Il s’approcha prudemment.

Un Phacoche était répugnant lorsqu’on le voyait de loin mais de près… Rien ne changeait. Il avait toujours cet aspect peu reluisant, à savoir celui d’un porc version géant. Horrible. En un sens, Lund plaignait la pauvre bête. Elle était mutilée, emprisonnée dans une prison végétale, au nom de la « Fraternité ». Ironie du sort. La foule avait dû être déçu, déjà deux combats pour le duo Nilindra/Saleight et toujours pas d’effusion de sang spectaculaire. Lund n’avait même pas été blessé ! En revanche, il semblait au rouquin que la jeune femme avait été touchée à plusieurs reprises par les empaleurs d’ivoires de la bête. Une personne comme Sofia, pour le peu que Lund en avait déduit, n’avouerait jamais une possible faiblesse devant quelqu’un surtout un homme et préférerait fermer les yeux et souffrir plutôt qu’accepter de l’aide. Lund n’avait pas particulièrement envie de lui venir en aide, mais finalement ses combats avait pour but la « Fraternité » ; et le Saleight se sentait obligé de se soucier de sa partenaire. Il s’approcha d’un pas lourd, car s’il ne se l’avouerait jamais, ses utilisations du papier lui avaient finalement coûté de l’énergie magique, et il en était fatigué. Cette pause entre deux combats serait la bienvenue pour tous les deux finalement.

Son ton inquiet n’était pas simulé. Il se souciait réellement de l’état de sa partenaire. Finalement une sorte de « sympathie » s’était créée entre les deux mages au cours de ses combats. Peut-être. Elle n’en restait pas moins dangereuse, et en général, Lund s’arrangeait toujours pour avoir un mur derrière lui : Il détestait les couteaux. Il fit néanmoins un geste de la main. Deux feuilles de papier apparurent et allèrent se fixer sur les plaies de la mage du Conseil.

Fatigué, l’Adepte de l’Origami s’allongea au sol, en tailleurs. Le ciel commençait lentement mais sûrement à s’assombrir, il pouvait sans peine imaginer la foule hurlant et encourageant ses équipes favorites. En revanche, il ignorait complètement qui pouvaient bien les encourager, eux. Des plaisantins, sans doute. Il tourna la tête vers la Nilindra. Il avait complètement oublié, mais les combats rapportaient tous un nombre de points, et plus la victoire se faisait sur le jeu en équipe plus les points étaient nombreux. De plus combattre en équipe pourrait éventuellement éviter le désagrément de type plaie, contusions et autres douleurs désagréables.

Il désigna les blessures de la jeune femme. Il était vrai qu’il se sentait, en un sens, légèrement coupable.

Tout cela ressemblait finalement à un échiquier. Géant certes, mais échiquier tous de même. Mage et bête sauvage n’était finalement que de simples pièces, plus en moins importantes, à même de se faire manipuler et surtout, toutes sacrifiables. Mais alors qui était les deux joueurs ? Car un échiquier sans joueurs n’a pas lieu d’êtres, et il faut des participants pour qu’un jeu soit. Lund avait la désagréable impression d’être un pion, et il détestait cela. Un pion est tous sauf une pièce maitresse, mais il faut toujours se méfier des pions, après tous, on ne sait jamais. Une pièce peu reluisante peut parfois s’avérer vitale. Les mages avaient joués, c’était donc aux blancs, soit les créatures, d’annoncer leur stratégie. Il faut dire qu’il y eut un changement radical avec le coup précédent. Le Phacoche, ou la tour, s’était montré peu subtil et il avait été non pas facile, mais non plus difficile de contrer un coup pareil. Se contenter de foncer en ligne droite peut surprendre au début mais à la longue, cela devient lassant, et prévisible. Cette fois, ce fut un bourdonnement qui annonça l’arrivé de l’attaque. C’était au tour des cavaliers de faire leurs apparitions.

Lund se releva avec une lenteur calculé, savourant les quelques secondes de répit. Il était d’accord avec Sofia et surpris. La Nilindra lui paraissait moins distante qu’au début des combats. Probablement la fameuse « Fraternité » dont parlait le Festivale. Intéressant. Un frôlement dans l’air lui indiqua que leurs nouvelles adversaires étaient arrivées. De simples insectes. Mais allant très vite. Lund compris immédiatement que sa lame ne lui serait d’aucunes utilités et en vint à la même solution après envisagé des dizaines de scénarios. Sauf en portant un coup chanceux, Ils ne parviendraient pas à porter un coup aux Dragonflys, leurs petites tailles et leurs vitesses additionnées les protégeant. Il fallait donc les ralentir. Et le Saleight avait une petite idée sur le Comment. Même si cela impliquait beaucoup trop de « si ». Les Dragonflys visaient leurs chevilles. Lund ne sentit rien, mise à part une perte d’énergie lorsque le papier de son corps de reconstitua, mais raffermit son hypothèse. Il pouvait bloquer quelques coups mais trop à pleines vitesses, il ne pourrait pas se protéger grâce à la magie. Il fallait donc finir rapidement ce combat. Espérant que Sofia avait esquivé l’attaque de l’insecte et qu’elle se tiendrait prête, Lund laissa le papier le faire disparaitre. Complètement. Sofia était maintenant plongé dans une sorte de brouillard blancs qui bien que laissant filtrer la lumière, laissait voir les Dragonflys par ombres rapides. Il restait à espérer que le papier les ralentirait. ..