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Transfuges
 MessageSujet: Transfuges   Transfuges EmptyVen 28 Oct - 19:31

Tanaka Uzume
Tanaka Uzume

Indépendant Illégal

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Précédemment : Quand le passé ressurgit !

DAY 07

Une rencontre, une seule. Deux personnes au même endroit parmi l'infinité de terres du Royaume. Deux personnes au même moment durant leurs longues vies. Et tout bascule.
Les souvenirs remontent à la surface pour la petite Uzume, plus si petite que ça. Elle avait eut sa passe insouciante, où elle se laissait porter par la vie, elle se sentait libre, aucun ennui ne l'atteignait. Mais elle avait rencontré Tsukiyo Ogawa, et la balance avait changer de côté avec un raclement sauvage, comme un rappel à l'ordre, une remise à niveau, après des années d'absences.

Tu as cru que ta vie avait débuté à tes seize ans ? Tu as cru que ton passé enfoui ne remonterais jamais ?
Tu avais tord. Sur toute la ligne.


Et oui, son passée est revenu au galop, à la jeune Uzume. Fini, l'intrépidité, la frivolité, le goût du bonheur. Tous ses mots sont revenus à la charge, la frappant en plein milieu du cœur, ravivant par la même occasion la haine qu'elle engendrait depuis des lustres. Son regard, désormais, était éteint, ailleurs,

Je suis d'ailleurs, oui. On ne m'associe pas avec ce Royaume.

vitreux. Comme un légume, une personne sans esprit, sans réactions, sans sentiments. Sauf que pour elle, c'était le contraire, le véritable

Les émotions sont tellement fortes que mon corps a perdu les pédales.

opposé de ce qu'on pouvait penser. Elle était là, assise au fin fond d'un bar, où la fumée de cigarette embuait toute l'atmosphère. Il y a quelques jours, elle aurait étouffer. Là, elle retrouvait la fine saveur de son passée. Sa grande sœur fumait abondamment. Elle ne s'en rendait même pas compte. Sa grande sœur qu'on lui avait arrachée.
Uzume, stoïque, le regard perdu, leva le verre à ses lèvres et avala une gorgée d'eau glacée. Même l'eau avait un arrière-gout de fausseté. Comme tout ce qui l'entourait. Tout semblait faux, arriéré, comme si elle se trouvait dans une bulle et ne percevait qu'en différé l'extérieur. Et ce, depuis que tout lui était remonté.
Sa sœur, dont elle ne se souvenait même plus du nom, avait été lynchée par les habitants et les autorités du Royaume. Et Uzume avait été aux premières loges.

Ce foutu Royaume. Ils me l'ont prise, hein. Ils me l'ont arrachée à coup de griffes.

Subitement, son verre, qu'elle serait tellement fort, se brisa dans sa main. Le bruit, inattendu, fit taire tout le monde, qui se tournèrent vers elle. Elle, le visage toujours dénué d'émotions, se contenta de lever sa main droite, coupée, dégoulinante de sang, à hauteur de son visage. Puis, tirant à peine la langue, elle se contenta de lécher les plaies, avalant le sang, sans réellement se rendre compte de son action.

Je reviendrais la chercher. Ils vont entendre parler de moi. Ce Royaume est pourri, et je le crèverai.

Personne n'osa lui demander si elle allait bien. Personne.


*

Un bruit de talons qui se cognaient contre les pavés résonnait dans la large rue qui n'était plus éclairée. On était en plein milieu de la nuit, et tous les habitants dormaient, lovés paisiblement dans leur chez-soi. Uzume, dans son corps artificiel, se déhanchait, marchait avec inconfort, vers la dernière maison de la rue. Elle s'arrêta sur le seuil, lu le nom du propriétaire «Edgar Bel» et frappa à la porte. L'homme qui vint lui ouvrir, à peine réveillé, sursauta de frayeur en apercevant le visage recousu de toutes parts, et malgré tout, le sourire qui s'affichait ouvertement. Il recula de quelques pas, tétanisés, puis se reprit, le souffle rauque.

«Uzume ?»

Elle ne répondit pas, se contentant de le pousser pour se frayer un chemin dans le hall. Elle ouvrit le premier tiroir à sa portée et le vida à ses pieds.

«Uzume ?! Qu'est-ce que...»

Elle se retourna vers lui et le souleva à force de bras en l'agrippant par le cou.

«Qu'est-ce que transportait ton colis l'autre jour ?»

Essayant de répondre et de respirer en même temps, l'homme haleta quelques mots incompréhensibles. Uzume le relâcha subitement, le laissant s'étaler à ses pieds, puis répéta sa question, cette fois-ci avec un ton plus menaçant.

«Je...Je...C'étaient des informations sur... Sur ce réseau criminel auquel appartenait cette furie qui nous a attaqué...»

Uzume se pencha au dessus de lui.

«Où sont-elles, ces informations ? Tu les as délivrées à quelqu'un ?»

L'homme, terrorisé, commençait déjà à pleurer. Il suait dans son pyjama, expirait la peur.

«Non, elles sont justes entreposées dans un coffre-fort spécial, je...je...»

