- Spoiler:
Des sons désagréables parviennent aux oreilles de la mage de Légion. Elle n'est plus dans la forêt entourée d'une brume désagréable. Elle est ailleurs. Quelque part qui ne semble pas être réel et qui pourtant ... pourrait l'être. Une colline. Un théâtre d'un combat. Au sommet de celle-ci, une épée familière est plantée. Quelqu'un s'accroche à sa garde, comme si se battre était un fardeau. Mais l'horreur lui arrive enfin. Les bruits qu'elle entends autour d'elle, les bruissements d'ailes ... ce sont les corbeaux qui se nourrissent. Elle est allongée parmi les cadavres. Des cadavres par centaines; Tous différents. Là-bas git un démon, un faciès horrible. Par là, des voleurs. Il y avait de tout. Des soldats avec une bannières souillée par le sang. Marre-Chan était au milieu du spectacle morbide et glauque qui était soudainement apparu devant elle. Le flash qui avait précédé ce virement de situation était encore incrusté dans sa rétine, si bien que son esprit fut ailleurs pour quelques secondes. Quand elle reprit pleinement conscience de ce qui s'était passé, elle se souvint de l'armure d'Atios et de son combat avec elle. Et soudain, elle se retrouvait là, dans un courant d'air glacé sous une vision d'horreur. Elle avait vu des cadavres dépecés, par centaines, et n'avait aucune réaction d'effroi face à ceux qui trainaient à ses pieds. Elle ressentait juste un malaise malsain et vicieux qui s’immisçait autour d'elle. Malgré un horrible frisson qui parcourait tout son corps, elle tourna autour d'elle, mais sa vue était troublée. Elle retint finalement un sanglot. Cette vision s'étendait finalement à perte de vue, et d'affreux souvenirs remontaient à la surface.
Un malaise qui avait raison d'être là. A perte de vue, les morts jonchaient le sol. Mais ses instincts de survies pouvaient lui dire de s'approcher d'une source de lumière. Cela pouvait paraître idiot, mais loin, dans l'horizon, les ténèbres semblaient s'avancer. Elles voulaient avaler le monde. Et précisément Marre-Chan. Même si le mouvement était lent, la seule lumière qui perçait les sombres nuages était le soleil, qui éclairait l'épée en haut de la colline. La personne qui se tenait prostrée à la garde bougea, et se mit dos à la lame, planté. Du haut de la colline, seule la mort et les ténèbres étaient visibles dans un spectacle d'effroi. Soudain, à l'horizon, une masse noire grouillante semblait se former. Comme un raz-de-marée de ténèbres, qui engloutissait tout. Un trou noir immense qui avançait docilement vers la jeune femme. Ravalant sa salive, elle fit de nouveau un tour sur elle même, et fut arrêtée par un éclat devant elle. En effet, sur la colline derrière elle, une épée était plantée dans le sol et brillait face aux maigres rayons du soleil qui filtraient dans ce paysage apocalyptique. De plus, une silhouette se mouva près de l'épée. Comme pour chercher une réponse à tout ce qui arrivait, Marre-Chan s'avançait, courant presque dans le brouillard ténébreux, vers cette silhouette à l'épée. Des centaines de questions se bousculaient dans sa tête : Où était-elle ? En enfer ? Elle arriva suffisamment proche de la personne pour reconnaitre Atios défait de l'armure qu'il arborait plus tôt lors de leur combat. C'était surement lui qui les avait apportés là.
«Atios...Qu'est-ce qui se passe ?»
L'intéressé répondit alors :
«Oh ... bienvenue. Tu es ici dans mon âme. Il semblerait qu'il t'ai invitée ici. Ici tu es dans mon âme. Prisonnière de ce qui me retient prisonnier. Pour combien de temps, je ne sais pas. Mais si tu t'approches trop près de l'horizon ... tu seras avalée.»
Marre lui répondit alors sur un ton arrogant :
«Sors-moi de là, s'il te plait !»
Elle jeta un vif coup d’œil à l'horizon ténébreux.
«Tu seras prisonnière jusqu'à ce qu'ils te laissent sortir ou jusqu'à ce qu'ils te dévoreront... Pas que ça me déplairait de toute façon.»
Atios leva les bras, pour témoigner du désintérêt profond qu'il éprouvait à la détresse de la prisonnière qui cracha dans un sifflement pour s'empêcher de jurer. Scrutant Atios, elle tilta soudainement et s'empressa de questionner l'homme :
«Attend une seconde...Tu as dis que tu étais toi-même prisonnier... Par quoi ?»
