Alors que les premières lames que j'avais envoyées étaient déjà lancés, je ne prenais pas la peine de les guider sur mon adversaire après son esquive mais directement dans créer d'autre. Alors que les petites masses d'eau commençaient à se positionner en plusieurs demi-cercles au dessus de moi, le corbeau faisant quelques sauts sur lui même pour esquiver la première attaque.
Tiens, je crois que celui-ci avait compris qu'il ne fallait pas prendre son temps mais directement contre attaquer avant ma prochaine offensive pour éviter les enchainements comme celui-ci. Alors que je prenais soin de prendre beaucoup de temps pour cette attaque là pour augmenter le tranchant des lames, la grandeur de ces dernières, et de pouvoir les contrôler plus facilement au cas où il esquiverai, mon adversaire revenais à l'attaque. Créant une lame sur son bras, il ne jouait plus au dentiste mais directement au bucheron. Il aimait les métiers de brut, ça, on pouvait en être sûr.
Ma douleur au bras que j'avais eu en tombant tout à l'heure commençait à s'estomper et le géant qui se trouvait là haut commençais à couper deux ou trois arbres.
Mince... je savais ce qu'il voulait faire. S'il réussissait à me faire bouger et me déconcentrer, mon attaque serait perdue. Et là, deux troncs d'arbres dévalèrent la pente en ma direction. La seule solution était de me protéger et donc de perdre mon attaque. Ce que j'allais trancher à présent, ce n'était plus mon adversaire. Mais son attaque en elle même.

« Ok, on va trancher ces petits bouts de bois.
Water Blade ! »

Les lames d'eau foncèrent directement sur les troncs d'arbres. Aller, cette fois, on y allait sérieux. Et en plus, au corps à corps. Je pris mon katana, enleva le fourreau, et, le gardant avec la lame derrière moi, je montais en courant la pente en même temps que les lames d'eau.
Au moment où ces dernières coupèrent en tranches les troncs, je me cachais derrières eux et fonça près de mon adversaire, l'arme à la main, prêt à jouer au chef cuisinier avec mon adversaire. La lame argentée faites d'un matériaux presque indestructible reflétait la lumière du soleil. Maintenant que j'y pense, la lame n'était plus sortie de sa protection depuis un bon bout de temps...

Je mettais mon corps complètement à découvert. Mais s'il voulait s'en prendre à moi au corps à corps, cette fois-ci, la lame d'argent était sortie de sa cachette.
Par contre, à force de concentrer mes attaques au niveau de la puissance, même si j'utilisais l'eau du lac, mon pouvoir commençais à faiblir. Je n'allais plus tenir très longtemps, il fallait en finir vite.

C'était le moment. Là où la lame de sang de l'adversaire arrivait vers moi. Je n'avais en aucun cas la pensée de la parer avec la lame de mon katana mais de directement l'attaquer lui. Au pire, je m'étais mon corps en exposition de découpage gratuit...
Coup de chance, alors que la lame de sang arrivait droit vers mon bras, mon katana se planta sur le bras du Corbeau. Laissant tomber son attaque, il recula difficilement et quelques paroles sortirent de sa bouche.

« Dis dooooonc! Il y en a des gamins à l'avenir prometteur dans le coin! Je crois bien que je vais m'y plaire! Après un tour rapide à l'infirmerie, tu me fileras tes vêtements que je les lave. C'était dans le pari, non? »

En y pensant, je savais qu'il aurait pu encore combattre, l'endurance ne lui manquait pas et son pouvoir magique semblait encore, en une partie, présent en lui. Ses joues étaient rouge. La chaleur surement. Avec le peu de pouvoir magique qui me restait, je soulevais doucement une grande masse d'eau du lac près de nous et la lâcha au dessus du grand homme. Ses cheveux en épis s’aplatirent sur son visage et la couleur de ses joues devenait normale. D'un air énervé, il grinçait légèrement les dents de colère et moi, pour déconner un petit peu, je dis en rigolant :

« J'ai gagné mais au moins comme ça tes fringues sont lavés nan ? Et puis, au moins, comme ça, la chaleur descend un petit peu. »

Reprenant un air sérieux, je descendais à nouveau la petite pente et me penchais vers la rivière, le dos courbé pour laver ma lame et mes joues tachées de sang. Voyant les coulées de sang sortir de la manche d'un de ses bras, je commençais à mettre ma main dans la poche et chercher ce petit truc que m'avait donné le vieux à la guilde. Sortant la main de ma poche, je lançais délicatement sur le géant un rouleau de bandage propre pour qu'il entoure son bras afin de ne plus saigner.
Le regardant d'en bas, je tournais les yeux de l'autre côté

« J'ai jamais accepté ton pari. Donc pas besoin d'aller te faire chier à laver mes vêtements. Et puis tiens, si tu veux aller à l'infirmerie en restant debout, essaye au moins d'arrêter le sang qui coule de ton bras. En fait, je m'appelle Chris.»