La femme vit un reflet au niveau du cou de l'homme, et elle arracha ce qui s'apparentait à un collier d'où pendait une minuscule clef. Elle l'agita au dessus de la tête d'Edgar.

«C'est ça, la clef du coffre ?»

«Oui, oui !»

«Personne d'autre ne peut l'ouvrir ?»

«Non, c'est...c'est la seule !»

Ravie, Uzume leva son bras, et fit disparaître la clef dans sa bouche, sous le regard horrifié de l'homme.

«Mais...Qu'est-ce que....?!»

«Ferme-là, lâche !»

Elle l'attrapa par le cou, puis grimpa les escaliers avec lui, le trainant derrière elle. Il hurla d'une voix muette, étranglé par son col. Elle s'en fichait. Arrivés dans la chambre de l'homme, elle le jeta sur son lit defait, et sorti d'une de ses poches un petit poignard.

Suffisament long pour qu'il arrive jusqu'à son coeur.

«Personne, personne ne doit avoir accès à ces informations. Vois-tu, je ne suis pas du côté du Royaume de Fiore. Donc si quelqu'un veut le nuire...»

Elle leva le couteau, tandis que l'homme, incapable de se débattre, poussait un dernier hurlement.

«...je l'encourage !»

D'un vif mouvement, elle visa juste : le cœur fut transpercé, et le cri d'Edgar s'étouffa progressivement, parallèlement à la dernière lueur de son regard qui disparaissait. De son côté, les yeux d'Uzume affichaient enfin une expression. De la satisfaction.
Elle s'était battue pour venger sa sœur, elle avait déjà tuer, précédemment. Mais elle avait perdu, on ne sait comment, la mémoire. Aujourd'hui, des années plus tard, elle reprenait goût à ce sentiment. Elle goutait à nouveau aux somptueux délices de répandre la mort, délices qui lui faisaient entendre les soupirs de soulagement de sa sœur.

Grande sœur, un de moins. On se rapproche de plus en plus de l'accomplissement définitif de ta vengeance.

Dans la pénombre, ne pouvant distinguer que la lueur du poignard, toujours enfoncé dans le corps sans vie d'Edgar, qui reflétait la lune, Uzume s'assit dans un fauteuil devant le lit. Elle attendait que quelqu'un vienne. Quelqu'un viendrait forcément.
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptySam 29 Oct - 20:32

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La Lady avançait d'un pas rapide dans les rues d'Hosenka. Et elle se maudissait. Elle ne faillirait pas. Edgar Bel garderait son secret jusqu'à la tombe. Et il se pouvait que ça arrive plus vite que prévu.


Dernièrement, une rumeur était parvenue aux oreilles de Purple. Le Conseil et les guildes légales auraient réussie, sans que l'on sache exactement encore comment, à se procurer des informations sur plusieurs guildes noires. Identités de membres présumés, caches, trafics, une foule de petits détails qui conduisaient à des démentellements et des arrestations. Autant de choses passablement frustrantes. Et malheureusement, il se pouvait que des informations sur Purple Bugloss fassent partie du lot. La guilde était peu connue encore au niveau national. Elle était une ombre au tableau. Et chaque membre s'arrangeait pour qu'il en reste ainsi. Du moins pour le moment.

Seulement, il semblait que ces informations avaient transité. Emportées par un homme, qui avait demandé la garde d'une guilde neutre, Continuum Shift, sous le couvert d'un soi disant transfert pour une entreprise. Et là où Alicia bouillait de rage, c'était qu'elle avait été là. Traquer un petit homme ridicule mort de peur avait été un petit jeu, une mise en bouche. Il est vrai que cette fois là, l'implacable Lady avait été défaite par sa garde du corps, une certaine Uzume. Mais ce n'était guère important. Car loin de transporter des projets commerciaux, ce diable d'homme, cet Edgar Bel, transportait ces fameuses informations. Par accident, la Lady aurait pu éviter toute cette histoire, et tout risque à la guilde. Mais elle avait échoué. Sa faiblesse, et son manque de préparation (quelle idée d'attaquer de jour!) l'avait conduite au désastre.
Aussi, ce soir, Alicia revenait. Et Edgar mourrait. Mais avant cela, il lui faudrait réussir à savoir où les informations se trouvaient. La lady n'était pas sûre que son mesmer fontionnerait aussi bien contre un individu aussi peureux. Si il la reconnaissait, la panique pouvait bloquer tout son esprit. Il restait la torture, mais c'était bien moins plaisant, et beaucoup plus salissant. Mais ce qui devait être fait serait fait.

Pour l'occasion, Alicia avait sortit un de ses belles robes de soirée, moulante à souhait, et largement fendue. Séduisante, et fonctionnelle. Elle avait noué ses cheveux en un chignon compliqué, et, misant sur les failles mémorielles causées par la terreur du petit homme, elle s'était largement maquillée, abusant du fond de teint pour dissimuler sa paleur. Et s'il la reconnaissait, elle briserait une fenêtre, ou bien passerait par la cheminée. La mission de ce soir était spéciale, la lady n'avait guère eu le temps de travailler un plan parfait. Il faudrait improviser quelque peu. Mais cela faisait partie de ses fonctions d'actrice après tout.