Le porteur de l'épée Excalibur, souffla dans un soupir plein de dédain :
«Je pourrais te l'expliquer, mais de toute façon ça ne te regarde pas, ça serait trop long et puis ... Vous, mages de Légion, êtes la cause de tout ça. Je suis prisonnier, otage, mais crois-moi, si elle pourrait tous vous tuer, ça ne me dérangerait pas plus...»
Marre-Chan, serrant des dents, s'efforça de reprendre son calme en ignorant Atios. Au bout de quelques secondes, toujours prise dans un sentiment indicible et malsain, elle se retourna vers lui.
«Oublie que je suis de Legion, j'oublie que tu es mon adversaire. On sort tous les deux, et on continue le combat; je te bats et l'histoire est finie. C'est comme ça que ca devait se passer.»
Le jeune Homme pouffa de rire, moqueur.
«Tu crois franchement pouvoir gagner ? Honnêtement, vous défendez la justice, mais vous n'êtes pas mieux que ceux que vous condamnez... Quoi qu'il arrive, j'aurai gagner, maintenant, je vois qu'ils veulent te faire souffrir ce qui risque d'être particulièrement amusant à voir. D'ailleurs, il risque d'arriver d'ici peu de temps.»
Du brouillard lointain, un cri à glacer le sang retentit. Une forme sombre, fantomatique en sorti. Elle s'approchait lentement et gravissait la colline. Jessica arrivait, ensanglantée, vers le haut de la colline. La voyant, Marre-Chan poussa un cri et s'approcha d'elle, mais Jessica tomba en avant. Agenouillée, prenant dans ses bras le corps de son amie, Marre-Chan ne sentit plus aucun pouls. En une seconde, un ouragan de sentiments vint troubler son âme. De la peur, de l’incompréhension. Puis de la rage, qui mobilisait toute tristesse, de la haine à un degré gargantuesque. Elle se releva, le regard vide, et se tourna vers Atios.
«QU'EST-CE QUE TU LUI AS FAIT ?!»
Elle fit apparaitre une sphère de sable dans sa main et la lança contre le jeune Homme assit près de l'épée, qui para l'attaque avec un bouclier de lumière assez sombre.
«Je n'ai rien fait. Et je m'en fiche de ce qui peut arriver à ton amie. D'ailleurs, si t'en veux d'autres, tu seras servie, crois-moi. Personnellement, j'ai pas eu besoin d'une illusion pour avoir envie de vous tuer.»
Il remit son visage vers un cadavre près de l'épée ... qui était la jeune Yume no Ai. Il ne réagissait plus à la vision de son amie morte. Il avait déjà pleurer toutes les larmes de son corps. Son cœur était vide et brisé. Le spectre continua son assaut sur Marre.
«Ton amie va mourir. En ce moment même, les mages du conseils sont venu pour la tuer. Elle va périr sous leurs coups. Et tu ne pourras rien faire pour les en empêcher... car tu ne peux sauver personne, mage de Légion.»
L'attaque contre Atios avait fait mouche, si bien qu'elle voulut foncer vers lui pour l'attaquer avec ses propres poings, mais elle trébucha en se prenant les pieds dans un cadavre et sa tête tomba dans une marre de sang. La rage lui faisait perdre ses moyens. Elle releva imperceptiblement la tête, et vit le visage éteint de Yume no Ai tout proche du sien. Atios avait perdu cette fille; Marre-Chan avait perdu Jessica. Atios avait implosé, et c'était vers cet état d'esprit inexistant que Marre-Chan tendait dangereusement. En s'en rendant compte, elle se calma quelques secondes. Le spectre avait soulevé le fait que Jessica n'était pas morte, mais sur le point de mourir. Il y avait encore un espoir. Elle se releva, glissa dans le sang et éclaboussant à nouveau sa robe, mais elle réussit au bout de sa deuxième tentative à revenir vers le corps de Jessica, oubliant Atios et le reste. Se murmurant à elle-même que son amie Jessica ne pouvait être morte, elle fixait d'un regard noir le spectre qui était arrivé.
«C'est toi qui m'a amenée là ? C'est toi cet enfoiré qui...»
