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Les Blessures de l'Âme [Rencontre] |
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| Sujet: Les Blessures de l'Âme [Rencontre] Sam 17 Mar - 13:54 | |
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Jiro Yu
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Les Blessures de l'Âme Abigail Phoibos & Jiro Yu
[ ... Précédemment ... ] Jiro commence à parfaire les missions d'assassinat qu'on lui offre, mais il reste toujours seul, étranger au Royaume. Une étrange mission pourrait cependant lui faire rencontrer une nouvelle personne...
Une clinique blanche, épurée, à la décoration sobre et simpliste, tout comme le visage froid et distant, symétrique et neutre de Jiro. Il venait pour la première fois de quitter la ville de Crocus, étant arrivé directement dans la capitale lors de son arrivée dans le Royaume, pour la ville de Shirotsume. La ville nordique était glaciale, les rues recouvertes pas des fines plaques de verglas ou d'épaisses monticules de neiges. Jiro n'était pas habitué à vivre dans des paysages hivernaux, et ce fut bien une des premières fois qu'il vit un paysage aussi pur. Beaucoup s'arrêtaient, touchés par le tableau qui s'instaurait devant eux. Jiro, lui, n'avait pas ralenti la cadence. Le regard rivé au loin, il s'était avancé jusqu'à l'endroit dit, la clinique, dans les faubourgs de la ville. Ce n'était que seulement à cet instant qu'il s'était finalement stoppé.
La façade blanche était différente d'une façade simplement touchée par la neige. C'était un blanc plus brut, moins chaleureux, plus imposant, moins envieux. Jiro secoua légèrement la tête pour chasser les quelques flocons coincés dans ses longs cheveux noirs, puis il avança jusqu'à la porte d'entrée qui s'ouvrit automatiquement à son approche. Il arriva dans ce hall où seulement quelques plantes garnissaient l'endroit. Face à lui, derrière le comptoir de l'accueil, un jeune homme en blouse bleue releva la tête et fut assez étonné de voir Jiro.
Homme de l'accueil : « Bonjour et Bienvenue dans la Clinique de rétablissement de Shirotsume. C'est la première fois que je vous vois, d'habitude, nous connaissons les visiteurs qui viennent voir l'état des patients. Vous comprenez, ici, il n'y a que des personnes dans le coma, du coup, les visiteurs se font rares... »
L'expression du visage de Jiro ne changea pas ; il garda son air neutre, indifférent, peu concerné, si bien que l'homme de l'accueil, choqué par le manque de compassion que lui offrait le visiteur, fronça les sourcils d'un air soucieux. Il allait parler quand Jiro le coupa subitement.
| Jiro Yu : « Abigail Phoibos. » |
Deux jours plus tôt... Jiro se trouvait toujours dans l'auberge-bar qu'il occupait depuis son arrivée dans le Royaume, assis de façon inhabituelle à une table du rez-de-chaussé, entouré de quelques ivrognes qui terminaient la soirée dans le bar. L'ambiance était joyeuse, même si Jiro n'y participait pas, et son expression du visage qui ne laissait transparaitre aucune émotion n'incitait personne à l'aborder. Il était descendu de sa chambre uniquement pour ressentir un quelconque contact humain : il n'avait parlé à personne depuis des jours entiers, et rien qu'entendre la voix de quelques ivrognes, même s'ils débitaient des flots d'absurdités, lui faisait oublier son sentiment accru de solitude. Il se trouvait donc là, le regard perdu dans le vide, à réfléchir confortablement, pas une fois dérangé par l'agitation autour de lui, quand soudain une personne s'assit sur une chaise face à lui. Jiro fut arraché à ses perditions et contempla d'un œil neutre, sans afficher aucune surprise, l'homme qui lui faisait face. C'était une personne donc le corps et le visage étaient cachés par une longue cape à la capuche retombant devant ses yeux. Jiro ne pu donc le reconnaître ; chose impossible car de toute façon, il ne connaissait absolument personne omis un jeune mage de Silver Fang qu'il s'était mit sur le dos. Jiro ne parla pas, se contenta de seulement observer l'homme sans dévier le regard, attendant qu'il explique son approche. Il vit alors les lèvres du garçon bouger, et une voix assez mélodieuse, quoiqu'un peu rude, clama quelques paroles.
Une personne donc le corps et le visage étaient cachés par une longue cape à la capuche retombant devant ses yeux : « Bonsoir, jeune homme dont le visage n'affiche aucune émotion. Malgré votre expression, je peux voir qu'au fond de vous, ça s'agite beaucoup. Vous ne serez pas contre un petit boulot, n'est-ce pas ? Vous me semblez bon pour ce que j'ai à vous demander. » | |
| Jiro Yu : « Qu'en est-il ? » |
Une personne donc le corps et le visage étaient cachés par une longue cape à la capuche retombant devant ses yeux : « Une jeune fille se nomme Abigail Phoibos. Elle a participé à une bataille orchestrée par le Conseil Magique récemment, et même si son camp à gagné, elle est tombée dans un bref coma suite aux lourds combats qu'elle a endurée. Elle est donc seule, dans une clinique de Shirotsume, à se rétablir. Et je recherche quelqu'un qui pourrait lui rendre visite. Elle est sans aucun doute en proie à des lourdes réflexions sur elle. C'est le moment idéal pour frapper. Je veux qu'on la brise psychologiquement. Qu'elle perde confiance en ses amis. Qu'elle quitte sa maison. Ses repères. Qu'elle dérive sans espoir. Et un homme dont le visage n'affiche aucune émotion est parfait pour ça. » | |
*
Jiro s'était laissé emporté dans un drôle de contrat cette fois-ci. Il n'y avait aucun meurtre à effectuer, si détruire une personne au niveau psychologique n'était pas considéré comme un meurtre. C'était un travail qu'il n'avait pas l'habitude de faire, même s'il s'en doutait capable. Il l'avait fait quelques fois sur les domestiques de sa maison ; mais justement, il connaissait parfaitement les domestiques, ce qui n'était pas le cas de cette inconnue. Il allait devoir avancer en apprenant à la connaître et, en même temps, la détruire à petit feu. La récompense offerte par l'inconnu était alléchante. Ce dernier, même, avait un charisme fou ; même sans dévoiler une parcelle de sa peau, il avait embobiné Jiro dans sa brève histoire, dans ses ambitions. Et le fait qu'il se soit intéressé à Jiro était flatteur. Le marionnettiste avait automatiquement acquis la certitude que ce travail était fait pour lui.