La jeune femme s'était arrangée pour obtenir l'adresse d'Edgar. Une maison comme toute les autres, et n'ayant guère plus d'intérêt que son propriétaire. Dommage, considérant le fait qu'elle serait bientôt à vendre, suite au décès de son regretté possesseur.
La Lady refit son chignon, puis se présenta à la porte, armée de son plus beau sourire. Elle toqua à la porte.
"Monsieur Bel? Amélie Sencher, agente immobilière. Auriez vous..."
La porte pivota toute seule, silencieusement. Elle était restée ouverte. Alicia se tint sur ses gardes. Un homme aussi pitoyable qu'Edgar Bel n'aurait certainement pas laissé sa porte ouverte. Ses sens vampiriques aux aguets, Alicia pénétra silencieusement dans la demeure. Elle sut aussitôt que la mission allait rencontrer quelques complications. Le contenu d'un tiroir était éparpillé dans le hall d'entrée, comme vidé avec brutalité. Et il flottait dans la maison le parfum du sang. Cela, la jeune femme en était sûre. Et le hall d'entré était saturé de l'odeur âcre de la peur. Considérant l'intensité de l'odeur, cela ne pouvait être qu'Edgar. Les talons hauts de la Lady claquaient sur le dallage froid du vestibule. Se pouvait il qu'elle ait été doublée? Que quelqu'un soit déjà venu questionner Edgar? Non. Elle ne subirait pas un tel affront. Le coupable serait exécuté.

Avisant l'escalier, Alicia remarqua des traces de griffures le long des marches. Manoeuvre désespérée pour échapper à son dernier rendez vous, ou félin pénible? Elle monta les marches. Au fur et à mesure de sa montée, l'odeur du sang devenait de plus en plus forte. Il y avait au moins un cadavre là haut, et il était frais. Alicia se laissa guider par l'arôme.
Elle arriva dans une petite pièce, occupée par un immense lit. Dans celui ci gisait Edgar Bel. Mort. Un long poignard planté dans le coeur. Pour l'interrogatoire, cela semblait compromis. Mais ce qui agaça plus encore la jeune femme, ce fut la présence de la probable meurtrière, tranquilement assise dans un fauteuil à côté.
"Uzume!"

La jeune mage de Continuum Shift lui faisait face, comme la dernière fois. Elle avait le corps couturé, l'étrange seconde apparence que la Lady lui avait déjà vu. Cependant, aucune trace du cercueil où elle stockait son autre visage.
La lady siffla, tandis que ses ongles s'allongeaient, jusqu'à atteindre une dizaine de centimètres. Son Iron Maiden était dévastateur au combat rapproché.
"Que viens tu faire ici, miséreuse?"
Alicia était partagée. D'un côté, elle pouvait prendre sa revanche, et punir la contrevenante à sa mission en tuant Uzume. D'un autre côté, la présence de la mage ici était intriguante. Pourquoi serait elle revenue tuer un ancien employeur? Sans compter qu'elle avait peut être récupéré des informations sur le "colis" qu'avait porté Edgar. Alicia hésitait donc entre attaquer, et écouter. Oh, Uzume paierait. Mais comme chaque victime, il fallait d'abord en tirer le maximum, avant de la rejeter dans l'abysse.
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptyDim 30 Oct - 15:41

Tanaka Uzume
Tanaka Uzume

Indépendant Illégal

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Au reflet de la lune, la jeune criminelle aperçut une silhouette féminine se dessiner devant l’entrebâillement de la porte et elle reconnut directement la prestance de la criminelle qu'elle avait déjà rencontrée malgré la tenue largement différente. Lors de leur première rencontre, elle était vêtue d'un justaucorps en cuir, et Uzume était simplement vêtue d'un short et d'un maigre T-shirt pour ne pas succomber face au soleil du sud. Là, les deux femmes étaient dans un contexte différent. La nuit réveillait leurs pulsions, et même si elles n'étaient peut-être pas motivées par la même ambition, elles s'affichaient toutes deux avec élégance et finesse. Mais cette fois, c'est Uzume qui avait ses cheveux raides, pendants derrière elle, tandis que l'autre femme les avait attachés. Comme une inversion des rôles : c'était désormais la jeune femme qui attendait patiemment l'inconnue, et non l'inverse.
Cette dernière, en rentrant dans la pièce, ne fut pas vraiment étonnée de découvrir un cadavre ; ce fut la présence d'Uzume qui sembla la gêner. En l'interpellant, montrant sa stupéfaction évidente, elle s'obligeait elle-même à voir la vérité en phase. La jeune criminelle, elle, se contenta de sourire silencieusement, observant la nouvelle venue. Elle entendit un grincement particulier, et vit, dans la clarté que la lune apportait à la pièce, les ongles de la femme s'allonger. Comme lors de la première fois. Mais Uzume avait laissé son poignard, sa seule arme, dans le cœur d'Edgar, et elle comptait bien l'y laisser. Comme une marque de fabrique, un signe de passage. Elle n'avait pas peur que l'autre femme l'attaqua. Pour bien le montrer, elle craqua une allumette sur un accoudoir de son fauteuil et alluma un cigarette. Tout comme sa sœur, la fine cigarette se tenait à l'extrémité d'un long porte-cigarette, facile à prendre en main, élégant, raffiné et délicat. Aspirant tranquillement, la jeune femme recracha docilement la fumée, emplissant l'atmosphère de la pièce de l'odeur douteuse du tabac. Profitant de la situation, posée à son aise, elle reluquait la femme, toujours immobile à l'entrée de la pièce, et se délectait du meurtre précédemment commis.

