Elle était en bas de l’échelle. Après tous, le terme de « Nouvelle recrue » était une façon polie de dire : « Je suis le larbin qui m’occupe de toutes les tâches ingrates du Conseil ». Cette pensée fit sourire le bretteur. Elle ne lui posa aucune question. Intéressant. La méfiance, derrière son manteau de politesse, n’était jamais loin. La Nilindra avait finir de convaincre Lund. Une personne éprouvant autant de méfiance à l’égard du condisciple devait probablement avoir quelque chose dans son passée qui justifiait cette attitude de « sur-prudence ». Le couteau n’était jamais loin et Lund se promit de ne jamais tourner le dos à sa « Coéquipière ». Il poussa un soupir en regrettant une nouvelle fois de ne plus avoir de thé. Le thé était sa drogue, sa potion vitale. Faire sans s’était impensable aux yeux de Lund. Peut-être pourrait-il en faire lui-même si le Saleight trouvait une source d’eau ?

Le mage méditait cette idée agréable lorsqu’une sorte de « grondement » l’interrompit. Lund plissa les yeux tentant tant bien que mal d’identifier le bruit. Mais quel créature pouvait émettre un bouquant pareil… ? La réponse avait quatre pattes, avait les dimensions d’un énorme meuble et soufflait bruyamment. La réponse pouvait atteindre une vitesse de pointe ahurissante. La réponse pouvait vous transformer en brochette. La réponse était un Phacoche. Il fonçait droit sur eux. Lund jeta un coup d’œil à Sofia et regarda le Phacoche. Celui-ci parut sourire. Il allait bientôt percuter la jeune femme et celle-ci serait proprement « empalée » par les énormes sabres d’ivoires de la bête. Allait-elle avoir le temps d’esquiver. Lund ne se posa pas de questions. Emily n’aurait pas apprécié qu’il s’en remette à une seule hypothèse pour sauver la vie d’une coéquipière. Lund devait l’avouer, il lui serait agréable de converser encore avec la mage du Conseil et voir cette conversation interrompus par un animal de 3 tonnes ne lui convenait gère. Il s’élança en avant et se plaçant devant Sofia sourit à l’animal. Qui l’embrocha mais surpris par la réaction de cette étrange humain suicidaire s’arrêta. Les lèvres du Saleight esquissaient toujours cette affreuse parodie de sourire. Le mage avait été transpercé de part en part par les défenses de l’animal. La Nilindra n’avait pas été touché.

L’animal agrandit les yeux étonnés de voir son prochain déjeuner parler alors qu’il était mort. Le rouquin releva la tête. Il était toujours en vie. Bien qu’ayant un énorme trou au milieu du ventre. Quiconque n’avait connaissance de la magie de Lund pouvait se poser des questions. La « danse des feuilles de papier » transforme le corps de Lund en papier. Dans ce cas, l’énorme trou se trouve être en Papier. Lund se laissa couler à terre, transformant le reste de son corps en Papier et lui permettant ainsi de s’échapper de l’entrave d’ivoire. Il se reforma à côté du Phacoche, et le sabre à la main, visa la jambe avant. Un sort comme celui-ci demandait de l’énergie par « énormément » mais tous de même plus que de simples oiseaux.

Lund fut extrêmement surpris, et amusé, de constater que la Nillindra avait tout de même tiqué lorsqu’il était « mort ». Elle était finalement elle aussi capable de faire preuve de sentiment, à moins bien sûr, qu’elle aurait souhaité accorder le privilège du meurtre du Saleight à elle seule. Heureusement pour tout le monde, et surtout pour Lund, le jeune homme lunatique n’était pas mort, bien au contraire. Comble d’aise, il avait même réussi à blesser le Phacoche, et bien que la plaie ne soit que superficielle, la bête s’en trouvait légèrement ralenti.

Mais blessure et colère vont souvent par couple et apparut dans les yeux de l’animal une lueur de méchanceté, doublé par la furie de celui qui n’aime que détruire. Le tout donnait un wagon instoppable lorsqu’il était lancé à pleine vapeur. La bête leva son groin en l’air, comme pour mieux humer l’odeur du sang inutilement versé, et fonça une fois de plus vers Sofia. A croire que depuis le début, sa cible était la jeune femme. Mais pourquoi enfin ? Dame Sofia aurait offensé un organisateur ? A moins que l’animal ne pense simplement que la jeune demoiselle ne constituait une cible facile. A l’avis de Lund, le « porc » se trompait, car la jeune femme possédait surement plus d’un tour dans son sac, et, aurait pu faire une excellente joueuse de carte.