Je m'assaillais alors à terre près du bord de l'eau, et enlevant mes chaussures, je m'amusais à patauger dans le lac en attendant la réaction du colosse au bandeau noir.

Après une baignade dans la rivière, l'homme révéla à son tour son prénom. Senji... C'était assez bizarre. Tout à l'heure, lorsqu'il m'avait réveille en torturant la personne qui avait vu sa fin dans le courant de la rivière et qu'il m'avait obligé à un combat, son caractère était froid. Il avait à la fois un sang froid terrible, et en même temps, le sang chaud de l'aventure, du combat. Et maintenant, il me parlait normalement. Le teint de voix était limite amical.
Je ne savais pas vraiment quoi dire. L'amitié. Quel était ce sentiment ? D'un côté mon cœur me disait de l'accepter, d'un côté de le renier. A vrai dire, c'était agréable d'avoir une discussion autre que la dispute ou le combat. Lorsque j'avais intégré la guilde, c'était pour apprendre ce qu'il m'était arrivé plus jeune, apprendre à maîtriser ce pouvoir qui était enfoui en moi il y a encore quelques semaines. Mais maintenant que j'arrive enfin à l'utiliser, cette magie qui était en moi depuis presque sept ans, pourquoi je reste dans cette guilde, assis sur un banc, affalé sur une table, à attendre que quelque chose arrive ? Je vois toutes ces personnes rigoler et moi, seul dans mon coin, à m'abandonner au sommeil éternel du mental.
Aujourd'hui, je me demandais si je ne devrais pas quitter cette guilde et partir loin d'ici. Vagabonder...

Ce sont les uniques paroles de Senji qui me réveillèrent de ces pensées. Ces pensées qui venaient de plus en plus me hanter ces derniers jours.

Senji → « Dis-moi, Chris. Où as-tu appris à te battre comme ça? Y'a des dojos magiques dans le coin? »

Où j'avais appris à me battre ? Je crois que pendant les quatre ans de fugues que j'ai vécu, c'était les années où il fallait entraîner l'endurance et le physique. Puis... mon pourvoir, il faut le dire, ce ne sont que des enchainements et changement de l'aspect de l'eau liquide qui se trouve auprès de moi.

Chris → « A vrai dire, je ne saurais même pas te dire. En ce moment, je suis dans la guilde de Blue Pegasus. Je ne sais pas vraiment ce que j'y fais. C'est vrai quoi, pourquoi être dans une guilde si c'est pour ne rien recevoir en échange ? »

En même temps de dire ces paroles, je laissais passer quelques rires dans mes cordes vocales, la tête regardant le soleil qui se couchait, les pieds naviguant encore dans l'eau.

Chris → « Si tu veux t'entrainer, je pense que se joindre à des personnes serait une bonne idée. Rejoins une guilde par exemple. »

Oui c'était vraiment bizarre. Alors que je parlais en rigolant, je remarquais à peine qu'à chaque phrase que je prononçais, je donnais d'un côté la raison de supprimant la logique de l'autre. Se contredire soi-même, quelle merveilleuse idée j'ai eu. Et puis, pourquoi je parle ? C'est vrai quoi. Au début, mon visage était complètement neutre et l'envie de parler n'existait pas du tout. Et là, l'ambiance était moins tendu.
Je retournais la tête derrière moi et je voyais Senji, assis, habillé de ses vêtements mouillés. D'un geste de la main, ses vêtements devenaient sec et l'eau tombait dans la rivière.
Le soleil ne se voyait presque plus et les étoiles venaient nous passer le bonsoir. Je n'avais pas vraiment envie de rentrer à la guilde ce soir non plus. Puis même si je me déplaçais, ce n'était pas sûr que j'arrive pour le lendemain. Alors, cette nuit là encore, ça sera une nuit à la belle étoile.
J'enlevais mes pieds de l'eau et enfilais mes chaussettes et chaussures par peur d'attraper un rhume. Quoi que... Est-ce qu'un mage d'eau peut attraper froid à cause de l'eau ? Ça serait une expérience à tester...