«Que viens-tu faire ici, miséreuse ?»

La voix était sifflante, aiguë et menaçante, mais Uzume ne dérogea pas à sa position et continua à fixer par ses yeux songeurs l'autre femme. Après quelques secondes d'attente, elle tapota le bout du porte-cigarette et laissa tomber la cendre sur la moquette. Prenant une voix mielleuse, indifférente, elle tenta d'adopter une des expressions de la femme :

«Je suis juste là pour l'homme.»

Oui, elle utilisait les mêmes phrases que la femme avaient déjà utilisées auparavant, lors de leur premières rencontre.

«Pour le plaisir de la chasse et de la traque. Qui il est ou qui tu es n'a aucune importance à mes yeux. Je suis uniquement là par plaisir.»

Raillerie déplacée, mise en bouche impétueuse ? Qu'importe, Uzume se languissait dans son rôle, et aspira une nouvelle fois la fumée. Reprenant un soupçon de sérieux, elle se redressa dans son fauteuil et parla à nouveau.

«Je suis venue pour déclarer la guerre au Royaume. J'ai mes raisons, des raisons personnelles qui me poussent à en vouloir plus que tout à ces piteux personnages qui peuplent Fiore.»

Nouvelle aspiration, nouveau crachat. La pièce empestait à présent de l'odeur de la fumée mélangée à l'odeur fraiche du cadavre.

«Je fus bien sotte de croire que l'homme avais ses défauts mais gardait par delà ses qualités. La corruption touche tout le monde, désormais. C'est la loi du plus fort qui règne, et ca a été et ca restera toujours ainsi. Je l'ai su, j'ai tenté de l'oublier, mais le passé ressurgit à tous les coups.»

Elle laissa son regard divaguer vers la fenêtre, contemplant la lune, puis revint quelques secondes plus tard sur l'autre femme.

«C'est moi qui l'ait tué. J'ai choisis mon camp. Je veux faire endurer à ce Royaume ce qu'il m'a fait endurer.»

Son regard perça celui de l'autre femme. Si l'inconnue se jetait sur Uzume, ce serait la fin, elle ne pourrait se défendre. Ou elle la laisserait en vie. Qu'importe son choix, Uzume s'en fichait. Des deux manières, le crime perdurera à Fiore.
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptyLun 31 Oct - 23:02

Anonymous
Invité


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Uzume alluma tranquilement une cigarette, placée au bout d'un porte cigarette. Un élément de grande classe quelque peu désuet de nos jours, mais qui avait encore quelques adeptes. La jeune femme fumait, sans même se soucier de la lady. Celle ci fronça son magnifique nez. Son odorat vampirique n'appréciait guère l'odeur forte du tabac.
Sourde à l'injonction d'Alicia, Uzume se contenta de laisser tomber ses cendres sur le tapis de la chambre. Lorsqu'elle la regarda enfin, la lady sut que quelque chose avait changé. Son regard était bien différent de la dernière fois. Elle semblait avoir vieilli de plusieurs années.

«Je suis juste là pour l'homme.»
Tout y était. La voix mielleuse, la mimique. Une réplique exacte de ce que lui avais dit Alicia, lors de la tentative de meurtre d'Edgar.
«Pour le plaisir de la chasse et de la traque. Qui il est ou qui tu es n'a aucune importance à mes yeux. Je suis uniquement là par plaisir.»
Nouvelle reprise. Tiens donc. Où était donc passée la petite écervellée idéaliste? La Uzume qui lui faisait face avait changé. Tenue vestimentaire, attitude, regard, intonation. Une personne entièrement différente. Toute sa candeur et son innocence s'était évaporée. Terminé les beaux discours sur la rédemption. D'un côté, c'était triste pour une jeune fille d'être aussi idiote. D'un autre côté, Alicia n'était pas certaine que le nouveau modèle lui plaise tant que ça.

