J'avais déjà marre de ces vacances. Je ne pouvais jamais me permettre de me reposer. Il y avait toujours un problème à régler ici et là. Ces saletés d'écolos. C'était quoi leur problème? Ils empoisonnaient l'air des animaux et de la végétation et ils croient les protéger? C'est comme ces cinglés de Minstrel où ils croient qu'en priant un Dieu qu'ils vont vivre plus longtemps parce qu'il n'abattra pas sa colère sur eux. Foutaises. Je m'étais précipité à bord du bateau dans le but de quitter rapidement cette île de fous. Mon oreille droite n'arrêtait pas de me démanger. J'avais passé presque tout le voyage avec un doigt dans l'oreille. Et en plus, y'avait un bourdonnement qui ne cessait de me faire halluciner qu'on me parlait. Et cette mouche qui me tournait autour. Qu'est-ce qui m'arrivait? Étais-je devenu fou? Était-ce cette île de débile qui avait déteint sur moi? Je secouais la tête en essayant d'ignorant ce qui se passait. La tentation était trop forte, cette mouche me tapait sur les nerfs plus que n'importe quoi. Je la suivais d'un oeil jusqu'à ce que je me juge capable d'avoir les réflexes alertes. Mes doigts attrapèrent les ailes de la petite chose qui me rendait fou. Je l'approchais de mon oeil pour la voir de plus près. C'était... un humain ailé? Qu'est-ce que...? Je fronçais les sourcils tout en le dévisageant. Je sentis ses petites mains pousser sur mes doigts pour la déprendre. Sa tenue verte et la lanterne à ses hanches me firent réaliser que c'était rien d'autre que:
Une luciole?
Lâche-moi peau de vache! Gros porc sans cervelle! Lâche mes aaaaaaiiiiles!
Parle plus fort, je t'entends mal ici...
LÂCHE-MOI! ... s'il te plaît?
Sa petite voix aigüe et bourdonnante me faisait sourire. Je le relâchai et il se remit à battre des ailes librement. Il fit un tour autour de moi avant de s'arrêter devant moi et frapper mon nez. J'haussais un sourcil en attendant la douleur avec patience. Il me tourna le dos et croisa les bras comme s'il me boudait. Je croisais les bras aussi et continuais de l'épier. Je ne savais pas ce qu'il voulait ni la raison de sa poursuite et son acharnement sur ma personne. Je me demandais même si ce n'était pas lui par hasard qui m'avait amené sur les lieux des attaques en pleine nuit. Couché au bord de la mer, jamais je n'aurais pu m'en rendre compte. Mon doigt alla le tapoter sur l'épaule. Il se la prit de son autre main en s'éloignant un peu tout en jacassant:
Aïe! Mais pas si fort grosse brute!
Oups... Dis donc, pourquoi t'as décidé de m'aider sur l'île?
Parce que t'avais l'air d'un gars désespéré! Tout seul à regarder les étoiles, c'est vraiment ringard et passé de mode!
J'vais t'en faire moi des désespérés et ringards!
Ma main se mit à sa hauteur, prête à armer une pichenette sur son corps frêle. Me voyant m'enligner pour le faire décamper, il se mit à voler en hauteur, hors d'atteinte. J'haussais les épaules et quittai le bateau qui venait juste d'arriver au port. Je marchais les mains dans les poches en me dirigeant vers le comptoirs pour commander mes billets de train. La petite chose me demandait de l'attendre, mais je n'en fis rien. Je l'ignorais sans regret. Je m'assieds à bord du train, attendant que celui-ci démarre. Retourner à Fiore me semblait une bonne option. Là-bas, c'était rempli de nains, mais au moins, je ne me faisais pas ch*er avec des écolos ou des robots des services secrets. Tourné vers la fenêtre, il y avait la luciole qui m'offrait un spectacle de claquettes. Je lui soufflais dessus pour qu'il s'écrase contre la fenêtre, aplati comme une crêpe. Il retomba sur ses genoux, les mains à plat.
Wow... mais quelle haleine!
Grrrr...
ATTENDS! Ne me pichenette pas! Tu pourrais me briser un bras ou des côtes. Qui pourra me soigner ensuite?