Il était donc là, dans la clinique, à suivre une infirmière qui le guidait jusqu'à la chambre de sa victime. Elle le laissa à la porte et il entra en silence. Abigail était une jeune fille blonde au visage blanchâtre. Son corps soulevait le drap qui la recouvrait au rythme de sa lente respiration. Même endormie, sa prestance insufflait à la pièce une chaleur agréable. Jiro était son antipode. Il apportait dans le cocon de la jeune fille le froid qui lui nuirait. Il s'approcha de la fenêtre et il l'entrouvrit pour apporter une brise glaciale dans la pièce. Il vit que quelques fleures étaient posées sur une table au pied de son lit, il prit tous les vases et les jeta par la fenêtre pour vider ainsi complètement la pièce. Abigail était seule, à présent. A son réveil, elle verrait que personne ne l'avait attendue, que personne ne l'avait espérée. Elle ne verrait que Jiro, assis à son chevet sur une chaise au dossier confortable. Elle ne sentirait que le froid prenant et révulsant...
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| | | Sujet: Re: Les Blessures de l'Âme [Rencontre] Jeu 22 Mar - 17:29 | |
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Abigail Phoibos
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On rêve tous de voyager au loin, trop loin, pour quitter nos anxiétés, rompre avec nos tourments, les laisser indépendants un instant, et s'oublier à travers les nuages de nos songes. Elle était lavée de tout espoir, bien que la mission se soit soldé sur une réussite, un sentiment d’insatisfaction, de mal être persistait dans son esprit, s’incluant dans un ultime martèlement à l'intérieur de son crâne. Les valses de combats incessantes, les coups de poings qui s'étaient perdus dans le vide. Tout ça, ça l'avait poussé à se réfugier dans l'étreinte de Morphée. Depuis la fin de Légion, Abigail n'avait toujours pas ouvert les yeux. Peut-être par peur, peut-être parce que les rêves avaient ce quelque chose d'idéaliste pour la jeune mage. Ou peut-être pas. Mais le fait est qu'elle était en proie à des tourments et qu'elle refoulée l'envie de se déverrouiller de l’étreinte de Morphée.
Les rêves ont ce quelque chose qui rassurait Abigail. Elle oubliait un peu les maux qui oppressait Fiore, et ses propres angoisses à elle. Karl, le mage qu'elle avait du être contrainte de se battre avait touché des points sensibles. Il avait ébranlé, à l'aide de ses poings et paroles, tout ce qu'Abigail prenait en compte. Ses principes qui s'étaient voulus solides, ses convictions qui s'étaient désirées ambitieuses. Tout s'était fragmenté et Abigail craignait sûrement d'y faire face. C'était par pure peur et lâcheté, dirait-on, et les personnes qui penseront comme ça auront sûrement raison. Abigail fuyait depuis toujours par authentique lâcheté. Mais ça, elle ne se l'avouait pas, par pure lâcheté – encore - de faire face à la dure réalité. Elle s'était voilé les paupières par simple désir de conserver ses utopies. Encore une fois, elle s'était violemment trompée sur toute la route, mais elle ne désirait pas se corriger, pas encore une fois. Le sommeil et les songes étaient encore la seule solution qu'elle avait jugé d'efficace avant de s'y clôturer.
Les méandres de ses plaies intérieures s'étaient embrasées telles qu'elle sentait les flammes de ses doutes calcinaient à l'intérieur d'elle. Malheureusement, ses projets furent entravés par une entité encore inconnue, rejetons ce malheur comme étant la faute du destin. Suite à l'emprise d'un courant d'air froid, les draps se soulevèrent, le vent apporta avec lui son cortège de malheur, pénétrant, il commença à caresser avec froideur le visage endormie d'Abigail, lui sommant de se réveiller, sûrement. Ses paupières s'entrouvrirent légèrement, le temps que la vue s'adapte et qu'elle comprenne dans quel lieu elle se trouvait, la fenêtre était close. Elle pivota légèrement sur le dos, son bras se posa en diagonale sur son visage, puis son nez se nicha dans son coude. Elle soupira légèrement, la détonation émise par le mouvement des lèvres retentit jusqu'à ses tympans. Après maintes efforts, elle finit par se redresser, sa tête pivota par la fenêtre et il y eut ce mouvement de sourcil arqué pour incarner sa crédulité.
D'un nouveau mouvement de tête, elle détecta une présence recluse dans un fauteuil, calme et imperturbable. Tellement imperturbable que ça en devenait intimidant, les sourcils de la mage se plissèrent légèrement. Le frisson traça son cheminement pénible et tortueux jusqu'à venir se loger dans la nuque d'Abigail. Non pas qu'il lui avait réellement fait peur, mais c'est le fait qu'il n'avait pas décroché un mot depuis qu'elle était en phase de réveil. Et c'était notamment angoissant, surtout que ses traits de visage restait neutre, ne dévoilant aucune expression mais elle n'en resta pas pour le moins indéfiniment intimidée. Elle souleva légèrement le drap qui dévoila quelques traces de coups sur ses jambes. Elle les positionna en tailleurs tandis qu'elle siéga confortablement sur le lit. Elle frotta légèrement ses yeux encore endoloris, avant de lancer un :
▬ Bonjour...