«Je suis venue pour déclarer la guerre au Royaume. J'ai mes raisons, des raisons personnelles qui me poussent à en vouloir plus que tout à ces piteux personnages qui peuplent Fiore.»
Alicia haussa un fin sourcil. Et bien, pour un changement radicale, c'était radicale. La jeune femme nota la répétition de la lettre "p". Une phrase qui marquait la haine et la promesse de destruction. Allons bon, il allait falloir la réduire en miettes pour qu'elle s'arrête. Alicia trouvait l'ancienne version d'Uzume assez désastreuse. Mais celle ci était bien partie aussi. Pas dans le même sens. Mais elle allait faire des étincelles si elle était relachée seule dans la nature.
«Je fus bien sotte de croire que l'homme avais ses défauts mais gardait par delà ses qualités. La corruption touche tout le monde, désormais. C'est la loi du plus fort qui règne, et ca a été et ca restera toujours ainsi. Je l'ai su, j'ai tenté de l'oublier, mais le passé ressurgit à tous les coups.»
Sur la première partie, elles étaient d'accord, elle avait été une sotte. Pour la seconde partie, c'était plus ou moins vrai. Le talent compensait amplement la faiblesse.
Là où ça devenait intéressant, c'était la dernière partie. Un passé qui ressurgit toujours. Il y avait là peut être la clé de voute du changement. Et tout personne un peu cultivée savait qu'en brisant une clé de voute, la voute entière s'effondrait ensuite... Un élément à garder... Pour plus tard éventuellement.

Uzume laissa son regard se perdre quelques instants. Puis il revint sur la Lady.
«C'est moi qui l'ait tué. J'ai choisis mon camp. Je veux faire endurer à ce Royaume ce qu'il m'a fait endurer.»
La séquence émotion n'avait guère d'intérêt. Ce qui concernait un peu plus Alicia, c'était ce pour quoi elle était venue. Les informations. Le pourquoi du comment de la pauvre Uzume n'avait guère d'importance, puisqu'elle serait sans doute morte sous peu. Mais avant il fallait jouer juste.
L'ancienne Uzume aurait sans doute pu tuer Edgar, mais cela aurait été sous le coup d'une passion, d'un déchaînement. La nouvelle Uzume était un peu trop intelligente pour ça. Et la mise en scène était trop poussée. Aussi, elle savait sûrement quelque chose. Et il allait falloir lui extraire les mots de la bouche.

"Je me moque de tes motifs."
Une phrase claire et nette. Cassante à souhait. La lady se rapprocha du fauteuil. Car malgré son monologue, Uzume n'avait absolument pas répondue à la question. Et Alicia ne se répétait jamais plus de deux fois.
"Qu'es tu venue faire ici?"
Il ne fallait pas évoquer les informations. Pas encore. Si elle ne savait rien, elle pourrait jouer avec pour faire un suspense aussi creux que stérile. Mais si c'était elle qui l'évoquait en premier, alors il lui faudrait lui extorquer ces renseignements. Soit en bavardant "convivialement", soit par la torture. La méthode importait peu...
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptyMar 1 Nov - 23:31

Tanaka Uzume
Tanaka Uzume

Indépendant Illégal

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La femme inconnue, somptueuse dans son élégante tenue, affichait toujours son air rébarbatif et cynique, menaçant et dégouté, et comme seule réponse à Uzume, elle se contenta d'un simple :

«Je me moque de tes motifs.»

La froideur de l'atmosphère s’intensifia. Uzume soufflait toujours la fumée qui teintait la pièce de son odeur relaxante, et l'autre femme, immobile, ne flanchait pas. Les deux femmes se tenaient tête tacitement, sans intervention physique, pour l'instant. Si la situation n'évoluait pas, elles resteraient à leur place et le corps d'Edgar se décomposerait devant elles. Mais Uzume aimait prendre son temps pour les choses qu'elle chérissait. Elle afficha un léger sourire, presque invisible dans la noirceur de la nuit.

«Qu'es-tu venue faire ici ?»

L'autre femme sondait le terrain, préférait laisser l'initiative à Uzume plutôt que de se risquer en terrain dangereux. Uzume, l'espace de quelques secondes, se mit à la place de l'inconnue et comprit son léger désarroi. Une sotte qui devient une criminelle en si peu de temps relève du miracle, dans le sens négatif du terme. Se retrouver confrontée à un tel changement sans en délimiter les conséquences pouvait être perturbant. Ainsi, la femme laissait libre court à Uzume de délivrer d'autres informations, et avec ses mots bien calculés, elle n'offrait pas de possibilités à Uzume de savoir ce qu'il l'amenait elle aussi. On pouvait ainsi dire qu'elles étaient sur un terrain égal, en quelques sortes. Mais Uzume ne voyait pas les choses de cette manière.
Elle comprenait que l'autre femme puisse éprouver un sentiment d'insatisfaction quant au fait de ne pas avoir réussi sa mission première. Soit pour l'homme qu'elle n'avait pu tuer, soit pour le colis qu'elle aurait du intercepter ; deux motifs qu'elle n'avait su résoudre. Uzume mettrait sa main au feu que l'autre femme était là dans un de ces deux buts, voire les deux, et ce qui était jouissif, c'était que l'autre femme, elle, n'avait aucune idée du pourquoi de la présence d'Uzume. Pour narguer un peu plus la femme et savoir quelles étaient ses limites, la jeune fille se hâta de répondre à son interlocutrice ; mais elle oubliait parfaitement la question :

«Maintenant que je suis de votre rang, pourriez-vous m'indiquer votre nom ? Juste une identité, une signature, un nom de code. J'aime savoir à qui j'ai affaire. Vous savez que je me nomme Tanaka Uzume, après tout.»

