La petite auberge ne payait vraiment pas de mine depuis l’extérieur. Apparemment, c’était une adresse qui se transmettait uniquement par le bouche-à-oreille, d’un voyageur affirmé à un autre. À l’intérieur, la décoration était soignée et chaleureuse avec des meubles solides et simples en bois brut, des tissus bien entretenus et des fleurs fraîches joliment disposées.
Seiren eut à peine le temps de dire qu’elle était une mage de Fairy Tail au réceptionniste, qu’une femme apparue. Elle ressemblerait à toute bonne maîtresse de maison, si seulement elle n’avait pas été à bout de souffle.

Cette dernière saisit soudainement Seiren comme pour vérifier qu’elle était bien réelle et se rassurer. Bien qu’un peu surprise par ce geste, la jeune femme y répondit en posant une main délicate sur celle de la vieille dame et lui assura qu’elle était là pour ça et qu’elle ferait tout pour mettre son mari intrépide en sécurité. Mais par précaution, elle lui demanda de faire venir un dératiseur.

Pendant tout le long de sa descente en direction de la-dite cave, le mage ne cessait de penser à la taille de ces rats. Ils devaient être énormes pour qu’un homme échoue face à eux et en vienne à faire appel à des mages… Et effectivement « énorme » était le mot. Au moins cinq fois la taille normale. Des dents, des griffes et une queue aussi grandes, elle n’en avait encore jamais vu de pareille. Et leurs yeux rouge vif… Effroyables. Seiren eut un mouvement instinctif de recul en voyant ce spectacle de plus d’une vingtaine de rats grouillant sur le sol. Le dégoût la submergeait. Mais c’est un cri d’épouvante qui la ramena à la réalité.

L’aubergiste tentait littéralement de balayer un groupe de rats qui l’assaillait. Il venait d’en tomber à la renverse et les rats se préparaient à lui sauter à la gorge quand Seiren s’interposa et activa son Hiketsu. Et à vrai dire, elle n’y avait pas été de mains mortes. Le premier groupe de rats, mais aussi ceux qui étaient derrière furent tous rejetés contre les murs de pierres, s’écrasant les uns les autres. Le silence régna un instant comme si les deux humains guettaient le moindre bruit, le moindre mouvement de la part de ces immondes animaux. Et rien. Rien ne bougeait. La violence de l’onde de choc se voyait même sur deux des murs qui en garderaient une trace indélébile.
La jeune femme elle-même était surprise de la force qu’elle avait déployée, mais elle mit sur le compte de son dégoût pour ces bêtes. Seiren aida l’aubergiste à se relever. Lui aussi était encore ébahit…

Lorsqu’ils décidèrent de sortir les cadavres de ces bêtes, le dératiseur pointa le bout de son nez et proposa de se charger du reste sous la surveillance de la jeune femme.
Petit à petit, tout en déblayant la cave, il découvrit un trou de la taille des rats dans un coin de mur. Ainsi, ils étaient arrivés par-là. En se penchant d’avantage, une odeur infâme était perceptible et soudain un râle étrange leur parvint. Le cœur du problème se trouvait donc plus loin dans les sous-terrains. Seiren expliqua alors au couple que pour éviter que cette invasion ne se reproduise, elle devait passer par ce trou et trouver le foyer principal. Mais pour cela, elle allait devoir agrandir le passage, avec leur accord. Si la vieille dame hésitait, son mari lui, ne réfléchit même pas et l’y autorisa immédiatement. La tâche fut simple pour la jeune mage qui maîtrisait les ondes électromagnétiques, accentuant ainsi avec précision les vibrations des ondes pour émietter petit à petit les bords du fameux trou.

Mais là où cela se compliquait, c’est qu’elle devait faire preuve d’agilité et de contorsion pour pouvoir tout de même avancer vers son objectif. Pour une fois que les cruels entraînements qu’elle avait enduré par le passé pouvaient lui être utile…
Quelques minutes plus tard, elle atteint une « sortie » et s’y laissa glisser.

Elle devait être sous une rue, non loin de l’auberge, car les bouches d’égouts laissaient filtrer une lumière ocre sur le décor crasseux de ce sous-terrain. S’adosser au mur : même pas envisageable ! Respirer convenablement : impossible tellement c’était insoutenable ! Tout était répugnant et Seiren ne souhaitait qu’une seule chose : sortir de là.

À part le claquement de ses talons qui résonnait, tout était curieusement silencieux et calme. Mais plus elle avançait et plus l’obscurité resserrait son étau. C’était rare mais cette fois-ci, la respiration de la jeune mage était irrégulière, tout comme son rythme cardiaque. La nervosité la gagnait de plus en plus, au fur et à mesure qu’elle tentait d’appréhender ce sur quoi elle allait tomber.


Un bruit à neuf heures ! Seiren se stoppa nette et essaya de percevoir quelque chose, tandis que derrière elle, se dressait une forme indescriptible. La jeune femme sentit un souffle, puis comme un mouvement dans les vibrations. Elle esquiva in extremis ! Se jetant au sol loin devant.
Quelque chose avait frappait avec une force imprévisible. Et cette chose qui se dessinait devant elle prenait une drôle de forme… Une forme mi… Mi-humaine, mi-animale. Ca, ça ne faisait pas partie de ses théories. Elle ne l’avait pas du tout envisagé. Mais ce n’était pas l’heure de bailler aux corneilles. Cette chose difforme se jetait déjà sur elle. Pas préparée, Seiren activa sa technique de rejet au dernier moment et l’effet produit fut donc très faible. À peine éloigné qu’il réattaquait, mais cette fois-ci, Seiren allait riposter.

Il bougeait vite. Anormalement vite. Il paraît ses coups. Trop facilement peut-être. La jeune femme commençait à s’énerver. Et elle se fatiguait plus vite en esquivant elle aussi les coups qu’il lui portait. Elle avait la sensation qu’elle ne devait absolument pas se faire blesser.
Sa technique de déplacement sur les ondes électriques activée, Seiren était largement plus rapide que lui. Et la lumière qui s’échappait de ses gants et de ses bottes semblait effrayer l’homme-rat. Désorienté, elle en profita pour lui asséner, à répétition, de violents coups de pieds comme si elle menait une danse.
Mais lui aussi s’énervait et dans un excès de rage, sa force phénoménale bloqua le jeu de jambes du mage. Coincée alors qu’il allait frapper, Seiren n’eut d’autre choix que d’utiliser son Denba ~ Raitei no seisaku. De l’électricité pure, matérialisée au creux de sa main… Elle frappa en pleine poitrine une seconde avant que lui ne l’atteigne. L’homme-rat s’effondra, relâchant ainsi son emprise.

Seiren mit un petit bout de temps avant de bien comprendre ce qui venait de se passer. C’était elle ou lui et son propre instinct avait assuré le coup. La jeune femme ne savait que penser. Avait-elle tué un homme ou une simple bête ? Elle se releva tremblante, essayant avec frénésie de faire partir des souillures imaginaires.
Une fois calmée, elle refit le chemin inverse jusqu’aux bouches d’égouts et préféra sortir directement par ce chemin. Le dératiseur était devant sa camionnette, garée elle-même juste devant l’auberge. Seiren lui indiqua où récupérer le dernier corps.