Manque d'originalité, bonjour, mais autant restée polie avec une poussière de sourire, ne pas dévoiler ses faiblesses à un inconnu, ne pas s'accabler face à lui, c'était une valeur morale qu'elle s'était inculpée à elle-même.
▬ Permets-moi de te poser la question, mais qui es-tu ? Il ne me semble ne pas te connaître, bien que j'ai la mémoire des visages.
Franche, directe, elle n'aimait pas savoir qu'une personne – de plus, qui lui était inconnu – s'aventure dans l'intimité de son sommeil. Le visage de son homologue semblait inexpressif, on aurait pu le comparer à une statue de cire, c'était juste à la détection de sa respiration qu'Abigail comprit qu'il était bien vivant. La jolie blonde s'accorda une pensée à son amant, Fye. Ou était-il en ce moment ? Selon la nudité de la pièce, les présences qui avaient du l'accompagner durant son état de sommeil n'avaient sûrement jamais du exister.
▬ Je m'appelle Jiro Yu, je suis un médecin étranger à Fiore, mais j'ai appris qu'une grande bataille avait eut lieu et qu'on comptait quelques blessés. Je suis donc passé voir les rescapés. Comment vous sentez-vous, Abigail ?
Comment te sens-tu, Abigail ? Difficile à penser, encore plus délicat à exprimer. Tu vacilles entre deux avis qui te plongent encore plus dans le flou, d'ailleurs il doit le sentir, le dénommé Jiro, que tu n'es pas au milieu de ta forme, bien que tu tentes de faire bonne figure. D'ailleurs, ce Jiro se prétends médecin alors qu'il frôle ton âge ? En temps normal, tu t'en serais méfié par prudence, mais la fatigue et le moral faisaient en sorte de ternir son sens analytique, si bien qu'elle oublia ce détail.
▬ Difficile à dire, c'était ma première expérience réelle en terme de combat, je n'imaginais pas que j'allais rencontrer autant de pression psychologique et autant de blessures physiques. D'un geste, elle dévoila ses jambes marbrées de quelques hématomes. Je n'imaginais pas non plus perdre une jeune mage parmi nos rangs, c'est tout un concentré d'émotions qui fait que, oui, en plus d'avoir des entailles physiques, les mages présents sur l'île on reçut un coup d'émotions en pleine figure.
Elle soupira légèrement, sa main se perdit derrière sa nuque qu'elle craqua légèrement de droite à gauche. Ses yeux clignèrent péniblement, s'emmêlant dans un balais frénétique.
▬ Si vous êtes médecin, auriez-vous vu un garçon dans le coin qui se nomme Fye ? C'est un...ami à moi, je voudrais savoir s'il est dans le coin, si c'est le cas, j'aimerai lui signaler ma présence ici.
Elle s'approcha du bords du lit et posa ses deux pieds sur le carrelage froid, le soleil qui auparavant fleurissait de lumière et laissait échapper des rayons bienfaiteurs se retrouva tout à coup recouvert par une épaisse voûte de nuage, rendant à la chambre un décor plus sombre, les formes des objets furent dévorés par leur propre ombre, celle du prétendu de médecin s'arqua tellement vers Abigail qu'elle eût l'impression qu'elle aussi se ferrait dévorait par l'ombre du garçon.
▬ J'aurais un autre renseignement à vous demander, des mages de Blue Pegasus seraient-ils passés dans le coin ?
Pourquoi tu as le désir de savoir si tu as inquiété les esprits Abigail ? Ne t'a t-on jamais dit que la curiosité est un vilain défaut ?
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| | | Sujet: Re: Les Blessures de l'Âme [Rencontre] Dim 25 Mar - 13:03 | |
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Jiro Yu
| « Ding Dong. »
Ainsi se réveilla la jeune Abigail, comme poussée par le bruit des clochettes glacées, animée par le glas démoniaque qui l'obligeait à sortir du sommeil. Pourtant, aucune peur, aucun frisson d'appréhension ne la troublait ; son instinct de survie ne semblait rien lui confier. Elle n'avait pas senti Jiro, qui s'était fondu dans le décor de la maigre chambre, et se réveillait en prenant son temps, persuadée qu'elle était seule.
« Enfin, le déclic. »
Elle sentit la présence. Elle se tourna presque trop rapidement vers lui, observant le visage dénué d'expression, le visage de marionnette, et là, finalement, elle obtint ce que Jiro espérait. Un frisson. Presque imperceptible. Mais dans son œil, sa pupille, légèrement dilatée sous l'émotion virulente qui la prit l'espace de quelques millisecondes, la trahit. Ce phénomène ne dura que quelques brefs instants. Quelqu'un qui ne s'en souciait pas ne l'aurait pas remarqué. Mais Jiro n'attendait que ça. L'arrivée de la peur. Le premier signal qui condamnait d'office sa victime. Même si désormais, la jeune Abigail avait oublié son effroi éphémère, Jiro savait que la porte restait ouverte. Quand elle avait vue Jiro, la porte de la terreur, dans sa petite tête, s'était ouverte, et au-delà, elle avait vu les deux grands yeux rouges qui perçaient la lumière et la terrorisait. Maintenant, les yeux s'étaient refermés. Mais la porte était restée entrouverte. Et un soupçon d'émotion trop brusque pourrait forcer la peur à se réveiller à nouveau, à ouvrir les yeux et montrer ses dents.