Lund ne fit dans rien. Si ce n’est courir à la suite du Phacoche. Tant pis. Ils rendraient l’animal aux organisateurs légèrement abimé. Et puis, pour leurs défenses, ils pourraient signaler au passage que celui-ci voulait les tuer pour en faire son repas. Terminer en repas pour un énorme porc n’était pas encore en tête de priorité de Lund. Si Sofia évitait le « train à pleine vitesse » qu’était le Phacoche, la bête se prendrait de plein fouet le mur de la maison se trouvant au dos de la mage du Conseil. Lund comptait bien en profiter pour attaquer son autre jambe, tentant ainsi d’empêcher l’animal de pouvoir continuer ses attaques « folles ».

La hargne qui brillait dans les yeux de l’animal n’échappait pas au rouquin, mais celui-ci s’en moquait, toujours aux lèvres ce même sourire qui déstabilisait bien des personnes, tant par son honnêté et de par l’aura de folie douce qui émanait du mage.

Sur Terre, on dit que chaque créature à sa place. Certaines plus que d’autres, se distinguant par leur taille, leur intelligence ou bien encore leur force. Le Phacoche était de ceux-là, et d’autres vont diront qu’il ne prenait pas une place dans le règne animal, mais bien plusieurs, tant par son volume que sa hargne. En effet, le « rhinocéros magique » était comme beaucoup de mâle, prompte à prouver sa force, et adorait battre et se sentir puissant. La victoire était pour lui chose jouissive. Véritablement. Les amateurs de Phacoche vont diront qu’il à un goût d’une grande qualité, et vont conseillerons l’épaule de la bête mariné avec du citron. Les petits enfants le qualifieront de « gronsméchantpasbô ». Les adultes (se croyant) raisonnable prendront un air grave et diront (bien que ne croyant pas à leur propre parole) que chaque animal à sa place sur Terre. Les scientifiques en feront un sujet de Thèse passionnant et vont expliquerons les yeux brillants que ses deux énormes dents d’ivoires lui servent à empaler littéralement ses proies avant d’aller les déguster dans un coin tranquille. Mais que valent les conseils de toutes ces personnes en face d’un véritable Phacoche ? Rien.

Sofia en fit la cruelle expérience. Le Phacoche devait détester les femmes, ou tout simplement détestait-il la Nilindra, toujours était-il qu’il semblait s’en prendre presque uniquement à la jeune femme. Avantage pour le mage neutre ; avantage ne lui servant à strictement à rien, puisqu’il était bien précisé dans le contrat du Festival qu’une victoire devait être celle d’un duo. Ce fait, on le verra plus tard, exclu (Malheureusement ?) la mort de la mage du Conseil. Lund se contenta donc d’observer comme devait le faire une centaine de gens dans le publique, un train à pleine vapeur lancé sur Sofia. Celle-ci s’en tira avec une estafade, esquivant avec souplesse la charge de l’animal. Le Saleight plissa les yeux, intéressé. Elle devait avoir reçu une formation particulièrement rigide pour pouvoir éviter la mort avec autant de facilité. Il rangea l’information dans un coin de sa tête et ses pensées se tournèrent à nouveau vers le combat.

La rage luisait dans le cœur et dans les yeux du Phacoche. Il s’était pris le mur lorsque Sofia avait évité sa charge. Certaines personnes l’imaginaient déjà en « Cuisse de Phacoche dans sa sauce du soleil ». Il avait mal, et une de ses défenses s’était brisée. Il chargea de nouveau vers la Nilindra. Lund soupira. Il fallait mettre un terme au combat maintenant, car l’endurance du Phacoche leur coutait du temps et de l’énergie. Il sourit au Phacoche, et même si celui-ci ne pouvait le voir, car concentrant toute sa rage vers Sofia, certaines personnes du publique jurent avoir vu la bête marqué un minuscule temps d’arrêt. Le Saleight chuchota pour lui-même une formule. Et des ailes en papier lui poussèrent sur le dos. Il décolla du sol la lame dans la main, car il ne pouvait se permettre de faire durer l’enchantement trop longtemps, et rattrapa suffisamment vite le Phacoche. En un geste, les deux pattes avant de la bête étaient touchées et Lund se posait au sol, ses ailes disparues. Le monstre pouvait-il continuer à courir maintenant ? La réponse à la question était un facteur important de la survie de Sofia.

[Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre si longtemps. J’ai eu quelques semaines chargées auxquelles s’ajoutent une flemme intense é.è Désolé.]