| Sujet: Exilé en Rédemption Mar 20 Mar - 19:51 | |
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Adrien Campbell
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Exilé en rédemption Entraînement & Retour
Les nombreux mois étaient passés, ma solitude a eu le dessus. Je ne pouvais pas rester à l'écart de toute cette masse grouillante intelligente bien longtemps. La nourriture se ferait de plus en plus rare dans cette forêt et cette magie qui circulait à nouveau à travers mes veines ne pouvait pas être encrassée trop longtemps. L'accumulation de cette puissance acquise me faisait souffrir rapidement. Le seul moyen de la faire taire était de me mutiler moi-même si je ne devais pas utiliser ma magie. Cette sensation qui me traversait l'esprit me rappelait ces pustules que je m'étais retirées au couteau étant plus jeune. Le seul moyen de m'en sortir était d'utiliser la violence envers moi-même. Cela avait fonctionné, mais des conséquences s'en étaient suivies. Mes plaies s'étaient infectées et le médecin avait été appelé d'urgence. Maintenant, les pustules n'existent plus et je suis muni d'un corps plutôt adéquat. Mes muscles s'étaient développés plus rapidement que prévu pendant mon exil. Était-ce ma volonté d'agir et de volonté qui m'ont fait passer au stade supérieur? Je ne pouvais pas dire que cela m'avait nui, seulement j'en avais profité plutôt rapidement.
Pendant cet entraînement psychologique, je m'étais rappelé les mots de ce mage en mission. Il fallait que je cesse de chercher ce qui m'était tendu à portée de mains. Je me souvenais, je visualisais de ces cicatrices qui couvrent mon corps comme si on m'avait reconstitué. Certes, j'avais une âme qui avait été plongée dans la magie, mais cette magie n'était pas vraiment compatible avec la personne que j'étais réellement: un individu torturé et ténébreux. J'avais été à l'encontre de mon passé, à l'encontre pour oublier, pour passer à autre chose en essayant de devenir comme mes parents: un artiste. Était-ce ce que je voulais réellement? Je ne voulais pas devenir comme eux, je ne voulais pas faire souffrir quiconque avec une manière de penser aussi désordonnée. Voulais-je élever des enfants à mon tour pour faire d'eux des esclaves de la solitude? Non, si je voulais penser comme j'ai toujours penser, c'est de me permettre de faire le bien sans penser aux conséquences. Je ne devais pas craindre ces cauchemars, cette douleur, ces pleurs. Je devais me rendre utile à cette société instable, je devais les faire réfléchir, les rendre mal à l'aise face à la vérité crue.
Je sortis de ma hutte, le regard de braise scrutant l'horizon de ces arbres que j'avais vus plus d'une fois. Avec cette nouvelle magie, j'avais l'impression que quelque chose changeait radicalement. En fait, ce que je remarquais le plus, c'était lorsque je mangeais ces humains crus. Cette nouvelle habitude s'était développée avec l'absence de l'ancienne magie. Étais-je en train de devenir quelqu'un d'autre? Étais-je en train de devenir quelque chose? Mon physique aux traits très humains n'avait pourtant rien d'anormal. De longs cheveux blonds, une peau plutôt blanche, un visage tout à fait masculin. Si ce n'était pas de ces yeux de braise, je serais totalement humain. Je me souvenais pourtant de ces yeux couleur amande avant que mon corps ne devienne marbre. Qu'en étaient-ils? Étais-je devenu un démon en soi? Pourquoi cette lueur du mal s'était-elle imprégnée sur la seule chose que je ne considérais pas comme étant déchue? J'haussai les épaules et m'éloignai du marais. Sur le chemin du retour, j'entendis une personne siffler sur le rythme d'une chanson. Cela tombait parfaitement bien avec mon appétit présent. J'allai donc me cacher dans l'ombre du marais et attendis que ce paysan passe devant moi avant de l'attraper une main à la bouche et l'autre qui l'enlaçais par les épaules. L'homme au chapeau de paille s'énervait que quelques secondes avant que je décide de lui briser la nuque en tournant sa tête violemment d'un côté.
