienne.

Alors que j’étais encore une teen-agers, il me parlait souvent des futures techniques que je pourrais m'approprier, une fois que je me serais parfaitement familiarisée avec la base de ma magie. Il me répetait souvent la même chose, pour que je n'oublies jamais qu'il ne fallait pas se précipiter avec les animaux, toujours prendre le temps de les comprendres, de les connaître, et seulement après, pouvoir m'approprier leurs capacités, en me rappelant qu'un animal possède une vie, des sentiments, et qu'ils devaient, quoi que je decide d'en faire, conserver une certaine liberté, il ne fallais surtout pas les brusquer ou les obliger, sinon je deviendrais une mauvaise personne, et finirais par recommencer ces choses sur l’homme…

Me disait-il, comme on peut s'adresser à une enfant qui découvre les sentiments en même temps que l'étendu de son pouvoir.

J'aimais et respectais mon maître, moi plus que tout le monde. Alors, après avoir trouver mon cabanon, je posais la cage, que je trimballais à bout de bras, sur le sol poussiereux de la cabane, et ouvris le couvercle. Ma petite chauve-souris n'était nullement terrifiée. Les jours qui précédaient celui-ci, je m'étais beaucoup rapprochée de celle-ci, au point qu'elle se trouvait à présent entièrement en confiance vis à vis de moi. Je la pris dans mes deux mains et la lâcha en l'air. Elle déploya ses grandes ailes, et vola jusqu'à atteindre une poutre du plafond, sur laquelle elle se posa, en attendant que je réagisse.

Je fis comme il m'avait expliqué. Je fermais les yeux, et me concentrais, pour essayer de "percevoir ses sentiments, ses sensations". Grâce à l'esprit de confiance qui s'était installé entre nous depuis ces quelques jours, ces fameux ressentis que je me devais de connaître s'avéraient tout à fait possitif pour passer à l'étape suivante : la chauve-souris se trouvait être parfaitement serreine en ma présence. Je n'avais plus qu'à passer à l'acte.

J'essayais tous ce que je pouvais imaginer : tenir la chauve-souris dans ma main, prononcer des paroles dans un sens, puis dans l'autre, lui parler téléphatiquement... Mais rien de tous ce que j'entrepris ne fonctionnais. Ces dans ces genres de moments que je me sentais seule, très seule. "Mettre un animal sous services", s'était un peu vague comme phrase. Fatiguée et desespérée, je m'effondrais sur une vieille chaise grise de poussières, et l'animal vint se poser sur mon bras. Je la regardais dans les yeux, puis après un long soupir, je lui demandais d'un ton exaspéré...

Et aussitôt cette "question" posée, la bête disparue dans un nuage de fumée grise provoquée par la poussière qui s'était soulevée du sol. Je sursautais en arrière en remarquant que mon animal avait disparu, aussi je ne m'attendais à aucune réaction de sa part.. Et je ne m'attendais encore moins au fait que "poser cette question" ait fonctionné. Je la cherchais quand même des yeux en balayant la pièce du regard, avant de me rendre compte que j'avais finalement réussi. C'est sans attendre que je la rappelais, en lui faisant part de mon contentement, heureuse de pouvoir enfin passer à l'étape suivante.

Durant cette semaine, j'avais longuement réfléchit à la technique que je pouvais bien lui attribuer, en ressençant d'abord les capacités principales que possédait une chauve-souris : parmi elles, je retenais le fait qu'elle puisse envoyer de puissant ultrasons. Déjà très fort à la base, décupler au summum de mon pouvoir, ces sons pourraient réussir à troubler un humain l'espace d'un court instant, en modifiant un peu la règle.

Pendant une bonne heure, j'essayais de faire accepter, ou plutôt apprendre sa nouvelle capacité à la chauve-souris. Cela demandait du temps, car il me fallait d'abord réussir à décupler la puissance de ses ultrasons de manière constante. Déjà pour cette étape, je pris un certain moment avant d’y parvenir. Fatiguée, je nous accordais parfois des pauses, à mon nouvel animal et à moi, cela nous permit de renforcer encore plus notre confiance vis-à-vis de l'autre.

Encore, j'essayais de modifier les facultés des ultrasons, de façon à ce qu'ils soient offencifs pour l'homme.

Il fallait à présent que je lui apprenne à utiliser, ou "lancer" son nouveau pouvoir quand je le lui ordonnais, et en visant un être bien particulier, de façon à ce qu'elle ne dégage pas ses ondes n'importe quand et sur n'importe qui, ou pire, en permanance et partout. C'est l'étape qui nous pris le plus de temps. Durant notre entraînement, je ne pouvais m'empêcher de remarquer un détail : je ne percevais pas les sons de ma chauve-souris. Apparement, j'étais insensible à ma technique, tant mieux pour moi.

L'entraînant d'abord à viser un objet immobile, puis sur une souris bougeant lentement, parfois un peu plus vite. Elle commençait à tirer assez droit, mais sur un plan trop espacé pour que le bloc d'ultrasons puisse concentrer sa puissance uniquement sur la cible.

Malgré cela, je repartais vers ma guilde, laissant la cage posé sur le sol de la cabane : je n'en avais à présent plus besoin. Je savais aussi qu'il me faudrait revenir pour m'entraîner encore avec mon nouvel animal : il fallait préciser plus la trajectoire de ses tires, augmenter l'effet des ondes, et beaucoup d'autres petites choses de ce style à améliorer. Mais pour l'instant je rentrais, contente d'avoir, enfin, un animal magique à mes côtés.