Abigail Phoibos: « Bonjour...Permets-moi de te poser la question, mais qui es-tu ? Il ne me semble ne pas te connaître, bien que j'ai la mémoire des visages. »
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Elle avait parlé en oubliant presque ses soucis, comme si elle n'avait pas été troublée un instant, et comme si tout allait pour le mieux. Mais c'était difficile de rester insoucieux face à l'expression dénuée d'émotion du jeune Yu. Il y avait ceux qui, d'emblée, perdaient leur sang-froid. Abigail, elle, était plutôt douée pour rester confiante. La présence étrangère qu'il était ne l'effrayait plus pour l'instant. C'était tant mieux ; elle resterait lucide quelques temps avant qu'elle ne devienne son pantin, et Jiro aimait ça, la lucidité. C'était en quelques sortes son antipode. Il était le marionnettiste. Son contraire, c'était la lucidité. Si les marionnettes étaient lucides, alors il n'aurait plus aucune importance, lui. Mais il aimait flirter avec son contraire, son opposé, avec ce qui pourrait le nuire. Un sentiment masochiste, mais puissant ; plus il plongeait vers le danger, plus il ressentait une émotion jouissive en émergeant.
| Jiro Yu : « Je m'appelle Jiro Yu, je suis un médecin étranger à Fiore, mais j'ai appris qu'une grande bataille avait eut lieu et qu'on comptait quelques blessés. Je suis donc passé voir les rescapés. Comment vous sentez-vous, Abigail ? » |
Impossible de savoir qu'il mentait, car à part sa bouche, rien n'avait bougé sur son visage. La jeune fille aux yeux bouffis ne semblait pas y prêter attention. Elle n'était pas dans son état normal, elle portait plutôt vers l'insouciance et la frivolité du sommeil. C'était dommage, d'un côté ; Jiro s'était attendu à quelque chose d'intéressant à cerner. En effet, le commanditaire de la mission semblait assez sérieux et déterminé, si bien que Jiro, en écoutant son récit, s'était forgé une image d'une Abigail puissante. Mais elle s'était éraflée psychologiquement après la bataille qu'elle avait vécue, et elle était encore plongée dans un semi-coma, où toutes ses facultés mentales ne s'étaient pas réveillées. Jiro était convaincu qu'il pourrait facilement en faire une marionnette ; mais ce n'était pas le but de sa mission. Il devait combattre la lucidité, réussir à contrôler la conscience affaiblie d'une jeune femme. C'était un challenge assez intéressant.
Abigail Phoibos : « Difficile à dire, c'était ma première expérience réelle en terme de combat, je n'imaginais pas que j'allais rencontrer autant de pression psychologique et autant de blessures physiques. Je n'imaginais pas non plus perdre une jeune mage parmi nos rangs, c'est tout un concentré d'émotions qui fait que, oui, en plus d'avoir des entailles physiques, les mages présents sur l'île on reçut un coup d'émotions en pleine figure. » | |
Oui, elle avait raison, elle s'était prit un coup en pleine figure. Ses cheveux emmêlés, ses yeux gonflés, son teint assez blanchâtre et ses lèvres presque craquelées. Jiro se leva soudainement, tout en dévisageant la patiente, pour se rendre au chevet de son lit. Il détacha le dossier médical d'Abigail et le feuilleta, s'appliquant à feindre un certain intérêt au jargon médical dont il s'en fichait. Abigail le suivait du regard, et lui posa une nouvelle question.
Abigail Phoibos : « Si vous êtes médecin, auriez-vous vu un garçon dans le coin qui se nomme Fye ? C'est un...ami à moi, je voudrais savoir s'il est dans le coin, si c'est le cas, j'aimerai lui signaler ma présence ici. » | |
Jiro tilta intérieurement. Un ami ? C'était donc le premier obstacle qu'il devait défaire. Il feignit de rechercher tout au fond du dossier et trouva à tout hasard une drôle de feuille. C'était un tableau, indiquant la date et le nom des visiteurs, ainsi que leur lien avec la patiente. Il était vide. Il y avait en réalité une feuille identique dans le dossier, remplie de quelques noms, et celle qu'il venait de trouver était un second exemplaire au-cas-où la première était totalement remplie. Jiro lui donnerait la simple copie. Et elle n'y verrait que du feu.
Abigail Phoibos : « J'aurais un autre renseignement à vous demander, des mages de Blue Pegasus seraient-ils passés dans le coin ? » | |
Il tilta à nouveau, une autre idée émergeant dans sa tête. Il retourna au début du dossier, et vit sur la première page qu'elle avait été transférée d'un autre établissement. Il prit un air conciliant, ce qui était difficile avec son expression inéchangeable, et il lui tendit la feuille présentant le tableau vide.
| Jiro Yu : « Les hôpitaux ont tous le même système de dossier. Voici votre feuille de visite ce dernier mois. Dans l'ancien hôpital où vous avez atterri et dans cette même clinique, personne n'est venue vous voir. » |
C'était quelque chose de lourd à entendre, la confirmation de sa solitude. Jiro aurait pu sourire s'il était capable de transmettre ses émotions sur son visage. Un sourire troublant, pernicieux. Ce sourire se matérialisa dans son regard. Des dents qui étaient prête à se resserrer autour du cou d'Abigail. La porte intangible entre eux deux. Abigail, face à elle, et de l'autre côté, Jiro. Jiro, la matérialisation de sa peur.
| Jiro Yu : « Mais ce n'est pas si grave. Nous avons bien pris soin de vous, Abigail. Vous êtes en de bonnes mains, ici. » |
« Les yeux qui s'ouvrent. Les dents qui claquent. Ding dong, Abigail. Le glas funèbre qui annonce la fin de ta jovialité. Le glas funèbre qui annonce les prémices de ta solitude future et de la déchéance de ta vie... »
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| | | Sujet: Re: Les Blessures de l'Âme [Rencontre] Sam 31 Mar - 18:20 | |
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Abigail Phoibos
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Un peu de rêve en poudre, un zeste de convictions défectueuses, une cuillère de quelques méandres aux plaies fracturées, ajoutez à ça une pincée de propos brisant, et vous avez la recette du désespoir. Abigail était assise et les paroles s'étaient entrechoquées contre son visage, claquant violemment contre ce dernier, les propos de Jiro l'avait heurté de plein fouet, aussi brutale et glaciale qu'une simple gifle. Peut-être parce qu'était-ce la vérité et qu'Abigail avait voulu y échapper ? Sa main, indécise, parcourut de légers tremblement saisit la feuille avec une certaine once d'appréhension. Ses yeux se perdirent entre les cases vides de toute écriture, mais elle n'ajouta rien, et n'omit aucune suggestion. Ses iris se voilèrent d'une certaine tristesse, peut-être parce qu'elle l'était, mais elle ne pouvait en vouloir à qui que ce soit, la fautive, dans tout cela, c'était elle. Elle aurait pu en parler à Fye, mais elle n'avait pas jugé ça utile. Elle aurait pu en parler à d'autres personnes, mais elle avait déclaré cette mission comme un simple détail aberrant. Ce petit quelque chose qui fait que, elle n'en avait tout simplement pas parlé, et que si elle était seule, c'était parce qu'elle l'avait elle-même cherché.