Son léger sourire s'intensifia, mais elle le cacha en portant sa cigarette à sa bouche.

«J'ai tué Edgar tout comme vous vouliez le tuer il y a quelques jours. Vous parliez de sa tombe ; j'ai honoré sa mémoire en lui érigeant une sépulture digne de ce nom.»

Son regard se hâte furtivement sur son poignard éclatant, donc la poignée, en l'air, faisait office de croix, puis revint sur la femme, toujours sur le seuil.

«Et je suis là, avec vous. Je vous ai poursuivis jusqu'en enfer. Car vous m'inspirez. Des quelques jours que j'ai vécus en dehors de mon chez-moi, vous êtes la personne la plus crédible que j'ai rencontrée. J'ai donc voulu occasionner une nouvelle entrevue.»

Elle se tut ensuite, et se promit de ne pas en dire plus tant qu'elle n'aura pas l'identité de la femme.
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptyVen 4 Nov - 17:00

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Uzume se hâta de répondre. Tout en évitant tout autant la question. Agaçante.
«Maintenant que je suis de votre rang, pourriez-vous m'indiquer votre nom ? Juste une identité, une signature, un nom de code. J'aime savoir à qui j'ai affaire. Vous savez que je me nomme Tanaka Uzume, après tout.»
De son rang? Certainement pas. Cette plébienne pouvait fûmer avec tous les portes cigarettes du monde, et abattre tous les êtres lamentables de cette terre, elle n'appartient jamais au rang d'Alicia. Quand au nom, elle se montrait bien présompteuse. D'un autre côté, les morts ont la bouche cousue.
«J'ai tué Edgar tout comme vous vouliez le tuer il y a quelques jours. Vous parliez de sa tombe ; j'ai honoré sa mémoire en lui érigeant une sépulture digne de ce nom.»
Elle regarda rapidement le poignard planté dans le coeur d'Edgar. Son sang commençait à se tarir, limitant les émanations. Mais effectivement, la garde de la dague formait une sorte de croix dressée sur son corps. D'un autre côté, l'homme misérable et pitoyable qu'était Edgar Bel n'était peut être pas ce qu'il y avait de plus urgent à "honorer".


«Et je suis là, avec vous. Je vous ai poursuivis jusqu'en enfer. Car vous m'inspirez. Des quelques jours que j'ai vécus en dehors de mon chez-moi, vous êtes la personne la plus crédible que j'ai rencontrée. J'ai donc voulu occasionner une nouvelle entrevue.»
La lady ne put se retenir de hausser un sourcil. "Vous m'inspirez"? Et bien et bien... Alicia était passé de la vilaine névrosée que l'on pouvait soigner de ses chagrins en thérapie au modèle internationnal de la meurtrière élégante. Tant qu'à faire, elle préférait la seconde version. Elle était après tout il est vrai, une créature au corps parfait et ayant l'allure et la grâce que seul Mère Nature à la naissance et son sang noble pouvait donner.
Cependant, il y avait le "j'ai voulu occasionner". Autrement dit, cette andouillle poltronne d'Edgar Bel n'avait été qu'un appât. Alicia avait été la vraie cible. Et la lady détestait être la cible. Uzume paierait pour ça aussi. En revanche, cela voulait aussi dire qu'Uzume n'était pas venue pour les informations de Bel avait transporté. Donc, qu'il y avait toujours une possibilité pour qu'elles soient récupérables sans avoir à marchander ridiculement. Mais bon, il fallait déjà voir ce qu'elle savait. Elle voulait une identité? Elle en aurait une.
"Je me nomme Amélie Sencher, tueuse à gage professionnelle."
C'était une identité comme une autre. Alicia en avait une dizaine à son actif. Et après tout, Uzume n'avait pas demandé la bonne... Et on n'était jamais assez prudent.

La Lady partit s'asseoir sur le lit, aux pied d'Edgar, veillant à ne pas se placer sur la flaque de sang qui émanait du cadavre. Elle ne tenait pas à souiller sa robe magnifique, et encore moins avec le sang d'un incapable. Elle croisa ses fines jambes. Il ne lui restait pas énormément d'options. Il allait falloir réagir en vedette. Un entraînement pour sa future carrière. L'autre solution était de réagir en victime. Ou eventuellement, jouer sur les deux tableaux.
" Comme tu le désirais, me voilà. Qu'attend tu donc de moi? Mon agenda est chargé, j'ai une foule de contrats et de galas qui m'attendent..."
Outre le fait que c'était plus ou moins vrai, la star mégalomane pédante avait en général le don d'agacer les gens. En faisant perdre son sang froid à Uzume, Alicia en tirerait peut être quelque chose. Et puis au pire, changer d'attitude tout le temps serait une douce compensation à la transition courge vers psychopathe qu'avait subi Uzume. Surtout qu'Alicia ignorant les faits exacts de cette métamorphose, la dite courge pouvait rejaillir à tout instant. Mieux valait donc surveiller attentivement le moindre changement. Et attaquer.



