Eh bah dites donc. Quel fatras, ces deux là. J’vous raconte pas la tête que j’ai fait quand j’ai entendu tous ces booms et badabam. Ca n’arrive pas tous les jours à vrai dire. Et curieux comme je suis, ça m’a intrigué et j’ai couru vers la source du bruit. Et j’ai vite fait de voir qui provoque tout ce barda, pire que moi quand je brisais en mille morceaux la porcelaine de mémé et qu’elle m’en blâmait en hurlant comme une harpie. Sérieux, ces deux là sont tellement passionnés par leur combat qu’ils ne m’ont même pas remarqué. Bon, j’ai tout fait pour être discret, ce n’est pas un reproche ni rien, c’est juste qu’ils m’intriguent. Non pas que leurs magies soient géniales ou quoi, c’est plutôt leurs émotions qui me taraudent. Ils ont l’air… Purs ? En tout cas, j’observe avec attention, jusqu’à cette fin si adorable. Ils sont amis, ça se voit, mais ils sont dans les embrouilles là. C’est là que je dois intervenir, donc ? Non, je n’sais pas trop, ce n’sont pas mes affaires… Et puis, ils offrent une scène si tendre que m’y intégrer me semble presque être pêché. Bon Dieu, qu’tu m’pardonnes, je n’peux pas les laisser dans d’aussi beaux draps d’soie.

Je quitte donc ma cachette pour marcher d’un pas lent mais décidé en direction de l’ange. Ouais, je pense qu’on peut l’appeler comme ça. Son physique particulier lui donne un charme non négligeable, et j’ai un peu mal pour lui, à le voir s’effondrer au sol comme ça aux côtés de son ami impuissant. Je m’arrête à quelques pas de leur visage, et cherche à croiser leur regard. Mais je les sens déjà perdus, bien trop fatigués pour effectuer un quelconque mouvement. Le zeste de volonté que je sens en eux, et particulièrement dans ce jeune homme bicolore vient certainement de leur envie de rester ensemble jusqu’au bout, pour se protéger l’un l’autre. Je soupire, un peu à la manière d’un parent soulagé trouvant ses bambins dans un sale état après une grosse bêtise. Un sale état, mais vivants.

« Il est temps pour vous de vous reposer. Feeling Burst. »

Je n’sais même pas s’ils sont capables de m’entendre, en fait. Je me sers de mon pouvoir pour retirer toute inquiétude de leur esprit et remplacer tout ce qui s’y trouve par une sérénité profonde. Là, tout doux, leurs regards se voilent. Grâce à cette sensation de bien être, ils se laissent tomber dans les bras de Morphée. Tant mieux, ils ont vraiment besoin de repos.

Heureusement pour nous, une carriole arrive, tirée par une mule. Malheureusement pour nous, dedans, c’t’un duo de bandit. Mon pouvoir me permet évidement de sentir leur intérêt malsain immédiatement. Aussi je fausse mon air d’enfant naïf ayant besoin d’aide, et ils mordent à l’hameçon. Ni une, ni deux, je les assomme à l’aide de leurs propres armes, et les ligote avec une corde qui trainait dans la carriole. Non mais oh. Les autres là, dorment comme des bébés. C’est fou. Je prends le premier mage dans mes bras et l’installe à l’arrière. Bon Dieu, il pèse une tonne. Faut faire un régime mon vieux, sérieux. Enfin, il a un air de bébé quand il dort, c’est mignon. Je le cale avec de la marchandise qui traine pour qu’il ne soit pas trop chahuté par le voyage, puis part m’occuper de l’angelot que j’installe de la même manière. Ca devrait aller comme ça. Bon, aller, ils m’ont tout l’air d’être parfaits pour rejoindre notre guilde. Et au pire, s’ils ne sont pas d’accord, je les déposerai dans la ville la plus proche. Z’ont besoin de repos ces deux là. Hop hop hop, direction Angel's Sky. Je lance le cheval au trot d’un coup ferme et jette un dernier regard en arrière à ces deux compères. Adorables, je vous dis, adorables.

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