Ses lèvres se tordirent légèrement en un léger rire teinté d'une certaine mélancolie. Seule, oui tu l'as été seule, ce n'est plus comme si ça t'atteignait, désormais. Tu es seule, tu l'as toujours été et tu le seras sûrement toujours. Peut-être finirait-elle sa vie seule, recluse, comme son frère ? Peut-être qu'elle, elle ne pourrait jamais toucher l'éclat du soleil et devrait se contenter des rayons crus de la lune. Son rire se percuta légèrement contre les murs de la chambre, puis elle reposa la feuille sur le lit. Sa main se perdit dans ses cheveux emmêlés, ses doigts s’égarérent sur sa nuque, simulant quelques grattement de gêne.
▬ Eh bien, j'imagine que je l'ai bien cherché.
Elle se questionna un instant, le médecin devait sûrement la prendre pour une pauvre folle, elle était victime de cette bataille et de sa solitude, et elle, elle en riait. Mais c'était un rire pour lui permettre de tenir et de ne pas se tordre de désespoir face à lui. C'était une technique assez vive et efficace. Si bien qu'elle resta stoïque un instant, ses réflexions lui faisaient vibrer l'âme. Elle avait cru en des idéaux ratés, elle avait cru en des choses auxquelles elle n'aurait jamais du croire. Elle avait voulu chercher la chaleur d'une étreinte, mais elle s'était retrouvé enchaînée au froid glacial de cet homme. Mais était-il réellement aussi impassible que son visage le montrait ? Peut-être que ses traits étaient figés, mais les sentiments ne peuvent pas rester indéfiniment sous contrôle. Elle se leva subitement et se dirigea vers la fenêtre.
Contemplant seule la beauté des paysages enneigés, Abigail ne tente plus d'échapper à sa solitude et aux inclémences de la saison. Alors que son esprits se plongent dans des songes vides d'intérêt, son âme à elle s'égare dans les délectations des moments de solitude. Elle est las d‘espérer. Abigail, elle, désire assimiler rien d‘autre que d‘être envahi par des sentiments contradictoires. Le mécanisme qui fait battre son cœur est sur le point de dérailler. L'adynamie détériore les rouages de la mécanique de son organe vital. Elle a froid ; les flocons offerts par le ciel se déposent sur ses pensées. Son cœur se glace. Mais elle reste là, et la neige ne cesse de tomber. Soudain, elle ressent une brûlure à l’esprit ; le contact est si bref qu'elle n'a pas le temps de ressentir la douleur, pourtant par réflexe elle recule. Son torse pivote mécaniquement vers Jiro Yu, et ses pas la guident machinalement jusqu'à lui. Elle était assez proche de lui, désormais.
Ses mains qui balançaient contre son flanc saisirent les mains de Jiro Yu. Elles étaient froides, aussi glacées que l'hiver, peut-être, peut-être pas. Le fait est qu'Abigail fit en sorte de transmettre un peu de sa chaleur dans celles du prétendu médecin.
▬ Vos mains sont froides.
Ses doigts étreignirent ses mains pendant quelques minutes, ses yeux était bas, sa voix était basse, son menton était bas. Pourquoi es-tu si froid, Jiro yu ?
▬ C'est dommage, je suis sûre que si elles étaient un peu plus chaudes, elles seraient chaleureuses.
Le ton monocorde n'avait pas évolué entre le débit de ses phrases. Elle déverrouilla les mains de Jiro de son étreinte, et s'avança à ce qui ressemblait d'une armoire. Elle saisit un pull blanc large qu'elle enfila. Puis retourna à sa position initiale.
▬ Je pense aller mieux, je vais donc partir.
Retiens-toi, Abigail, ne succombe pas tout de suite au désespoir. Tu été seule dès le début, pourquoi penses-tu que ça aurait pu être différent avec Fye ? Pourquoi as-tu eu l'idiotie d'y croire ? Sa mâchoire se serra légèrement, pourtant tout ce concentré d'émotions se mua en un sourire. Petite Abigail, tu arrives encore à maintenir tes quelques émotions. Mais tu sais, ma douce, tu sais que lorsque tu franchiras le seuil de la porte, tu craqueras. Tu sais que cette fois-ci, tu te laisseras emporté, oh oui, tu sais que tu te laisseras emporté par ce cortége de malheur qui s'est immiscait dans ton âme. Tu as mauvaise mine, on dirait que tu vas encore plus blémir pour te confondre avec les murs de la chambre, et ton sourire, Abigail, se dissipe un peu plus. Par simple geste de courtoisie, elle s'abaisse vers lui pour le saluer et ouvre la porte.
J'ai mal.
Sa foulée s'allonge pour se transformer en une course contre ses propres souffrances.
J'ai si mal.
Elle descend les escaliers vivement, se jette sur la porte de sortie pour apperçevoir les flocons aussi purs s'abattre sur ses épaules aussi souillées.
Je suis seule. Je l'ai toujours été, et je le serais toujours. J'ai tellement mal.