[rp court, mais je sèche quelque peu...]
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptyVen 11 Nov - 15:11

Tanaka Uzume
Tanaka Uzume

Indépendant Illégal

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«Je me nomme Amélie Sencher, tueuse à gage professionnelle.»

Le visage d'Uzume resta placide, et seul son for intérieur se félicita d'avoir enfin un nom à se mettre sur l'inconnu. Elle observa, tirant sur sa cigarette, Amélie se mouvoir jusqu'au lit, tranquillement, n'esquissant aucun geste qui se voulait brusque. Elle s'assit aux pieds d'Edgar, plus proche que jamais d'Uzume. Cette dernière pu discerner à nouveau le regard déchirant du visage froid.

Comme tu le désirais, me voilà. Qu'attend tu donc de moi? Mon agenda est chargé, j'ai une foule de contrats et de galas qui m'attendent...»

Ainsi donc, elle changeait de stratégie, feignant l'indifférence, dissimulant sa hargne. Uzume ne se prit pas au jeu, et se contenta de la dévisager comme elle l'avait fait depuis le début sans transposer d'expression apparente sur son visage.

Donc vous êtes tueuse professionnelle. C'est ce à quoi j'aspire. Mon souhait est que vous me présentiez à quelqu'un. Celui qui vous donne vos contrats ou je ne sais qui. Qu'importe cette personne, je veux me sentir utile. Je veux ronger ce Royaume.»

Elle réfléchit alors abondamment à ce qui adviendrait. Elle s'était confiée, elle avait formulé son souhait, et son avenir se trouvait entre les mains aux griffes déployées de la femme fatale qui lui faisait face. Si la femme acceptait la requête d'Uzume, si Uzume paraissait devant quelqu'un et se verrait confier des meurtres à sa charge, meurtres qui feraient s'effondrer petit-à-petit le Royaume de Fiore, alors elle serait comblée et s'épanouirait parfaitement. Mais Amélie Sencher n'avait aucune réelle raison d'accepter. Elle pouvait conduire Uzume dans un guet-apens, la manipuler pendant des heures, des jours entiers, pour finalement la tuer une fois qu'elle serait bien ficelée dans sa toile d'araignée, ou mieux, elle pouvait la tuer sur le champ, apportant un cadavre supplémentaire à la chambre.
Mais Uzume pouvait inciter l'autre femme à se dévouer à la tâche qu'elle lui inculpait. Si elle lui rendait les informations d'Edgar Bel, elle en tirerait à coup sûr des bénéfices. Là, soit elle tuait également Uzume sur le champ, Edgar étant mort et les informations en main, elle n'aurait plus aucun témoin et sa mission serait terminée; soit elle rendait à Uzume la monnaie de sa pièce et lui offrait la possibilité d'accomplir son offre. Uzume ne maitrisait plus son destin. Elle était d'ores et déjà noyée dans les tumultes imprécis de son avenir.
Fermant les yeux, elle écrasa sa cigarette déjà consumée de moitié sur l'accoudoir du siège, puis se leva, sans cependant brusquer Amélie. Tranquillement, elle se glissa jusqu'à la fenêtre, laissant sa robe étinceler à la lumière nocturne, et ouvrit la fenêtre en grand. Une bouffée d'air frais envahit la pièce, réduisant l'odeur de tabac en néant. Il n'y avait pas une once de vent, et la quiétude de la nuit ne dérangea pas la petite assemblée qui se trouvait dans la chambre. Il ne faisait pas froid, non plus. Tout ceci n'étaient que des suppositions; Uzume n'avait aucune sensation dans son corps artificiel.
Elle ouvrit alors la bouche démesurément et y plongea entièrement sa main. Elle trifouilla pendant quelques secondes et ressortit un bout d'acier tordu par les puissantes dents de la femme. Avec l'incroyable force de ses doigts, elle tordit le métal en sens inverse et redonna à la petite clef une forme convenable.

«Voici la seule et unique clef qui permet d'ouvrir le coffre-fort d'Edgar, là où son rangées les informations qu'il transportait l'autre jour. Il ne faudrait pas qu'elles tombent dans de mauvaises mains.»

D'une pichenette, elle fit virevolter la clef, qui passa d'un éclair des mains d'Uzume vers Amélie. Son regard tenta de plonger de celui de l'autre femme. Sans un mot, elle s'adossa contre le rebord de la fenêtre, attendant la suite des évènements.

Prochainement : L'Améthyste !
 MessageSujet: Re: Transfuges   Transfuges EmptySam 19 Nov - 15:42

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Uzume semblait indifférente aux humeurs de la Lady. Qu'importe après tout. Ce qui comptait était de savoir si oui ou non elle savait quelque chose.
Donc vous êtes tueuse professionnelle. C'est ce à quoi j'aspire. Mon souhait est que vous me présentiez à quelqu'un. Celui qui vous donne vos contrats ou je ne sais qui. Qu'importe cette personne, je veux me sentir utile. Je veux ronger ce Royaume.»