Sa phrase ne se termina pas, étouffée pour un cri rauque. Elle créa une nouvelle sphère de sable pour la lancer d'une main tremblante vers le spectre. Ce dernier se divisa en deux sous l'attaque.
«Bien sûr que oui ... elle n'est pas encore morte. Mais tu es prisonnière ici. Jamais plus tu ne vas la revoir. Tu ne sauras peut-être même jamais ce qui lui est arrivé. Peut-être est-elle déjà au conseil, l'ordre d'exécution pouvant tomber d'un moment à un autre ... Ou peut-être est-elle morte, en tentant d'acheminer la clef ... Qui sait... Mais ici aussi elle n'est pas morte. D'ailleurs, peut-être la tueras-tu toi-même ?»
Avec ses dernières paroles, il pointa la sphère de sable qui avait toucher quelqu'un d'autre derrière le spectre. C'était la fameuse Jessica, qui s’effondra comme une poupée de chiffon sous l'attaque, blessée.
Marre-Chan tenta de ne pas perdre le peu de sang froid qu'il lui restait en fermant les yeux. C'était forcément une illusion, elle ne fallait pas qu'elle s'y perde. Mais illusion ou pas, le spectre avait raison : elle était bloquée et Jessica était quelque part sur l'île. Mais soudain, un mince filet d'espoir l'éclaira : elle se souvint de Candice, de Karl, de Brellannah et de Jin. Aucun mage légal ne pourrait s'en prendre à Jessica tant qu'ils étaient là. Mais, alors que cette vérité s'imposait en elle comme une force nouvelle, elle eut une vision soudaine : une annonce que l'Etherion était reprogrammé à 20H. Elle sut directement que cette idée n'était pas une illusion comme celles du Spectre, mais une idée qu'elle avait comme "capté", surement venant d'Atios. Si l'Etherion était tiré dans moins d'une heure, il fallait en avertir Jessica pour qu'elle quitte l'île au plus vite avec Jack. L'angoisse revint aussi vite qu'elle était partie. Tentant de fuir le spectre, Marre-Chan pivota vers Atios.
«Qu'est-ce que tu fais, toi ?! Viens m'aider à nous sortir de là !»
Ca sonnait comme un appel à l'aide. C'en était un.
Des dizaines d'esprits se matérialisèrent à partir du second quand la connexion entre les deux esprits s'intensifia. Oui, Marre-Chan avait obtenue une information capitale pour son camp ... mais au prix que la connexion se soit renforcée en la faveur d'Atios. Elle avait plongé au milieu de son désespoir et ses émotions se déversaient en elle. Par ailleurs, dans le coin de son esprit, des images de son amie Jessica étant tuée se répétaient, dans une fresque morbide; Les possibilités étaient nombreuses et à chaque fois, c'était un autre mage légal qui la tuait ou ... quelque chose de plus horrible encore : Marre commença à voir des visions d'elle-même en train de la tuer. Atios l'observait d'un sourire sadique.
«Tu es tombée dans leur piège, on dirait. Et c'est pour moi un grand plaisir de voir que je ne serai plus le seul à être torturer. Abandonne toute espoir. Chaque seconde qui passe renforce la connexion entre nos esprits ... et eux. Et chaque fois que tu verras ton amie mourir, ils seront plus fort. Au final, nous serons coincés ici pour l'éternité en compagnie des cadavres de ceux qui nous sont chères, Marre... Voilà un aperçu de qui nous arrivera dans l'après-vie.. peut-être, qui sait.»
Il prenait plaisir à voir la pauvre Marre paniquée, tentant de lutter en vain. Cette dernière sous l'impact du choc émotionnel, poussa un hurlement des plus affreux et ses jambes se dérobèrent à nouveau sous ses pieds. Jessica était souillée dans chaque parcelle de son esprit, et toute pensée migrait vers cette vision d'horreur. L'omniprésence de la scène morbide tuait à petit feu l'esprit conscient de Marre-Chan. Il fallait prendre sur elle même, se relever alors que ses jambes n'avaient aucune force, redresser la tête alors qu'elle était attachée à un poids horrible dont elle ne pouvait se défaire. Et c'était trop demander. Pour la jeune fille, c'était trop difficile. Elle se laissa porter par le désespoir et perdit momentanément la raison. Son corps, immobile, sentit son âme s'égarer...