Il fait froid, les morsures de l'hiver lui arrache quelques frissons, elle se tourne vers sa chambre pour voir si elle y distingue une silhouette, si c'était le cas, elle ne l'aurait pas vu. Elle s'apprêta à marcher lorsqu'elle percuta un fragment. Un fragment de vase. Elle se pencha pour le ramasser, resserra ses doigts autour de ce cadavre de verre.
▬ Peut être que je suis un peu comme ça, moi aussi, un peu cassée.
Et après ce murmure, tu prends ton envol et disparaît entre les flocons.
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| | | Sujet: Re: Les Blessures de l'Âme [Rencontre] Dim 1 Avr - 14:27 | |
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Jiro Yu
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Une craquelure. C'est ce silence profond et sincère qui s'est brisé. La jeune Abigail Phoibos, son regard traversant la feuille, fut brisée, craquelée de toute part, blessée pour qu'on ne puisse la guérir. Elle fut prise d'un accès de folie, une démence profonde, une réaction innée, dénuée de sens, mais pourtant, juste. La justesse de son rire fut glaciale, et même Jiro en fut étonné. Des soubresauts, des hoquets, un éclat à ne pas en finir. Le visage tordu dans un faux sourire. Personne n'était dupe. Abigail venait d'être tuée.
Abigail Phoibos: « Eh bien, j'imagine que je l'ai bien cherché. » | |
Sans doute, ou peut-être pas. Étrangement, Jiro se questionna sur les motivations de la personne dont le corps et le visage étaient cachés par une longue cape à la capuche lui retombant sur les yeux. En temps normal, jamais il ne se posait de telles questions. Il venait, il tuait, il repartait. C'était la règle de base. Mais était-ce un temps normal ? Est-ce que le temps était normal depuis la mort de sa famille, et le suicide inespéré des survivants ? Non. La normalité lui faisait défaut. Il avait honte à se le dire, mais il était aussi étranger à Fiore qu'à chaque partie du monde. Il venait d'ailleurs, il n'était pas un homme. Il ne pouvait comprendre les gens tout comme personne ne pouvait le comprendre. Oh, bien sûr, il comprenait quelques trucs, du genre les mécanismes de la pensées. Ce genre de trucs qui servaient à manipuler les gens.
Sa mission était terminée, il le savait. Abigail, dans une valse lente et presque malsaine, s'approche de la fenêtre, hypnotisée par la tristesse de sa condition. C'est le moment idéal pour prendre la fuite. Mais il ne le fit pas. Quelque chose le retenait sur place, tout comme sa précédente mission. Il avait tué un homme pour le simple contact avec le commanditaire. Le meurtre n'avait été qu'une banalité, la récompense avait été le sourire de l'homme. Il s'était demandé si rejoindre une guilde, comme l'homme de Silver Fang, l'aiderait à se guérir. Car il fallait qu'il guérisse, qu'il sorte de sa torpeur machinale, qu'il stoppe d'être si éconduit par la solitude. C'était mauvais pour lui, il le sentait. Il ne ressentait plus le plaisir de tuer quand il n'y avait plus personne pour être fier de ses actes. Et sa famille envolée, qui pourrait être fier de lui ? Devait-il rejoindre une guilde où ses actes seraient récompensés et reconnus ? Mais cette Abigail était tellement seule, même si elle appartenait à une guilde, elle-aussi. Bien sûr, il y avait les réels visiteurs, ceux qu'il avait caché à la jeune fille. Mais pourtant, un seul mensonge l'avait conduite à sa perte. Elle n'a pas semblé remettre en question une seule fois l'annonce de Jiro. Comme si elle s'en était toujours douté, comme si elle l'avait toujours sue. Guilde ou pas ; entourée de camarades ou non, sa solitude l'avait suivie. Ce qui avait été, l'espace de quelques instants, une solution pour Jiro, apparut soudainement comme une triste issue. Mais alors, pourquoi restait-il là, à contempler la silhouette déchue ?
Pour savoir si elle allait se relever. Si elle allait sauter par la fenêtre, si elle allait fuir Jiro, l'annonciateur de l'apocalypse, l'émissaire de la solitude, l'ange de la mort. Si elle allait tourner le dos à son destin, si elle allait foncer retrouver sa famille, ses amis, ou ce qui compte vraiment pour elle. Si elle allait combattre la fatalité de sa vie pour un avenir meilleur. Mais non. Elle se retourna vers Jiro, acceptant la triste vie qui l'attendait. Elle s'y était résignée, en quelques minutes, et semblait convaincue que jamais elle ne retrouverait le sourire. Elle s'approcha de Jiro, prête à se faire enlacer par le désespoir, et elle lui prit ses mains.
Le Contact. Un tourbillon d’émotion virulente, les typhons perdus des pensées envolées d'Abigail qui s'offraient à lui. Il était un pantin, il était dans le corps de son frère, et sa perception de la vie était différente. Son toucher n'était pas un toucher normal. Mais les paumes d'Abigail furent cependant un signe de vie des plus puissants. La chose fut indicible pour Jiro, qui se contenta de rester immobile, froid, stoïque, désemparé par l'effet produit.
La seconde suivante, Abigail avait disparue.
Fugitifs ; ces sentiments profonds et dénués de sens, mais pourtant bien présents. Abigail lui avait offert ses dernières forces, la dernière chaleur qui alimentait son petit corps dans l'espoir que Jiro puisse la sauver sans doute du précipice. Mais Jiro n'avait rien fait. Pendant quelques instants, le temps de leur étreinte, où leurs doigts s'étaient emmêlés, Jiro avait senti qu'il avait en lui le pouvoir. Le pouvoir de la retenir, de la sauver, de faire quelque chose pour elle. Mais il n'avait rien fait. C'était quelque chose de totalement inconnu, un fait inédit, pour lui. Il tuait, et c'était une évidence. Mais jamais il n'avait ressentit une soupçon de plaisir en voyant la possibilité devant lui de sauver quelqu'un. Il y avait le chasseur, et le chassé, disait son grand-père. Celui qui devait tuer, et l'autre qui devait mourir. Et pour une fois, Jiro n'avait pas eut la vocation de devoir tuer. Cela faisait-il de lui le chassé, s'il n'était pas le chasseur ? Non. La vision machinéenne du monde de son grand-père était fausse. Pour la première fois, Jiro le comprit. Il se rendit compte qu'il y avait une troisième issue.