Allons bon, une concurente. Ou bien une groupie. Quoi qu'il en soit, ronger le royaume n'irait pas. Purple souhaite étendre sa domination à tout Fiore. Cependant, on avait toujours besoin de vaisselle jetable... Gouby en envoyait toutes les deux semaines avec pour mission d'éliminer Alicia. Oh, lui comme elle connaissaient l'issue du contrat. Les rosiers du manoir étaient très vigoureux ces derniers temps...
Et surtout, Purple avait un secret. Un secret qui pouvait régler ce problème. Alicia avait un double. Un double qui pourrait permettre de ficeler sa toile. Il ne lui falait qu'un début d'indice. Une évocation, un détail. N'importe quoi qui justifiait son plan B. Si cette Uzume ne savait vraiment rien, elle serait exécutée. La mise en scène serait facile. Il suffirait de la déshabiller, puis de la mettre dans le lit avec Edgar. On croirait à l'amante qui se serait suicidée après avoir tué son aimé. Un scénario tellement facile et convenant. Et qui marchait à chaque fois. Alicia se demanda à un instant si tuer Uzume la ferait mourir. Une question assez drôle à se poser en réalité. Puisque la jeune femme avait deux corps, tuer l'un tuerait les deux, ou tuerait celui là seul? Car si elle devait rester vivante après sa mort, celà pourrait s'avérer génant.

Sur ces considérations philosophiques, Uzume éteignit sa cigarette, puis se leva pour ouvrir la fenêtre. Bien qu'il n'y ait pas le moindre courant d'air, l'air frais de la nuit chassa l'odeur tenace du tabac. La Lady savoura le parfum de l'air nocturne. Chargé de pureté et d'abominations. Libre, avec pour seul regard la lune. Et pourtant, c'est là que les hommes montraient toute leur noirceur. Tout ces péchés. Oui, c'était vrai que le royaume gagnait a être rogné un peu. Alicia avait déjà un certain nombre de victimes à son actif, que ce soit les officielles avec contrats, ou les... autres.

Uzume ouvrit soudain sa bouche, de manière démesurée. Alicia releva un sourcil. La chose cousue face à elle enfonça alors profondément son bras dans la bouche monstrueuse, farfouillant. Ecoeurant. Les femmes n'avaient décidément plus aucune tenue. Au bout de quelques secondes d'exploration intense de sa voie digestive, Uzume en sortit un bout de métal tordu. Cette femme avait perdu toutes bonnes manières en perdant sa naïveté. Répugnant. Celle ci tendit l'objet final devant elle. Un bout de métal qui ressemblait à une clé.
«Voici la seule et unique clef qui permet d'ouvrir le coffre-fort d'Edgar, là où sont rangées les informations qu'il transportait l'autre jour. Il ne faudrait pas qu'elles tombent dans de mauvaises mains.»

Elle envoyait la clé dans les mains la Lady, puis se laissa tomber le long du mur. Ainsi donc, elle savait. Et elle avait pris le temps de demander à Edgar. A présent, Alicia avait ce qu'elle voulait. Et Uzume paraissait résignée à son sort, quel qu'il soit. Quelle étrange attitude... Elle voulait purger le royaume, et se résignait ainsi à mourir? Elle souhaitait devenir tueuse à gage, puis s'abandonnait à sa première bataille? Tant de contradictions ne pouvait pas avoir beaucoups de raisons. Soit Uzume était folle et idiote. Soit, elle cachait encore quelque chose. La destruction de ce corps la tuerait elle? Ou avait elle encore des informations, qu'elle voulait emporter dans la tombe?
Alicia n'était pas ingrate. Oh, il est vrai qu'elle se débarassait toujours de ses pions après avoir joué. Mais elle les cajolait pendant la partie. Uzume lui avait donné la clé. De plus, ses désirs de vengeance, et son besoin de contacts que seul la Lady pouvait lui fournir faisait d'elle une personne facilement manipulable. Yutsuko pourrait avoir besoin d'un autre pion jetable. Le plan B serait donc parfait.

Alicia se releva et s'avança vers Uzume. Elle sortit de son sac à main une longue chaînette d'or à laquelle pendait une fleur d'améthyste.
"Soit. Contre la clé, je te donne ma... source. Met ce pendentif à ton cou. Ensuite, tu iras dans la Web Valley. La guilde te guidera. Nous verrons si ton astuce est suffisante pour triompher des pièges. Oh, et si tu t'avisais de ne pas porter ce joli cadeau... Je le saurais. Et reviendrais pour te tuer. Bonne soirée."

Alicia s'assit sur le rebord de fenêtre, puis pivota et se laissa glisser le long du mur. Elle repartit ainsi, ses talons claquant sur les rues pavées. Elle avait joué son rôle. Si Uzume était assez intelligente pour trouver le secret du dédale de la Web Valley, elle serait potentiellement embauchée. Et sinon, Yutsuko avait le moyen de palier à une fuite. Et maintenant qu'elle avait la clé, il suffirait d'envoyer un homme de main tout récupérer le lendemain.

Uzume avait échappé à la mort ce soir. Cependant, Alicia avait bien peur de la revoir bientôt, avec un contrat sur sa tête signé Gouby. La jeune femme soupira. Demain était dimanche. Et Gouby règlait toujours sa paperasse le dimanche.
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