Qu'est-ce que ça peut bien me faire?
Euh... NON! Arrête!
Je te donne 5 secondes pour me donner une bonne raison de ne pas le faire...
Je... je te suis pour t'aider. Un mage qui se balade tout seul souhaite de la compagnie de voyage, non?
Non...4...3...
On m'a éjecté de la ruche et je ne sais plus où aller. Je n'ai pas envie d'être seul...
...2...1...
Pitié?
Fais pas le c*n et ne me casse pas les cou*lles avec des phrases inutiles.
Euh... quoi?
Bienvenue à bord.
Ah! Merci! Appelle-moi Albert
Quel nom de m*rde! Moi c'est Senji.
Nom de m*rde? Tu peux bien parler toi! Albert n'est pas mon vrai nom, mais c'est moins ch*ant à prononcer que l'autre, alors je t'épargne une foulure de la langue.
C'est bien de penser à moi, minus.
Voilà, un autre bagage à transporter pour le reste de ma vie. Mon voyage me ramena au point de départ: Crocus. C'était une ville importante située au Sud de Fiore. Mon entrée à Fiore s'était faite à cet endroit. Cela me ferait du bien de voir un décor familier après ce que je venais de traverser. Le train s'immobilisa. Albert s'était assis sur mon épaule. Au moins quand il fallait rester tranquille, il se tenait tranquille. Je passais devant le panneau des missions et portais plus ample attention à celles qui se situaient à Crocus. Tiens, parlant de calme, il y a cette mission qui se passe dans une bibliothèque. Pourquoi pas? Elle parle de retrouver des gens disparus. Mais comment des gens peuvent bien se perdre dans une bibliothèque? J'haussais les épaules et pris l'affiche en la déchirant du tableau. Je me rendis vers la bibliothèque. En passant devant une autre boutique, je sentais de la magie se mettre en oeuvre. Je fronçai les sourcils et allai voir ce qui se passait à l'intérieur. La boutique avait des murs ornés d'horloges de toutes les époques. La magie ne venait pas d'elles, mais pourtant, qu'avais-je ressenti? Une voix féminine et glaciale me sortit de mes songes et fit sursauter Albert, manquant de le faire tomber en bas de mon épaule:
Puis-je vous aider, Monsieur Kiyomasa?
C-Comment savez-vous comment je m'appelle?
Cela n'a aucune importance. Je sais aussi que c'est la curiosité et non la nécessité qui vous a amenée ici. Le temps ne s'est pas écoulé suffisamment pour nous permettre de discuter de choses intéressantes, mais quand cela viendra, nous nous reverrons pour des objectifs communs.
Elle me fait peur la madame...
Ta g*eule.
La jeune femme aux longs cheveux blancs, à la robe stylée et au chapeau décoré d'une horloge referma son grand livre où une lumière verdâtre brillait sur son visage. Elle prit son livre sous son bras et partit vers l'arrière-boutique. Je serrais les dents et les poings. Mon envie de lui poser des questions me grugeait, mais je ne pouvais pas lui japper de questions. Elle n'y répondrait sûrement pas. Je tournai le dos en grognant et quittai la boutique. Albert me demanda pourquoi je ne lui avais pas fait part de ma façon de penser. Je lui répondis que c'était cet instinct qui me retenait, cet instinct qui me dit qu'elle avait quelque chose à voir avec un truc que je ne connaissais pas encore. Je crois que le temps venu où nous nous reverrons, ce serait, comme elle l'avait dit, le moment où la situation monterait d'un cran. Je ne comprenais pas, mais il me fallait être patient. Je fis mon entrée à la bibliothèque. La propriétaire vint vers moi et la conversation s'engageait:
Puis-je vous aider?
Je viens pour l'annonce des disparitions.
Oh... je vois. Venez, nous allons en discuter dans mon bureau.
