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Après s’être séparé d’Atios, qui l’avait aidé dans la recherche de ses souvenirs au delà de ses espérances, Agon Noko se rendait au siège du Conseil.
Vu qu’il avait été porté disparu, le moyen le plus simple pour redevenir actif semblait être de confronter directement son employeur pour obtenir des réponses. Sauf qu’avec toute sa fatigue, il dut s’arrêter à la terrasse d’un café pour récupérer des forces.

Le serveur avait l’air assez suspicieux vis à vis de l’uniforme en piteux état, mais il vint quand même passer la commande. N’ayant pas le moindre argent sur lui, le mage du Conseil prétexta qu’il attendait un ami et ne voulait pas commencer à boire sans lui, ce à quoi le serveur ne broncha pas, et alla servir d’autres clients.
Exténué, il ferma les yeux, et laissa ses sens vagabonder, jusqu’à s’endormir. C’était le bon endroit pour ça, ou au moins c’était un lieu sûr. Il y avait du monde, donc personne ne tenterait de le détrousser ou de l’assaillir.

...


- Merci pour ton aide Mukhbat, c’est inutile de m’attendre et tu le sais.
- Je suis votre serviteur, Prince.
- La vie te garde, ami.

Sur ces mots, il franchit l’arche de pierre gravée. C’était une arche lumineuse, placée en haut d’une colline verdoyante. Seulement en son centre, il y avait comme un point noir, imperceptible.
Quand il entra en contact avec ce fameux point, il s’effaça, et l’arche avec lui. Mukhbat resta seul, immobile quelques instants, avant de rentrer.

De son côté, celui qui avait été appelé prince se trouvait maintenant dans un pièce noire. Il ne voyait rien du tout mais distinguait une musique très forte.
Les notes semblaient sortir de tous les côtés, sans avoir vraiment de logique. Pourtant c’était assez agréable, et une fois qu’il commença à comprendre le rythme, il se mit à distinguer les éléments aux alentours. Le sol était constitué d’amas de spirales d’un matériau inconnu qui s’entrelaçaient dans une série d’enchevêtrements. L’ensemble avait l’air constitué empiriquement, un peu comme un nid, mais sans entrée apparente. Et il régnait une délicate odeur de bois chaud.

Plus la musique résonnait, et plus l’environnement devenait clair, et par la même occasion, il semblait savoir vers où marcher. Ce son donnait de plus en plus l’impression d’avoir, d’être ou de refléter une conscience propre. Comme s’il savait maintenant quoi faire, il se mit à marcher, cadençant ses pas au rythme ambiant.
Enfin, il s’arrêta en face d’une sphère nébuleuse. Toutes les couleurs miroitaient successivement, même certaines dont il n’avait jamais soupçonné l’existence. Même celles qu’il connaissait était différente : le bleu par exemple, n’était pas une simple nuance de bleu, mais Le Bleu, celui à partir duquel était nés toutes les autres formes de bleu.
Émerveillé et simultanément guidé par une volonté implacable, le Prince plongea sa main au coeur de la sphère. Celle-ci se déplaça et enveloppa tout son corps pour le transporter dans les airs. Curieuse sensation, car il ne ressentait plus qu’une certaine légèreté, comme s’il était devenu de l’air. Et il s’élevait et s’élevait encore...


...

Après un temps indéterminé, il fut réveillé par le serveur qui annonçait la fermeture. On l’avait laissé dormir très longtemps. Peut-être que c’était l’uniforme qui imposait le respect. Le respect dû aux hommes qui se battent pour la population et qui méritent leur repos après les batailles. Ou bien c’était de la crainte, parce que dans cet état, il fallait que cet inconnu du Conseil ait affronté de grands dangers. Donc ce n’était pas le genre de type qu’on dérange pendant sa sieste...

Agon remercia le serveur, même s’il n’y avait pas de raison, c’était pour ne pas rester silencieux.
A présent, il se sentait mieux, et la sensation d’une énergie remplissant peu à peu son corps jaillissait. Magie, il sentait de la magie bouillir en lui, mais comment l’exprimer ? Il ne savait plus, il fallait qu’il quitte cet endroit, il fallait qu’il se retrouve dans un endroit isolé. Tout ce qu’il voulait, c’était d’être seul pour libérer le torrent qui s’animait en lui.

Se rendre au Conseil n’avait plus d’intérêt, il traversait la ville en courant, allant là où le soleil s’était couché. Une fois à l’extérieur, il souffla en marchant le long de la route, puis sorti totalement du chemin, s’aventurant dans l’espace montagneux et prenant rapidement de l’altitude. Seul l’instinct le guidait.

Se trouvant enfin seul, il écarta les bras et poussa un cri puissant. Respirer l’air pur et voir les lumières urbaines en contrebas lui donnait la sensation de revivre. C‘était incompréhensible, mais à nouveau il était là, conquérant.
Agon Noko était là pour terrasser le crime.