Jessica, dix ans en moins, et Marre-Chan, de même, se tenaient toutes deux face à face dans l'obscurité. Jessica était déjà grande, et son adolescence se terminait, alors que Marre-Chan était encore petite avec une tête ronde et un regard plein de défi. Les deux filles se prennent la main en souriant. Changement de scène et d'ambiance : dans un village, au crépuscule, un homme encapuchonné s'avance et fait face à un garçon. Cachées, en retrait, les deux filles, à peine changées par rapport à la précédente scène, regardent leur frère qui s'apprête à se battre avec l'homme à la capuche, l'homme au visage inconnu. Changement de scène et d'ambiance : le même village, mais en proie aux flammes. Jessica toujours adolescent, agenouillée, tient dans ses bras une petite Marre-Chan qui pleure toutes les larmes de son corps.La conscience de Marre-Chan s'éveilla. Elle avait une raison de se battre. Elle partageait sa cause avec Jessica. Et même si Jessica mourrait, même si son amie tombait, elle devrait continuer, elle, à parcourir le chemin qui la mènerait à l'aboutissement de son but. C'est ce que Jessica voudrait. Et c'est ce que Marre-Chan ferait pour respecter la dernière volonté de Jessica. C'est pour celà que, essayant du mieux qu'elle pouvait de rejeter les visions sanglantes, elle se redressa lentement, son corps tremblant avec frénésie, et fit face à Atios.
«Non ! Je n'abandonnerai pas l'espoir ! Jessica croit en moi et je crois autant en elle ! Tant que je suis vivante, elle l'est aussi, et inversement ! Si je dois faire quelque chose si elle est vraiment en train de mourir, c'est me battre ! Me battre pour sa cause, pour ce qui la motive, me battre pour son but dans la vie ! Atios, votre amie est morte, et j'en suis désolée. Mais elle avait un but, elle aussi. Si tu veux vraiment honorer sa mémoire, combat ces spectres et retourne dans le monde réel ou tu perpétueras la mémoire d'Ai en reprenant le flambeau, en continuant le combat qu'elle menait chaque jour !»
Elle avait hurlé tout ça tandis que de grosses larmes coulaient sur ses joues. De la joie, de la tristesse ? Impossible à dire, si ce n'est que ces larmes étaient la preuve qu'elle croyait en sa conviction. Atios tenait toujours Excalibur en main. L'épée était devenu noire. Il s'approcha de la fille, en train de pleurer.
«Foutaises. Ce que tu ne sais pas, c'est que cette fille n'avait pas d'autre cause que de vivre. Elle avait 14 ans. C'était encore une enfant. Et vous, mages de Légion, l'avez tuer. Vous l'avez assassiner. Vous êtes des meurtriers. Et les meurtriers ... doivent tous se repentir. Et c'est ici que tu te repentiras. Car je tuerai ton amie. Et toi avec. Pas pour la justice. Pas pour un idéal. Juste pour la vengeance et vous faire goûter au désespoir... Les larmes... ne devraient pas couler sur les joues des assassins. Tu n'as plus le droit de pleurer. Tu n'as plus qu'un droit. Assumer tes actes. Et te morfondre dans le désespoir qui sera bientôt le tiens.»
Cette fois-ci, les spectres continuèrent à devenir plus nombreux. Pas parce que Marre-Chan le voulait. Mais parce qu'Atios le voulait. Oui, il voulait qu'elle expie ses péchés ... Les ténèbres au loin s'étaient bien avancés. Les nuages étaient plus foncés. Les ténèbres avaleraient bientôt cette endroit.
«Ce que tu vois n'est qu'une succession de ce qui pourrait se produire. Qui te tuera ? Qui vous tuera ? Qui la tuera ? Comment ? Où ? Dans combien de temps ? Ou peut-être elle vous trahira ? D'ailleurs, ton amie va peut-être s'en sortir et t'abandonnera à ton sort ? Qui sait... Après tout, vous n'êtes plus à une infamie près...»
La folie des images augmentait, mais Marre-Chan se rattachait au dernier fil qui l'empêchait de tomber dans la folie. Essayant d'oublier les spectre, elle se concentrait sur Atios. Ses larmes coulant à flot, elle déballa tout ce qui la tourmentait, juste dans l'espoir de voir les visions de Jessica morte s'évaporer.
