Before : ||Mission|| Une histoire d'héritage.



Clover – 09:00.

Tu te réveilles dans une maison que tu ne connais pas. Tu te demandes, non sans une pointe d’inquiétude, ce que tu fais ici. Tout te revient petit à petit lorsque tu tentes de te relever et que tu sens que ton corps courbaturé refuse de t’obéir. Ton combat contre les deux mages te revient et tu te rappelles de l’endroit où tu es. Tu laisses passer un sourire et tu te relèves tout de même, malgré tes courbatures douloureuses. Tes vêtements ont été lavés et posés sur une chaise à côté du lit où tu dormais. Tu te rends compte que tu es nue hormis quelques bandages sur tes blessures. Tu t’habilles donc aussi vite que te le permet ton corps endolori et tu t’arrêtes devant un miroir. Là se trouve une brosse à cheveux que tu saisis. Tu peignes avec douceur ta longe chevelure rouge sang que tu décides de laisser détacher. Tu cales néanmoins cette barrette en forme de tête de mort qui t’es chère à son endroit habituel. Tu souris à ton reflet. Piètre résultat : tu as tellement peu souris dans ta vie que tu as oublié comment faire ! Mais tu t’en fiches, tu n’as jamais eu besoin de sourire et tu n’en auras pas besoin. Tu passes la porte de la chambre et tu entres dans un couloir que tu suis. Il débouche sur une grande pièce qui doit être le salon.

« Bonjour madame ! »

Tu reconnais la petite voix d’un enfant. Il accourt vers toi et tu peux te rendre compte que c’est en faite une fille. Elle doit avoir quatre ou cinq ans. Sa peau est mâte et ses cheveux sont d’un joli blond vénitien, faisant ressortir un regard émeraude. Tu ne peux t’empêcher de ressentir un petit pincement au creux de ton cœur devant la beauté de cette gamine qui doit en être totalement inconsciente. Elle câline ta jambe qui n’est pas blessée, faute de mieux et tu te décides à te baisser pour la laisser te prendre par le cou. Elle rit de ce rire enfantin semblable à un carillon et tu souris comme tu peux. Au final, peut-être que c’était ça qui te manquait : une petite sœur ou un petit frère.

« Maman a eu peu pour vous ! Elle a appelé le monsieur qui soigne les gens et il a dit que vous avez perdu beaucoup de ce truc rouge qui coulait de vos bobos ! Vous avez encore mal ? »

Tu allais répondre lorsque ladite mère entra dans la maison chargée de trois gros paquets. La fillette te lâche et court vers sa mère gazouillant joyeusement. Tu t’avances et propose ton aide qu’elle accepte en te remerciant. Tu poses deux des paquets sur une table dans ce qui semble être la cuisine. Ceci te fatigue à cause de tes courbatures mais tu sais qu’à force de mouvements elles vont disparaître. La femme, qui est le portrait craché de sa fillette, s’approche de toi et te salue d’un grand sourire auquel tu as du mal à répondre.

« Je vois que vous avez fait la connaissance de ma fille, Pathy. Je m’appelle Eléonore. Vous allez mieux ?

- Oui, je vous en remercie d’ailleurs. Je m’appelle Aleksandrina mais vous pouvez abréger si vous voulez. Je ne vais pas abuser longtemps de votre hospitalité car je pense partir d’ici quelques jours le temps de me remettre en forme.

- Vous êtes folle ?! Excusez-moi. Je voulais dire que, je ne sais pas ce qui vous a fait ces blessures, mais vous devez encore avoir mal. Vous ne pouvez pas repartir si tôt !