Il restât ainsi quelques minutes de plus immobile, debout au milieu de la chambre vide, agressé par ses réflexions sauvages. Il ressentit une sorte de pulsion lente, qui grandissait en lui. L'éboulement d'une de ses conviction, la remise en cause des paroles de son grand-père, voilà ce qui provoquait en lui un émoi profond. Abigail était un pion qui avait été le contre-exemple concret qui nuisait à la parole du vieux Yu. Jiro avait voulut tuer Abigail, non physiquement, mais mentalement. Il l'avait fait, en quelques sortes. La jeune Abigail avait fui. Elle s'était échappée, elle n'avait pas pu combattre son destin. Elle s'était perdue, et Jiro pouvait donc considérer que sa mission était réussie. Mais pourtant, il avait soudainement eut l'envie de ne plus le faire. Il était lui-même seul et tordu par la solitude, éreinté par la tristesse que cela lui procurait, soumis à vivre machinalement, déterminé à avancer, mais sur une corde raide, avec pour seul objectif la vie devant lui, sans autre issue. Il avançait droit devant lui mais personne ne se dressait sur son chemin. Car les personnes qui étaient sur la ligne droite finissaient par mourir de sa main. Était-il la cause de sa solitude ? Et pourquoi se sentait-il si mal d'avoir infligé ça à une inconnue, alors que lui même mourrait presque à cause de ça ?
Qui était Abigail Phoibos ? Méritait-elle l'isolement, la fin de toute joie ? Lui-même, Jiro Yu, monstre inhumain, étranger à l'homme et aux vertus morales de l'humanité, croupissait face à l'isolement. Peut-être devait-il le mériter à cause de ses péchés. Mais cette jeune femme était-elle aussi étrangère que lui ? Venait-elle, elle aussi, d'ailleurs ?
Le surplus de questions s'éternisa, si bien que son corps ne répondait plus. Le soleil glissait sur les murs de la chambre, les flocons sur la vitre disparaissaient dans la nuit, quand un infirmière ouvrit la porte, et s'arrêta net de voir un inconnu au milieu de la pièce et la patiente disparue. Jiro, arraché à ses pensées chaotiques, se retourna vers elle. De voir cette pauvre femme lui donna un sentiment de rage quasi incontrôlable. Il eut subitement envie de la tuer. De déverser sa haine sur elle. Comme si la violence allait lui offrir les réponses à toutes ses questions, comme si la mort allait lui offrir le cheminement vers la vérité. Il s'apprêta à lever la main tandis que les jambes flageolantes de la femme s’apprêtaient à se dérober sous son corps tellement la peur l'avait prise. Mais il se stoppa, au dernier moment. Ses parents lui avaient ordonné de ne pas s'attaquer aux innocents. Même si leurs paroles était désormais remises en question, ce fait perpétuait en lui. Il n'allait pas tuer cette pauvre femme. Il passa à côté d'elle, tandis qu'elle tombât à terre de peur et d'étouffement, et il sortit de l'hôpital, guidé par il ne savait quoi qui lui donnait la force de placer un pied devant l'autre.
A la sortie de l'hôpital se trouvait une personne dont le corps et le visage étaient cachés par une longue cape à la capuche retombant devant ses yeux. Jiro eut l'envie sourde de le questionner, de lui demander si Abigail méritait tout cela, de savoir ce qui l'avait poussé à avoir l'envie de la briser. Mais c'était contre les règles, et Jiro n'avait pas la force de braver l'autorité qui s'exerçait encore sur lui. Pour ne pas succomber, il ferma les yeux et incanta un sort.
Son esprit se dégagea de son corps. Son corps, désormais, agissait comme une marionnette, et avec pour seul but de rentrer à l'auberge. Les déambulations de l'esprit de Jiro n'allaient pas interférer sur son corps qui était désormais des plus immobiles.
Une personne dont le corps et le visage étaient cachés par une longue cape à la capuche retombant devant ses yeux : « Bon boulot, voici l'argent. » | |
Jiro, qui voyait la scène d'un œil extérieur, se demanda comment l'homme pouvait être au courant du résultat. Il ne pu poser la question car il n'avait plus le contrôle de son corps. Son corps obéissait à une seule règle : rentrer chez soi. Le corps entama une marche robotique, s'avança vers la silhouette mais ne prit pas l'argent, et continua tout droit vers Crocus.
Une craquelure. Non pas pour Abigail, mais bien pour Jiro Yu. Le jeune homme se retrouve, une fois de plus, désemparé face à ses questions, et en revient à abandonner tout contrôle de son corps, à s'automatiser, pour ne pas déborder d'un trop plein d'émotions qui le trahiraient.[ ... A Suivre ... ]
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| | | Sujet: Re: Les Blessures de l'Âme [Rencontre] Ven 13 Avr - 23:27 | |
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Abigail Phoibos
| . La sonnerie qui annonce la fin d'une vie perturbée est sur le point de retentir. Abigail range ses songes détruits un à un. Elle clôt son esprit et l'alarme carillonne. Ses déplacements lassent s'harmonisent avec les secondes qui dérivent. Elle court pour se heurter contre une face qu'elle songeait avoir reniée, caché sous des sourires factices, sous des paroles conciliantes falsifiées. Arrivé sur le haut d'un toit, elle se stoppa dans son élan. Ses doigts bourdonnèrent d'une affliction auparavant méconnaissable, elle courba l'échine, avant d’asséner son poing contre le sol. Sous l'impact de ce dernier, une légère fissure apparut. S'ensuivit de plusieurs coups, rongeant le sol de sa culpabilité. De légères marques bleutées apparurent, mais son aliénation la possédait et tandis qu'elle alimentait la fissure du sillon de ses blessures, ses pensées sévissaient douloureusement son crâne. Entamant un périple sinueux entre ses songes dérisoires et sa mentalité à présent fragmentée.