Voyant l'expression sur le visage de la dame, c'était plus grave que ce que je pensais. Elle ferma la porte derrière nous alors que nous entrions dans la petite pièce obscure. Elle alluma la lampe à son bureau et prit place à son bureau. Je ne me gênai pas pour m'asseoir en face, totalement à mon aise dans le siège. Elle commença ses explications d'un soupir. La dame m'expliqua qu'elle entendait les pas rapides et légers d'une petite fille qui courait. Puis, à portée de voix, elle demanda à ce qu'on lui raconte une histoire. Je pris une mine pensive avant de poser mes questions. Encore un truc paranormal? Quelque chose de magique devait traîner derrière ça. Je lui demandais si cette bibliothèque avait une histoire quelconque qui me permettrait de faire des liens. La femme sortit un vieux journal de son bureau attaché d'une corde. Elle me dit qu'il y avait de grands conteurs qui passaient à la bibliothèque et assis sur une sorte de trône, ils racontèrent une histoire qui prenait vie.
Où est ce trône?
Il faut accéder au centre du labyrinthe.
Très bien, alors, on se reverra. Souhaitez-moi bonne chance...
Je me levais de mon siège et partis en directions de ce fameux labyrinthe de bouquins. Ça m'exaspérait que de devoir chercher pour un simple siège. Pendant que je m'amusais à me perdre, je réfléchissais à quelle genre d'histoire raconter. Tiens... et si je profitais du fait qu'elle prenne vie pour ramener les disparus? Bien pensé Senji, ce que t'es fort.. Oh oui! Je souris pour moi-même avant de me heurter à un mur. Je serrais les poings et ordonnais à Albert de partir en reconnaissance pour me guider. Comme ça, ça allait m'éviter de me perdre dans chaque couloir... Je me rendis au centre du labyrinthe en vie. Le trône poussiéreux était là, attendant que le prochain conteur de Fiore vienne raconter son aventure. Alors que je m'avançais, la voix cristalline de la petite fille résonna jusqu'à mon oreille:
Lis-moi une histoire!
Ouais bon minute... Ahem... C'est l'histoire d'une bande de touristes, vois-tu... Ils ont décidé de venir dans une bibliothèque et de suivre la voix d'une petite fille agaçante qui n'existe même pas. Elle les a entraînés dans un labyrinthe où la petite fille, morte d'ennui devant des incapables sans sens de l'orientation, décida de les piéger dans une cage magique. Puis, vint le grand et sublime super héros. Il entra dans la bibliothèque où la propriétaire lui expliqua la situation des disparus. Il partit donc, accompagné de la lanterne verte pour résoudre ce mystère. Tels des génies, ils retrouvèrent le siège sacré et magique, là où toutes les histoires prenaient vie. Ils décidèrent d'y raconter une histoire...
L'histoire en train de se raconter, ils comptèrent sur la magie pour ramener ces disparus. Justement, celle-ci se mit à l'oeuvre et ces fameux disparus apparurent comme par magie tout autour du trône pour écouter la fin de celle-ci et rentrer chez eux ensuite. La petite fille tant qu'à elle, ébahie par le geste de ces bons samaritains, décida de disparaître pour toujours et... Regarde ça fonctionne!
Ta g*eule! C'est moi qui racontais l'histoire!
Il fallait bien que je la finisse en beauté! Toi t'allais tout gâcher!
Comment peux-tu dire ça espèce de microbe à deux balles! Attends que j't'arran-
Ahem...
La dizaine de disparus étaient -là à nous contempler en train de nous eng*euler mutuellement. Je m'efforçais de sourire à ces touristes. Je me relevais debout, les mains rassemblées dans le dos. Je me pris pour un héros en regardant vers l'horizon et sortis un discours qu'ils applaudirent. Bien sûr, tout le monde a le droit de rêver... Je leur révélais seulement qu'ils pouvaient me suivre pour sortir de ce labyrinthe. Sauvés, nous fûmes remerciés d'une tape dans le dos. La dame nous récompensa de jewels. Albert voulait que je les sépare avec lui. Je lui dis qu'il était trop petit pour pouvoir se servir de l'argent et que c'était moi qui avais tout fait de toutes manières. Il était rouge de rage et garda le silence jusqu'à ce que je change d'avis. Puisque ça n'arrivait pas, ce n'était que le lendemain qu'il remit sa langue en fonction pour encore dire des bêtises.
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