- Je vous remercie de vous soucier de ma santé, Eléonore-san, mais je suis une mage. Et j’ai connu pire que ces blessures je peux vous l’assurer. D’ici deux ou trois je me serais bien remise et je vous quitterais. »

Bon, tu n’as pas vraiment menti. Très récemment, il y a un peu plus d’une semaine, tu as subi bien pire que ça en te battant contre le pistomancien. Tu as eu plus de temps pour t’en remettre, aussi. Mais avec ta porte du Soin tout devrait s’arranger rapidement. Tu aides ton hôte et sa fille à ranger les courses et tu t’excuses auprès d’elles, prétextant une soudain envie de te balader. Tu sors donc dans les rues de la ville et te dirige à son extérieur. Tu entends des clameurs provenant, de ce que tu te souviens, du lieu où tu as assassiné les mages et le noble. Tu t’approches doucement et te cache un maximum. Des policiers et deux membres du Conseil magique ont délimité un périmètre. Autour, on s’amasse et on discute avec peur. Tu entends toujours les mêmes questions : l’assassin est-il toujours là ? Est-ce l’un de ces assassins connus ? Tout en écoutant ce qui se dit, tu fais la moue. Un des policiers a enlevé ton as de cœur et l’a placée dans un sachet. Ceux qui l’ont aperçue se sont mis à s’agiter. Evidemment, tu es l’assassin le plus connu et personne n’a vu ton visage. Mets-toi à la place des ces gens et tu ressentiras leur grande inquiétude.
Cela dit, tu te contentes de soupirer et tu t’en vas aussi discrètement que tu es arrivée. Tu marches un peu sans trop t’éloigner de la ville et tu trouves un endroit agréable : une sorte de petit terrain délimité inégalement par des rochers et des arbres. Tu t’y avances et t’arrêtes au milieu. Tu inspires une grande bouffée d’air et commence des exercices d’assouplissement histoire de diminuer tes courbatures. Tes muscles raides semblent protester vivement mais tu continues. Tu te mets en tête de ne plus rien ressentir d’ici la fin de journée. Tu t’imagines des situations dérangeantes où tu aurais à combattre et tu t’imagines que ça risque de se finir mal si tu es raide comme tu l’es en ce moment. Alors tu continues. Tu fais aussi des étirements pour te chauffer. Et tu ne fais pas attention au temps qui passe. D’abord une heure, puis une seconde, une troisième et une quatrième. Ton ventre qui gargouille t’arrête dans tes exercices. Tu te rends compte que tu étais tellement obnubilée par tes mouvements que tu n’avais pas senti la douleur refluer et, à cet instant, tu ne sentais presque plus rien.
Avec un hochement de tête appréciateur tu ouvres la porte du Soin. Tu te glisses à l’intérieur deux minutes et tu en ressors apaisée. Tes plaies ont du se refermer un peu et tu n’as plus de courbatures. Ce qui est déjà une bonne chose. Tu fais disparaître la porte et tu t’assois dans la clairière. Il doit être quinze heures, déjà. A l’aide de ta magie tu invoques le grimoire remis à chaque mage ayant réussi à l’apprendre. Tu n’as pas besoin de le transporter et heureusement, vu son épaisseur ! Tu l’ouvres au tout début pour avoir un aperçu des techniques les plus simples. De toute façon, lorsque tu es à la limite, le livre se bloque et les pages s’affichent en blanc. Tu feuillettes donc les cinq premières pages épaisses du grimoire en réfléchissant à ce qui te serait le plus utile. Tu finis par trouver quelque chose qui te plait : une porte d’invocation. Ce n’était pas les plus utilisées mais surement les plus utiles quand on avait besoin d’aide. Tu marques la page en la cornant et tu renvoies le livre. Dès le lendemain tu essaieras d’ouvrir ce portail et lorsque ce sera fait, tu pourras retourner au quartier de la guilde sans te soucier payer le train pour le retour.
Tu rentres donc chez tes hôtes. Il est un peu plus de seize heures lorsque tu es enfin rentrée. La petite fille prend son goûter et tu lui souris comme tu peux lorsqu’elle te salue avec un grand signe de la main. Elle se replonge dans sa nourriture et tu pars t’allonger sur le lit dans la chambre où tu t’es réveillée. Là, tu te mets à penser et réfléchir jusqu’au dîner, sans bouger. Eléonore frappe à ta porte.

« Voulez-vous venir dîner, Aleks-san ?

