Ce matin là, malgré les méandres tumultueuses qui vous tirèrent difficilement de votre sommeil agité, vous vous levez avec aisance après avoir passé de l'eau glacée sur votre visage. Le contact lourd mais jouissif, dérangeant mais libérateur avec le froid vous libère des maux du sommeil. Depuis quelques jours, vous voilà hanté par la dernière mission que vous avez effectué avec votre supérieure, Yume no Ai. Une mission riche en émotions, parfois dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. Malgré les interrogations qu'elle a soulevée en vous, vous reprenez le fil de votre existence sans peine. Vous voilà enfin reconnu dans les rangs du Conseil Magique en tant qu’Exécutant ; un soldat apte à réaliser des missions mineures et à appréhender les criminels de basse-réputation. Vous commencerez à influer dans la vie du Royaume pour le rendre meilleur et cette perspective certaine vous réjouit. Avançant de l'avant, vous retournez à Era pour effectuer une nouvelle mission, cette fois seul.
Vous êtes envoyé vers un autre supérieur, vous n'avez même pas le temps de retenir son nom. Il parle d'un débit impressionnant, ne vous laissant aucune opportunité pour intervenir. Il vous explique la façon de répondre aux avis de missions, les différents protocoles à user dans différents cas, et vous noter soigneusement ces instructions dans le marbre de votre esprit. Prenant un air plus calme comme s'il venait de finir sa leçon, il vous demande de finalement vous asseoir alors que vous pensez qu'il a terminé et il ferme la porte de son bureau.


Vous le regardez d'un air sceptique, essayant encore de retenir chaque nouveau fait énuméré.


Vous déglutissez. Vous allez enquêter sur le Conseil sur ordre du Conseil, mais cet ordre est un ordre non officiel. Si la mission est une réussite, c'est une victoire sur tous les points. Si la mission est un échec, le scandale éclate. Vous comprenez que vous allez devoir tout mettre en œuvre pour envisager uniquement la première alternative ; à savoir la réussite.


Votre seul devoir est de déterminer la taupe. Vous déposerez votre rapport et le Conseil s'occupera du reste. Vous êtes juste un pion, personne ne vous reconnaîtra alors que vous ferez le boulot le plus difficile possible. Inconsciemment, vous songez déjà à une alternative. Et si vous attrapez vous-même le coupable et l'ameniez sous les verrous ? Vous aurez un sentiment âcre de déception à l'idée de ne pas effectuer un travail dans toute son intégralité. Même si officiellement, vous n'êtes que la partie théorique et le Conseil Magique se chargera de passer à la pratique en capturant la taupe, vous aurez préféré accomplir les deux à la fois. Mais pour envisager ceci, il faut déjà que vous vous activez à la tâche.
Cela non plus n'est pas un problème pour vous. Ne faisant plus attention à tout ce qui vous entourait, vous rassembliez les données que vous avez collectées, puis vous établissez des liens entre elles. Bientôt, sur les cinq suspects principaux de votre enquête, vous en supprimez quelques-uns dont les alibis sont viables. Ne reste, au final, qu'un seul personnage qui n'a aucune excuse pour avoir fait une copie du dossier. Dans les registre, il a été dit que s'il avait copié le dossier, c'était parce qu'il gardait chaque exemplaire chez lui où il pourrait également travailler. Pour savoir s'il disait vrai, il allait vous falloir s'introduire chez lui.

Il n'était pas difficile, étant désormais un Executant du Conseil Magique, de récupérer les coordonnées d'un autre soldat, même s'il vous était supérieur. C'est ainsi que, la nuit tombée, vous vous présentez devant la vaste demeure de votre principal suspect. Ce dernier, monsieur Fitu, est un homme mûr, connu pour avoir été un bon combattant dans l'armée du Conseil puis ayant finalement été gradé dans les bureaux où il établit désormais des stratégies. Veuf, n'ayant pas d'enfants, il vivait des jours pourtant heureux, dévoué à son travail. Il restait souvent au bureau, ne rentrant que peu chez lui. Vous vous étiez assuré qu'il restait au travail, et donc sa maison serait donc vide quand vous vous infiltrerez dedans.
Vous voilà prêt. Dans la pénombre, vous enfoncez une porte derrière la maison et accédez dans un petit jardin. Par chance, une fenêtre est légèrement ouverte, et en vous y faufilant, vous accédez dans la cuisine. Un étrange frisson vous parcourt l'échine de haut en bas.
Vous êtes actuellement en train de commettre un délit.

Oui, vous travaillez pour le Conseil, mais ce travail n'est pas officiel, si bien que vous ne serez pas excusé si on vous trouvait ici. Essayant de recaler cet étrangère impression de vous, vous essayez de discerner quelque chose dans l'obscurité. Pour combattre celle-ci, vous dégainez votre épée et murmurez :


Hiken se divise alors en deux, deux larmes courbées : Yin, l'épée blanche, et Yang, l'épée noire. Vous soulevez l'épée blanche devant vous et elle émet une lumière protectrice qui vous guide. Tranquillement, vous avancez derrière la faible lueur. Vous trouvez une vaste pièce où sont entreposés une centaine de dossiers et vous commencez à les observer un-à-un pour chercher la copie du dossier recherché. Vous ne le trouvez pas, après quelques minutes d'inspection. Vous continuez votre recherche dans d'autres pièces, en vain. Le dossier n'est pas là. Il vous faudrait chercher dans le bureau à Era du suspect. Sinon, il serait clair que le dossier soit passé dans les mains de quelqu'un d'extérieur au Conseil Magique. Mais ces preuves ne semblaient pas suffisantes. Il fallait trouver quelque chose d'autre pour inculper l'homme... Vous vous mettez dans la tête du délinquant : si vous assurez qu'un détournement de marchandise soit fait, quelle récompense espérerez-vous ?
L'évidence vous frappa : le suspect, M. Fitu, devait avoir quelque part dans sa demeure des pierres précieuses. Cela serait la preuve évidente qu'il était le suspect. Vous recommencez alors votre recherche, cette fois ayant un nouveau but. Vous fouillez le moindre recoin, activement, vous aidant de la lueur de votre lame blanche. Soudain, vous trouvez dans un petit sac quelques joyaux. C'est la preuve suffisante. Vous empochez le sac et vous vous rendez immédiatement au siège du Conseil Magique. Par chance, votre supérieur est là. Vous placez le sac rempli de joyaux sous son nez.


Votre supérieur prit le sac, émerveillé, et demanda plus de renseignements.


Votre supérieur fronça les sourcils et plongea son regard dans le votre. Il n'y lut que détermination et justice, aucun sentiment d'orgueil ou de gloire d'avoir accompli un tel travail. Convaincu, il céda.


Vous avez pu aider à améliorer le Royaume, vous vous retournez et vous en allez chez vous. Mais sur le chemin, une lourde pensée plane autour de vous : vous avez été, l'espace de quelque instants, un criminel. Suffoquant, perdant l'équilibre, vous vous écroulez dans une ruelle, aucunement ravi de votre dignité perdue.