| Sujet: Mission : Retour à l'école Mer 26 Oct - 20:10 | |
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| Mon enfance, une période pleine de soleil et de pluie. Tristesse, faiblesse, effondrement, mais aussi bonheur et plaisir, tout cela je l'avais vécu. J'avais toujours eu du mal à accepter mon passé, et je commençais tout juste à l'oublier quand une affiche me fit revenir tous ces souvenirs en tête. Enfin tous, peut-être pas, mais ceux qui avaient été présent dans 37% de mon enfance ! (plus ou moins, je suis pas vraiment du genre à me fier aux pourcentages...) Et franchement, je ne vais pas mentir, mais ils sont plutôt mauvais, avec un grand sentiment... d'ennuie dans le fond. Alors, un petit retour à l'école ?...
Faut dire que je l'avais oubliée, cette odeur qui émane de la cantine. J'aurais préféré ne jamais m'en souvenir, ça put. J'arrivais devant la porte du bureau de la directrice. J'ai beaucoup stressé, comme si j'étais convoquée. Mais c'est bête, je ne l'étais pas... Elle m'a accueilli chaleureusement, m'a fait visiter l'établissement, pas très grand, ce qui ne l'empêchait pas de venter les mérites qu'avaient ses grandes salles bourrées de matériels.
"Mais c'est très intéressant tout ça..."
Disais-je en souriant. En fait, je m'en fichais complètement.
Pendant qu'elle m'expliquait diverses choses dont je n'avais absolument rien à faire, je réfléchissais (à autre chose qu'à la manière dont une petite fille a bien pu réussir à rentrer dans la salle des profs avec une fourchette de la cantine), un peu angoissée : qu'est-ce que j'allais bien pouvoir leur montrer, aux enfants ? Parce que maintenant que j'y pense, je n'ai absolument pas prévu de démonstration ou autre chose dans le même genre... Mais je faisais face à un problème bien plus embêtant... Où est-ce que je pouvais trouver des animaux ? ...
Parce qu'il n'y a pas un rat dans cette école. Du moins c'est ce que l'on pouvait croire avant que la directrice pousse une porte (alors qu'elle m'expliquait les difficultés qu'avait rencontré la classe de CE2 lors d'une sortie à Magnoria) et qu'on découvre une grande salle avec des chaises et des bancs sur tout le long du mur... Mais aussi pleins de cage avec des pitits animaux, dans le genre cochon-dindes, souris, hamster... Même des oiseaux. Quelle chance !
Mais je n'avais toujours aucune idée...
La directrice me laissa seule (après m'avoir avouée que 76 % des élèves de la classe de CM1 ne connaissaient pas leur table de sept) le temps d'aller chercher la classe. Les enfants seront là dans deux minutes trente-six secondes. Bref, je n'ai encore aucune idée. L'angoisse !
Ils sont là. Ils me dévisagent. Ils ne bougent pas. Ils sont tels des chasseurs qui guettent leur proie. Et c'est moi. Argh !
"Bon... Bonjour les enfants..."
"Bonjour mademoiselle."
Disent-ils ensemble. Ils ont l'air enchanter par ma venue. Ca me réchauffe le coeur !
On aurait dit des mauvais élèves, complètement inintéressés par ce que je pourrais faire. C'est dans ce genre de moment où on pourrait lancer la meilleure vanne du monde, personne ne glousserait... Les mauvais élèves ont forcément de mauvaises notes non ? Personne ne les félicites ? Et bien si, moi, car grâce à eux, j'ai trouvé l'inspiration...
Les oiseaux volaient dans le "ciel" de la salle, les rongeurs couraient partout. Les petites filles criaient de leurs voix aiguës et perçantes se tenant debout sur les chaises alors que les petits garçons s'amusaient à les pourchasser. La directrice faisait les deux. Sauf qu'elle ne s'amusait pas du tout.
Aussi, mais quelle idée de libérer les bêtes comme ça... Moi je ne faisais rien. Si, j'essayais de calmer les gamins, d'enfermer les animaux les cages, mais c'est la directrice qui dit que je ne fais rien. Il faut toujours écouter les directrices ! Sur le point d'exploser par l'énervement, je me mis à crier un gros "Taisez-vous !". Les gamins mirent encore un peu de temps à s'arrêter, mais cinq minutes plus tard, ils étaient tous assis sur leurs chaises, calme, prêt à m'écouter (même la directrice restait tranquille !). Mais bon, j'avais pas grand chose à dire... J'aurais pu faire un truc débile pour m'échapper, dans le genre soit sauter par la fenêtre et me casser les jambes, soit foncer sur les élèves et les casser. Heureusement, l'idée que j'avais eu tout à l'heure me revint en tête et me persuada de rester immobile :
"Bon, on va faire un jeu. Pour enfermer un animal, vous devez répondre à trois questions. Quand vous avez trouver les trois bonnes réponse, vous devez réussir à toucher un animal pour qu'il retourne dans sa maison..."
Ils se lancèrent des petits regards, ils n'étaient pas contre ma proposition (oh, merci...). Ils y avaient 23 animaux dans la salle, donc j'en avais à peut près pour... Zut, ça fait combien ça...
"Alors, pour enfermer ce lapin blanc, une question mathématique. Combien font 23 fois 3 ?"
Certain levèrent leur main aussitôt cette question posée, alors que d'autres étaient encore en train de se casser la tête quand j'en interrogeais un (l'autre à répondu sans lever le doigt, c'est pas bien !) :
"233 !" "Mais non banane, ça fait 26 !"
Comme je n'avais pas envie de réfléchir, j'ai cru la banane.
"Suivante ! Anglais maintenant ! Comment dit-on "deux souris" dans cette langue ?"
Cette fois, ils n'ont pas lever la main. Attention...
"Two mice !" "Nan ! Faut être poire ! Two mouses !" "Mais ! C'est Two mickeys !"
Pourtant la poire n'avait pas tort (il faut toujours écouter les poires). Les enfants participaient bien, j'en était heureuse. Quand les trois bonnes réponses étaient trouvées, celui qui avait répondu à la première question se levait et devait attrapper l'animal, auquel j'ordonnais de faire des petites acrobaties. Ceux qui avaient répondus aux deux autres questions devait l'en empêcher. Poire et Banane se battèrent comme de vrais soldats. Quand tous les animaux furent remis en cage et que les gosses aient rejoinds leur classe, la directrice vint me trouver :
"J'ai beaucoup aimé votre prestation. Les élèves vous aiment beaucoup, vous leur avez donné une raison d'étudier ! Il ne vous oublieront pas de sitôt ! Si vous voulez venir travailler ici, je vous assure un salaire compris entre 72 et 95 % du SMIC."
"Alors je reviendrais sûrement."
Deux jour plus tard, j'appris que les enfants m'avaient complêtement oubliée, ils s'ennuyaient toujours autant en cours. La directrice qui m'avait rappelé m'informa du fait qu'elle baissait le salaire, entre 46 et 71 %. Je lui ai répondu que non : je n'accepte pas en-dessous de 72 %.
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