- Bien sûr, j’arrive. »

La jeune mère sourit et laisse la porte ouverte. Tu te redresses lentement et tu gages le salon, servant aussi de salle à manger. Tu t’assieds à coté de la fillette, face à la mère, et après une rapide prière vous commencez à manger.

« Dit, Aleks-chan, qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ? Te demande la fillette.

- Voyons, Pathy ! Soit polie !

- Ce n’est pas grave. Dis-tu après t’être essuyé la bouche. Je me suis promenée dans les alentours de Clover et j’ai un peu découvert les lieux. »

Ce qui était évidemment un mensonge. Tu ne vois pas l’utilité de raconter à ces deux filles ta remise en forme. Elles ne sont pas mages et encore moins assassins, elles ne comprendraient pas. Vous continuez de manger tout en discutant de la journée et de tes projets : ton rapide retour à Silver Fang le lendemain ou le surlendemain au plus. Mais tu n’en dis pas vraiment, laissant seulement entendre que tu repartirais très tôt. Après le dîner tu t’en vas directement dans la chambre prêtée et tu te concentres à nouveau sur la porte. Tu sais à peu près ce qu’il faut utiliser comme puissance magique pour l’invocation. Et il en faut une assez bonne quantité comme tu as pu le constater en lisant toute à l’heure. Tu t’allonges sur le lit et t’endors bien rapidement en pensant encore à cette porte.


Extérieur de Clover – 12:00.

Tu as pris ton dernier repas auprès de la petite famille et tu viens d’arriver au petit terrain que tu avais remarqué la veille. La fillette t’avait donné un petit sachet contentant de la nourriture et tu le poses à tes côtés. Tu fermes les yeux et te concentres ensuite sur ton flot de magie pour doser ce qu’il fallait. Inutile de t’attarder plus que ce qu’il fallait. Le retour à la guilde serait long et tu n’avais pas envie de passer trop longtemps sur le dos de l’animal. Lorsque tu as concentré le flot de magie correspondant, ton corps se met à luire d’une lueur blanche. Tu pointes ton index devant toi et tu ouvres tes yeux mordorés. Tu traces majestueusement de grandes lettres en les imprégnant de ta magie.

Invocation Gate : Asfaloth.

« Ouvre-toi, porte de l’invocation du griffon, Asfaloth ! »

Une pâle imitation de la porte apparait. Le contrecoup te laisse pantelante et tu te laisses tomber à genoux. Tu as sans doute mal dosé le niveau d’énergie... Tu te reposes quelques minutes et mange un biscuit, histoire de faire passer le temps. Tu n’avais pas pensé que cette porte puisse être dure à invoquer. Tu te relèves lentement et tu te concentres à nouveau. Pour cela, tu fermes les yeux et tu t’appliques à bien réguler le flot de ta magie. Tu écris à nouveau le nom de la technique et tu penses à garder le même flux magique durant le temps de l’opération. La porte apparaît devant toi. Une grande porte de deux mètres de haut sur un et demi de large. Tu ne ressens pas la même dépense magique que la première fois mais cela reste tout de même une assez forte dépense. Tu penses ne pas utiliser souvent cette technique pour le moment. Mais elle risque de te servir bien assez tôt. Tu ouvres donc la porte et te recules. Il en sort un magnifique griffon d’environ un mètre soixante de hauteur. Une fois la porte passée, il déploie ses ailes et te fixe de son regard jaune. Tu lui souris et t’approche pour poser une main sur son encolure. Il te laisse faire et baisse la tête pour pouvoir t’observer à loisir.

« Ainsi c’est donc toi qui m’a invoqué.

- Que veux-tu dire par là ?

- Les utilisateurs de Fairy Door sont rares et peux sont doués. Tu es la seule à avoir choisi cette voix. Cependant, je pense qu’elle te réussi plus qu’à eux. »

Tu lui souris, consciente de ses paroles et l’en remercie. Vous vous mettez rapidement d’accord sur quelques points pour l’invocation puis il te laisse monter sur son dos. Il décolle en poussant sur ses puissantes pattes arrières et vous partez en direction de Silver Fang.




After : ||Mission || A la pêche aux idiots.