«Je ne suis pas une meurtrière ! Je suis arrivée récemment chez Legion avec ma sœur Jessica pour trouver Black Jack ! Car lui seul peut accéder à la requête que Jessica et moi recherchons ! Si j'ai rejoins Legion, c'est juste pour obtenir ce que je veux de ce piteux squelette ! Je n'ai jamais voulu faire ça, mais c'est la seule solution ! J'accepterai tout jugement si seulement je sortais d'ici et apportait la clef à Jack, contre quoi il me donnera ce que je souhaite ! Une fois que j'aurai ce que je souhaite du plus profond de mon cœur, Jessica et moi serions soulagées de nos peines, et nous nous rendrons au Conseil. Nous pourrions même accepter dignement la mort. Mais je jure de ne jamais perdre espoir tant que je n'ai pas atteint mon but, Atios. Ton amie est morte, mais si tu veux la venger, tue Black Jack, Candice ou Aleksander. Je n'ai jamais souhaité sa mort, ni moi ni Jessica.»
«Ce ne sont que des excuses ... Vous auriez tout aussi bien pu pactiser avec un démon pour obtenir quelque chose, le résultat aurait été le même ... peu importe votre souhait, vous avez pêchés...»
Atios sourit d'un air maniaque.
«Mais je suis gentil... je vais vous donner un aperçu de ce que vous avez approcher en rejoignant Légion. Angra Mainyuu.»
La lumière dans le ciel se dissipa. Dans une complainte, les spectres hurlèrent à la mort alors qu'au loin, les ténèbres s'accélèrent pour rallier Atios. Pendant un instant, tout fut ténèbres. Puis, Marre-Chan eu la sensation de tomber dans le vide, le sol se dérobant sous ses pieds... Avant de se retrouver sur une falaise, perdue au milieu du vide. Mais le plus terrifiant était au loin. Une horreur. Le mal, la contemplait.
«Fait face ... au mal. Et contemples avec désarroi la voie que tu as choisies.» Marre-Chan se redressa, effrayée par l'immense vision, le concentré de spectre qui se regroupait devant elle. Elle était minuscule face à la bête gigantesque, et ses larmes se séchèrent toutes seules alors qu'elle levait la tête pour contempler la bête. Elle sentait Atios tout proche d'elle. Sans quitter des yeux la bête, elle parla d'une voix décidée :
«Tu as partagé cette vision avec moi, n'est-ce pas, du jour où mon frère a été battu par l'homme à la capuche ? Ce dernier a attaqué notre village sans raison. Mon frère était le seul mage, si bien que ce fut lui qui se porta volontaire pour protéger chaque villageois. Le combat fut affreux. Mon frère fut rapidement mit à terre, et l'homme à la capuche continuait de le frapper en hurlant que s'il faisait ça, c'était juste pour ressentir le plaisir de sa puissance s'exercer sur les autres. Ça m'a révoltée. J'étais enfant, comme Ai, et je me suis avancée en courant vers l'homme à la capuche pour essayer de le tuer. Mais Jessica m'a retenue. Peut-être que Ai n'avait personne pour la retenir, et qu'elle s'est élancée trop loin dans le combat. Je ne sais pas. En tout cas, Jessica m'a retenue, et même si je me suis débattue, elle me tenait fermement. Elle avait comprit que tout espoir était perdu pour le village...»
Marre-Chan, après une courte pause, continua son long récit de son passé, enfin révélé :
«...c'est là que l'homme à la capuche a dévoilé son pouvoir. C'était un mage psychique. Un psychopathe qui s'infiltrait dans la tête de ses ennemis. Mais il faisait pire que ça : il séparait l'âme du corps. Il récita, sous nos yeux, alors que Jessica posait sa main sur ma bouche pour étouffer mes cris, une incantation. Nous vîmes s’extirper de la bouche de notre frère son âme. Tel un spectre, il se tenait là, au pied de son corps, le visage inexpressif. L'homme à la capuche passa à l'action, fit de même avec tous les habitants pendant toute la nuit. Au crépuscule, Jessica et moi sortîmes de notre cachette qui nous avait fait éviter tout ça. Le village était saccagé, détruit. Et une vision d'horreur se dressait devant nous : chaque villageois était présent sous forme fantomatique. Des êtres éthérés, qui ne trouveraient jamais le repos. Nous avons essayé de communiquer avec eux. Ils ne répondaient juste par des Ramenez-nous dans nos corps, nos souffrances sont trop fortes dans cet état éternel. Si Jessica et moi voulions l'aide de Black Jack, même si je déteste ce personnage, c'est parce qu'il est également un mage psychique. Et un tel mage pourrait inverser le processus; il pourrait lier corps et âme et, même si aujourd'hui, les corps de nos amis sont pourris, ils mourraient en paix et les limbes ne seraient qu'un lointain souvenir pour eux.»