L'homme s'écrasa dans mes bras. Avec délicatesse, je le déposai au sol. Il ne fallait pas que j'abîme ma nourriture et encore moins je me devais de jouer avec elle car elle devenait moins tendre. Cependant, il y avait quelque chose de spécial à propos de cet homme. Juste avant que je mette fin à ses jours, j'avais senti cette présence magique en lui. Je ne connaissais pas son degré exacte, mais je savais que son âme était spéciale, qu'elle avait quelque chose d'avantageux sur les autres. Je déshabillai tout de même le fils de fermier et à l'aide de cette fameuse dague de roche, je l'ouvris et déchirai la chair avec mes mains pour en déguster le contenu. Le coeur cessait de battre lentement alors que je dévorais ses voisins. L'homme, même s'il vivait toujours, ne pouvait plus sentir quoi que ce soit. Les signaux nerveux ne pouvaient plus se rendre au cerveau. Tout en consumant le corps de cet apprenti magicien, je sentais ma puissance magique émaner avec excitation. Quelque chose de nouveau allait se produire, mais ce ne serait qu'à la fin de mon repas que je le découvrirais. L'essentiel consumé, j'écoutais finalement, assis les jambes rassemblées par les pieds, ce qui se disait.
C'est alors qu'une vieille histoire me revint en tête. Elle parlait justement des cannibales qui, à leur mort, devenait des créatures mort-vivantes qu'on appelait goules. Elles continuaient de consumer les humains en secret. Elles attrapaient leur proie en les paralysant et en répandant une maladie. C'était en profitant de leur moment de faiblesse que les goules s'attaquaient à ces humains et les traînaient au loin. J'eus un sourire en coin. Et si je pouvais moi aussi répandre cette certaine maladie ou du moins, paralyser les humains? Toujours assis, je me concentrai sur ce que mon corps reflétait. Cette fois, une nouvelle cicatrice ne serait pas nécessaire. Je ressentais mes pores de peau respirer, la ligne centrale de mes cicatrices encore plus. Je me concentrai ensuite sur ma propre respiration et ce que je passais mon temps à manger. Mon tube digestif répondait aussi positivement. Et si j'étais capable de répandre cette certaine maladie par un gaz? L'odeur de la mort, lorsqu'on n'est pas couvert peut apporter un tas de choses néfastes. Celle-ci pouvait causer des nausées importantes, une faiblesse physique et psychologique et des étourdissements. Il me suffisait de concentrer cette odeur de mort à travers ma respiration et mes cicatrices afin de la faire naître. Plus je mettrai de souffle, plus je mettrai de concentration, plus cet aura de mort aura un rayon important. Je fis quelques premiers essais, sans succès. Le dioxyde de carbone était tout à fait pur et rien n'avait été ajouté. Je forçai donc mon repas à remonter un peu et en concentrant mes efforts magiques, je pus obtenir une respiration à l'aura noire. Je me levai donc debout tout en contenant mon ingurgitation dans l'œsophage, je soufflai de toutes mes forces et l'aura se créa un diamètre de 10 mètres. Je me rendis compte que pour la conserver, je devais garder mon repas semi-digéré dans ma gorge tout en respirant. Je constatai que cela m'empêchera de parler et donc d'utiliser mes cicatrices pour compléter une embuscade. Au moins, cette aura provoquait un noir charbon tout autour, ce qui pouvait être pratique si un assaut dans le noir pouvait être fait. Je vis un oiseau foncer tête première dans le nuage et atterrir durement sur le sol. C'était suffisant pour tuer des animaux sauvages de petite taille, et juste assez pour déséquilibrer un adversaire, le temps de trouver un moyen de s'en sortir. La minute fut maintenue et je vomis cette bouchée que je coinçais volontairement. Je continuai de tousser et cherchai moi-même mon air. Le nuage resta encore quelques secondes avant de s'évaporer. Cette technique, je la répétai et lui donnai un nom afin de la maîtriser:
Mon entraînement se poursuivit en ayant comme cible de m'éviter de vomir le contenu que je conservais dans ma gorge. Je devais aussi éviter de tousser par mégarde. Après cet entraînement de quelques jours supplémentaires, j'étais prêt à partir, prêt à retomber dans le feu de l'action. Je consultais à nouveau mes affaires personnelles qui étaient presque inexistantes. Je regardais le sentier une dernière fois, soupirai et partis le coeur léger, les épaules libérées. J'étais prêt. Comment allait se présenter cette nouvelle aventure? Qui seront mes recruteurs? Qui seront ceux qui auront le poids d'un homme de plus à protéger? Avaient-ils vraiment l'intention de protéger leurs membres? Que désiraient-ils au final? Faire partie d'une Guilde n'avait rien d'exceptionnel, mais c'était nécessaire en soi. Pourquoi? Pour trouver de meilleurs moyens de s'en sortir, pour avoir un minimum de sentiment d'appartenance, pour avoir l'impression de se sentir respecté. Je quittais ce marais le sourire aux lèvres et la conscience moins lourde.
| Adrien : «Il est prêt à sortir du marais, vers un nouveau jour, le coeur moins lourd.» |
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