Tout ça c'est de ma faute, pourquoi suis-je aussi naïve ? Pourquoi tout ça devait-il arriver maintenant ? Pourquoi je. Je... Je...j'ai tout perdu.
Tout perdu, à la ligne, point. Un petit point qui ne signifie plus rien pour Abigail. Son amour pour Fye ne parviendrait pas à la ramener à la réalité. Il lui fallait quelque chose sur laquelle agripper avant de sombrer indéniablement dans le gouffre de sa souffrance, quelque chose, un soutien. Mais même si elle avait beau chercher, rien. Son poing conclut son geste de détresse, et elle se stoppa enfin. Elle glissa sa main usée et maladroite au niveau de ses cheveux, emmêlées, brouillon. Petite Abigail, tu es vraiment une souillon. Elle se releva et manqua de s'écraser lamentablement au sol plusieurs fois. Lorsqu'elle allait s'avancer, une silhouette apparut devant elle, vêtu d'une capuche qui dissimulait son visage. Un spasme la saisit, et elle pencha la tête sur le côté, cherchant à dévisager la personne masquée qui lui faisait face. Ses paupières clignèrent gracieusement, qui était-il ? Elle ouvrit enfin la bouche.
▬ Emil ?
Emil était vêtu d'un accoutrement similaire lorsqu'ils se rencontrèrent pour la première fois. Bizarrement, à l'attitude de l'homme, ce n'était pas lui. Elle se mordit la lèvre pour ne pas s'enfoncer un peu plus qu'elle ne l'était déjà.
▬ Non, ce n'est pas Emil. Je vois que tu ne me reconnais pas ?
Elle avait envie de lui injecter son venin, mais ses lèvres se scellèrent, sèches, et aucun propos ne purent être éjecter de sa bouche. Elle avait envie de hurler, taper dans tout ce qui bougeait, pourtant elle gardait un contrôle de soi qui était absolument effrayant. L'interrogation de l'homme l'agaça au plus haut point, elle restait à genoux au sol, sans pouvoir se mouvoir comme elle le faisait. Sans pouvoir faire quoi que ce soit d'autre que de fixer la silhouette.
▬ Qui es-tu ?
A peine posait-elle la question qu'elle se rendit vite compte de la réponse ; Nathaniel. Il avait confirmé son identité en s'approchant d'elle. Il avait posé un genoux au sol, le dos de sa main caressait la joue de sa sœur. Abigail restait stoïque, son poing cessa de bourdonner par ses tourments intérieurs et elle regarda l'homme, désintéressée. Son jumeau, sa moitié, son tout se trouvait devant elle. Elle aurait pu être heureuse, lui sauter dans les bras, le frapper. Un tas d'émotions bourdonnaient dans sa tête tel qu'elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. La caresse de son frère se voulait fraternelle, mais elle ne bougeait toujours pas.
▬ Nath.
C'était dans un souffle, une comptine, mais il ne répondit pas. Il ne disait rien, et à travers sa capuche qui lui dissimulait le visage, elle distingua un sourire carnassier, un sourire qui paraissait satisfait.
▬ Je te l'avais dis, tout ça. Tout ces gens, c'est du faux. Au fond, Abigail, tu as toujours été seule. Mais moi, j'ai toujours été là, toujours pour toi, ma sœur. Je t'ai toujours surveillé comme un grand frère le ferrait. Abigail, personne d'autre que moi n'est sincère avec toi. Personne ne t'aime autant que moi, ton propre frère. ▬ Ne dis pas ça...s'il te plaît... ▬ Prouve-moi que j'ai tords. ▬ Ferme là !
D'un mouvement vif, elle éjecta son poignet et le repoussa violemment sur le côté. Elle reprit son envol et bondit de toit en toit. La silhouette de son frère se dissipa par sa vue, consumait par l'écume qui roulait le long de ses joues. Elle s'arrêta dans une ruelle et siégea sur un banc, en pleine réflexions sur elle-même, sur le comment dont elle avait vécu, sur la présence de son frère. Sa colère se faisait ressentir par les veines qui battaient jusqu'à se rompre sous sa chair. Un vieillard était assit, mais elle l'ignora. Pourtant, le vieux sénile s'approcha d'elle.
▬ Oh, vous, ça a pas l'air d'aller ma petite. ▬ Je crois qu'il y a des coups durs qu'il faut accepter. Mais cette fois-ci, je ne peux plus. ▬ Trop d'accumulations ? ▬ On peut dire ça. ▬ Tu sais, ma p'tite, y'a des moments comme ça, ou l'on croit que tout le monde nous tourne le dos. Mais ne te hâtes pas dans tes réflexions, mon oisillon. Imagine que c'est peut-être toi qui tourne le dos au monde. ▬ Je ne pense pas, je suis un monstre. ▬ Comment ?! Ne dis pas ça, voyons, petit oisillon ! ▬ Si...je ...je ...me suis vue dans le reflet de vos yeux.
Ses lèvres se pincèrent de nouveau et elle réprima de nouveaux sanglots. A travers ses pensées, quelque chose d'enfin lucide lui parvenu à son cerveau, son ancienne ville. Il fallait qu'elle se mette face à son propre passé, à ses propres peurs ou démons. Elle ne voyait que ça pour parvenir à un avenir idéal et meilleur. Un quelque chose qui n'entraverait plus ses pensées. Elle ignora les paroles faussement réconfortantes du vieillard et sortit de la ville.
Et cette fois-ci avec un nouvel objectif qu'elle ne jugerait pas de factice, peut-être avait-elle trouvé une branche pour reposer ses ailes déplumées.
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