Atios, alors que Marre-Chan venait de terminer, se mit à ricaner.
«Vous êtes des idiots. Vous auriez pu demander de l'aide à d'autres personnes .. vous auriez pu chercher ailleurs ... Black Jack se sert de vous comme des pions et il aura tôt fait de se débarrasser de vous une fois inutile...»
Atios, apparu dans le dos de son adversaire, leva sa main d'où une poigne d'énergie noire se saisit du cou de Marre pour l'envoyer vers Angra Mainyuu, qui l'attrapa avec des tentacules pour mieux l'avaler.
«Et maintenant, contemple ta fin et adieu... mage de Légion. Soit tourmentée à jamais par les âmes des gens de ton village qui seront à jamais en train de souffrir !»
L'illusion avait totalement fonctionné, et la créature qui dirigeait maintenant le corps d'Atios était très fier d'elle. Elle avait réussi à utiliser son pion pour mieux piéger Marre et l'attirer au plus profond de lui-même. Elle était prisonnière maintenant ... Tout semblait perdu pour Marre. Alors qu'elle sombrait à l'intérieur de la créature... une lumière l'attira. Dorée, douce, chaleureuse.
«Tiens-bon...»
Ce fut l'appel d'une voix qui l'attrapa et l'attira dans une cavité interne à la créature de chair. Un second Atios, exactement le même, était à l'intérieur de la créature. Sauf que celui-ci était beaucoup plus enfantin.. il semblait libre de toute souffrance, il semblait pur et dénué de mauvaise intention ... l'opposé de ce que la créature contrôlait à présent. Marre-Chan était interloquée.
«Atios ?!»
«Oui... Ce que tu voyais, ce n'était pas moi… enfin, si peut-être. Mais je l'appelais Alter. Et Angra Mainyuu le contrôle... il a perdu les pédales ...»
Marre essayait d'être ironique dans un moment critique alors que le nouvel Atios devant elle semblait plus attristé que jamais.
«Tu trouves ?! Cet Angra, si on le détruit ou je ne sais quoi, on pourrait sortir d'ici ? Je commence à étouffer.»
Atios trouvait ça amusant. Elle était enfermée dans une abomination de chair et elle étouffait. Soit elle continuait dans l'ironie, soit elle ne saisissait pas la gravité de la situation. Car elle avait bel et bien perdue le contrôle de son corps et son esprit était enfermé avec une partie de celle d'Atios à l'intérieur d'Angra Mainyuu. La fille observa l'épée dans la main d'Atios, épée qui perdait de son éclat.
«Je veux vivre à tout prix, au moins jusqu'à ce que j'aurai ramené le repos aux fantômes de mon passé. Tu as une solution ?»
«Aucune. A dire vrai ... Je ne pensais pas qu'Angra Mainyuu se réveille. Mais on à toujours un espoir. Que quelqu'un arrête Alter. Tu vivras, il ne te tuera pas. Moi je sais pas trop. Enfin, pour ce qui de tes villageois... Je refuse de te donner des faux espoir, mais je t'ai très mal jugé, je crois... j'espère. Je suis moi-même un mage psychique... Enfin, à cause de Angra Mainyuu. Si je peux peut-être faire quelque chose, je veux bien essayer. Mais... tu dois trahir Legion. Et déjà, faudrait qu'on s'en sorte tout les deux vivants...»
Son ton ne possédait pas beaucoup de panache. Il semblait s'adresser à lui même autant qu'à Marre-Chan. Pourtant, un éclat naquit dans l’œil de cette dernière, son attention grandissant subitement.
«Tu...Tu es mage psychique...? Tu es fort, Atios. Tu serais capable de sauver tout un village ? Black Jack est le mage psychique le plus puissant que je connaisse, c'était mon seul et unique choix. C'est par dépit que Jessica et moi nous sommes concentrées sur lui. Si tu peux m'assurer que tu pourrais rétablir l'ordre naturel dans mon village... Je serais prête à t'aider contre Legion.»
Son but était tellement sa seule et unique focalisation qu'elle s'était peu souciée de s'allier à des criminels pour y parvenir. Atios se mit à réfléchir abondamment, et entama un discours ponctué de pauses où il réfléchissait toujours plus.
«Hum. Je suis un novice. A vrai dire, on m'avait même pas prévenu de la présence d'Angra Mainyuu en moi. Mais en théorie, l'anneau des Dalmascia fait de moi un mage psychique. Par contre, comment il à fait pour séparer des âmes dans un corps, je sais pas... mais je peux essayer. Ensuite, tel que tu me vois là, je suis séparer en deux. Ce que tu vois là est une petite partie de moi. Angra Mainyuu est en train de rendre peu à peu Alter prioritaire sur mon corps. Et j'aurai perdu d'ici quelques heures tout ce qui me reste ... d'esprit et d'indépendance. Et mettons que je m'en sorte... Je récupérerai mes sentiments. Ceux qui animent Alter en ce moment même et qui sont les miens à la base. Donc, je ne serai peut-être même plus capable d'avoir la force de vivre après ça.»
Le silence imposé par les derniers mots d'Atios fut rapidement brisé par Marre :
«La force de vivre ? Tu dis ça à cause de la mort d'Aï ? Hé bien, Ai n'aurait sans doute jamais voulu que tu te laisses mourir. Si elle était là pour arrêter Legion, c'était même qu'elle ne voulait que personne ne meure, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Elle ne serait pas fière de toi si tu t'abandonnais ainsi.»
Atios était un peu dépité. Elle avait raison, mais le problème n'était pas là. Et Marre avait une plus grande volonté que lui. Ou alors, elle n'était pas à sa place.
«Que j'ai la force de lutter maintenant ne changera rien. En fait, ce que me fait Angra Mainyuu est sûrement similaire à ce que le fameux mage à fait. Mais moi je suis séparer de l'intérieur. Donc si j'arrive à contrôler cette abomination ... Je pourrai tenter de sauver ces gens. Mais tel que je me connais, quand je serai de nouveau un être entier, je risque d'être profondément détruit de l'intérieur. Et même, mon âme est saccagé, mon corps est brisé...»
Car oui, à force de repousser les limites du corps d'Atios, celui ci n'était plus qu'une masse de magie informe à l'intérieur d'une arme qui lui servait de réceptacle et de contenant.
«Si je te transfère de l'énergie pour te rétablir, celà marcherait ? Comme...une attaque à l'unisson. Je serais prête à mettre toutes mes forces pour créer une brèche entre ce monde et la réalité et revenir dans la réalité.»
Elle parlait sur un ton qui se voulait être fort. Et elle l'était. Prête à tout. Mais ce n'était pas si simple ... Ou du moins, Atios ne partageait pas cette même force de caractère. Notamment car il savait que c'était impossible d'ici.
«Laisse tomber. Je n'ai plus accès à mon corps. J'ai un plan cependant. Mais il faudra du temps.»
S'ensuivit un rapide dialogue où les deux répondirent pratiquement au tac-au-tac :
«En théorie, si je veux survivre il me faut un corps. Et si j'en veux un .. Une seule personne peut me sauver la vie. Arthuria, l'esprit de l'épée... Et me sauver est un bien grand mot, je risque d'en subir de grave conséquence.»
Oui, Arthuria lui avait déjà parlé de ce rituel mais lui avait formellement interdit car "il n'était pas prêt. Prêt, a quoi, pourquoi ; c'était quelque chose qu'elle ne lui avait pas dit. Mais il savait que ce rituel pouvait lui rendre son corps. Marre-Chan sembla motivée par ce nouvel espoir.
«Et où il est, cet esprit de l'épée ?»
«En Avalon, en train de se régénérer.»
«Et quand est-ce qu'il reviendra ?»
Elle interrogeait Atios, qui était avare de termes techniques, toujours motivée par cette spontanéité propre à l'être humain. L'instinct de survie, l'envie de vivre.
«Là aussi, aucune idée. Je faisais en sorte qu'elle ne se fasse jamais blesser.»
Il était clairement sous-entendu que ça n'était jamais arrivé, et Marre-Chan, en le comprenant, se ravisa.
La situation ici était peu glorieuse et les ennemis qui s'étaient peut-être trouvé une cause commune s'étaient alliés dans une confrontation mentale épique où les illusions et la manipulation avait amenés Marre-Chan à tomber dans les rouages d'Angra Mainyuu, créature étrange qui les retenaient captifs. Ils n'avaient plus qu'un espoir. L'esprit d'Excalibur.